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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

mardi, décembre 30, 2008

CHAPITRE III

LE MARXISME-LÉNINISME FACE AU PROBLÈME DE DIEU ET DE LA RELIGION


Plus complexe est l'attitude du marxisme à l'égard de Dieu et de la religion.

Le marxisme ne peut plus se comporter ici avec cette sorte d'indifférence dogmatique que nous l'avons vu manifester à l'égard de la patrie, de la famille, de l'armée, etc... prêt à utiliser les forces de ces dernières pour le plus grand succès de la Révolution. Parce qu'il est, par essence, anti-dogmatique, anti-métaphysique, anti-contemplatif, et qu'il n'est pas possible de concevoir Dieu, de penser Dieu, de prier Dieu, sans un minimum de spéculation métaphysique, de dogmatisme, de contemplation, le marxisme ne peut pas ne pas être essentiellement athée; alors qu'il n'est pas essentiellement anti-patriotique, anti-familial, antimilitariste (90).

On peut utiliser l'armée, en effet, la patrie même, et la famille sans courir le moindre risque métaphysique, ou dogmatique. Impossible, au contraire, d'avoir affaire à l'idée de Dieu et à la religion (même pour les utiliser cyniquement) sans que les réactions les plus ordinaires de l'esprit humain ne poussent aux débats spéculatifs, métaphysiques, etc.

Abominations pour le marxisme!

D'où la satanique mais très rigoureuse logique marxiste du propos de Lénine si souvent rapporté, sur la simple idée de Dieu: «Des millions d'ordures, de souillures, de violences, de maladies, de contagions sont bien moins redoutables que la plus subtile, la plus épurée, la plus invisible idée de Dieu.»

Et ces autres formules de Lénine...

«Dieu est l'ennemi personnel de la société communiste.»

«Dieu est avant tout une somme d'idées engendrées par l'écrasement de l'homme, la nature et le joug de classe, idées qui FIXENT cet écrasement, qui assouplissent (91) la lutte des classes (92).»

Dieu, notion éminemment dogmatique en tant qu'idée; Dieu, principe même de toute vérité comme de tout dogme en tant qu'être, ne peut ne pas apparaître comme l'ennemi numéro un du marxisme et de la tournure d'esprit qu'il implique (93).

Et l'attitude du marxisme à l'endroit de la religion sera dictée par la logique même de cette haine de Dieu. Plus le système dit religieux aura un caractère dogmatique marqué, plus ses références métaphysiques seront solides, plus il sera détesté par le marxisme.

Les fois religieuses vagues, subjectives, l'immanentisme moderniste seront, bien entendu, jugés moins redoutable que le dogmatisme romain de l'orthodoxie catholique. Voire, contre ce dernier le marxisme saura favoriser toute autre formule moins virulente à son goût (94).

«Refuser les ordres réactionnaires du Vatican. Appuyer l'autonomie de l'Église (nationale). Soutenir la juste mesure de la consécration des évêques (schismatiques)», tels sont quelques engagements imposés aux chrétiens dans le «Pacte patriotique» de Tientsin, en mars 1958 (95).

Bien qu'hostile en principe à toute religion (96) le marxisme en déteste une plus que toutes les autres: le catholicisme. Ce dernier n'est-il point seul à défendre aujourd'hui les droits de la saine raison et de la véritable intelligence? En harmonie avec la plus sûre des métaphysiques, sa théologie présente au regard admiratif des incroyants eux-mêmes un édifice dogmatique qui n'a pas son pareil. Et non seulement aucune autre religion ne lui est comparable sur ce point, mais, comme pour se faire détester et redouter davantage par le communisme, il met au service de la doctrine la plus anti-marxiste qui soit l'appareil d'une unité puissante, d'un universalisme pratique incontestable et d'un magnifique génie de l'organisation.

Dès lors est-il possible de concevoir deux plus grands ennemis?


Pas d'athéisme dogmatique

Mais, parce que le marxisme est, et ne peut pas ne pas être essentiellement athée, antireligieux, anticatholique, devons-nous, cette fois, concevoir cette opposition comme une proposition explicite, dogmatique d'athéisme qui constituerait une exception, la seule peut-être, du système?

Autrement dit: après ce que nous venons de voir, l'athéisme ne serait-il point la seule proposition dogmatique, la seule VÉRITÉ réellement professée par le marxisme? Seule chose à laquelle il CROIRAIT spéculativement, comme nous-mêmes CROYONS en Dieu, par exemple, ou à toute autre vérité?

Ce serait une erreur grossière.

Ce serait méconnaître surtout le souci de rigueur qui anime tout vrai marxiste. Une telle brèche pratique dans le rempart de son infernale dialectique serait insupportable à sa frénésie anti-métaphysique, à son refus de toute vérité (fût-elle révolutionnaire); de tout dogmatisme (fût-il athée).

Nous l'avons dit: le marxisme est le seul système cohérent de l'incohérence. C'est le méconnaître que d'oser penser qu'il puisse clocher devant les conséquences.

Tout au contraire, ses chefs se sont plus à insister pour faire observer à quel point l'attitude du communisme à l'égard de la religion découle rigoureusement de la dialectique marxiste.

«Quiconque, écrit Lénine, est tant soit peu capable d'envisager le marxisme de façon sérieuse, d'en méditer les bases philosophiques, verra aisément que la tactique du marxisme à l'égard de la religion est profondément conséquente et mûrement réfléchie par Marx et Engels; et ce que les dilettantes ou les ignorants prennent pour des flottements n'est que la résultante directe et inéluctable du matérialisme dialectique. Ce serait une grosse erreur de croire que la modération apparente du marxisme à l'égard de la religion s'explique par des considérations dites tactiques, comme le désir de ne pas effaroucher... etc. Au contraire la ligne politique du marxisme, dans cette question est indissolublement liée à ses bases philosophiques (97).»

Mais quelle peut bien être, dira-t-on, cette modération dont Lénine vient de parler? Quand on sait la cruauté des persécutions religieuses du communisme, le propos semble empreint d'une affreuse ironie.

En réalité, rien de moins ironique que cette appréciation de Lénine, dès qu'on la replace dans sa perspective marxiste.


Athéisme «pratique»

La modération dont il est question ici, bien loin d'indiquer une entorse faite à la rigueur de la méthode dialectique, se propose au contraire de mieux faire comprendre celle-ci.

Après Engels, Lénine condamne en cet endroit les tentatives de certains révolutionnaires, plus intempestifs que marxistes, qui voulaient introduire dans le programme même du Parti communiste une franche déclaration d'athéisme (laquelle aurait eu certainement la saveur d'une belle et claire proposition dogmatique). En bon marxiste, Lénine n'en veut pas. Mais cette tactique du silence ne doit pas, dira-t-il, être interprétée «comme si le parti considérait la religion comme une affaire privée. Cela est faux. Le collectivisme est formellement opposé à la religion».

Cependant cette opposition, pour pouvoir être dite marxiste, réellement, doit refuser de se formuler en propositions plus ou moins dogmatiques. D'où la réflexion de Lénine, qui devient très claire désormais: même «dans cette question (religieuse) la ligne politique du marxisme est indissolublement liée à ses bases philosophiques»... donc dialectiques.

«Nous ne proclamons pas et nous ne devons pas proclamer, dira-t-il, notre athéisme dans notre programme (98).»

Au reste, précisera-t-il, encore «l'anarchiste qui prêcherait la guerre contre Dieu à tout prix aiderait en fait les curés et la bourgeoisie (99).»

«Une telle déclaration de guerre, avait déjà dit Engels, est le meilleur moyen d'aviver l'intérêt pour la religion et de rendre plus difficile son dépérissement effectif. C'est ne pas comprendre que la seule lutte de classe des masses ouvrières amènera les plus larges couches du prolétariat à pratiquer à fond l'action sociale pour libérer en fait les masses opprimées du joug de la religion.»

Et voilà bien la réponse orthodoxe du marxisme. Marxisme, qui, nous l'avons vu, est une action, est dans l'action, et non point formulation de propositions même athées (ou réputées marxistes, dirait Liou-Chaotchi) (100).

«Ni livres, ni prédications n'éclaireront le prolétariat, a dit encore Lénine, s'il n'est pas éclairé par la lutte qu'il soutient lui-même contre les forces du capitalisme (101).»

On le voit donc, même à cette extrême pointe où le marxisme, semble-t-il, pourrait présenter d'une façon presque dogmatique ce qu'il a de plus essentiel, de plus stable, de plus permanent, il s'y refuse.

Comme Lénine le faisait observer tout à l'heure, l'attitude du marxisme à l'égard de la religion est rigoureusement «liée à ses bases philosophiques»..., dialectiques, anti-dogmatiques. Athéisme qui sera «pratique» comme le marxisme même. Non spéculatif. Non contemplatif.

Autrement dit: pour un vrai marxiste la vérité (au sens traditionnel) de la proposition: «Dieu n'existe pas» ne possède pas, DOGMATIQUEMENT un intérêt plus grand que celle de la proposition contraire. Plus exactement un vrai marxiste refuse de se laisser prendre à cette façon de voir et d'argumenter. Bien qu'il refuse de croire à l'existence de Dieu, il ne refuse pas moins de faire de la proposition: «Dieu n'existe pas» une formule à caractère métaphysique dont la VÉRITÉ devrait être crue et professée. Ici, comme partout, il refuse d'adhérer à un quelconque système qui serait fondé sur l'affirmation ou la négation d'une vérité. Il ne se réclame et ne veut se réclamer que de la «PRATIQUE» de l'action.

«Notre programme, écrit Lénine, repose tout entier sur une philosophie scientifique, et notamment sur une philosophie matérialiste. L'explication de notre programme comprend nécessairement aussi l'explication des véritables causes historiques et économiques du travail d'intoxication religieuse. Notre propagande comprend donc nécessairement celle de l'athéisme, la publication à cette fin d'une littérature scientifique. MAIS NOUS NE DEVONS EN AUCUN CAS TOMBER DANS LES ABSTRACTIONS IDÉALISTES DE CEUX QUI POSENT LE PROBLÈME RELIGIEUX AU POINT DE VUE DE LA RAISON PURE, en dehors de la lutte de classe, comme le font souvent les démocrates radicaux bourgeois» (l02).

«Le marxisme, dit encore Lénine, envisage la lutte contre la religion d'une façon concrète, sur le terrain de la lutte des classes réellement en marche et qui éduque les masses plus que tout et mieux que tout.»

ATHÉISME «PRATIQUE», donc, non dogmatique, mais qui est par là, remarquons-le, beaucoup plus complet, beaucoup plus total qu'un athéisme ordinaire («dogmatique et contemplatif», dirait un bon marxiste).

Nier Dieu, en effet, dogmatiquement, spéculativement, c'est quand même faire œuvre d'animal raisonnable, d'animal métaphysicien; c'est s'en prendre quand même au problème de Dieu; c'est laisser entendre qu'il y a là un problème sérieux; c'est faire connaître qu'il s'est trouvé des penseurs, des savants, des artistes, des bienfaiteurs de l'humanité qui, contrairement à ce que l'on pense soi-même, crurent en Dieu.

Nier Dieu, spéculativement, dogmatiquement, c'est encore attirer l'attention sur ce problème essentiellement métaphysique, et par là même inciter les gens à croire à la valeur des démarches intellectuelles de cet ordre (103).

Tout au contraire, la Haute-Vente italienne conseillait déjà: «Il ne faut pas combattre l'Église avec des phrases, ce serait la propager. Il faut la tuer avec des faits.»

Telle est par essence et par excellence, la méthode marxiste; et, pourrait-on dire, le marxisme même. Car «c'est l'athéisme ACTIF, enseigne Marx (104), qui est la loi organique du communisme.»


Attirer les chrétiens à l'action commune

«Il ne faut pas, dit Galpérine, vous présenter à la jeunesse chrétienne avec des propositions de lutte antireligieuse, ce serait une grosse erreur psychologique. Mais c'est facile de l'entraîner pour quelque chose, pour la conquête du pain quotidien, pour la liberté, pour la paix, pour la société idéale... Dans la mesure où nous attirerons les jeunes chrétiens dans cette lutte pour des objectifs précis nous les arracherons à l'Église» (105).

Comme le dénonçait, en effet, le cardinal Saliège: «Un ouvrier catholique gardera difficilement la foi dans un syndicat communiste où il sera sans cesse harcelé de questions, de sollicitations auxquelles il donnera son adhésion, sans remarquer que toute action est commandée par une philosophie matérialiste. C'EST PAR L'ACTION, BEAUCOUP PLUS QUE PAR DES RAISONNEMENTS, qu'on fait du chrétien un communiste athée.»

Car c'est par l'action, en effet, beaucoup plus que par des raisonnements, que l'on parvient à faire oublier Dieu, totalement.

Tant qu'on le nie dogmatiquement, tant qu'on s'épuise à prétendre qu'il n'existe pas... on y pense. Mais quand on s'engage dans une action particulièrement dynamique et absorbante, où rien ne peut faire penser à Lui, parce que tout, dans cette action, est diaboliquement ordonné pour le faire oublier, l'athéisme est dès lors complet. Etourdis, enivrés, passionnés par l'action révolutionnaire, les esprits prennent rapidement l'habitude de ne plus penser à Dieu. Dieu disparaît complètement de la vie et de l'esprit des hommes (106).

Et c'est en cela précisément que résident la suprême habileté et l'effroyable efficacité de cet athéisme «pratique», «loi organique du communisme», aux dires de Marx lui-même.


Supprimer les racines sociales de la religion

On connaît ce passage célèbre de Lénine (107).

«Le marxisme c'est le matérialisme. Comme tel il est tout aussi impitoyable envers la religion que le matérialisme des Encyclopédistes du XVIIIe siècle ou de Feuerbach. Mais le matérialisme dialectique de Marx ou d'Engels va plus loin que celui des Encyclopédistes et de Feuerbach, car il s'applique à l'histoire et aux sciences sociales (l08). Nous devons combattre la religion, c'est l'A.B.C. de tout matérialisme, et par conséquent du marxisme. Mais le marxisme n'en reste pas à l'A.B.C. Il va plus loin. Il dit, il faut savoir combattre la religion... La lutte antireligieuse NE PEUT SE BORNER A DES PRÊCHES ABSTRAITS, elle doit être liée À LA PRATIQUE CONCRÈTE DU MOUVEMENT DE CLASSE, QUI TEND À SUPPRIMER LES RACINES SOCIALES DE LA RELIGION.

«La propagande (109) de l'athéisme peut être inutile et nuisible, non du point de vue banal pour ne pas effaroucher les gens arriérés, pour ne pas perdre un siège aux élections, etc., mais au point de vue du progrès réel de la lutte des classes, qui, dans la société capitaliste actuelle, amènera cent fois mieux les ouvriers chrétiens (au communisme) et à l'athéisme qu'un sermon athée tout court.

«Le marxisme doit être matérialiste, c'est-à-dire ennemi de la religion, MAIS MATÉRIALISTE DIALECTIQUE.»

Dès lors, comme l'a fort bien vu M. Jean Daujat (110), la véritable action antireligieuse du marxisme ne consiste pas à combattre la religion DU DEHORS par une propagande (dogmatique) contraire, elle consiste à supprimer la religion DU DEDANS, à vider les hommes de toute vie religieuse et de toute conception religieuse en les prenant et en les entraînant tout entiers dans l'action purement matérialiste.

D'où la nécessité, à l'occasion, de tendre la main aux croyants, de quelque religion qu'ils soient, pour les entraîner de façon plus pressante, dans cette action commune où Dieu est oublié (l11).

Application rigoureuse du marxisme le plus rigoureux. Et l'on comprend que Lénine ait refusé de considérer comme un vil opportunisme ce qui découle très logiquement de la nature de l'athéisme marxiste: athéisme pratique, athéisme en action et par l'action.

Pour amener à l'athéisme le communisme ne demande pas de croire à tels arguments abstraits, il demande de participer à son action, ce qui est beaucoup plus efficace. Et combien s'y laissent prendre, sous prétexte qu'on ne leur demande pas de renier leur foi explicitement (112).

En réalité le marxisme étant une action et la systématisation d'une action... il est clair que participer à cette action c'est être marxiste, «inconsciemment» peut-être, très réellement cependant.

Sottise et drame du progressisme.

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Notes:

(90) «Pour la première fois dans l'histoire, nous assistons à une lutte froidement voulue et savamment préparée de l'homme contre tout ce qui est divin.» «Le communisme est, par sa nature, anti-religieux.» (Pie XI, Divini Redemptoris, 22.)

(91) Entendez:... qui réduisent, qui ralentissent la virulence du combat révolutionnaire.

(92) Lettre à Gorki, décembre 1913.

(93) Comment, dès lors, ne pas être effaré devant l'ignorance qu'implique un passage comme celui-ci (relevé dans un journal catholique): «Ce prophète de l'Affrontement chrétien et de Feue la Chrétienté (Emmanuel Mounier) s'efforçait aux vertus les plus hautes. Le marxiste lucide qu'il était, sans être lié aux dogmes politiques, était un chrétien inébranlablement attaché aux dogmes de sa foi.» Un marxiste LUCIDE attaché à des dogmes politiques ou religieux! De qui se moque-t-on? Et l'auteur de ces lignes sait-il de quoi il parle?

(94) La création par les communistes chinois d'un véritable schisme a été publiquement reconnue par S.S. Jean XXIII dans son Allocution au Consistoire secret du 15 décembre 1958:
«... Il se trouve, hélas! des prêtres qui, craignant plus les injonctions des hommes que les sacrés jugements de Dieu, cédèrent aux ordres des persécuteurs et en arrivèrent même à accepter une consécration épiscopale sacrilège...

«Ce mot de «schisme», tandis que Nous le prononçons, brûle Nos lèvres et ulcère Notre cœur...»

- Quand le schisme existe, il arrive que l'État marxiste s'en serve pour maintenir la Révolution. Ce fut Je cas en Russie, en 1944, où le clergé orthodoxe se trouva rétabli par Staline.

«Ma future activité, lui écrivait le patriarche Alexis, sera invariablement guidée par vos remarques historiques, et par les préceptes du patriarche défunt...»

(95) D'après Chine-Madagascar, septembre 1958, Revue des Pères Jésuites missionnaires français du Nord et de l'Est, Lille.

(96) «La religion est un aspect de l'oppresion spirituelle qui pèse toujours et partout sur les masses populaires accablées par le travail perpétuel au profit d'autrui, par la misère et la solitude... La religion est l'opium du peuple. La religion est une espèce d'eau-de-vie spirituelle dans laquelle les esclaves du Capital noient leur être humain et leurs revendications pour une existence tant soit peu digne de l'homme...» (Lénine, Œuvres complètes, t. VIII, p. 520).

- «Pas de neutralité à l'égard de la religion. Contre les propagateurs des absurdités religieuses, contre les ecclésiastiques qui empoisonnent les masses, le parti communiste ne peut que continuer la guerre.» (Staline, Pravda, 21-6-1933).

- «Nous ne l'oublierons pas, nous n'oublierons jamais l'enseignement de notre cher Lénine: la religion et le communisme sont incompatibles aussi bien théoriquement que pratiquement. Notre tâche est de détruire toute espèce de religion et de morale, car à nos yeux est seulement moral ce qui est utile au bolchevisme.» (Staline).

(97) Extrait du Prolétariat, n̊ 45, mai 1909.

(98) De la religion, p. 9.

(99) Lénine, Pages choisies, t. II, p. 315.

(l00) Cf. supra, 2e partie, ch. I.

(101) Petite Bibliothèque Lénine, 8, p. 15-16.

(102) Petite Bibliothèque Lénine, 8, p. 8-9. Cf. Jean Daujat, opus. cit., p. 37: «Parlant du combisme et de l'anticléricalisme maçonnique, Lénine appelle cela du «dilettantisme» d'intellectuels bourgeois, et on saisira aisément ce que cette expression peut avoir de souverainement méprisant dans sa bouche.»








(103) Cf. Lénine, Œuvres complètes, t. VIII, p. 524: «Répandre la philosophie scientifique (pour Lénine, signifie: athée) nous le ferons toujours;... mais cela ne veut pas dire ni que nous devrons réserver au problème religieux une place d'honneur, qui ne lui appartient pas, ni que nous puissions admettre l'éparpillement des forces de lutte économique et politique vraiment révolutionnaires pour des idées ou folies de troisième ordre, qui auront tôt fait de perdre leur importance politique et d'être mises au rebut en vertu du développement économique... La bourgeoisie réactionnaire a eu soin partout d'attiser les haines religieuses, pour détourner l'attention des masses des problèmes économiques et politiques réellement fondamentaux. À cette politique réactionnaire... nous opposerons dans tous les cas la propagande calme, ferme, patiente, exempte de tout désir de créer des désaccords secondaires de la solidarité prolétarienne et de la philosophie scientifique.»
(104) Economie politique et philosophie.

(105) Cité par M. J. Daujat, opus. cit., p. 37 (en note).

(106) Cf. M. Jean Daujat: «Marx ne s'intéresse pas plus à un athéisme contemplatif ou dogmatique qu'à un matérialisme contemplatif ou dogmatique; son athéisme est un athéisme pratique, un refus de Dieu par l'action qui crée une humanité et un monde qui ne viennent pas de Dieu. Mais le rejet de Dieu est, par là, beaucoup plus total que dans un athéisme doctrinal: pour refuser Dieu totalement, il faut un refus total de tout ce qui a été créé par Lui, donc n'accepter aucune réalité stable qui serait dans l'homme et dans les choses, aucune vérité constante, mais s'opposer toujours à ce qui existe en le transformant par l'action révolutionnaire par laquelle on se crée soi-même et on crée l'histoire dans le rejet de toute dépendance vis-à-vis de Dieu.»
(107) Parti ouvrier et religion, Pages choisies, t. II, p. 315.

(108) Ce qui veut dire qu'il est «pratique» (au sens marxiste) et non plus dogmatique (note de La Cité catholique).
(109) Entendez: propagande dogmatique ou trop explicitement déclarée.

(110) Opus. cit., p. 37.
(111) Action commune qui pourra consister parfois dans un simple travail manuel au service de la collectivité marxiste, mais travail acharné, continu, de telle façon qu'il... «risque d'amener lentement chez les fidèles un appauvrissement, voire une extinction, de toute vie spirituelle». Le R.P. Watine, s. j., qui fait cette remarque (Chine-Madagascar de septembre 1958), cite le cas d'un religieuse chinoise ainsi «éduquée» par le Parti.
«Elle seule conduit un char à bœufs, les 16 autres sont attelées à 7 traîneaux. Malgré le vent et la boue, elles font 6 et parfois 7 transports par jour...». Ailleurs les tâches ont un caractère stupide: «... les prêtres de Pengfu ont été cités à l'ordre du jour pour avoir couru pendant 15 heures pour essayer d'attraper des moineaux (une des quatre pestes nationales) »... «On en vient à se demander, conclut le R.P. Watine, si le travail, cette notion si noble en elle-même n'est pas UTILISÉ pour EMPÊCHER UNE ACTION PLUS HAUTE, sur le plan SPIRITUEL.» Cf. également, dans la même revue, au no. 73, de Noël 1958, «Chine rouge à vol d'oiseau», p. 17.
(112) «Nous devons non seulement admettre, mais travailler à attirer au Parti tous les ouvriers qui conservent la foi en Dieu. Nous sommes absolument contre la moindre injure faite à leurs convictions religieuses (comme telles: note de La Cité Catholique), mais nous les attirons pour les «éduquer»... par l'action (Lénine: Attitude du parti ouvrier à l'égard de la religion). Education marxiste par l'action, seule éducation possible, d'ailleurs, pour un vrai marxiste. - D'où ce passage, très significatif, de Lénine, dont nous avons cité un extrait plus haut: «Prenons un exemple: le prolétariat d'une région ou d'une branche d'industrie est formé d'une couche de (communistes) assez éclairés qui sont, bien entendu, athées, et d'ouvriers assez arriérés ayant encore des attaches à la campagne et au sein de la paysannerie, croyant à Dieu, fréquentant l'Eglise, et même soumis à l'influence du prêtre de l'endroit qui, admettons, est en passe de fonder un syndicat ouvrier chrétien. Supposons que la lutte économique dans cette localité ait abouti à la grève. Un marxiste est forcément tenu de placer le succès du mouvement gréviste au premier plan, de réagir absolument contre les divisions des ouvriers en athées et en chrétiens, de combattre absolument cette division. Dans ces circonstances, la propagande athée peut s'avérer superflue et même nuisible, non pas du point de vue sentimental, par crainte d'effaroucher, mais du point de vue du progrès réel de la lutte des classes qui, dans les conditions de la société capitaliste moderne, amènera les ouvriers chrétiens à... l'athéisme, cent fois mieux qu'un sermon athée tout court.» (Lénine, De la religion, p. 15 à 19).

dimanche, décembre 28, 2008

Le progressisme

Pie XI déclarait aux pèlerins hongrois pour le 250e anniversaire de la délivrance de Buda, menacée par les Turcs: «Beaucoup de gens se laissent malheureusement tromper au point de ne pas voir, ou de feindre de ne pas voir, le danger commun au point D'AIDER, PAR LEUR CONNIVENCE, CETTE FORCE qui menace tout et qui a pour programme la ruine sociale, comme cela s'est produit, dans les siècles passés, avec le Croissant.»

Aider la force marxiste par l' «action commune» et se dire, le plus souvent, chrétien, tout en regimbant plus ou moins contre Rome, telle est l'attitude des progressistes.

Bien loin d'attaquer de front les vérités religieuses que professent les catholiques, on s'efforce de les réduire à un sentiment personnel. L'action, elle, s'inspirera des «idées avancées», dédaignant les avis du Saint-Père comme ne représentant pas les conceptions de «l'aile marchante» (113).

Semblable attitude masque d'autant mieux le péril de la «connivence» dénoncé par Pie XI, qu'elle fait le plus souvent appel aux sentiments de générosité des chrétiens, mais d'une générosité mal orientée. Générosité activiste, prête à tous les abandons par sa vacuité doctrinale.

Les infiltrations du progressisme sont souvent lentes et cachées. Déjà le seul fait de couper son action sociale et politique de toute référence nettement catholique, voire d'admettre et répandre, plus ou moins consciemment, des théories condamnées par l'Église, entraîne peu à peu certains catholiques à des attitudes publiques PRATIQUEMENT athées et très dangereuses parce que ces catholiques sont connus pour tels!

«Qu'on y prenne garde, écrivait S.É. Monseigneur Lefebvre, dans son Rapport Doctrinal (114), un humanisme où Dieu n'est pas à sa vraie place est bien proche de l'humanisme athée. Il sera plein d'indulgence pour celui-ci et se défendra mal de la séduction qu'il exerce. Ses adeptes risqueront de glisser vers le progressisme, sinon vers le marxisme déclaré... La religion est acceptée dans la mesure où elle apporte quelque chose à l'homme pour son épanouissement et son bonheur terrestre. C'est l'homme qui est le maître de la terre. C'est l'homme qui se fait lui-même par son action, qui édifie toutes choses, aussi bien au point de vue terrestre qu'au point de vue de l'apostolat... Il ne suffit pas de reconnaître l'existence de Dieu, il faut l'accepter comme Dieu.»

Cette «idolâtrie de l'épanouissement» dénoncée par les Évêques français amène généralement à un progressisme plus déclaré qui ne cache plus sa collusion avec les communistes au plan de l'action, tout en continuant, bien entendu, à s'affirmer chrétien.

Cette collaboration PRATIQUE explique le caractère également PRATIQUE des condamnations du Saint-Office contre le progressisme.

Le décret du 1er juillet 1949 de cette Suprême Congrégation répond en effet négativement à la question: «s'il est permis de donner son nom aux partis «communistes ou DE LES FAVORISER». «Le communisme, en effet, ajoute le Décret, est matérialiste et antichrétien, et les chefs communistes, bien que parfois en paroles ils professent de ne pas combattre la Religion, EN FAIT cependant, soit par la doctrine, soit par l'ACTION, se montrent ennemis de Dieu et de la vraie religion et de l'Église du Christ. »

Ces catholiques, comme ceux qui éditent, propagent, lisent «livres, périodiques, journaux ou feuilles qui patronnent la doctrine ou l'ACTION des communistes», ou qui y écrivent, n'ont pas le droit de recevoir les sacrements (réponse à la 3e question) (115).

Plus récemment (en 1959), le Saint-Office a interdit jusqu'à la collaboration sur le plan électoral avec le communisme ou ceux qui le favorisent (116).

Dès que l'on a compris ce caractère «pratique» et dialectique de l'athéisme marxiste, il est facile de comprendre aussi l'implacable logique des plus extraordinaires volte-face communistes à l'égard de la religion.

Persécution sanglante (mais qui cherche à cacher son véritable argument) (117) quand la «terreur» est à l'ordre du jour (périodes de conquête du pouvoir, ou de lutte violente contre la «réaction»).

Recours à une propagande athée explicite et quasi-dogmatique, quand il apparaît nécessaire d'ébranler les convictions religieuses de peuples profondément croyants mais plus ou moins primitifs (118).

Action de sape et de désagrégation pratique, semblable à celle que le Parti communiste chinois recommandait dans son «ordre secret» du 12 février 1957, émanant du Bureau N̊ 106 (119): «Nos camarades doivent trouver le moyen de pénétrer au cœur même de chaque Église, se mettre au service de la nouvelle organisation de la police secrète, déployer une grande activité au sein même de toutes les activités ecclésiastiques, déclencher une attaque de grande envergure, s'engager à fond, même en appeler à l'aide à Dieu, et, pour réussir à former un front unique, se servir du grand charme et de la force séductrice du sexe féminin..., etc.»

Pourtant d'une façon normale, c'est par son action même, le climat qu'il entretient, le jeu dialectique de directions apparemment contraires que le marxisme mène le plus habilement sa guerre «pratique» contre la religion. Action diabolique, dont beaucoup ne comprennent pas la stratégie dans la mesure où ils ne comprennent pas le marxisme. Savant dosage de propagande antireligieuse, de respect apparent des croyances et d'entraînement dans une action athée, dont la cohérence interne ne peut qu'échapper à ceux qui, encore une fois, ignorent tout du marxisme (120). Et, à n'en point douter, parmi les modèles du genre l'arrêté du 10 novembre 1954 de Nikita Khrouchtchev (121), mérite d'apparaître comme le chef-d'œuvre de l'action antireligieuse marxiste en temps normal.

«Au lieu de procéder par un travail systématique et minutieux, y lisons-nous, en propageant des connaissances naturelles et scientifiques, et en déployant une lutte idéologique contre la religion, on admet des attaques outrageantes contre le clergé et les croyants qui se livrent à un culte religieux, dans les journaux centraux et locaux, de même qu'au cours des exposés de certains conférenciers. On peut enregistrer des cas où, sur les pages de la presse ou au cours des exposés oraux des propagandistes, certains serviteurs des cultes religieux et les croyants sont dépeints, sans aucune raison, comme des gens qui ne méritent pas la confiance politique.

«Le Parti a toujours exigé et exigera dans l'avenir une attitude compréhensive et prudente envers ces citoyens. Il est d'autant plus sot et nuisible de soupçonner politiquement tels ou tels citoyens soviétiques en raison de leurs convictions religieuses qu'une propagande scientifique et athée profonde, pleine de patience, effectuée avec circonspection parmi les croyants, les aiderait finalement à se libérer des égarements religieux. Par contre, toutes sortes de mesures administratives et des attaques outrageantes contre les croyants et contre le clergé ne peuvent faire que du mal et mener à l'affermissement et à l'augmentation de leurs préjugés religieux...

«En tenant compte de toutes ces données, le Parti trouve indispensable d'effectuer une propagande scientifique et athée profonde et systématique, sans admettre cependant que les sentiments religieux des croyants et des serviteurs du culte puissent être outragés...»

Magnifique exemple de dialectique marxiste. Ainsi, de la persécution sanglante à «l'arrêté» de Khrouchtchev, on devine les ressources du marxisme dans l'action antireligieuse.


Conclusion: «Les deux étendards»

Mais il est temps de conclure.

L'essentiel nous semble dit.

Puisse cette étude donner une idée plus exacte de cette chose si mal connue: la dialectique, le tour d'esprit marxistes.

Sans une connaissance exacte de celle-ci, en effet, il est vain d'espérer combattre efficacement le communisme. Ainsi que pouvait l'écrire le chanoine Lallemand: «Le communisme est actuellement la forme la plus poussée et la plus forte de la lutte contre Dieu dans la société humaine. C'est là sa véritable nature, son vrai visage, quel que soit le masque dont il se pare» (122).

Une juste connaissance du communisme est donc indispensable pour le combattre efficacement. «Ce serait une grande faiblesse pour nous, notait encore le chanoine Lallemand, si les communistes pouvaient nous reprocher en vérité de les méconnaître grossièrement.»

En conséquence, folie de ceux qui pensent qu'un ensemble d'arguments plus ou moins courts, la proposition de quelques replâtrages sociaux, et à plus forte raison la référence explicite ou larvée aux principes libéraux, sont susceptibles d'enrayer la marche de cette forme suprême de la Révolution.

Comment un système qui prend tout l'homme et qui prétend «résoudre le mystère de l'histoire» se sentirait-il menacé par les «rogatons» de doctrine que nous lui opposons si souvent?




La force dialectique du marxisme excelle à faire tourner les têtes vides de certitude. Le marxisme étant essentiellement une cohérence, une formule dynamique de la non-affirmation, sa critique, plus que celle de tout autre système, exige, pour être rigoureuse, une connaissance préalable déjà fort avancée de la Vérité.

Blanc de Saint-Bonnet le pressentait déjà.

«Dans ce chaos étrange, observait-il, les bons, bien qu'ils aient les yeux tournés vers la lumière, resteront impuissants.

«Pourquoi? Parce qu'ils sont trop avant dans l'erreur. Pour relever l'ordre social il est besoin de la vérité totale. Or, elle se montre à peine sur le seuil de nos cœurs. Nous ne sommes pas prêts. C'est notre nullité qui fait la puissance du communisme. Nullité dans la doctrine. Nullité dans les mœurs. Le scepticisme laisse la place vide. Il ne faut pas s'étonner si la première idéologie venue vient la prendre.

«Beaucoup deviennent communistes, disait naguère un ministre hindou, M. A. Nevett, non en espérant des avantages matériels, puisqu'ils sont déjà pourvus, mais parce qu'un esprit vide fournit au communisme un terrain aussi propice qu'un estomac creux.»



En conséquence, on ne répétera jamais assez que le véritable anticommunisme réside dans un enseignement positif de la vérité plus que dans la critique directe des sophismes marxistes: nouvelle preuve, s'il en était besoin, que la contre-Révolution, est, en fait, dans le catholicisme.

Quand nous déciderons-nous à comprendre que la principale séduction du marxisme-léninisme tient à son apparente universalité?

Au milieu du chaos intellectuel et moral issu de la phase libérale de la Révolution, le marxisme, seul, présente un système dont le dynamisme suffit à tenir en haleine les hommes les plus décidés à l'action. S'emparant diaboliquement des esprits, il les noie radicalement par l'habitude de l'inversion intellectuelle qu'il implique.

Serait-il ce péché contre l'Esprit dont il est fait mention dans l'écriture? Il y aurait une grande imprudence à l'affirmer. Mais s'il n'est peut-être pas ce péché on peut avancer sans crainte qu'il est certainement le péché le plus grave, le plus complet commis jusqu'à ce jour contre cette «véritable lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde», lumière qui est celle du Verbe, nous dit saint Jean, lumière même de Dieu, lumière de notre intelligence et de notre raison.

Et s'il ne peut être dit ce péché dont le Seigneur assure qu'il ne sera point pardonné, le fait est qu'il apparaît comme un de ceux dont il est affreusement difficile de se dégager, tant il déforme l'esprit, rendant, par là, presque impossibles les démarches intellectuelles indispensables à la plus élémentaire conversion.

Telle est peut-être la grande et terrible leçon que Dieu se propose de donner au monde par le marxisme: à cette génération qui refuse d'admettre les crimes de pensée, les péchés de l'esprit, plus graves en eux-mêmes que les débordements moraux les plus poisseux, le chancre marxiste est donné comme un signe, conclusion rigoureusement logique de cette façon de voir.

Comment apporter le remède efficace contre un marxisme envahissant à moins de lui opposer la force de la Vérité?

«Les militants qui se plaignent de ne rien avoir à mettre en face du marxisme, écrivait M. Joseph Folliet (123), doivent comprendre qu'à l'origine de cet embarras il y a une carence de pensée.»

Tant qu'un effort sérieux de diffusion doctrinale ne sera pas poursuivi, tant qu'une élite d'hommes rigoureusement formés ne dressera pas les vrais principes sociaux contre la dialectique matérialiste, on ne verra aucun recul de la subversion.

Nécessité donc d'un retour à la vérité, d'un retour à une philosophie, la seule qui ne commence pas par emprunter ses armes à l'ennemi. Retour à cette «philosophia perennis» dont parlait S.S. Jean XXIII dans sa première Encyclique, philosophie chrétienne mais également philosophie du sens commun.

La logique est implacable et les idées, jusqu'au bout, portent leurs conséquences.

Les hommes se trouvent aujourd'hui (et se trouveront davantage demain) placés devant cette option fondamentale. Redonner son plein sens au verbe ÊTRE; sinon l'univers concentrationnaire marxiste.

Redonner sa place à la notion de VÉRITÉ; sinon l'écrasement communiste.

Admettre de nouveau qu'il est des péchés de l'esprit, et que, partant, «travailler à bien penser» est «le fondement de la morale»; sinon la terreur moscoutaire. Péché satanique de l'esprit qui retient prisonnier le marxiste et qui rend si difficile la conversion de ceux qui le sont réellement (124).

Victime de son tour d'esprit dialectique, les plus sûrs arguments risquent de ne point toucher le vrai marxiste dans la mesure même où ce qui fait leur valeur est ce qui s'oppose le plus à la façon marxiste de voir et de penser.

Si, pourtant, la plus éclatante vérité (au sens commun du mot) risque d'être sans prise sur un marxiste, on sait qu'il est, en revanche, extrêmement sensible à la dialectique des choses, et donc à la cohérence, à l'ampleur quantitative, à la logique, à la forte structure d'un système.

C'est par là, pensons-nous, qu'il est susceptible d'être touché par le catholicisme (125) au moins dans les débuts.

Mais un catholicisme auprès duquel le marxisme apparaisse fragmentaire, inconséquent, sans ampleur dialectique. Autrement dit, un catholicisme présenté dans toute son ampleur, toute son unité, toute sa cohésion, toute sa force, voire, toute la rigueur d'une dialectique qui pour être ordonnée à la vérité, risque de n'en pas moins impressionner un marxiste .



Ampleur universelle, vraiment catholique.

Catholicisme, religion divine; mais qui éclaire aussi, par surcroît, tout l'ordre humain; politique et social, familial, personnel, etc...

Catholicisme où s'ordonnent rigoureusement nature et surnature, raison et foi, données sensibles et développement de l'intelligence, action et contemplation, tout, absolument tout. Un catholicisme qui n'exclut rien, ne brise rien, et qui, beaucoup plus que le marxisme même, a le perpétuel souci de l'unité harmonieuse de l'univers.

Un catholicisme, enfin, qui laisse loin derrière lui la pauvre vision monovalente, moniste du marxisme.

Un catholicisme qui, non seulement, a le sens de l'histoire, mais qui la remplit, l'explique et la justifie. Un catholicisme non édulcoré, mais total, vrai, vivant et vivifiant, un catholicisme qui compte plus sur la puissance de la grâce et l'action divine que sur l'action personnelle de l'ouvrier qui travaille à la moisson; un catholicisme romain, fidèle à la consigne de son Divin Fondateur: «Allez, enseignez... prêchez l'Évangile à toute créature» (126) et fidèle au souci constant du Magistère d'enseigner «à tous, sincèrement, toute la vérité qu'enseigne l'Église, sans aucune corruption ni aucune diminution (127).»



Et non point, certes, ce catholicisme réduit, élagué, dépouillé que nous professons si souvent, maigre recette morale strictement confinée aux coins les plus secrets de l'âme.

À l'universalisme marxiste, il n'est qu'une formule qui puisse être rigoureusement et victorieusement opposée, la formule de l'universalisme chrétien ou catholicisme, frappée comme en médaille par saint Pie X: «Omnia instaurare in Christo»... « Omnia»... tout, absolument tout... conçu, pensé, présenté, instauré dans le Christ!

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Notes:

(113) «Il y a ici, disait Khrouchtchev à son retour d'Albanie, un certain nombre de catholiques, dignes de louange, qui se distinguent par leur indépendance du Vatican et par l'appui qu'ils donnent à l'évolution progressiste du socialisme sous la direction du parti communiste.» Cité par Cristiandad (Barcelone), septembre 1959, «L'Église du silence», p. 386.

(114) Avril 1957, à l'Assemblée de l'Episcopat français.


(115) Voici le texte intégral de ce document. Décret du Saint-Office du 1er juillet 1949 sur le Communisme (A.A.S., XLI, 334):

«Il a été demandé à cette Suprême Sacrée Congrégation:

1̊ - S'il est permis de donner son nom aux partis communistes ou de les favoriser;

2̊ - S'il est permis d'éditer, de propager, ou de lire livres, périodiques, journaux ou feuilles qui patronnent la doctrine ou l'action des communistes, ou d'y écrire;

3̊ - Si les fidèles qui ont accompli sciemment et librement les actes dont il est question aux §§ 1 et 2 peuvent être admis aux sacrements;

4̊ - Si les fidèles qui professent la doctrine matérialiste et antichrétienne des communistes, et surtout ceux qui la défendent ou la propagent encourent par le fait même, comme apostats de la foi catholique, l'excommunication spécialement réservée au Siège Apostolique.

Les Éminentissimes et Révérendissimes Pères préposés à la garde de la foi et des mœurs, après avoir pris l'avis des Révérends Consulteurs, dans la séance plénière du mardi 28 juin 1949, ont décidé de répondre:

À la première question: négativement. Le communisme, en effet, est matérialiste et antichrétien, et les chefs communistes, bien que parfois en paroles ils professent de ne pas combattre la Religion, en fait cependant, soit par la Doctrine, soit par l'action, se montrent ennemis de Dieu, et de la vraie religion, et de l'Église du Christ.


À la deuxième question: négativement. C'est défendu par le Droit même (Cf. Can. 1399 C.I.C.) [C.I.C.: abréviation latine du Code de Droit Canon].

À la troisième question: négativement. Selon les principes ordinaires touchant les sacrements à refuser à ceux qui ne sont pas disposés.

À la quatrième question: affirmativement.

Et le jeudi suivant, le 30 des mêmes mois et année, Notre Saint-Père le Pape Pie XII, en l'audience habituelle accordée à l'Excellentissime et Révérendissime Assesseur du Saint-Office, a approuvé la résolution à Lui rapportée des Éminentissimes Pères et il a ordonné de la promulguer dans la Revue (commentario) officielle des Actes du Siège Apostolique. «Donné à Rome le 1er juillet 1949.»

(116) Cf. Document I.


(117) Pour ne pas «faire de martyrs», ce n'est jamais comme catholiques que l'on poursuit nos frères dans la Foi, mais comme «agents de l'impérialisme américain», «espions du Vatican réactionnaire», «ennemis du peuple», «suppôts du capitalisme oppresseur», etc. Les formules abondent: S.E. Monseigneur Ribera, internonce en Chine, se vit insulter comme «citoyen de Monaco»! À croire que le Prince de Monaco aurait été l'ennemi de la nation chinoise!

(118) «Notre propagande comprend nécessairement celle de l'athéisme. La publication à cette fin d'une littérature scientifique que le régime autocratique et féodal a proscrite et poursuivie sévèrement jusqu'à ce jour, doit retenir, dès maintenant, une des branches de l'activité de notre parti. Dès lors, nous aurons probablement à suivre le conseil qu'Engels donna un jour aux socialistes allemands: traduire et diffuser parmi les masses la littérature athée des Encyclopédistes français du XVIIIe siècle.» (Lénine, Novaia Jizn, no. 28, décembre 1905).

(119) Voici le texte intégral de l'Ordre secret du 12 février 1957, émanant du Bureau n̊o. 106, Agence Fides, Rome (Nouvelles de Chrétienté, 6 février 1958). Les passages mis en évidence le sont par nous. On remarquera la méthode «dialectique» à l'œuvre: noyauter les catholiques et le clergé par le biais des «activités», par les émotions qu'on suscite, etc., sans que des propositions athées ou trop carrément marxistes soient mises en avant qui compromettraient tout.

«En suivant les directives des chefs du Parti, nos camarades doivent trouver le moyen de pénétrer au cœur même de chaque Église, se mettre au service de la nouvelle organisation de la police secrète, déployer une grande activité au sein même de toutes les activités ecclésiastiques, déclencher une attaque de grande envergure, s'engager à fond, même en « appeler à l'aide de Dieu, et, pour réussir à former un front unique, se servir du grand charme et de la force séductrice du sexe féminin. En conséquence, pour atteindre ce but, pour diviser les Églises par l'intérieur et opposer entre elles les diverses organisations religieuses, l'organe du Parti a édicté les neuf dispositions suivantes:

1. Les camarades doivent s'introduire dans les écoles établies par ces Églises et empoisonnées par leurs doctrines. Ils doivent espionner les réactionnaires pour pouvoir rendre compte de toutes leurs activités; ils doivent se mêler aux étudiants, s'adapter à leurs sentiments, se mettre ainsi au courant des activités régionales, les surveiller et, méthodiquement, S'INSÉRER DANS TOUS LES SECTEURS DE L'ACTION ECCLÉSIASTIQUE.

2. Chaque camarade doit trouver le moyen de devenir, par le baptême, un membre de l'Église, et ainsi, couvert d'un habit trompeur, s'inscrire à la Légion de Marie, ou, s'il s'agit de Protestants, se joindre à l'organisation des Croisés (Crusaders). Une fois là, tous déploieront une activité de grande envergure, en se servant de belles phrases pour ÉMOUVOIR et attirer les fidèles, ils iront plus loin encore et tâcheront de DIVISER RADICALEMENT LES DIVERSES CATÉGORIES DE FIDÈLES, même en faisant appel à l'amour de Dieu et en plaidant la cause de la paix. En faisant ainsi, ils détruiront la propagande venimeuse de l'impérialisme oppresseur.

3. Nos camarades devront assister à tous les services religieux et, affablement, bénignement, en se servant d'une façon intelligente des méthodes les plus variées, s'unir au clergé et espionner son action.

4. Les écoles fondées et dirigées par les Églises sont un champ idéal pour notre pénétration. Tout en feignant la plus exquise bienveillance, les activités de notre organisation doivent appliquer cette double règle: «s'attacher l'ennemi pour supprimer l'ennemi». Ils doivent se mêler allègrement aux directeurs, aux professeurs, aux étudiants pour les dominer, en appliquant le principe «diviser c'est gouverner». En outre, ils doivent chercher à établir des contacts avec les chefs des familles des étudiants pour renforcer le travail de base de la révolution et déployer toutes nos activités secrètes.

5. Ils doivent PRENDRE L'INITIATIVE DANS TOUTES LES ACTIVITÉS, pénétrer toutes les institutions de l'Église, gagner la sympathie des fidèles et, de cette façon, ils seront capables de s'insérer dans la direction de l'Église elle-même.

6. C'est en s'alignant sur les directives du Parti que la cellule de commande atteindra le but qui lui est fixé, à savoir, pénétrer dans toutes les organisations ecclésiastiques, PROMOUVOIR L'ACTION POUR LA PAIX et ainsi exercer notre influence dans tous les secteurs.

7. En se basant sur ce principe de fer: «écraser l'ennemi en se servant de l'ennemi même», on doit chercher à persuader l'un ou l'autre membre éminent de l'Église de venir en Chine et lui procurer documents et autorisations nécessaires. Par cette action fausse et secrète on nous aidera à atteindre notre but, car cet homme éminent nous révélera le vrai visage et la vraie situation de l'Église.

8. Les camarades activistes doivent avoir l'esprit d'initiative, découvrir les points faibles de l'organisation ecclésiastique, EXPLOITER LES DIVISIONS, neutraliser le venin religieux et ecclésiastique en instillant notre contre-poison et mettre tout en œuvre pour déployer nos lignes de combat.

9. Tout camarade qui occupe un poste de commande doit avoir compris à fond que l'Église Catholique, asservie à l'impérialisme, doit être abattue, et détruite de fond en comble. Quant au protestantisme, qui commet l'erreur de suivre une politique de coexistence, il faut l'empêcher de faire de nouvelles conquêtes, mais nous pouvons le laisser mourir de sa mort naturelle.

Les neuf points mentionnés regardent le service du Parti à l'étranger.»

À noter dans ce texte l'utilisation équivoque du thème de «la paix» dans les campagnes communistes. En ce qui concerne le protestantisme on voit combien une religion détachée de Rome offre peu d'obstacles sérieux au communisme. Concernant toujours le même type d'action, Radio-Vatican ne dénonçait-il point, naguère, l'application des communistes à utiliser de faux prêtres, de faux militants d'Action Catholique. On nous signalait récemment le cas d'un prêtre «hongrois», agent de Moscou, expulsé du Maroc après qu'on eut la preuve qu'il transmettait, via New-York, des renseignements à l'U.R.S.S. Cf. également le propos de Staline à la lecture d'un rapport du président Biérot sur l'activité des progressistes polonais: «Ce serait chic si nous avions en Pologne un primat à nous.» (Cité par C. Naurois: Dieu contre Dieu? Édit. Saint-Paul, 1957, p. 86).

Dans les pays à majorité musulmane les gouvernements marxistes essaient de «laïciser» les cadres instruits et jeunes de l'Islam et d'en faire les porte-parole de l'idéologie auprès des «croyants».

Ceux-ci, à leur tour, seront inconsciemment orientés vers le marxisme, à la faveur de l'indistinction entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel chez les disciples de Mahomet.

Voici comment le Parti Démocratique de Guinée, «seul guide éclairé des masses», sous la direction de M. Sékou-Touré, entend noyauter la vie religieuse musulmane.

«Nous devons tout d'abord éviter tout propos, tout comportement, toute prise de position officielle ou publique pouvant être interprétée comme une attitude anti-religieuse, ceci s'adressant à tous nos responsables politiques, administratifs ou techniques, athées ou nihilistes, c'est-à-dire forcément sectaires et portés aux pires violences pour enrayer ce qu'ils croient être des erreurs.

Nous devons ensuite nous intéresser (quelles que soient alors nos conceptions sur la religion ou notre confession) à la religion musulmane non pas pour en faire une «religion d'État» ou pour la hisser à un quelconque sommet, mais plutôt pour:

a) Combattre efficacement toutes les conceptions rétrogrades et contre-révolutionnaires, tous les mythes, toutes les mystifications et superstitions inconsciemment et savamment entretenues parmi les masses par des escrocs patentés déguisés en «marabouts»;

b) Combattre efficacement le fanatisme religieux, fauteur de troubles, destructeur par essence des liens de fraternité et de solidarité et qui porte en lui des germes du panislamisme reconnu dangereux;

c) Combattre efficacement la domination d'une clique de faux dévots et d'exploiteurs dont le prestige a constitué pour la Nation une entrave certaine à la pénétration des idées de progrès et une entrave à la libération totale de l'homme;

d) Combattre efficacement le «maraboutisme» et le «maraboutage», le charlatanisme, et toutes les formes d'exploitation qui s'attachent à des entités obscurantistes; en somme, arriver à ce qu'on pourrait appeler la «démaraboutisation», la démystification, la désintoxication des masses. En passant, nous devons nous souvenir qu'en fait, bon nombre de marabouts ont été pendant longtemps des complices plus ou moins actifs du colonialisme tenant les masses dans une inconscience des problèmes politiques quand par leurs menées subversibles (discours, prêches, malédictions contre ceux qui étaient taxés impies parce qu'ayant pris position dans la lutte anti-impérialiste), les dits marabouts n'étaient pas des zélateurs de la cause française. Nous ne devons pas oublier que bon nombre de marabouts ont mis leur prestige religieux, et aussi autre chose, au service du colonialisme. À côté de ces profiteurs sans scrupules nous ne devons pas oublier que, par contre, de nombreux croyants ont participé d'une manière effective et active à la lutte anti-colonialiste menée par le Parti Démocratique de Guinée, en mettant leur prestige, leur talent et leurs connaissances au service du Parti et qui, aujourd'hui, avec nous, dénoncent vigoureusement toutes les formes d'escroquerie religieuse ainsi que le fanatisme, le sectarisme et la superstition.

Notre action de tous les jours doit tendre à la désintoxication des masses et à empêcher que des fins calculateurs, sous le couvert de la religion, ne continuent à confisquer et orienter les consciences dans le seul dessein d'asservir les croyants pour les exploiter.

Dans notre République, la seule Association autorisée en dehors du Parti Démocratique de la Guinée est l'Union Syndicale des Travailleurs Guinéens (section guinéenne de l'Union Générale des Travailleurs d'Afrique Noire) groupant dans son sein tous les Syndicats de base.

L'Union Culturelle Musulmane est une organisation interterritoriale ayant des partisans dans toute l'Afrique Occidentale, et elle compte de nombreux cadres religieux politiquement très valables, intellectuellement ouverte au progrès et à la science moderne. Des éléments opportunistes ont pu, bien sûr, se glisser dans les rangs, mais il appartient aux Sections de les démasquer et de les isoler sans hésitation mais en évitant que la mesure apparaisse comme une opération dirigée contre la religion.

Sur l'initiative et sous le contrôle du Parti et quand seulement nécessité s'en fait sentir, des éléments de ces cadres peuvent encore jouer un grand rôle dans la campagne contre le fanatisme, le charlatanisme et la superstition, en attendant que le programme de scolarisation massive ne produise son effet radical de désintoxication et de démystification.

Sur le plan politique, notre action de tous les instants doit donc comme toujours viser à renforcer le Parti Démocratique de Guinée qui doit demeurer politiquement notre seul guide, notre seule boussole. À titre d'exemple, il est bon de signaler à votre attention qu'en Union Soviétique le Parti Communiste a pleinement réussi à conquérir à la cause de la Nation et à son programme des dizaines de millions de musulmans qui y vivent, et qui auraient posé inévitablement des problèmes si le Parti s'en était désintéressé et avait voulu les rayer d'un trait de plume et du sommet! Il en est de même au Pakistan (Cachemire), à Ceylan, etc., et si, dans ces pays, on a pu résoudre au mieux des intérêts nationaux le problème musulman, c'est bien parce que les gouvernements de ces pays et leurs Partis politiques n'ont pas méconnu l'existence de l'Islam, mais s'y sont intéressés, se sont penchés sur tous les aspects de la question. Ici, où les musulmans forment 80 à 85 % de la population, nous devons nous aussi nous attacher impérativement à faire en sorte que, dans la grande famille de la nation, ils ne puissent évoluer que dans les seules perspectives des intérêts supérieurs de celui-ci, fidèles en cela aux principes directeurs du Parti Démocratique de la Guinée.

Pour atteindre ce but, il nous faut, tout en faisant preuve de vigilance, ainsi que nous l'avons dit, prendre chaque fois l'initiative dans toutes les manifestations extérieures de la religion musulmane: fêtes de la Tabaski, du Ramadan, du Mouloud et toutes autres cérémonies.

Il appartient aussi aux Sections de proposer des sujets à traiter les vendredis dans les Mosquées ou en meetings, sujets portant par exemple sur la morale civique, l'alcoolisme, la duplicité, la prostitution, etc., et aussi sur des sujets portant sur tous les aspects négatifs qu'on rattache généralement à la religion (maraboutage, mystification, superstition, sorcellerie, résignation).

Nous mettrions ainsi l'antidote dans la bouche même de ceux qui instillaient le poison.

Il faut, encore une fois de plus, que les responsables à tous les échelons prennent leurs responsabilités, pénètrent à fond le problème et redoublent de vigilance, il faut que leur activité quotidienne vise à faire en sorte qu'aucune activité religieuse ne soit isolée de l'action du Parti et ne se fasse en dehors de sa direction.

Fraternellement. Conakry, le 16 octobre 1959. Pour le Bureau Politique National. Le secrétaire politique, signé: «Hadj Djallo Saifoulaye. Un secrétaire, signé: Canara Daouda.»

(120) Et cela pas seulement en U.R.S.S.! La revue missionnaire de la Compagnie de Jésus, Chine-Madagascar, rapporte ce dialogue à l'Exposition Internationale de Bruxelles:


«Dans le pavillon de Yougoslavie, le Père Van Coillie (de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie) s'est adressé à une aimable hôtesse en uniforme.

- La liberté de religion existe-t-elle dans votre pays?

- Mais certainement!
!
- Peut-on ouvrir des écoles catholiques?

- Non!

- Toutes les écoles sont donc aux mains de l'État?

- Oui!

- Dans ces écoles, l'enseignement est-il exclusivement matérialiste?

- Oui!

- On peut donc être assuré qu'après un certain nombre d'années de pareille éducation matérialiste et athée, la religion va s'affaiblir et finalement disparaître.

- Certainement, j'espère vivre assez longtemps pour le voir.

- Vous affirmez que la liberté de religion existe. Pourquoi donc le Cardinal Stépinac est-il interné?

Le sourire de l'hôtesse disparut à ces mots; son regard se fit dur; sa figure prit cette expression de haine que j'ai si souvent pu remarquer dans les prisons de Pékin sur le visage des agents communistes dûment endoctrinés.

- Quant à moi, je voudrais qu'il fût mort!...»

(121) Extraits publiés dans le Bulletin de l'association pour ['étude des questions religieuses, no. 16, avril 1955, 26, rue d'Armenonville, Neuilly-sur-Seine.

(122) Rapport aux Journées d'étude de la Fédération Nationale Catholique (26 octobre 1936).

(123) Chronique sociale, octobre 1956.

(124) Nous parlons ici, en effet, des vrais marxistes, et non des communistes ordinaires, assez piètres dialecticiens, le plus souvent.

(125) Il va sans dire que nous nous plaçons ici au seul plan du «procédé» humain, tout naturel et tout logique. Il serait insensé que nous osions présenter un tel procédé comme le seul moyen de convertir un marxiste; et cela parce qu'il y a Dieu, qui reste seul Maître de Ses voies et des cheminements de la grâce.

(126) Matth. XVIII, 19. - Marc. XVI, 15.

(127) Encyclique Humani Generis (in fine).



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