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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

samedi, août 23, 2008

PREMIÈRE PARTIE

SAINT-YVES-D'ALVEYDRE:


Un saint qui n’a de saint que le nom! Il doit être le majordome de Lucifer et lui servir d’estafette... à moins qu'il ne soit responsable de l’éclairage dans les spectacles de Madona?...




VERS LE GOUVERNEMENT MONDIAL

CHAPITRE PREMIER

ÉLABORATION DU SYSTÈME

1870!

Date importante parmi les plus importantes: 1517, 1789, 1815, 1917... et d'autres.

C'est une grande défaite de la France: la perte de l'Alsace-Lorraine, les cinq milliards de contribution de guerre, la Commune, oui, bien sûr. Mais la défaite de la Fille aînée de l'Église - et nous employons à dessein cette expression - est l'écho d'un effondrement plus général. La France, il y a onze siècles, a fondé l'État Pontifical qui, pendant ces onze siècles a contribué, par sa présence dans la communauté des nations, à l'essor de l'Europe, au développement de sa culture, animant les peuples de sa propre vie spirituelle. Puissance temporelle au service de sa mission catholique, l'Occident, sans l'État Pontifical, ne serait pas ce qu'il a été ni ce qu'il peut être encore.

La situation internationale est maintenant complètement inversée.

Le flan Palmerston, consigné dans l'article du Globe en 1849, s'est réalisé. La nouvelle configuration de l'Europe est un fait accompli et accompli selon le programme annoncé. Le Pape est prisonnier volontaire dans le Vatican, entouré d'un royaume d'Italie dont les maîtres de fait, francs-maçons, poursuivent avec un sectarisme de célèbre mémoire, une politique anticléricale dont le Frère-Maçon Crispi est un des meilleurs exemples. L'Empire d'Allemagne fondé à Versailles - quel symbole! - est bien, sous hégémonie prussienne, un mur entre la France et la Russie mais pas seulement cela. Le Hohenzollern, impressionné, dit-on, et par sa puissance et par la prophétie du Vaticinium Lehninense (1) pousse activement sa politique dominatrice de Mittel-Europa (Europe centrale) dont il ne se cache pas de dire le sens antiromain, satellisant l'Autriche, attirant vers lui l'Italie où le Grand-Maître de la maçonnerie, Adriano Lemmi, proclame à la fois sa haine de Rome et de la France. Celle-ci, séparée désormais de Vienne, s'engagera, après des brouilles sur la politique coloniale, dans l'entente cordiale France-Angleterre qui va l'entraîner dans une autre direction.

Ce qui frappe immédiatement l'observateur attentif, c'est le RENVERSEMENT DES PÔLES DE L'OCCIDENT. Le Catholicisme, définitivement évacué de la politique internationale absolument laïcisée, l'axe ne passe plus par les capitales des états catholiques. Paris et Vienne deviennent des points secondaires par rapport aux nations à prédominance protestante et cèdent la place à: Londres, Berlin, bientôt New-York.

La France aura beau se ressaisir en recherchant l'alliance du Czar et le Czar aura beau vouloir réparer son erreur en recherchant l'alliance de la France après l'avoir abandonnée en 1870. Cette alliance et l'Entente Cordiale vont sans doute jouer, en 1914, pour notre défense mais pas pour notre profit ni celui du Catholicisme. Les dés sont désormais jetés et, tandis que se poursuivront jusqu'à la première guerre mondiale les événements consécutifs à cet état de choses, un autre plan, substitué aussitôt à celui de Palmerston, va marquer, sur la route du Gouvernement mondial, une nouvelle étape à franchir, un but plus éloigné à atteindre. Il faut savoir, en effet, qu'un homme, fût-il ministre comme celui-ci de la Reine Victoria, fût-il, à un moment donné, le porte-parole autorisé et même mandaté des Hautes-Maçonneries, n'est jamais le maître des objectifs assignés par celles-ci et rarement l'exécuteur de leurs complets desseins. Palmerston mort en 1865 n'a pas vu 1870. Mais cette fois, l'ampleur du nouveau programme qui va commencer à se réaliser pleinement soixante ans plus tard exige, en premier lieu, un effort de centralisation des Maçonneries qui donne à la fois une signification à ces mots: Maçonnerie universelle, Démocratie universelle, et en second lieu, l'explicitation du système auquel on entend soumettre le monde.


LA DÉMOCRATIE UNIVERSELLE.
UN PROPHÈTE?

De la question sociale, qui devait sa naissance aux agitations révolutionnaires et au libéralisme, des réformateurs sociaux comme Le Play, la Tour du Pin et d'autres, confirmés par les Encycliques pontificales de Léon XIII et de Pie X, pouvaient bien donner la solution véritable d'après le droit naturel et chrétien en s'inspirant aussi de solides traditions.

Les hautes sociétés secrètes ne l'entendent pas ainsi; elles s'appliqueront, durant les années de la "belle époque", au succès croissant de la Démocratie, non pas de la démocratie organique que définira Pie XII, mais de la démocratie de masses, inorganique, socialiste et mondiale. La Démocratie universelle dissimulait en son sein de nouvelles révolutions en perspective et une planification de l'univers.

Or, dès 1872, Grant, réélu président des États-Unis, inaugurait son second mandat par une proclamation dont un passage important parut être, à coup sûr, un habituel morceau de grandiloquence à la multitude de ses auditeurs, incapables d'en saisir à la fois le sens caché, la raison profonde et la portée.
La déclaration présidentielle, sous l'étrangeté du langage maçonnique, annonçait la naissance et le développement d'une politique internationale inconcevable à l'époque, pour ceux qui n'étaient pas dans le secret des dieux. Mais il y avait des Initiés.

Le monde civilisé, disait Grant, tend vers le républicanisme, vers le gouvernement du peuple par ses représentants et notre grande République est destinée à servir de guide à toutes les autres... Notre Créateur prépare le monde à devenir en temps opportun une grande nation qui ne parlera qu'une langue et où les armées et les flottes ne seront plus nécessaires.

Ce n'était cependant pas une prophétie. En 1847, le Congrès des Loges, à Strasbourg, avait déjà parlé des Etats-Unis d'Europe formés des confédérations germanique, romane, slave (2); la Russie socialiste et révolutionnaire, entourée de ses satellites européens, n'était pas une idée nouvelle; la république universelle travaillait depuis longtemps, grâce aux sociétés secrètes de toute nature, les cervelles surchauffées de tous les conspirateurs du siècle.

Ce qu'il y avait de nouveau, c'était l'annonce d'une nation-guide: les États-Unis; c'était l'affirmation, par avance, du leadership américain dans la réalisation de ce programme, dont l'imprécision et le messianisme oratoire masquaient une dictature occulte. Celle-ci, malgré des difficultés, des traverses, des vicissitudes, allait s'imposer au peuple américain et aux autres nations.


LA MAÇONNERIE UNIVERSELLE ET LE PALLADISME

Et d'où venait cette assurance? à cette époque?

Pas seulement du transfert à New-York, en cette même année 1872, du siège du Conseil Général de l'Internationale de Karl Marx qui allait prendre l'essor que nous savons;

  • pas seulement de l'implantation aux États-Unis quelques années auparavant et de l'ascension vertigineuse du groupe bancaire Jacob Schiff, Kuhn et Loeb, qui financera la Révolution de 1917;
  • ni même de l'installation à New-York, depuis 1867, de l'Alliance démocratique universelle de Mazzini, malgré l'importance de son rôle immédiat dans les mouvements révolutionnaires jusqu'en Pologne et en Russie, par l'intermédiaire des réseaux de Bakounine;
  • pas seulement de la création à New-York en 1843 de ia fameuse société secrète, exclusivement juive, les B'nai Brith.

Cette assurance trouvait son fondement dans cette concentration, bien sûr, mais aussi dans l'évolution des sociétés secrètes et surtout sur l'appareil de Haute-Maçonnerie Universelle, dont la paternité revient à Albert Pike et à Mazzini: LE PALLADISME, fondé par eux, en ces mêmes États-Unis.

Mazzini, nous l'avons vu, âme des révolutions italiennes, chef de la Jeune Italie puis de la Jeune Allemagne et enfin de la Jeune Europe, lançant ses émeutiers - ou ses assassins - contre les rois et les princes de la péninsule et surtout à l'assaut DU POUVOIR TEMPOREL DU PAPE, avait fait partie, en raison de son grade éminent dans la Haute-Maçonnerie, du Comité Révolutionnaire International, siégeant alors à Londres. Ce Comité avait joui de la haute protection du Très Illustre Frère Palmerston, ministre de la Reine Victoria, lequel tenait en ses mains les fils de la diplomatie européenne. Palmerston était mort en 1865 après une carrière diplomatique que son autorité dans la Franc-Maçonnerie avait plus que secondée, surtout dans sa lutte sournoise contre la PAPAUTÉ et dans ses manœuvres contre l'Autriche et la France en faveur de la Prusse. Mais Mazzini avait le génie de la conspiration; son grand dessein était d'instaurer la République universelle à l'aide et sous le pouvoir invisible des Maçonneries mondiales, menées elles-mêmes par une puissance plus haute, cachée aux Loges inférieures. Ce rêve unificateur n'était pas nouveau; on avait songé à une fédération qui, devant la disparité des Maçonneries, le pullulement des sectes, était restée vaine. Son idée semblait meilleure et correspondait mieux à la secrète et autoritaire hiérarchisation maçonnique.

Il n'eût rien pu faire sans une autre intelligence plus machiavélique peut-être: Albert PIKE.

Mazzini trouva alors aux États-Unis des appuis qui l'amenèrent à entreprendre avec Pike la centralisation de l'action maçonnique internationale, au moyen d'une société secrète: le NOUVEAU PALLADISME. À sa mort en 1872, Albert Pike poursuivit l'entreprise. Né à Boston en 1809, mort à Washington en 1891, celui-ci était un théurgiste luciférien; il avait d'abord exercé son activité sur le rite écossais, dont il faisait partie comme Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de Charlestown. Le Palladisme, supérieur aux Suprêmes Conseils, société très secrète, inconnue des Francs-Maçons, souvent même des plus élevés en grade, se composait d' "émérites" qui, selon le procédé classique, devaient exercer leur influence à l'intérieur des Loges et diffuser les consignes par noyautage. Pike fut membre d'honneur de la plupart des Suprêmes Conseils du monde. Il reçut cette dignité du Suprême Conseil de France en 1889.

Ainsi fut organisée la Haute-Maçonnerie universelle. À la mort de Pike, en 1891, le Suprême Directoire du Palladisme, siégeant à Charlestown, supervisait secrètement les maçonneries américaines, l'Écossisme mondial; il étendait ses ramifications invisibles au sein de la plupart des grandes obédiences. La chose est particulièrement sensible pour l'Écossisme. Dès 1875, un traité d' "Alliance et de Confédération" avait été signé par tout un ensemble de Suprêmes Conseils avec l'adhésion de celui de Charlestown. Et cette année là, celui de France pouvait dire en rendant compte du Congrès:

La maçonnerie écossaise, obéissant à une même loi, devient une force immense... Elle semble peut-être se trouver en mesure, par son organisation universelle, de lutter avantageusement contre l'esprit antilibéral qui menace les conquêtes légitimes de la société humaine.
(Résumé officiel des travaux du suprême Conseil de France - 1875)


Depuis ce moment, se tiennent périodiquement des Conférences internationales des Suprêmes Conseils où celui de Charlestown a les honneurs du premier rang.


Désormais, par une action plus synchronisée, les maçonneries tendront vers le but fondamental décidé une fois pour toutes: le Gouvernement mondial (Contre-Église), visible dans ses institutions publiques internationales, invisible , quant à sa haute hiérarchie.


LA SYNARCHIE EN EUROPE
Saint-Yves d'Alveydre

L'importance majeure du PALLADISME n'a pas empêché dans le même temps la naissance, en Europe, de très hautes sociétés secrètes. Leur existence et leur action, non seulement sur la politique générale et sur l'évolution du Modernisme en matière religieuse (3) mais aussi sur l'orientation de la Maçonnerie universelle, ne peuvent être passées sous silence sous peine de rendre inintelligible le mouvement mondialiste qui va se développer aussitôt mais surtout après la guerre de 1914.

Leur place est telle, dans l'histoire récente, qu'elle n'est pas étrangère à un conflit entre puissances maçonniques qui, dès 1893, a provoqué, concurremment avec les intérêts financiers internationaux, une opposition tenace entre les points de vue politiques des États-Unis et de l'Europe et que nous ne saurions mieux appeler qu'un Gaullisme avant la lettre.


ROSE-CROIX ET MARTINISTES

Et d'abord, quelles sont les principales de ces sociétés secrètes?

C'est, en 1865, l'année même de la mort de Palmerston, la fondation en Angleterre de la "societas Rosicruciana in Anglia" (Société rosicrucienne en Angleterre) dont Wegscott, maçon Kabbaliste est le Mage Suprême. La résurgence du Rosicrucisme, à cette époque, a un caractère déterminant, car cette tradition des anciens Rose-Croix du XVIIe siècle va jouer, en bien des cas, dans l'Europe maçonnique et sous diverses formes, un rôle concurrentiel avec le Palladisme. Le Rosicrucisme a cette particularité de donner accès à tous les ésotérismes qu'il assimile et dirige vers son but suprême: ABATTRE LA CROIX DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. Dès l'origine, on trouve tout en lui, nous dira Sédir son historien: la Gnose, la Kabbale, le Manichéisme et cet appel constant aux théurgies orientales. C'est pourquoi cette date initiale de 1865 nous parait importante.

En France surtout, l'esprit rosicrucien continue à vivre sous une forme modernisée dans la tradition martiniste, tandis qu'en Allemagne, le souvenir des Illuminés de Weishaupt hante beaucoup de francs-maçons. C'est précisément dans les milieux martinistes que, dès 1885, on remarque particulièrement Saint-Yves d'Alveydre qui, deux ans plus tard, deviendra l'ami de Gérard Encausse, autrement dit du Mage Papus. Saint-Yves d'Alveydre passe alors pour un des interprétateurs les plus réputés de la Kabbale et son ouvrage "L'Archéomètre" est préfacé par Papus qui dit lui-même dans cette préface:

Comme sociologue, Saint-Yves d'Alveydre a consacré la plus grande partie de sa vie à la défense et à la diffusion d'une certaine forme d'organisation sociale: la SYNARCHIE.


Entre Papus et Stanislas de Guaïta, Saint-Yves d'Alveydre, né en 1849, mort à Pau en 1909, s'est adonné en effet à l'ésotérisme et à l'histoire, mais à l'histoire arrangée de la façon la plus extravagante pour élever la Synarchie à la hauteur d'un régime théocratique remontant aux plus anciennes traditions. Notons ses ouvrages: Mission des Souverains (1882), Missions des Ouvriers (1882), Missions des Juifs (1884), Mission des Français (1887), Mission de l'Inde (posthume).


En 1888, apparaissent deux autres Sociétés rosicruciennes, très virulentes, issues, par des voies différentes du premier tronc. En Angleterre, les Golden Dawn (l'Aube d'Or) qu'anime Grégor Mathews, à qui sa femme, sœur de Bergson, le philosophe des modernistes, sert de médium - entretiennent d'étroits rapports avec les Illuminés d'Allemagne, notamment, mais non pas exclusivement, par la "Stella Matutina ", société luciférienne des plus fermées.

En France donc Stanislas de Guaïta, l'auteur de l'Essai de sciences maudites, ami de Saint-Yves d'Alveydre, fonde l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix en 1888. La première Chambre de Direction comprenait avec lui Joséphin Péladan qui fondera plus tard une société rose-croix chrétienne et même... catholique, Gérard Encausse (Papus), Maurice Barrès, Augustin Chaboseau, Paul Adam, Julien Lejay, Charles Barlet, le Dr. Lalande (Marc Haven), Yvon Leloup (Sédir), Georges Moutier, Lucien Chamuel, Maurice Barrès, ami de Guaïta, se retira aussitôt, en raison de ses convictions religieuses.

Trois ans plus tard, en 1891, Papus rénovait l' "Ordre Martiniste ". L'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix s'abritait dès lors, dans un secret plus impénétrable, derrière cette nouvelle création qui, en 1898, comptait 94 Loges en Europe dont 27 en France. Il y en avait 19 en Amérique du Nord et du Sud.

Pendant ce temps, en Allemagne, d'autres groupes s'unissent, par des liens divers, à tous ceux-ci. Le plus important, avec la Société Anthroposophique de Rudolf Steiner et ses Rose-Croix illuminés dont il se dit l' "Imperator ", sera une création de Théodore Reuss et d'Aleister Crowley: l' "Ordre du Temple d'Orient" (O.T.O. - Ordo Templi Orientis) 1895. Théc·dore Reuss y professe un nouveau christianisme adamiste, c'est-à-dire du plus répugnant naturalisme qu'aggraveront les excès d'Aleister Crowley sorti des Golden Dawn, sataniste, expulsé de partout à cause de la trop grande notoriété de ses scandales. Il y a du politicien dans le groupe de Rudolff Steiner et dans l'O.T.O., en plus des prétentions moralistes et éducatrices de l'anthroposophisme et du naturisme de l'O.T.O. Il y en a tout autant dans la fameuse Société Théosophique, créée par la Soeur-Maçonne Annie Besant pour vulgariser en Occident les mystérieuses pratiques de l'Hindouisme; elle travaillait avec Nehru, décédé récemment et Krishna Menon, deux vedettes de la politique asiatique.

Ne croyons pas que toutes ces sociétés, en apparence si différentes, souvent opposées, parfois s'anathématisant l'une l'autre, n'aient aucun point commun, aucun lieu de rencontre. Il en est deux, au contraire, qui remplissent particulièrement le rôle de liaison: l'une, d'origine américaine, rejoint l'appareil imaginé par Pike; elle a joué un rôle extrêmement important qui se prolonge actuellement dans les combinaisons politiques et les mouvements internationaux d'union mondiale pour le Fédéralisme de la planète: c'est l' "Hermetic Brotherhood of Light" (H. B. of L.). L'autre, peu nombreuse, travaillait à l'union doctrinale des différentes conceptions mystiques des sectes, à leur rencontre dans la "Philosophie de l'Unité", afin d'infuser celle-ci, dans les maçonneries, et par les maçonneries, dans la masse des profanes: c'est l'Ordre de Memphis.

Voilà donc, dès cette époque, comment s'accomplit la tâche primordiale, initiale, ultra secrète de la Synarchie. C'est par exemple, dans l'Ordre de Memphis qu'on retrouve alors Mme Blavatsky et Leadbeater (Théosophie), Spencer Lewis (Anthroposophie), Théodore Reuss (O.T.O.), des dignitaires de l'H. B. of L., des occultistes français, par ailleurs martinistes. Et c'est là que nous allons retrouver le fil de la Synarchie, mais c'est surtout par le Martinisme qu'elle va prendre, en Europe, la forme que nous lui connaissons.


SAINT- YVES D'ALVEYDRE

C'est par ses Loges que se propagea le complot synarchique.

Nous en connaissons la doctrine par les œuvres de Saint-Yves d'Alveydre. Mais c'est ici qu'il importe de rappeler les textes du Rose-Croix Coménius, textes que nous avons cités dans notre Introduction. Saint-Yves n'est ni un novateur, ni un inventeur du gouvernement synarchique. Dépositaire et vulgarisateur, il n'a fait que mettre en lumière à l'heure prévue le plan d'imperium universel imaginé, dès l'origine, par la Contre-Église et inexorablement poursuivi. Et cette heure enfin propice - ne l'oublions pas c'était après 1870, après la chute du POUVOIR TEMPOREL DU PAPE, dont les sectes se croyaient désormais sûres d'abattre le pouvoir spirituel. (4)

Avec ces sociétés secrètes, Saint-Yves, en réaction contre les prétentions absolutistes du Palladisme venu d'Amérique, n'écrit, pour l'Europe, qu'une sorte de contreproposition qui ne s'oppose pas au dessein général des sectes; mais le système qu'il préconise n'est pas moins universel; son schéma européen de Gouvernement s'applique tout aussi bien à tout mouvement mondialiste, mais avec une logique plus rigoureuse.

Voici, dit-il, en procédant hiérarchiquement, l'ordre et le nom de ces organes à constituer, pour fonder le gouvernement général de l'Europe:

1° - Le Conseil européen des Églises nationales;
2° - Le Conseil européen des États nationaux;
3° - Le Conseil européen des Communes nationales.

(Mission des Souverains - page 417)

Il poursuit en expliquant:

Le premier Conseil doit représenter la vie religieuse et intellectuelle, la Sagesse et la Science (5); le second Conseil doit représenter la vie politique et juridique, l'équité et la Justice; le troisième Conseil doit représenter la vie économique, la Civilisation et le Travail.


Remarquons une modification due à la modernisation du plan déjà vieux des Rose-Croix: là où Coménius parle et d'un Conseil Culturel et de l'universelle Église, Saint-Yves d'Alveydre ne voit qu'un Conseil à la fois religieux et culturel ; il complète alors le Gouvernement trinitaire par un Conseil économico-social, que requiert le développement de l'économie moderne. Ses successeurs technocrates maintiendront cette division. Mais - comme lui et comme l'ancêtre Coménius - s'ils estiment que "hiérarchiquement" leur Super-Église doit dominer l'ensemble, ils décideront cependant, à la suite de Saint-Yves d'Alveydre que, dans la pratique, on devra commencer par l'organisation économique. C'est exactement le processus que nous avons aujourd'hui sous les yeux, manifesté avec une telle clarté qu'on ne peut nier, comme on a tenté de le faire dans le but de cacher les origines occultes de la synarchie, la parenté des théories de nos synarques modernes avec l'œuvre de l'auteur des Missions.

Ce primat donné à l'économique a d'ailleurs un autre but caché, voulu. En donnant, dans l'ordre chronologique, à l'unité mondiale une base matérialiste, il coupe l'humanité de son recours normal au véritable fondement de son unité: LE CHRIST ET SON ÉGLISE, préparant ainsi l'humanité à accepter ensuite la suggestion d'un autre spiritualisme, puis la sujétion de l'universelle religion des sectes hiérarchisées secrètement jusqu'au Luciférianisme. (6)

La vulgarisation du système par Saint-Yves d'Alveydre ne fait que désocculter partiellement celui-ci, laissant deviner, à qui veut l'entendre, un ésotérisme plus profond. Il s'est expliqué, dans l'Introduction à la "Mission des Juifs ", et de cette vulgarisation et de cette partie secrète:

J'en témoigne déjà dans deux œuvres précédentes
et dans celle-ci. Le reste, en mains sûres dans plusieurs pays, est à l'abri des coups qui pourtant n'empêcheront rien de ce qui doit s'accomplir.

"Ce que je réserve comme ésotérisme, dans mes œuvres, ne sera livré qu'à la première chambre indiquée dans mes deux livres précédents.

Il le répète ailleurs:

Toute la partie ésotérique dont j'ai parlé dans la préface est réservée en lieux sûrs et sera donnée à la première Chambre de la Svnarchie européenne.

Sans doute, la diffusion progressive de certains principes d'union européenne ou de transformations sociales planificatrices, sous le couvert de l'humanisme, ne faisait de soi aucun mystère. Ces principes firent école dès la mort de Saint-Yves avec les décades de Pontigny, créées en 1910. Ils se manifestèrent, plus nettement accusés quand, en 1922, le "mouvement synarchique européen" prit le départ sous l'impulsion de Condenhove-Kalergi. Mais l'Ordre Martiniste n'en continuait pas moins à détenir secrètement le véritable fond maçonnique et même initiatique de la Synarchie. Après la mort de Papus en 1916, l'Ordre se scinda en deux: l'Ordrê Traditionnel, si l'on peut dire, restant apparemment en dehors du Mouvement, tandis que l' "Ordre Martiniste et synarchique ", sous la Grande-Maîtrise de Victor Blanchard, compagnon de Papus, Grand-Maître de Memphis, haut fonctionnaire de la Chambre des Députés, travaillait à l'extérieur le monde "profane", tout en conservant le dépôt occulte, comme l'avait indiqué Saint-Yves d'Alveydre:

Si on livrait aux mains des maçons et des badauds le plan architectural et son exécution, jamais le monument ne
s'élèverait.


LE DIFFÉREND DE 1893-1894: LE GAULLISME AVANT LA LETTREPendant le quart de siècle qui s'écoule après 1870, les Hautes Maçonneries, sous l'influence d'une force centralisatrice décuplant leur puissance, disciplinant leur action, ont donc mis sur pied le programme d'une nouvelle étape à atteindre vers l'accession à l'Imperium mundi. On peut la résumer ainsi:

  • concentration de la Maçonnerie universelle,
  • préparation du leadership américain qui se manifestera plus tard,
  • élaboration plus précise du système synarchique, par les Sociétés secrètes européennes, en réaction contre la centralisation palladiste, n'excluant d'ailleurs, en aucune manière, le désir général de travailler en commun à la réalisation du Grand Œuvre.

Mais cette réaction aura plus tard, et sous nos yeux, de telles conséquences sur les rapports de l'Europe et des États-Unis, qu'il nous faut l'expliquer dès maintenant.

Nous sommes en 1893. Depuis quelques années, il semble que la mystérieuse mainmise du Directoire suprême (Palladiste) soupçonnée par certains maçons européens, ne les a pas laissés sans inquiétude, lorsqu'un événement auquel un document pontifical fait allusion survient. Après la mort de Pike (1891), le Directoire suprême de la Haute Maçonnerie est transféré de Charlestown à Rome, sous l'autorité du Frère-Maçon Adriano Lemmi (1894). Ce transfert et cette succession font des bavards en Europe et des mécontents un peu partout. Il y a des démissions, des révoltes, un schisme vite résorbé mais qui révèlent un climat d'opposition déjà manifesté ailleurs qu'en Amérique. De 1865 à 1890, la résurgence du Rosicrucisme a donné naissance aux puissantes sociétés secrètes que nous connaissons et qui semblent résolues à ne pas se laisser subjuguer, bien qu'entrant dans la ligne générale du "système": le Gouvernement mondial synarchique.

De là à discuter sur le terrain politique la prédominance internationale des États-Unis dans le mouvement, il n'y a qu'un pas. Si l'on ajoute à cette divergence la concurrence des grands groupes financiers de Londres et de New-York, groupes que l'on sait si intimement liés aux sociétés secrètes, on saisit tout à la fois la raison, l'origine, le développement des oppositions dont le Général de Gaulle s'est fait le champion.

Et ceci est très important pour tout ce qui va suivre. De quoi s'agit-il principalement?

Du sort de l'Europe future unifiée.

C'est bien de cette époque que date l'antagonisme entre les formules: États-Unis d'Europe et Fédéralisme européen, comme l'atteste un texte de Saint-Yves d'Alveydre: Les États-Unis d'Europe? Pour les Américains, oui; pour les Européens? non (1890). N'est-ce pas d'ailleurs en cette même année 1894 où s'envenima le conflit du Palladisme que fut décidée - à la suite d'instantes représentations de la basse Maçonnerie - l'autonomie relative de la Grande Loge de France à l'égard du Suprême Conseil de France (haute-maçonnerie) au sein de l'Écossisme français? La maçonnerie anglaise ne s'enferma-t-elle pas, elle aussi, à ce moment, dans une hautaine réserve, concrétisée en politique par le refus des prétentions américaines? Un curieux texte de 1893, d'Andrew Carnegie, dans la première édition de "Triumphant Democracy" et supprimé dans les éditions suivantes, mérite à ce sujet d'être reproduit ici:

Le temps peut dissiper d'agréables illusions et détruire maints nobles rêves, mais il n'ébranlera jamais ma conviction que la blessure causée par la séparation, tout-à-fait inattendue et indésirable, de la mère et de son enfant, saignera toujour. Que les hommes disent ce qu'ils veulent; pour moi, je dis qu'aussi sûrement le soleil a brillé autrefois dans les cieux sur l'Angleterre et l'Amérique unies, il viendra un matin où il se lèvera brillant pour réjouir l'union Anglo-Américaine.
(Cité par The secret government of U.S. by M.
Davidson-Ohama - Nebraska 1962, page 9)


La rupture dura longtemps et prit fin pendant la dernière guerre. Le rêve d'Andrew Carnegie s'est réalisé par l'Union Atlantique, brillamment décrite dans "Union Now" de Clarence Streit, membre du fameux CFR (voir le chapitre : The American establishment).

Il était nécessaire de faire ressortir ce point important en le remettant à sa date d'origine.

Ces divergences ont survécu, se manifestant aujourd'hui en des compétitions politiques et économiques qui dominent l'activité mondiale rendue plus intense par les progrès techniques et par l'apparition du soviétisme dont, précisément, les hautes sociétés secrètes peuvent revendiquer la paternité. En un mot, elles ont passé comme éléments de fait dans la vie internationale. Elles n'en demeurent pas moins encore entre les Hautes Maçonneries, à l'intérieur du Système, la cause d'une lutte acharnée principalement motivée par les prétentions d'outre-atlantique et dominant la remise en question actuelle du leadership américain. (7)

Mais n'anticipons pas. Toute cette préparation ne commencera à prendre son plein effet qu'après la guerre de 1914.

Avant l'objectif final, il en était d'autres à atteindre.

Notes:

(1) Vieille prophétie germanique sur l'avenir de l'Abbaye de Lehnin et la chute de la dynastie des Hohenzolern.

(2) Il est intéressant de noter que, vers 1935, le "Pacte synarchique" emploiera les mêmes expressions.

(3) L'action plus particulièrement religieuse des sectes, depuis cette époque jusqu'à nos jours, est exposée dans notre étude parallèle à celle-ci et qui la complète: MYSTÈRE D'INIQUITÉ, aux Editions Saint-Michel à Saint-Cénéré (Mayenne).

(4) -idem- voir Mystère d'Iniquité.

(5) Nous avertissons qu'ici Sagesse et Science ont le sens ésotérique que leur donnent les sectes.

(6) Voir Mystère d'Iniquité.

(7) Cette crise intérieure de 1893 a laissé filtrer au dehors de bien curieuses révélations sur les origines de la guerre de 1914. Certaines d'entre elles sont contestées. Sont-elles vraiment contestables, quand leur date précédant celle de la première guerre mondiale prouve leur antériorité à des résultats effectivement atteints et quand d'autres documents viennent les corroborer?
Des campagnes pacifistes ont précédé la guerre, bien longtemps avant le conflit. Le 6 mars 1888, Adriano Lemmi, Grand Maître du Directoire Politique du Palladisme, adressait, de Rome, une "voûte" (circulaire) aux chefs du Rite suprême, ordonnant de procéder à ces campagnes.

Le désarmement pour la Paix, disait-i1, la Paix pour la Justice maçonnique et la Justice pour le bonheur maçonnique de l'Humanité.

(Bulletin Officiel de Charlestown - Tome VIII, cité par la RISS).

Non seulement cette circulaire n'a pas été démentie (ce qui d'ailleurs ne prouve pas son existence) mais toute une littérature, émanant des basses maçonneries fait appel à ce pacifisme au nom de la Démocratie universelle que devait couronner la Société des Nations. Ces appels sont passés dans l'Histoire.

Voici mieux encore: la guerre qui devait anéantir l'Autriche, abattre la dynastie Hohenzollern, abaisser l'Allemagne dont les prétentions devenaient inquiétantes, Saint-Yves d'Alveydre y fait allusion dès 1890 et cette guerre qui devait généraliser les régimes démocratiques est annoncée en 1894, dans la protestation des Hauts-Maçons palladistes américains lorsque, précisément, Adriano Lemmi, après la mort d'A. Pike, veut faire transférer à Rome les archives du Directoire dogmatique.

Si le palladisme (dogmatique) est transporté à Rome (l'exécutif politique y est déjà) voilà les archives centrales et les plus saintes choses en péril d'un coup de main dans le cas d'une conflagration subite... Le transfert à Rome... ne pourrait être effectué sans danger que si, dans l'Europe entière, tous ses États étaient républicains, ...conformément au plan de 1860 qu'il s'agit de réaliser au moyen de la grande guerre du XXe siècle et sous l'hégémonie maçonnique: États-Unis, d'Europe.

Nous ne savons pas si les archives du Pontificat dogmatique (c'est ainsi qu'on l'appelait) ont été transférées mais voilà bien la thèse américaine des États-Unis d'Europe opposée à la thèse du Fédéralisme européen exposée par Saint-Yves d'Alveydre. Voilà aussi la soutenance très palladiste du leadership américain pour la démocratie universelle. Voilà surtout l'annonce de la grande guerre appelée à transformer de nouveau l'Europe. Cette protestation, disons-le tout de suite, est tirée d'un ouvrage du Frère-Maçon Margiotta, transfuge de la Haute-Maçonnerie et, à cause de cela, très contesté bien sûr par les hautes sectes. 11 n'y a qu'un malheur, c'est que la même année, Léon XIII dans une de ses lettres s'indignait de voir la Haute-Maçonnerie siéger à Rome même. Ce qui n'est pas niable, c'est l'annonce, dès 1912, par du Paty de Clam, des dangers que courait l'Archiduc d'Autriche Ferdinand assassiné à Sarajevo en 1914. Ce qui n'est pas moins troublant ce sont les allusions à cette fin tragique faites par le Colonel House des Masters of Wisdom quatre ans avant l'attentat dont on lira les détails dans le remarquable livre de M. de Poncins sur la Franc-Maçonnerie. Ce qui n'est pas moins troublant encore, c'est cette réunion exceptionnelle de Saint Simon's Island, en 1913, dont nous parlerons plus loin et qui constitue le premier essai des assises des futurs Bilderbergers.

Et c'est enfin la réunion des maçonneries alliées, à Paris, en 1917 pour exploiter les résultats de la guerre, après le refus des propositions de paix formulées par Benoit XV, puis par Charles IV d'Autriche, par l'intermédiaire des Princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme. Refus spécifiquement maçonnique, pour forcer les belligérants, fût-ce au prix de milliers et de milliers de morts supplémentaires, à accepter leur propre paix! le nouveau découpage de l'Europe, de nouvelles nationalités (Yougoslavie, Thécoslovaquie) de création maçonnique avec les Massarik ou les Frères-Maçons Bénès.

Sur toutes ces ruines accumulées, le Frère-Maçon Wilson osait dire:

Le Christianisme n'a pas réussi à unir les peuples. Nous réussirons, j'espère, par la Société des Nations.

vendredi, août 22, 2008

LOUIS CLAUDE


DE SAINT-MARTIN 1743 - 1803

CHAPITRE II

L'ÈRE SYNARCHIQUE COMMENCE

(Pacte Synarchique)


LE MOUVEMENT SYNARCHIQUE

En 1917, le Pape fait une proposition de paix. Son offre est repoussée. Une autre proposition est faite alors par Charles d'Autriche et l'Impératrice Zita, aidée de notre côté par deux princes français: Sixte et Xavier de Bourbon-Parme. Cette nouvelle offre, acceptée par Poincaré et Lloyd George échoue, mise en échec par le ministre italien et par Ribot, Président du Conseil français. Des centaines de milliers de morts payent ce double refus que motive l'absence de trois conditions majeures, comprises depuis longtemps dans les buts des Hautes Maçonneries: la destruction de l'Autriche, nation catholique (cette condition faisait déjà partie du programme des Rose-Croix au XVIIe siècle), un plan de Société des Nations, la création de nouvelles puissances, notamment de la Tchécoslovaquie.

Cette dernière condition n'était pas la moindre, comme on le verra à Yalta; c'est pourquoi, en cette même année 1917, les obédiences maçonniques alliées, c'est-à-dire la basse maçonnerie, se réunissent en congrès, à Paris, où l'on décide le sauvetage de l'Allemagne mais pas de sa dynastie, l'écrasement de l'Autriche, un nouveau découpage de l'Europe centrale et surtout la création de la Société des Nations, première ébauche - éphémère - d'un gouvernement mondial. C'est ensuite la Paix de Versailles, à laquelle participent le Fr`re-Maçon Lebey, Grand Maître du Grand-Orient de France, et le colonel House, conseiller de Wilson, membre de la société secrète des Masters of Wisdom, accompagné des premiers éléments du fameux Council of Foreign Relations qui exercera une influence décisive sur la politique mondialiste.

La Russie soviétique est un fait accompli, en exécution d'un plan déjà séculaire, qu'il nous faudra expliquer en un chapitre spécial, à cause de son importance.

Tel est le nouvel état de l'Europe. Comme après 1870, on allait préparer la prochaine étape, MAIS CETTE FOIS - ET CECI EST CAPITAL - il ne s'agissait plus d'agencer un nouveau programme, de mettre sur le métier un autre plan adapté à quelque objectif secondaire; il n'était plus question d'imaginer un dispositif visant à une redistribution territoriale provisoire. Non! Cette fois l'Europe - sinon les autres continents - pièce maitresse dans l'édification du système, était prête à recevoir purement et simplement l'impulsion décisive et à la transmettre.

L'heure était donc arrivée de lancer le MOUVEMENT SYNARCHIQUE dans le public, de travailler la pâte internationale pour y modeler directement le profil du Grand Œuvre sur le plan enfin désocculté, déjà vieux de trois siècles, exposé par le Rose-Croix Coménius, réexposé par Saint-Yves d'Alveydre et qui trouvera son expression modernisée dans le Pacte synarchique.

Dès ce moment, un phénomène curieux se produit. On a donné l'essor au bolchevisme dans un grand pays. À la suite du consortium judéo-germano-américain qui l'a financé, les diplomates alliés se sont prononcés pour l'abdication du Czar. On a donc installé - c'est chose faite - le communisme en Russie. Et voici maintenant qu'on le tient pour un danger! C'en est un, en effet, mais qu'il ne faut pas écarter, anéantir; il faut seulement l'endiguer, le limiter. Il suffirait de rien pour l'étouffer, ne fût-ce qu'en le laissant mourir de l'effondrement économique où il a mené la Russie. Bien au contraire, on le remonte. Son existence est nécessaire, non pas certes pour une immédiate révolution universelle car on élimine rapidement le trotzkysme au bénéfice de Lénine, on réprime impitoyablement le communisme en Hongrie, en Allemagne, en Italie. Mais on a besoin d'une formidable puissance communiste, capable d'accélérer par rayonnement la progression du socialisme en tous lieux (théorie léniniste) et pour fournir un argument à l'inévitable, l'impérieuse transformation synarchique des nations.

Son existence est encore nécessaire au jeu diplomatique qui coupera l'Europe en deux, conformément au plan du Rideau de fer. Son existence enfin constituera pour l'Intelligentsia new-yorkaise un formidable moyen de pression sur l'Occident et sur l'Asie, pour assurer le leadership américain, conformément au dessein initial du Palladisme. On le remonte donc et, tandis que se profile à l'horizon la Nouvelle économie politique (NEP) russe, évocatrice du nom d'Achberg, Président de la Banque Nya de Stockholm, qui en est l'inspirateur, naît un mouvement, organisateur d'une Europe nouvelle, d'apparence opposée au communisme soviétique, qui lui sert de repoussoir, et par conséquent, de point d'appui... Ce mouvement entend tenir compte de l'existence du communisme, diplomatiquement reconnu et qu'on regonfle à grand frais, comme d'une fatalité historique et d'une extrémité à éviter à tout prix. Pour sauver l'Europe, on offre donc à celle-ci la même révolution mais par la technique, un régime semblable mais sous la forme moins brutale de la Synarchie.

Nous sommes en 1922; c'est le Mouvement Pan-Européen, créé à Vienne, par le Comte de Coudenhove-Kalergi.

Celui-ci est de lointaine origine flamande. Sa grand-mère, Marie Kalergi, née en 1860, fut l'amie de Bismarck, de Henri Heine, de Wagner, c'est-à-dire qu'elle vécut dans un milieu passablement initié. Son petit-fils qui nous occupe, né en 1894, de mère japonaise, bénéficie par son ascendance de croisements internationaux variés; il habite Vienne, ce qui ne l'empêche pas, nous dit-il, d'être Français.

En 1923, il crée l'Union Pan-Européenne, édite en 1924 la Revue Pan-Europe. réunit en 1926 en un premier Congrès, présidé par le Frère-Maçon Bénès (Tchécoslovaquie), un Français: Caillaux, Loebe (Allemagne), le Frère-Maçon Nitti (Italie), et Mgr Seipel (Autriche). Il inspire en 1928 au Frère-Maçon Aristide Briand, Président du Conseil, le fameux mémorandum Pan-Européen, adressé à vingt-six gouvernements. En 1931, il édite son Staline et Co, en même temps que Révolution par la technique". Nous voilà donc tout à fait dans la tradition de Fabre d'Olivet et de Saint-Yves d'Alveydre.

Coudenhove-Kalergi a, de plus, ses petites entrées, tout à fait privilégiées, auprès des Chefs d'États, car il n'a pas seulement M. Spaak pour ami et disciple. Lors d'une conférence au sommet, réservée aux chefs de gouvernements des quatre Grands, Coudenhove-Kalergi est invité, lui tout seul, si nous en croyons la presse. Il est reçu à l'Elysée par le Général de Gaulle; il en fait état publiquement, dans une lettre ouverte reproduite par Le Figaro qui publie régulièrement ses petits articles, presque toujours en italique, aux allures de communiqués officiels, et que seuls peuvent parfaitement comprendre les Initiés.

M. de Coudenhove-Kalergi est le porte-parole de la Synarchie en Europe. Sa doctrine, comme celle de Saint-Yves d'Alveydre, est le Fédéralisme international.

En 1922 donc, année de la marche sur Rome, s'organise en France, dans le plus grand secret, le Mouvement synarchique d'Empire (M.S.E.) dont le Pacte sera la charte, tandis que vont graviter, autour de lui, au grand jour, sous l'impulsion de Jean Coutrot, une floraison de groupes européens, telle l'Union douanière (1927) sous la présidence de Briand, qui vient de signer le pacte de Locarno (1) en 1925, avant de lancer son mémorandum (1930) sur le fédéralisme européen. Ces groupes, ce seront encore: la Fédération européenne des Parlementaires (1930), l'Union Jeune Europe (1936) et bien d'autres. Nous n'en suivrons pas la succession.


LE PACTE SYNARCHIQUE

Nous voilà donc bien maintenant dans le mouvement.

Mais le problème ne consiste pas seulement à faire du bruit, un bruit qui n'aurait sans doute pas, dans le public, la résonance que l'on désire. Pour garder le ton juste, il faut un diapason; il faut aussi des chefs pour conduire les différents orchestres, bien formés, les uns Initiés, les autres qui s'ignorent. Le Pacte synarchique pour l'Empire Français, dont il faut placer l'apparition dans la clandestinité en 1935, est maintenant bien connu. Sa découverte, dans une loge martiniste de Lyon, remonte à 1941 (2) et depuis, il a fait l'objet de deux publications dont la plus récente dans l'ouvrage de M. Coston Les Technocrates de la Synarchie. Mais, à l'époque, il n'était destiné qu'aux adeptes signataires de l'engagement dans le Mouvement. Chef-d'œuvre, comme tous les documents de ce genre, d'occultisme déguisé, le langage du Pacte, quoique s'adressant à des profanes n'est vraiment compréhensible que pour les occultistes et ne s'éclaire que par un autre document contemporain, le Schéma de l'Archétype social, beaucoup moins connu et, lui aussi, d'origine martiniste.

Ne nous occupons présentement que du contenu du Pacte relatif à l'organisation du Gouvernement mondial. Il garde la tradition des trois conseils de base, envisagés par les anciens Rose-Croix avec la modification par Saint-Yves d'Alveydre: Conseil des Églises (culturel), Conseil des États (politique), Conseil des Communes (économique). À ce dernier, il attribue plus particulièrement la fonction emporocratique préconisée comme moyen et non comme fin de gouvernement par Fabre d'Olivet en 1824. Quoi que puissent dire des origines récentes de la Technocratie, les plumitifs attitrés des revues économiques, c'est bien là qu'il faut en chercher l'inspiration et les motifs profonds. Et Fabre d'Olivet, loin d'être économiste, cultivait les sciences occultes.

Nous sommes obligés de constater, malgré toutes les dénégations, que les fameux financiers qui mènent le monde ne font que mettre en œuvre, dans leur intérêt bien sûr, les théories des sociétés secrètes sises de part et d'autres de l'Océan et chez nous, plus particulièrement, celles qui ont été mises en forme par le grand scoliaste de la Synarchie ésotérique Saint-Yves d'Alveydre. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les ressemblances entre ces théories plus que séculaires et les réalisations: l'O.N.U., l'U.N.E.S.C.O., le primat de l'économie, ce dernier consacré d'ailleurs par les réunions secrètes que décrira un prochain chapitre. Comme un miroir fidèle, les textes du Pacte synarchique reflètent la complicité de l'humanisme initiatique avec l'impérialisme financier, israélite en majeure partie. L'imperium mundi (la domination universelle) ne peut d'ailleurs se concevoir dans ses principes, ses moyens et sa durée, sans un dogme, non pas seulement philosophique mais quasi-religieux, qu'implicitement invoquent les vedettes de la politique et de l'économie. Ce furent, en effet, Albert Pike et Adriano Lemmi qui, en 1888, lancèrent dans les loges maçonniques européennes la campagne du pacifisme universel qui devait aboutir à la Société des Nations. Jacob Schiff, Kuhn, Loeb et Warbourg ont financé la révolution de 1917, mais ce sont bien des groupes maçonniques qui ont fait en Russie les travaux de sape et creusé les puits de mine. Si, à présent, les maîtres de l'or brassent le monde, désarticulent l'Europe, c'est encore parce que l'idée synarchique fit son chemin dans tous les cercles hermétiques avant d'apparaître en public en 1922. Nous pouvons affirmer, en toute certitude, qu'un Jean Coutrot, par exemple, dont certains partenaires sont aujourd'hui sur le théâtre politique, n'avait pas seulement dans l'esprit une technocratie neutraliste du Gouvernement mondial mais bien une église universelle syncrétiste. Ne faut-il pas qu'il en soit ainsi pour en arriver à une formule de ce Gouvernement mondial comprenant:

Un ordre social économique de tous les peuples

Un ordre culturel de toutes les nations

Un ordre fédéral de tous les empires

Au sein d'une réelle Société des Nations dont la loi soit basée justement sur les profondes réalités de la vie culturelles du monde.


(Pacte Synarchique n° 591)

Le Pacte, on le voit, de même que les précédents documents depuis le XVIIe siècle, insiste donc, lui aussi, sur l'importance, dans l'ordre hiérarchique, de la Primauté du Spirituel, expression qu'on lit en toutes lettres dans son texte, tout en donnant la priorité, dans l'ordre chronologique, à l'organisation économique. À ce dernier point de vue, on y trouve d'amples développements sur les Technocraties nationale et internationale et, à cette nouveauté, s'ajoute la part faite au fascisme, au national-socialisme, à la décolonisation (qui s'opérera plus tard) et enfin à la division géopolitique du monde en cinq grandes sociétés mineures pourvues de leur gouvernement placé, bien entendu, sous l'autorité du Gouvernement mondial. Ces cinq divisions les voici: la Pan-Eurafrique (Europe et Afrique), l'U.R.S.S. et ses possessions européennes (à l'intérieur du Rideau de fer non encore réalisé), les Nations Pan-Asiatiques, l'Angleterre et son Commonwealth, la Pan-Amérique. Ici, une remarque essentielle s'impose: nous sommes en 1935, le leadership américain n'y est ni reconnu ni mentionné. La doctrine des Hautes Maçonneries européennes - le Martinisme en particulier - se règle donc exactement sur le désaccord de 1893 que nous avons signalé à propos des prétentions du Palladisme.

Cette période d'après guerre, entre 1918 et 1940, est une période relativement favorable à la politique anglaise.

La part réservée dans le Pacte à l'Angleterre - qui n'est pas encore à la remorque des États-Unis comme elle le sera en 1944, ainsi que l'annonçait Andrew Carnegie, dans la page que nous avons citée - cette part, disons-nous, est très belle: on ne touche pas à ses Dominions. Ainsi, ce que nous avons appelé le Gaullisme avant la lettre, cette réaction anti-américaine de très hautes instances initiatiques européennes, subsiste toujours à l'état d'opposition. Elle ne se manifestera que plus tard par la politique que nous connaissons.

Mais d'ores et déjà, une autre opposition s'élève contre la domination en perspective des Hautes Maçonneries anglo-saxonnes; c'est celle des Maçonneries prussiennes et de l'Hitlérisme grandissant.

La guerre est inévitable.


L'ÉTENDARD NOIR, BLANC, ROUGE.
LA GUERRE DE 1940.


En 1922 apparaissait donc le Mouvement synarchique européen.
Cette même année précisément et non pas par l'effet du hasard se produisit un événement ignoré du public. Trois Hautes Loges-mères d'obédience prussienne se retiraient de l'Union des Grandes Loges allemandes. Que signifiait donc ce retrait?

À cette époque, il y avait deux groupes de loges en Allemagne: les loges Vieux prussiennes, nationalistes, aristocratiques, voire militaires et anti-juives, se référant au johannisme maçonnique, aux traditions templières de l'époque de Frédéric II le Grand et les loges humanitaires se rattachant aux constitutions d'Anderson (maçonnerie universelle).

Le premier groupe s'opposait au second dans cette Allemagne révolutionnaire de 1918 comme il s'opposera à un troisième groupe international qui vit le jour en 1930. Il s'y opposait, non pas en considération du Grand Œuvre, BUT FINAL, ESSENTIELLEMENT ANTICATHOLIQUE DE LA MAÇONNERIE, mais en raison du traité de Versailles qui favorisait la domination judéo-anglo-saxonne dans les mouvements européens et mondialistes.

Dès 1922, les "Alt-Prussische" avaient replacé sur leurs murs l'étendard noir, blanc, rouge.

L'Hitlérisme allait faire son entrée. Et il allait faire sa fortune pour quatre motifs qui n'excluent pas d'autres facteurs, bien entendu, mais qui, dans l'ordre international, ont une grande importance.

Premier motif: c'est le traité de Versailles dirigé contre les Hohenzollern, n'entendant pas démolir l'Allemagne, comme il avait fait de l'empire austro-hongrois. Cependant, il l'avait laissée en proie à la révolution et le bolchevisme s'empara de l'Allemagne en 1918. Or, l'extension militaire et politique du régime soviétique dans toute l'Europe centrale n'était pas alors désirable. Trop d'intérêts s'y opposaient, surtout anglais, même américains et, d'autre part, la rapide expansion d'un communisme panslave - qu'on aurait pu étouffer dans l'œuf - ne correspondait pas au rôle qu'on attendait de lui. Il fallait le contenir. Lady Queensborough, dans son intéressant ouvrage Occult Theocracy, a noté le fait:


Après la guerre européenne de 1914, certaines banques, conscientes de la menace du satanisme, rebaptisèrent le bolchevisme de crainte que le monstre ne leur échappât des mains. Elles choisirent certains hommes dont l'intégrité, le patriotisme et le courage leur donnaient confiance et, leur payant un salaire, les tinrent prêts, comme un noyau, pour se rallier à un chef au signal donné.

(Tome l, page 619)

De fait, si l'on s'en réfère à ce que le Charivari nous dit d'un livre: Sources financières du National-Socialisme, paru à Amsterdam en 1933 dont tous les exemplaires disparurent et auquel il n'a pas été donné de démenti, dès 1929 la Guarantee Trust cherchait un homme pour faire une contre-révolution nationale. Elle trouva Hitler. Son premier versement aurait eu lieu chez les banquiers allemands Mendelshon. Il y aurait eu des rencontres. La grosse affaire aurait été financée ensuite par la Guarantee Trust, Deterding, Président de la Royal Deutsh (Shell, B.P., etc.) toujours par l'intermédiaire de Mendelsohn puis de la Rotterdamshe Bank et du Banco Commerciale Italiano.

Ce livre, qui avait pour titre hollandais Dree Gespreeken met Hitler, avait pour auteur Sidney Warbourg, l'homme dont la banque avait financé, avec d'autres, la Révolution russe de 1917!

Deuxième motif: Hitler au pouvoir et les dirigeants du Reich n'ignoraient pas, loin de là, le vaste plan de la Synarchie mondiale, le leardership américain, l'avenir promis à la Russie soviétique ni même la future intervention de la Chine. Saint-Yves d'Alveydre, qui détenait de redoutables secrets des Sectes et dont le système, on l'a vu, se présente comme le prototype de l'opposition au leadership américain, écrivait déjà en 1890:

Une coalition pour écraser non seulement les Hohenzollern mais l'Allemagne? Mais les Indes seraient déjà perdues pour les Anglais! Le tout au profit de qui en somme? De personne en Europe mais de l'empire chinois à l'Est, de l'Amérique à l'Ouest, de l'Islam au Sud.

(Jeanne d'Arc la Victorieuse, page 7)

Hitler, qui savait tout cela, n'avait donc aucun mérite à écrire, en 1928, que le:

rassemblement de tous les peuples européens n'évitera pas pour autant l'hégémonie américaine et que le premier rival pour cette union américaine serait d'abord la Russie d'aujourd'hui et plus encore la Chine avec plus de quatre cents millions d'hommes. (3)

Troisième motif: fort de précédents historiques célèbres, Hitler ne croyait pas à une union européenne unifiant les peuples sur la base et par les moyens de la Synarchie. Pour lui, il y fallait un fédérateur, c'est-à-dire un conquérant.

Tenter de réaliser l'Union pan-Européenne par l'union purement formulée des peuples européens sans qu'elle ait été imposée par une puissance prédominante en Europe... cela conduirait à une entité dont toute la force et l'énergie seraient absorbées par des rivalités et des querelles intérieures comme le fut jadis la force allemande dans la fédération allemande.


Derrière Hitler il y avait, alors, pour aiguiser le désir de voir l'Allemagne imposer cette union (exclusive du condominium anglo-saxon) Lanz, théoricien du National-Socialisme et du racisme aryen, la fameuse société secrète le Groupe Thulé, puis les maçonneries nationalistes et anti-juives, soi-disant dissoutes, mais regroupées dans l' Ordre National Chrétien de Frédéric le Grand. Le nationalisme pangermaniste se réveillait, animé par tout l'appareil secret du nouveau Reich, en opposition rituelle, raciale, avec la Maçonnerie internationale et en état de défense agressive. Et cela d'autant plus que:

Quatrième motif: les dirigeants de ce Reich ne pouvaient pas ignorer le futur démembrement de l'Allemagne (Rideau de fer) au profit de l'Union des Républiques socialistes Soviétiques tel qu'il avait été décidé depuis le milieu du XIXe siècle. De ce point de vue, la seule politique extérieure du régime ne pouvait être que la reprise de la politique de Mitel Europa, sous une autre forme: l'affirmation contraire au panslavisme, l'irrédentisme allemand prévenant les réalisations en cours, depuis 1918. Hitler prit cette avance; il obtint l'évacuation de la Rhénanie, fit une pression électorale énorme pour récupérer la Sarre; reprit Dantzig et annexa l'Autriche, les Sudètes et la Bohême.

En 1938, le Reich hitlérien, comme le Reich impérial de 1913, dépassait à son profit les objectifs au-delà desquels le Grand Œuvre de la Maçonnerie Universelle eût été compromis à commencer par la mise en échec du plan de Confédération soviétique de l'Est européen (voir le chapitre: Rideau de Fer) et surtout la domination mondiale de la Maçonnerie universelle (4).

Alors, la Jacob Schiff, Kuhn et Loeb se mit en mouvement au service de l'Intelligentsia entourant le Frère-Maçon Roosevelt. La Pologne dont Hitler voulait s'assurer fut le piège et l'homme de la situation fut William Bullit, diplomate, ancien agent de la Schiff, Kuhn et Loeb; il pérégrina à travers l'Europe pour pousser à la déclaration de guerre que le Frère-Maçon Groussier, alors Grand Maître du Grand Orient de France, disait avoir été exigée par New-York (5).


Et ce fut la guerre.


Le Reich hitlérien, avec ses Hautes Maçonneries rosicruciennes, prétendait, lui aussi, à un imperium européen férocement anticatholique. Mais la nouvelle défaite allemande amenait les accords de Yalta et, finalement, la maîtrise définitive du leadership américain, voulue par la Maçonnerie Universelle et dont le peuple des États-Unis n'était évidemment que peu informé. Et la prédominance américaine a toujours favorisé la Russie soviétique.

Notes:
(1) LOCARNO, où fut négocié le pacte précédant le mémorandum synarchique de Briand, est un haut lieu des Hautes Sociétés secrètes el cela de tradition. En octobre 1872 - encore cette année-là - y fut tenue une réunion secrète des principaux de la Maçonnerie italienne, avec Félix Pyat el Kossuth, autant dire l'équipe de Mazzini et, par conséquent, d'Adriano Lemmi, flanquée du général prussien Etzel. Il y fut question de la destruction de l'AUTRICHE-HONGRIE et du renversement ultérieur de la dynastie des Hohenzollern.

En août 1917, à Ascona, sur l'autre bord de la Magia, à quelques coups de rames de Locarno, sur le Monte Verita, se tint encore une réunion secrète de l'Ordre du Temple d'Orient (O.T.O.) de l'Hermetic Brotherhood of Light (H.B.L.) et de la Grande Loge anationale et du Temple mystique, où l'on s'entretint de l'instauration d'un Ordre nouveau du monde. Comme par hasard, la formule est semblable à celle du Mage, ami de Roosevelt, qui figure sur le monument américain de Saint-Laurent-sur-Mer: Novus ordo saeculorum.

Nous ne parierions pas qu'une autre réunion ne se soit tenue au même endroit, il y a quelques années.

(2) L'Ordre martiniste et synarchique ayant actuellement ses principales assises en Grande-Bretagne et dans le Commonwealth, au dire de Philippe Encausse, fils de Papus (La Tour Saint Jacques - Trimestres 2-3-4 1960) semble s'être expatrié en Angleterre, au moment de l'occupation, car il était bien vivant en France en 1940.

À cette époque, la presse a fait état de divers événements qu'il convient de rappeler.

Le 25 septembre 1941, le Pacte synarchique fut découvert à Lyon, dans une Loge de l'Ordre Martiniste (la première branche du Martinisme, se disant régulière et traditionnelle) sous la Grande Maîtrise de Chevillon.

Mais auparavant, deux morts successives et mystérieuses avaient été remarquées. Le 23 avril 1941, le secrétaire de Jean Coutrot, chef visible de tant d'organismes pré-synarchiques, mourait subitement en Bretagne et ses papiers personnels disparaissaient peu après, au cours d'un déménagement de sa mère (d'après les «Technocrates et la Synarchie» par J. Coston).

Le 19 mai 1941, c'était le tour de Jean Coutrot. On ne sait pas s'il fut trouvé mort dans son lit ou s'il fut relevé agonisant sur le trottoir devant son domicile, s'il s'agit d'un suicide ou d'un meurtre (id).

Enfin le 24 mars 1944, Constant Chevillon, mystérieusement enlevé de son domicile, fut retrouvé quelques jours après tué d'une balle dans la nuque (id).

Mais l'entreprise dépassait de beaucoup ces hommes et un pays.

(3) Voir plus loin le chapitre sur la Chine.

(4) Telle est bien l'une des causes principales - sinon la principale - de la guerre. Nous en trouvons la preuve dans un article de Walter Lippmann, confirmant les affirmations de la lettre de 1943 du Frère-Maçon Roosevelt qu'on lira au chapitre suivant, Walter Lippmann, toujours très qualifié en ces matières, écrit:

LE PROBLÈME EUROPÉEN, EN 1939, RÉSIDAIT DANS LE FAIT QUE LES NAZIS VOULAIENT S'EMPARER DES VIEILLES NATIONS DU CONTINENT EUROPÉEN.

(Washington Post et le Figaro 22 juillet 1966).


(5) Le Grand-Orient avait adressé à Roosevelt une lettre lui demandant de s'interposer pour éviter la guerre. Cette obédience qui n'est pas agréée par la Grande Loge d'Angleterre est en désaccord, sur bien des points, avec les Maçonneries anglo-saxonnes et l'Écossisme. Ainsi s'explique sa démarche et la déclaration du Frère-Maçon Groussier. D'autre part, un certain nombre de ses membres sont favorables, au communisme.

NOVUS ORDO SAECULORUM


1939-1945


Le triangle omnivoyant et la devise Annuit Coeptis Novus Ordo Saeculorumi figurent en haut relief sur la façade externe nord du Grand Memorial Américain à Saint-Laurent-sur-Mer (Calvados). On attribue la devise à Serge Makronowsky (dit Koerich) membre des Sociétés Vedanta et Théosophique, ami du Frère-Maçon Franklin Roosevelt. Mais le nouvel ordre du monde avait déjà été évoqué en 1917 au convent de Locarno.

CHAPITRE III

L'AUBE DU GOUVERNEMENT MONDIAL
1944

La Société des Nations, d'ailleurs défunte, ne présentait pas les caractères d'universalité désirables; elle a cédé la place à l'Organisation des Nations Unis (O.N.U. Les Américains disent: U.N. United Nations). Un pas de plus vers le Gouvernement mondial!... Le leadership américain, voulu au plan des sectes depuis le Palladisme, annoncé par le Frère-Maçon Président Grant en 1872, est maintenant chose assurée. Il est même assuré, ce qui n'a pas peu d'importance, jusque sur le plan financier international, en vertu des accords de Dumbarton-Oak, par le cours de l'or fixé dans un rapport intangible avec le dollar.

Il n'est pas de meilleur exposé et de la situation de départ en l'année 1944, et des prévisions pour l'avancement ultérieur du plan, qu'une lettre de 1943 du Frère-Maçon Roosevelt, adressée à M. Zabrousky, en réalité destinée à Staline: l'U.R.S.S. installée avec voix prioritaire dans le Conseil des Nations, sa mainmise sur la Baltique et la Finlande, un port en Méditerranée, son hégémonie totale sur l'Europe de l'Est, le feu vert donné à sa propagande, l'œuvre décolonisatrice (annoncée déjà par le Pacte synarchique français); tout cela est maintenant réalisé. Mais cette lettre éclaire aussi la façon dont va se poursuivre l'organisation du monde futur, les pouvoirs donnés à l'U.R.S.S. sur le destin de l'Europe, sur celui de l'Asie... à moins de complications ultérieures, dit le Frère-Maçon Roosevelt (et nous sommes maintenant dans le drame). Quant à une prétendue Tétrarchie de l'Univers, c'est-à-dire des quatre Grands: U.S.A., U.R.S.S., Angleterre, France, si on y regarde de près, elle se réduit en réalité au dualisme U.S.A.-U.R.S.S. La France avec voix consultative, l'Angleterre à la remorque des U.S.A., cela annonçait deux et non pas quatre, du moins pour un moment.

UNE LETTRE DU FRÈRE-MAÇON ROOSEVELT À STALINE

Cette lettre, postérieure à l'intervention soviétique dans la guerre, n'est donc pas de pure circonstance, d'autant plus qu'elle vient après la déclaration commune Roosevelt-Churchil (1941) qui est à la base de la Charte de l'Atlantique. On y verra la progression implacable des principes alors réalisée dans les faits dont nous sommes aujourd'hui les témoins.

Mon cher Monsieur Zabrousky,

Ainsi que je l'ai dit de vive-voix, à vous et à Monsieur Weiss, je suis profondément touché par le fait que le National Council of Young Israël (Conseil National du Jeune Israël) ait eu l'extrême bonté de s'offrir en tant qu'intermédiaire entre moi et notre ami commun Staline, et cela à un moment si délicat que, tout danger de friction au sein des Nations-Unis créées au prix de tant de renoncements, aurait des conséquences fatales pour tous, et plus particulièrement pour l'Union Soviétique.

Il est, par conséquent, de votre intérêt et du nôtre d'arrondir les angles, ce qui sera difficile avec Litvinov auquel j'ai dû, à mon grand regret, donner l'avertissement que ceux qui se frottent à l'oncle Sam finissent par en souffrir, avertissement qui vaut autant pour les affaires extérieures que pour les affaires intérieures. Les prétentions soviétiques, quand il s'agit d'activités communistes dans les États de l'Union Américaine sont, en effet, doublement intolérables.

Timotchenko s'est montré bien plus raisonnable pendant son court mais fructueux séjour ici et je souhaite qu'une nouvelle entrevue avec le Maréchal constitue une étape rapide vers cet échange de vues avec Staline que je considère parmi les plus urgents, surtout si je pense à tout le bien qui a résulté de la rencontre Staline-Churchill.

Les États-Unis et la Grande-Bretagne sont disposés - et cela sans aucune réserve morale - à donner la parité de vote absolue à l'U.R.S.S. dans la réorganisation future du monde d'après-guerre. Elle sera membre, comme le premier Ministre britannique le lui a fait savoir d'Adana, en lui remettant son avant-projet, du groupe directeur au sein du Conseil de l'Europe et du Conseil de l'Asie, à quoi lui donnent droit non seulement la situation étendue intercontinentale de l'U.R.S.S., mais aussi et surtout sa magnifique lutte contre le nazisme qui méritera les louanges des historiens.

Nous souhaitons voir ces CONSEILS CONTINENTAUX (et je parle au nom de mon grand pays et de l'important empire britannique) composés par tous les États indépendants respectifs, avec toutefois, une représentation proportionnelle équitable.

Et vous pouvez assurer à Staline, mon cher Monsieur Zabrousky, que l’U.R.S.S. siégera au Directoire de ces Conseils (Europe et Asie) sur un même pied d'égalité et d'égalité de voix avec les États-Unis et l'Ang1eterre, et fera partie du haut tribunal que l'on devra créer pour résoudre les divergences existant entre les différentes nations, qu'elle interviendra de même dans la sélection et la préparation des forces internationales de l'armement et du commandement de ces forces qui, sous les ordres du Conseil continental, agiront à l'intérieur de chaque État afin que les règlements, si savamment élaborés pour le maintien de la paix dans l'esprit de l'ancienne Société des Nations, ne soient pas violés de nouveau; ces entités entre États et leurs armées pourront imposer leurs décisions et se faire obéir.

Dans ces conditions, cette situation si élevée dans la direction de la Tétrarchie de l'Univers doit satisfaire Staline et ne pas lui faire renouveler des prétentions qui créent des problèmes inso1ubles; le secrétariat, toutefois, est destiné â la France, avec voix consultative, mais pas délibérative, comme récompense de sa résistance et punition de son fléchissement antérieur. Donc, le continent américain restera en dehors de toute propagande soviétique et sous l'influence exclusive des États-Unis, comme nous l'avons promis à nos pays continentaux; la France devra demeurer dans l'orbite anglaise, avec toutefois une large autonomie et le droit au secrétariat de la Tétrarchie. Sous la protection de l'Angleterre, le Portugal, l'Espagne, l'Italie et la Grèce évolueront vers une civilisation moderne qui les tirera de leur léthargie traditionnelle. On donnera, en outre, à l'U.R.S.S., un port en Méditerranée. Nous cédons â ses désirs, en ce qui concerne la Finlande et la Baltique en général: nous exigerons de la Pologne une attitude raisonnable, faite de compréhension et de compromis. Il reste â Staline un vaste champ d'expansion dans les petits pays de l'Europe orientale. Il faut naturellement tenir compte des droits de ces deux nations loyales que sont la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie, sans omettre la récupération totale des territoires qui ont été temporairement arrachés â la Grande Russie.

Après avoir démembré le Reich et en avoir rattaché différentes zones à d'autres pays, créant ainsi de nouvelles nationalités, le danger allemand sera écarté pour l'U.R.S.S., l'Europe et le monde entier.

En ce qui concerne la Turquie, Staline doit comprendre les assurances nécessaires que Churchill a données au Président Inonu, en son nom et au mien propre. Le port sur la Méditerranée qu'on donne â Staline doit lui suffire.

Pour l'Asie, nous sommes d'accord avec ses demandes, sous réserve de complications ultérieures. Quant à l'Afrique, que voulez-vous? Il sera nécessaire de donner quelque chose à la France pour COMPENSER SES PERTES EN ASIE et quelque chose aussi â l'Égypte, comme on l'a promis aux "·Wafdistes". Il faudra bien donner â l'Espagne et au Portugal des compensations pour leur renonciation et aboutir à un meilleur équilibre mondial. Les États-Unis y prendront également pied, par droit de conquête, et réclameront inévitablement quelque point vital pour leur zone. Et ce sera justice. Enfin, nous devrons accorder au Brésil la petite expansion coloniale qu'on lui a promise.

Veuillez transmettre à Staline, mon cher Monsieur Zabrousky, que, pour le bien général et pour l'anéantissement rapide du Reich - tout cela n'est qu'idées générales soumises à l'étude - il lui faut céder, en ce qui concerne la colonisation de l'Afrique et qu'il doit cesser sa propagande en Amérique et mettre un terme à son intervention dans les milieux ouvriers.

Transmettez lui également l'assurance de mon entière compréhension, de ma sympathie et de mon désir de faciliter la solution de ces problèmes. Pour cela l'entrevue que je propose présenterait un intérêt pratique.

J'ai lu avec le plus grand plaisir, comme je l'ai déjà dit, les termes généreux du message qui m'a annoncé votre décision de m'offrir au nom du National Council, un exemplaire de ce qui est le plus grand trésor d'Israël: un rouleau de la Thora. Cette lettre vous prouve mon acceptation. À votre loyauté, je réponds par la plus grande confiance.

Veuillez, je vous prie, transmettre à la plus haute organisation que vous présidez, l'expression de ma gratitude en rappelant le banquet donné à l'occasion de son XXXIe anniversaire.

Je vous souhaite le plus grand succès.

Très sincèrement vôtre,
Franklin ROOSEVELT

(adressée à M. Zabrousky, Président du "Jeune Conseil d'Israël" - publiée par Le Figaro
le 7
février 1951.
)


Passons sur l'incroyable cynisme de cette lettre. Le Frère-Maçon Roosevelt n'y faisait que traduire, mais de New-York - et cela est important - l'identique programme synarchique, déjà envisagé au plan des sociétés secrètes à la fin du XIXe siècle et dont les éléments se retrouvent dans le Pacte synarchique (européen) de 1935 puis, maintenant, dans les faits. Nous en avons souligné certains passages qui constituaient alors des dispositions impératives, maintenant exécutées ou susceptibles de l'être. Nous les reprendrons dans la suite de cette étude, à chacune des questions traitées, de manière à montrer l'origine, le but de la Contre-Église marqué d'un caractère universel et d'une indiscutable continuité dans son exécution. Pour le moment revenons au Gouvernement Mondial.

TRANSFORMATION POSSIBLE DE L'O.N.U.

L'Office des Nations Unies (O.N.U.) sera-t-il à son tour brusquement balayé pour faire place à un gouvernement mondial ou se propose-t-on de le transformer?

La League of Empire Loyalist en Angleterre, qui compte Chesterton dans son comité exécutif, a publié voici quelques années, une brochure sur les congrès et manifestations des partisans du Gouvernement mondial. Tout y est assez bien résumé, en une douzaine de pages: création d'une Autorité ayant à sa disposition les ressources mondiales pour le progrès économique et social de tous les peuples, d'une Armée internationale remplaçant les armées nationales et d'une Cour de Justice devant laquelle pourrait être déféré tout individu conspirant contre la paix du monde.


Voilà qui va loin... Beaucoup plus loin que la République universelle des Frères de la Maçonnerie bleue si l'on songe qu'en Synarchie, l'Autorité occulte entre les mains d'un petit nombre, doit se tenir au-dessus du pouvoir visible... C'est l'arbitraire de la dictature.

Mais on dit, et la League of Empire Loyalist n'est pas seule à l'affirmer, car nous en rencontrons le témoignage un peu partout, même chez Monsieur Spaak, synarque d'importance, que la chose se fera autant que possible par transformation de l'O.N.U.

La nécessité de la révision de la Charte (des Nations Unies) doit sembler logique à ceux qui, maintenant, réalisent que la notion de souveraineté n'est pas seulement dépassée mais est un non-sens et que le fédéralisme est la seule option.
(Lord Beveridge - Conf. of organisation on Revision of the
U.N. Charter (26-2-55)

C'est aussi l'opinion soviétique, si tant est qu'on puisse accorder à celle-ci une stabilité certaine. Mais, sur le Gouvernement mondial, tout le monde est d'accord et d'accord pour y participer:

Est-ce que les Nations Unies peuvent être une organisation effective, si la souveraineté nationale n'est pas limitée? Les nations doivent sacrifier une part de leur souveraineté si les Nations Unies doivent devenir un réel et effectif organisme.
(Wichinsky)
Le 27 juin 1958, Le Figaro annonçait que M. Buron, ministre des Travaux Publics, avait expliqué les buts que se propose l'Association Universelle pour un Gouvernement mondial et qu'un congrès allait se tenir à Versailles. On comptait sur la présence de Madame Roosevelt, veuve du Président, Sœur-Maçonne et théosophe. De son côté, le Süddeutsche Zeitung du 12 juillet, écrivait:

Dans l'état actuel des choses, il ne reste qu'à placer nos espérances dans une instance supérieure, c'est-à-dire le forum de la puissance mondiale qui décidera, en fin de compte, ce que chacun de nous doit faire et COMMENT NOUS DEVONS NOUS ARMER.
(Cité par "C'est-à-dire")

UN CONGRES À VERSAILLES

Monsieur Buron avait précisé, lui aussi, que ce qui manquait à l'O.N.U. c'était la possibilité de faire exécuter ses décisions.

Le Congrès eut donc lieu à Versailles. Y assistaient Lord Atlee et des scandinaves dont on ne donne pas les noms. Les "Nouvelles de Versailles" du 18 Septembre 1958 en ont fait le compte rendu qui suit:

La Charte de Versailles a été signée par 38 pays. Son ambition: remplacer l'O.N.U.

C'est un document d'une exceptionnelle importance qui a été signé, lundi 8 septembre 1958, dans la Galerie des Batailles, par des hommes d'État, ambassadeurs et parlementaires de 38 pays, sous le titre in-extenso, qui fut commenté, approuvé et applaudi par une assemblée pleine d'optimisme, à part quelques réserves du délégué américain, qui, néanmoins, plaida avec vigueur pour
un gros effort de propagande sous la forme de "public relations".

Et beaucoup se montreront sans doute, après les expériences de la S.D.N. et de l'O.N.U., quelque peu sceptiques sur la durée et l'efficacité du nouveau pacte.
Mais qui sait? L 'histoire nous apprend que les grandes idées font lentement leur chemin dans l'esprit et le cœur des hommes. Puisse cette nouvelle tentative
marquer un nouveau progrès dans la voie de la paix universelle. Nous le souhaitons d'autant plus ardemment, que cette Charte ajouterait ainsi une gloire nouvelle à notre Cité qui lui a donné son nom.

La Charte de Versailles.

L'étape de l 'histoire de l'humanité vient d'être atteinte où
les peuples, les parlements, les gouvernements du monde doivent décider de supprimer la menace de la guerre qui, entre autres maux, inclut à notre époque la possibilité de l'extinction totale de la race humaine.

Les peuples, parlements et gouvernements du monde entier doivent décider l'établissement d'une autorité mondiale chargée de la responsabilité du maintien de la
paix.

L'autorité mondiale doit détenir les pouvoirs nécessaires et les moyens pour accomplir cette tâche.

Nous, parlementaires de nombreux pays, réunis dans la Galerie des Batailles du palais de Versailles, ce 8 septembre 1958, nous consacrons à la réalisation d'une paix mondiale durable et à l'abolition totale de la guerre.

Nous promettons solennellement que, par le canal de nos parlements et de nos gouvernements, nous chercherons à réaliser notre but pour pouvoir sauver les hommes, femmes et enfants du monde, de la destruction nucléaire qui les menace.

Ayant reçu des premiers ministres, ministres des affaires étrangères et gouvernements de nombreux pays, l'assurance solennelle qu'ils acceptent complètement les principes sur lesquels repose cette politique, nous leur demandons de réunir une conférence mondiale des Nations, parlementaires et gouvernements, pour étudier comment créer:

1° - Un parlement mondial pour établir des lois mondiales en vue d'assurer et de maintenir une paix durable;

2° - Un pouvoir exécutif pour appliquer ces lois;

3° - Des Cours internationales de Justice ayant pouvoir de juridiction pour tous les conflits concernant ces lois mondiales;

4° - Une force de police mondiale chargée de faire respecter ces lois universelles par tous ceux qui commettent ou risquent de commettre une violation de ces lois universelles et de rendre ainsi possible le désarmement universel, simultané et total de toutes les nations.

La critique des transcendantes pauvretés d'un pareil texte nous entraînerait trop loin. Contentons-nous de poser une question:

Et si cette police internationale est battue?

Les réserves du délégué américain sont explicables. Depuis la fin du siècle dernier, l'antagonisme souligné déjà par Saint-Yves d'Alveydre oppose, au sein de la Synarchie, certains partenaires européens aux États-Unis qui, après l'Angleterre et l'Allemagne impériale, sont devenus la nation-pilote pour l'avancement du Grand-Oeuvre des Hautes Maçonneries. La déclaration de Grant, citée plus haut, témoignait déjà de ce choix qui n'ira probablement pas sans susciter de nouveaux drames dans la quête de la prépondérance, avant la fin commune escomptée. Les structures internationales envisagées de l'autre côté de l'Atlantique ne sont pas, en tous points, les mêmes que les projets européens.

Mais le désir se montre unanime de transformer l'O.N.U. en gouvernement du monde. Et quelle transformation! Abandon des souverainetés, armée internationale moins symbolique que les Casques bleus, lois mondiales qui, imposées sans examen de leur objet ni de leurs limites et soutenues par l'unique force d'une armée apatride, feraient peser sur les peuples une dictature occulte, c'est-à-dire arbitraire, dissimulée sous les prétextes d'une adaptation permanente.

Ainsi apparaît le mondialisme futur, par transformation de plus en plus maçonnisante de l'O.N.U., entrevue par le Grand-Orient lui-même en son convent de septembre 1963:

... l'organisation internationale actuelle est très loin d'être satisfaisante; il importe, non pas de la raser et de reconstruire de nouvelles Nations Unies sur des bases entièrement originales présumées plus rationnelles, mais il importe de saisir les Nations Unies telles qu'elles ont été créées dans un moment d'élan et de ferveur universels, de les transformer, de les réformer, pour les adapter à la situation politique, scientifique et technique du monde, pour les doter de structures enrichies par l'expérience et de procédures toujours mobiles en évolution permanente, centrées sur une conjoncture toujours mouvante.
(Bulletin juillet-octobre 1963)


La transformation, cependant nécessaire et plus rationnelle, serait celle qui, basée sur le droit naturel et, à plus forte raison, sur le droit chrétien, ne tendrait pas délibérément à y constituer une majorité de nations nouvelles, sous-évoluées, travaillées de surcroît par le communisme, afin d'ÉTOUFFER AVEC LA CIVILISATION OCCIDENTALE, L'ÉGLISE ELLE-MÊME, sous la masse de paganismes barbares. C'est celle qu'entendait de l'OTAN, le Président Salazar critiquant, dans les premiers mois de 1964, la politique américaine et disant que, si l'OTAN n'est pas modifiée dans son organisation et ses objectifs, elle se transformera en organisme inutile. On peut en dire autant de l'ONU.

jeudi, août 21, 2008

LA COLLUSION NEW-YORK-MOSCOU

Abominable même cette transformation et par surcroît inévitable si la collusion de l'Intelligentsia d'outre-atlantique avec les révolutionnaires russes demeure et poursuit ses efforts. Reportons-nous au début de notre introduction, exposant les faits de la période 1865-1870, au moment du Palladisme et de la déclaration Grant; jalonnons la route: révolutions russes de 1905, révolution de 1917 soutenue ou fomentée par les mêmes groupes. Alors les textes qu'on va lire mettront en lumière la sinistre vérité.

Car, au-delà des batailles diplomatiques et des menaces réciproques des États-Unis et de l'U.R.S.S., cette dernière a une mission à remplir sur un plan bien plus élevé. Le public peut commencer à la percevoir mais ne peut la saisir parfaitement. Boukharine écrivait en 1919:

Et si l'on nous pose cette question: «Comment la Russie, ce pays arriéré, pourrait-elle passer au régime communiste?» Notre réponse doit s'appuyer sur la signification internationale" de la révolution... son manque de culture, l'insuffisance de son développement industriel, etc... tout cela sera de peu d'importance lorsque la Russie s'associera avec les pays les plus cultivés dans une république mondiale ou du moins, européenne des Soviets.

En décembre 1955, Mendès-France, au cours d'une conférence à Paris, prononça ces paroles qui ne doivent pas nous surprendre:

Les deux grandes puissances que sont les U.S.A. et l'U.R.S.S. ont, croyez-moi, beaucoup plus d'entretiens que· nous ne croyons, des entretiens auxquels nous ne sommes pas conviés, des entretiens dont nous ne savons rien, des entretiens au cours desquels sont prises d'importantes décisions qui nous concernent.
Plus récemment, c'est-à-dire en 1966, Adenauer déclarait, publiquement:

J'estime qu'il existe, entre les États-Unis et l'Union Soviétique, certaines conventions que nous ne connaissons pas. Ces conventions permettent aux
Soviétiques de faire pression sur les États-Unis et sur nos relations (de l'Allemagne) avec eux.
(Le Figaro 4-1-1966)
L'Intelligentsia qui préside à l'avancement du Gouvernement mondial et qui n'est pas seulement financière mais d'abord et spécifiquement ILLUMINÉE, dominant les hommes d'état, réalise la synthèse au-dessus des actes parfois opposés des gouvernements et sans soucis des aspirations des peuples. Derrière la façade d'un anti-communisme de coffre-fort et de compétitions politiques, l'utilisation vraie du communisme, en vue du but final, apparait sans voile. Le Dan Smoot Report est instructil à ce sujet.

Dan Smoot, ancien agent du Federal Bureau Investigations (F.B.1.) a fait une partie de sa carrière dans cet organisme. Il surveillait les infiltrations et l'espionnage soviétiques. Voici un passage de son rapport:

Il est évident que le programme immédiat du Président Eisenhover pour le monde (comme il l'a dit dans son discours à l'0.N.U. du 22 septembre 1960) EST IDENTIQUE A CELUI DES COMMUNISTES; les communistes ne devraient donc avoir aucune raison apparente de critiquer le Président de façon acerbe à ce sujet.

L'objectif dernier du programme communiste de nivellement et de socialisation du monde consiste à intégrer toutes les nations dans un super-état mondial socialiste.

Le Président Eisenhover a annoncé le même objectif dans
son discours du 22 septembre. mais en rejetant le terme "super-état" pour un autre, moins effrayant; le Président a dit: "Nous envisageons une unique communauté mondiale non encore réalisée mais avançant fermement vers son terme à travers nos plans, nos efforts et nos actes collectifs. Ainsi, voyons-nous notre but, non comme un super-état au-dessus des nations mais comme une communauté mondiale les embrassant toutes.

Mise à part la prudence verbale d'un chef d'État de l'Ouest, il faut bien convenir que si communauté mondiale il y a, celle-ci, dans l'esprit de ses promoteurs, doit avoir un gouvernement. Le but à atteindre sera donc le même de part et d'autre par des voies différentes mais conjuguées. Si l'on nous demande pourquoi Eisenhover a parlé ainsi, nous répondrons qu'Eisenhover a fait partie du fameux Comité des Relations étrangères des États-Unis (CFR - Council Foreign Relations - American opinion, octobre 1962) qui a toujours orienté la politique internationale suivant cet axe et que, d'autre part, le Président des États-Unis n'est pas libre de s'opposer à la Synarchie qu'en Amérique on a appelée The Establishment (Esquire, mai 1962).

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