Politicien, oui. - Créditiste, non.
L'Hon. William Bennet est premier ministre de la Colombie-Britannique. Son parti provincial porte le nom de «Crédit Social».
M. Bennett seconde M. Low dans la présente campagne électorale fédérale. Comme lui aussi, il donne des conférences de presse. Comme lui aussi, il s'attaque à l'Union des Électeurs, au mouvement créditiste de Vers Demain.
Confond Crédit Social et parti
Dans la fin de semaine de Pâques, M. Bennett donnait deux conférences de presse: l'une à Québec, l'autre à Montréal.
Dans le rapport de celle de Québec, dans L'Action Catholique du 23 avril, on lit:
M. Bennett a décrit, dans les grandes lignes, les progrès sociaux et économiques, en Colombie-Britannique, depuis l'avènement, dans cette province, du Crédit Social qu'il dirige. «Le système financier en vigueur dans notre province est le système économique le plus sain qui soit», dit-il.
M. Bennett peut parler de l'avènement de son parti au pouvoir en 1952; mais non pas de l'avènement du Crédit Social. Le Crédit Social n'est nullement appliqué en Colombie, pas plus que n'importe où ailleurs. Cette province opère exactement sous le même système financier que toutes les autres provinces du Canada, que tous les pays du monde occidental, et sans doute de tout le monde civilisé. Quand M. Bennett déclare que «le système financier en vigueur dans sa province est le système économique le plus sain qui soit», il décerne simplement un certificat de salubrité publique au système financier actuel.
Repousse le dividende
À Montréal, les journalistes ont questionné M. Bennett sur le Crédit Social, et non pas seulement sur son administration. Ils lui ont demandé sa pensée sur le dividende du Crédit Social. Embarrassé et cherchant à esquiver le sujet, il a fini par déclarer que, en Colombie, il ne saurait être question du dividende à moins d'une période prolongée de crise.
Voilà bien qui montre la complète ignorance de M. Bennett en fait de Crédit Social.
Il faut avoir une drôle de notion du dividende pour en faire une exclusivité de temps de crise prolongée. Est-ce que les compagnies distribuent des dividendes quand elles sont dans le trou ou bien quand elles sont prospères?
M. Bennett prend-il le dividende du Crédit Social pour du «secours direct?»
Le Crédit Social n'est pas une doctrine de temps de crise; c'est une doctrine de tout temps.
C'est en tout temps que la production moderne est due en grande partie à un héritage de découvertes, de techniques, d'applications scientifiques, accumulées à travers les générations, et patrimoine de toute la société. C'est un capital communautaire dont le rendement doit valoir une quote-part à tous les membres de la communauté. Donc un dividende à tous, en tout temps. Et plus le capital communautaire produit, plus le dividende doit grossir - donc un plus gros dividende en temps de grande production.
Si M. Bennet ignore le Crédit Social, M. Low, lui, sait mieux. Pourquoi donc a-t-il supprimé le dividende du programme de son parti? Est-ce le Crédit Social ou le pouvoir qu'il poursuit?
Le Crédit Social est un tout complet. Si vous en élaguez un seul élément constitutif, ce n'est plus du Crédit Social. Cela ressemblerait à se proclamer catholique, tout en éliminant la Pénitence et l'Eucharistie, ou en admettant le divorce, ou en amputant le Décalogue d'un commandement ou deux.
Ni Bennett, ni Low, ni leur programme n'ont de place pour le dividende. Mais ils en ont pour des mesures socialistes comme l'embauchage intégral et l'assurance-santé d'État. Et tout en promettant de promouvoir la création d'emplois, apparemment pour occuper la main-d'œuvre qui chôme, ils favorisent une politique d'immigration pour amener au Canada de la main-d'œuvre de l'étranger.
Ce sont ces messieurs-là, ces prostituteurs de la belle doctrine de Douglas, qui voudraient tuer le mouvement créditiste le plus authentique du Canada et voir disparaître le journal Vers Demain, le plus grand éducateur créditiste du Canada français!...
Vers Demain, 15 mais 1957