87-87 Les grands libérateurs de l’homme

Actualité religieuse, hors-série no 11 (février 1998) p. 7.
Les grands libérateurs de l’homme

Le même mot espagnol désigne le frère en maçonnerie et le compagnon de lutte : « hermano ». Rien de très étonnant en Amérique latine. De Simon Bolivar, libérateur du Venezuela, à José de San Martin, pionnier de la République argentine, en passant par Bernardo O'Higgins, fondateur du Chili, les héros des guerres d'indépendance ont tous porté le tablier en même temps que le fer. Frères et guérilleros à la fois, le Mexicain Emilliano Zapata ou le Nicaraguayen Augusto Sandino ont fait des émules au sein des premiers foyers de la révolution castriste. Cas unique de tolérance relative d'un régime communiste à l'égard de la franc-maçonnerie, Cuba compte aujourd'hui trois obédiences, dont la principale, la Grande Loge de Cuba, réunit quelque 25 000 frères. Si elle bénéficie d'une solide implantation dans la zone caraïbe (en particulier en Haïti et en République dominicaine), c'est au Brésil que la franc-maçonnerie est la mieux représentée. Obédience dominante, le Grand Orient revendique 65 000 membres regroupés dans 800 loges.Apparue en 1790, la franc-maçonnerie argentine n'a pas la même envergure. Ses adeptes appartiennent pour l'essentiel à deux obédiences : la Grande Loge, régulière, et le Grand Orient, de tendance progressiste. Au Chili, la franc-maçonnerie n'a pas mieux résisté aux épreuves des divisions et de l'Histoire récente. 6 000 frères se réclament de la Grande Loge du Chili, celle-la même où se côtoyaient, avant le coup d'Etat de 1973, les « frères » Salvador Allende et Augusto Pinochet !Benoît Hervieu-Léger