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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

vendredi, septembre 19, 2008

Temple du Grand Orient pour tous les degrés avec changement de draperie pour chacun d'eux. (le MONDE et LA VIE, no. 131, Avril 1964)

Avons-nous vraiment besoin d’écouter l’enregistrement à l’envers pour savoir si c’est démoniaque? Ce qu’ils racontent dans le sens du poil l’est suffisamment. Cette photographie nous donne des frissons d’effroi. Et dire qu’ils font des adeptes inconscients, et d’autres très conscients...Ils font vivre l’industrie du textile avec leurs draperies. Ils se cachent propablement derrière elles pour ne pas se faire peur entre-eux...
Pour ceux qui n'ont pas encore compris que le Québec est vraiment un gouvernement totalitaire qui tasse les parents et oblige les enfants à suvir le lessivage de cerveau rosicrucien, voici un lien très bien documenté sur les frèrers trois petits points du Québec et leurs oeuvres:
Pour ceux qui veulent se rendre compte de la fourberie de la franc-maçconnerie, il faut lire ce que la franc-maçconnerie dit et écrit sur son propre programme qu'elle a fait adopter par ses politiciens membres de sa secte. Vous trouverez aussi de voir comment la secte essaye de cacher son véritable visage:
Ne vous laissez pas berner par ces papes (chaque frère trois petis points est son propre pape ou papus ou prépus, selon le mariage homosexuel, l'avortement ou l'état-nazi...

PREMIÈRE PARTIE

UN PLAN SI INSENSÉ ET SI CRIMINEL (Léon XIII)

La SYNARCHIE

(de 1880 à 1920)

CHAPITRE PREMIER

SAINT-YVES D'ALVEYDRE (1842-1909)

L'ÉGLISE CATHOLIQUE DANS LE SYSTÈME SYNARCHIQUE

Saint- Yves était Kabbaliste, ami de Stanislas de Guaïta ; Martiniste avec Papus ; il s'était formé à l'occultisme en étudiant Fabre d'Olivet.

L'Église Universelle Synarchiste telle qu'il la décrit dans ses œuvres, c'est l'ensemble syncrétiste de toutes les religions considérées comme égales, avec cependant une certaine primauté d'animation attribuée à la Kabbale et, sur la fin de sa vie surtout, une importance particulière attribuée à l'hindouisme. Voici les familles religieuses appelées à entrer dans cette Église Universelle:

1°) L'Église évangélique (sic) avec l'Évangile et ses autorités: épiscopat, Pape, Concile.

2°) L'Église mosaïque avec la Torah et son autorité le Gaon de Jérusalem.

3°) L'Église des Védas et son autorité la Loge "Agartha", celle, dit-il, que les anges inspirent directement.

Il ajoute: Protestantisme de Luther, Islam de Mohamed, Boudhisme de Cakya-Monni sont les trois rameaux de ce triple tronc universel.

En Occident, ce syncrétisme doit, à son sens, devenir non pas seulement organique mais doctrinal.

Jésus-Christ, le pouvoir de consécration des évêques, voilà avec la
Cosmogonie de Moïse, et le Décalogue, le fond religieux sur lequel, à travers tous les cultes de la chrétienté, l'entente peut et doit se faire.

(Mission des Souverains p. 444).

Une église nouvelle, une autre foi, un autre culte, un œcuménisme maçonnique.

LES ÉGLISES NATIONALES

L'Église Universelle de la Synarchie comprendra toutes les églises nationales, mais une église nationale dans la Synarchie de Saint-Yves n'a que de très lointains rapports avec le culte dominant, fut-il le seul, pratiqué dans une nation, sinon celui de l'englober dans l'ensemble des institutions, activités, communautés culturelles en un Collège national dont plus tard un document maintenant bien connu, le Pacte synarchique, fera l'Ordre culturel. (1) On voit déjà la place de l'Église Catholique dans le système, mais pour le bien comprendre il nous paraIt indispensable de citer ici une page fondamentale de Saint-Yves d'Alveydre. On y remarquera surtout deux choses:

1. En vertu de l'égalité des religions, le principe de leur INTÉGRATION dans la synarchie y est strictement imposé.

2. En conséquence, la collégialité synarchique n'y est pas moins nettement retenue tant au plan de l'Église universelle" qu'à celui des églises nationales.

Voici la page de Saint-Yves concernant les églises nationales:
J'entends par ce mot: églises nationales, la totalité des corps enseignants de la nation sans distinction de corps, de sciences ni d'art, depuis les Universités laïques, les Académies, les Instituts et les écoles spéciales, JUSQU'AUX INSTITUTIONS DE TOUS LES CULTES reconnus par la loi nationale, la Franc-Maçonnerie y comprise si elle se donne SOIT POUR UN CULTE, soit pour une école humanitaire, depuis les sciences naturelles de la géologie à l'astronomie et les sciences humaines de l'anthropologie à LA THÉOLOGIE COMPARÉE, JUSQU'AUX SCIENCES DIVINES DE L'ONTOLOGIE À LA COSMOGONIE.

Cette totalité des Corps enseignants de chaque nation est ce que j'appelle l'église nationale et l'évêque national qui la consacrera dans sa patrie en sera le PRIMAT catholique orthodoxe.

En effet, en dehors de cette CONCORDANCE HIÉRARCHIQUE DES SCIENCES et de cette Paix sociale des enseignements, il ne peut exister que des SECTARISMES, ÉLÉMENTS DE DIVISION POLITIQUE sans vérité d'orthodoxie, sans réalité de catho1icisme, sans autorité comme sans puissance créatrice de religion sociale.

C'est cette constitution intérieure des églises nationales où l'épiscopat investi du pouvoir des Apôtres n'aura qu'à consacrer la somme des intérêts vraiment religieux de chaque nation SANS LES DISCUTER, cette constitution, dis-je, il serait heureux que la papauté put prendre l'initiative de la conseiller THÉOCRATIQUEMENT à toutes les nations européennes du Christ.

Mais, posée à Rome sur son plan ethnique d'impérialat clérical latin, il est radicalement impossible que la papauté soit libre d'exercer encore, dans ce sens, LE SOUVERAIN PONTIFICAT.

Tout ce que l'on peut espérer c'est que la majesté de la tiare viendra un jour dans le gouvernement général de la chrétienté, couronnant au sommet de l'Église universelle, ayant pour piliers toutes les églises nationales, cet édifice CATHOL!QUE et ORTHODOXE une fois bâti.
(Mission des Souverains 1882 - pages 433-434)

DEUX CONSÉQUENCES

L'adaptation du Catholicisme à l'église synarchique nationale exige deux choses:

1°) Une adaptation doctrinale de celui-ci présupposant l'équivalence de tous les cultes et opinions religieuses intégrés dans un ordre culturel qui par définition les surpasse, en les rassemblant, de tous ses impératifs nationaux et humanitaires, et un ASSOUPLISSEMENT JURIDICTIONNEL du même catholicisme correspondant au collégialisme synarchique.

De ce premier point de vue les catholiques sont invités à travailler à la formation d'un neo-catholicisme portant sur les deux points que nous venons de signaler. Voici comment Saint-Yves ct' Alveydre le dit sans ambage:

Ne craignez pas, là où vous le pouvez, d'être l'âme de la liberté
morale, de la tolérance universelle, dussiez-vous, vous confondant avec les nations, Y PERDRE MOMENTANÉMENT VOTRE CORPS DE DOCTRINE ET DE DISCIPLINE, cette forme que vous appelez l'Église catholique romaine; elle ressuscitera plus glorieuse et plus grande, plus religieuse et plus sociale.

(Mission des Souverains p. 447).


2°) La deuxième chose supposée par le système, c'est le rapprochement de l'Église et de la Franc-Maçonnerie.

RAPPROCHEMENT DE L'ÉGLISE ET DE LA MAÇONNERIE

La Franc-Maçonnerie fera donc partie de l'église (ou ordre culturel) synarchique.

Alors, le rapprochement de l'Église romaine et de la Maçonnerie s'impose.

Il s'impose si bien que depuis une quarantaine d'années, c'est exactement la tâche à laquelle se sont attachés des catholiques et principalement des ecclésiastiques. Le problème a été posé autour du Concile et en vue du Concile, à la fois par ceux-ci et par des francs-maçons. Il serait vain de prétendre en ce domaine à un souci charitable subitement sorti il y a quelques années seulement des consciences chrétiennes envers des "Frères séparés". L'IDÉE, L'EXIGENCE, L'ANNONCE DU RAPPROCHEMENT VIENNENT DE LA HAUTE-MAÇONNERIE À LA FIN DU SIÈCLE DERNIER. On pourra tant qu'on voudra accumuler les dénégations, les sarcasmes et les injures contre les "antimaçons", comme on dit dans les publications catholiques appliqués à cette singulière besogne, proférés par des prêtres, des laïcs, des progressistes ou autres; la preuve est là, dans le texte ancien déjà et dans l'exécution aujourd'hui.

La besogne s'accomplit avec une exactitude où le plagiat des arguments invoqués ne peut laisser aucun doute sur ses origines, sa transmission et la continuité de l'entreprise:

1°) Car il n'est pas indifférent de constater que l'argument principal des protagonistes du rapprochement consiste à AFFIRMER QUE LA MAÇONNERIE RENFERME UN FOND DE CHRISTIANISME MÉCONNU PAR LES PAPES qui l'ont condamnée et digne, selon eux, d'une révision des mesures prises à son encontre.

Or voici ce que dit Saint-Yves d'Alveydre:

Si la maçonnerie admet sans distinction de race, de culte, de croyance les hommes à une assistance fraternelle depuis le prince de Galles jusqu'aux parias de l'Inde, ELLE EST ENCORE UNE FOIS PLUS CHRÉTIENNE, PLUS ORTHODOXE AUX YEUX DE JÉSUS-CHRIST, QUE VOUS QUAND VOUS L'ANATHÉMATISEZ.

(Mission des Souverains p. 446).

Et c'est aussi ce que ne cessent de répéter actuellement avec leurs partenaires catholiques les publications maçonniques intéressées au même problème.
2°) Il n'est pas davantage indifférent de constater comment la complicité passive de certains autres, et parmi eux nombre d'ecclésiastiques, cherche une excuse dans la fatalité d'une évolution sociale qui n'est ici qu'une pression continuellement exercée jusqu'à la menace au cas de non-exécution des consignes de rapprochement et de maintien des positions disciplinaires de l'Église.

Saint- Yves d'Alveydre poursuit:
PRENEZ GARDE, SI VOUS NE SUIVEZ PAS LA VOIE que je vous indique l'histoire à la main, que CETTE MÊME INSTITUTION°CRÉÉE PAR DES ISRAÉLITES n'accomplisse un jour à votre place la promesse de l'Ancien et du Nouveau Testament.
Nous reviendrons plus tard sur ces menaces. Notons bien dès maintenant: LA CAMPAGNE PRO-MAÇONNIQUE SE DÉROULE À L'HEURE ACTUELLE DANS L'ÉGlISE EN FONCTION DE CES PROLÉGOMÈNES, EN RAISON DE CES MENACES EN CONSÉQUENCE DE CES COMPLICITÉS CONSCIENTES OU INCONSCIENTES.

Mais il est aussi un point sur lequel nous reviendrons au cours de cette étude: pourquoi nos partisans du rapprochement ne parlent-ils jamais du pouvoir occulte, caché, qu'ils s'en doutent ou non, qu'ils le nient ou non, derrière leurs propres démarches, et qui gouvernerait l' "Église nationale" à l'abri des organismes visibles de ce régime synarchique dont ils se font les promoteurs en s'appliquant à cette alliance insolite?

AU-DESSUS DU 33ème DEGRÉ MAÇONNIQUE (2), il y a place pour un enseignement universel dont les livres existent, bien QU'ILS NE SOIENT PAS ACTUELLEMENT DANS LA MAÇONNERIE.

(Mission des Souverains p. 446).

Ce pouvoir, c'est celui que Saint-Yves d'Alveydre appelle la Théocratie... Au-dessus du 33° degré... On devine quels théocrates peuvent dispenser cet enseignement et donner leurs ordres; on pressent aussi quel maître de chœur les inspire et les conduit. Stanislas de Guaïta va nous le nommer.

Notes:
(1) Le Pacte synarchique, document secret élaboré vers 1935 fixant en 13 points et 598 articles la doctrine synarchique.

NOTE DE L'ÉDITEUR. Dans les pages qui suivent tous les passages marqués° ont été soulignés par nous.

(2) Ceci s'applique aussi bien à la Maçonnerie anglaise quoiqu'en dise A. Mellor. Il s'agit ici des hautes sociétés secrètes supérieures au 33e grade.


Alors qu'il était Patriarche de Venise, Saint Pie X écrivait:
Moi aussi, pendant un temps, je croyais exagéré ce qu'on affirmait à son sujet (la maçonnerie); mais ensuite par l'expérience de mon ministère, j'ai eu l'occasion de toucher directement les plaies qu'elle a ouvertes. Dès lors, je fus convaincu que tout ce qui a été publié autour de cette association infernale n'a pas dévoilé encore toute la vérité.
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LE GRAND ORIENT DE FRANCE



CHAPITRE III




LE CAS DE L' ABBÉ ROCA (1830-1893)


Un an après ces sonnets, l'Abbé Roca commençait ses publications.

Né en 1830, sorti de l'école des Carmes et ordonné prêtre en 1858, nommé chanoine honoraire de Perpignan en 1869, il voyage à partir de cette année en Espagne où il réside un certain temps pendant lequel le gnosticisme messianiste va le saisir, puis aux États-Unis en 1880, en Suisse, en Italie. Très versé désormais dans les sciences occultes, il entreprend alors son effroyable propagande auprès des ecclésiastiques et de la jeunesse. Interdit par Rome, il n'en continue pas moins à parler et à agir comme s'il était encore d'Église, y prêchant la révolte et annonçant l'avènement prochain de la divine synarchie sous l'autorité d'un Pape converti au christianisme scientifique. Prosélyte d'une nouvelle église illuminée dans le régime qu'il qualifie de socialisme de Jésus et des Apôtres, Roca est un apostat de la plus forte espèce. Au-dessous d'un Eliphas Levi (ex-abbé Constant), certes, mais plus dynamique qu'un ex-abbé Lacuria, rosicrucien de la première heure, il fréquente les hautes sociétés secrètes, martiniste, occultiste, kabbaliste. Il n'y tient pas le rôle d'un simple acolyte, il n'assiste à leurs réunions, à leurs congrès spiritualistes, ni en figurant ni en disciple; il y apporte au contraire un certain prestige, celui du prêtre renégat, communiquant la flamme plus vive de sa haine, l'appui de sa science religieuse au service des doctrines maudites. Il vit dans l'intimité des Maîtres dont il partage l'autorité. C'est Chamuel, éditeur du Traite- méthodique des Sciences occultes de Papus, d'Église et fin de siècle de l'Abbé Jeannin et dont la Librairie, rue de Trévise, recèle un sanctuaire gnostique où l'on célèbre selon le culte valentinien (*) ou messianiste; c'est Augustin Chaboseau pour qui il fait la réclame de la revue Psyché; c'est Barlet dont il recommande les ouvrages. Tous trois font partie des douze de la Chambre de L'ORDRE KABBALISTIQUE DE LA ROSE-CROIX. Mieux encore, ses rapports avec les Mages attestent dans le blasphème la nature du dieu auquel il prostitue son sacerdoce. À STANISLAS DE GUAÏTA qui lui écrit:


Mon bien cher frère en Jésus-Christ,

il répond:


MON BIEN AIMÉ FRÈRE EN JÉSUS-CHRIST... JE NE RENIE AUCUN DES PRINCIPES DE VOTRE ENSEIGNEMENT QUI EST LE MIEN. NOUS SOMMES D'ACCORD, MON CHER FRÈRE SUR TOUS LES POINTS DE LA DOCTRINE ÉSOTÉRIQUE.


Lorsque le Mage Papus, fondateur de l'Ordre Martiniste derrière lequel se retranche l'Ordre Kabbalistique, crée ses revues Le Voile d'Isis et L'Initiation, il exulte, en fait la publicité, se vantant d'en connaître les quarante rédacteurs. C'est là, pense-t-il,


LA VÉRITABLE INITIATION, CELLE QUE LE CHRIST FIT AUX DOUZE PUIS AUX SOIXANTE DOUZE.


Et voici, avec Oswald Wirth, la parodie subversive des dogmes chrétiens sous les équivoques du symbolisme maçonnique. Celui-ci félicite Roca de la fondation d'un journal, qui fut éphémère:


LE SOCIALISTE CHRÉTIEN, ORGANE DU SOCIALISME DE JÉSUS ET DES ApôTRES.


Roca lui répond, répétant la leçon de Stanislas de Guaïta:


Mon cher frère in Christo - Je n'ai pas besoin de vous dire que Le socialiste chrétien n'a pas d'autre but que de FAVORISER L'INITIATION DES PRÊTRES ET DES CATHOLIQUES À LA CONNMSSANCE DE CET ÉSOTÈRISME qui est la science occulte et transcendante non plus de la lettre dont le règne est fini mais de l'Esprit dont le règne commence (23-8-1891).



Paroles terribles. Ainsi, quand dès cette époque des ecclésiastiques vont orienter le cours de leur pensée vers le socialisme, le considérant comme la réalisation ici-bas de la charité, comme l'avènement politique du christianisme et déjà, pour certains, comme une Parousie de l'amour dans un paradis matériel substitué, nous n'exagérons pas leur pensée, au bonheur éternel, Roca nous avertit que le socialisme est, entre les mains des hautes sociétés secrètes, le revêtement sentimental du christianisme ésotérique parodiant l'Évangile en un langage d'enfer.

Mais c'est à Saint-Yves d'Alveydre qu'il empreinte la vision de la société synarchique dans laquelle une révolution silencieuse enfermera l'Église. Roca confesse avoir trouvé dans cet ami de Papus et de Stanislas de Guaïta un prophète, un savant, une abondance de vie spirituelle. Saint-Yves n'a fait que tracer les grandes lignes de l'Universelle Église, pandémonium de toutes les religions et de toutes les sectes sous l'empire de la "Théocratie" occulte. Roca, lui, a compris que, pour la réaliser, il faudrait amener le clergé, tout au moins un certain nombre de prêtres, à une autre conception des dogmes, leur insuffler sans qu'ils s'en doutent l'esprit de l'universalisme maçonnique, les endoctriner de la transcendance de la Gnose sur la foi, de l'union intime de l'occulte et du christianisme, de la trahison de l'Évangile par le Vatican. Il les faut persuader que la Papauté romaine porte la faute d'avoir substitué au Magistère initial de Pierre, les honneurs et les richesses d'un impérialat latin qui doit tomber sous les coups d'un clergé nouveau gagné d'avance à l'inévitable victoire d'une nouvelle Église. Et cette dernière sera instaurée par un Pontife futur qui réunira dans sa personne et dans sa fonction celles du Pape et du Mage de la Synarchie.


Pour étonnant que cela puisse paraître, nous n'avançons rien qui ne soit dans les écrits de ce prêtre si tristement célèbre alors, à la fois dans les hautes instances initiatiques et dans des milieux catholiques dont nous parlerons, dont l'œuvre est aujourd'hui moins tombée dans l'oubli qu'entourée d'un silence complice cachant à trop de ses inconscients disciples l'origine secrète du néo-christianisme et de ses bases gnostiques. Feuilletons ses ouvrages: Le Christianisme, le Pape et la Démocratie, La Fin de l'Ancien monde, le glorieux centenaire, la crise fatale.

Nous y découvrirons, avec la certitude d'un complot ourdi au sein de l'Église, par les hautes sociétés secrètes, la semence de toutes les révoltes d'aujourd'hui, avec leur espoir, leur conviction du succès final.


MON CHRIST N'EST PAS CELUI DU VATICAN!

L'évolution religieuse ira de pair avec les transformations sociales vers le terme de la divine synarchie. Sous l'influence du groupe initiatique organisé par Oswald Wirth, on s'efforcera de faire admettre au sein des loges la conception de cet étrange œcuménisme supraconfessionnel, qui peu à peu répandu au dehors, dans le monde profane" sous les traits, d'un faux christianisme immanent dans la conscience universelle, supprimera évidemment pour beaucoup les difficiles problèmes de la question missionnaire!
Un christianisme nouveau, sublime, large, profond, vraiment universaliste, absolument encyclopédique, lequel finira certainement, comme l'a dit Victor Hugo, par faire descendre sur
la terre, le ciel tout entier, pour supprimer les frontières, les cantonnements sectaires, les églises locales, ethniques et jalouses, les temples divisionnaires, les alvéoles où sont retenues, prisonnières de César, (3) les molécu1es souffrantes du grand corps social du Christ.

(Glorieux Centenaire, p. 123)

Ce que veut bâtir la Chrétienté n'est pas une pagode, c'est un culte universel où tous les cultes seront englobés (p. 77).

Pour être universel, ce culte ne peut s'adresser qu'à un dieu unique dont la Science et l'Initiation révéleront la présence invisible sous les voiles de chacune des religions: l'Homme. Non pas un être individuel mais le dieu de l'Humanisme nouveau, l'Humanité elle-même qui, par un blasphème inouï, substituée au Christ, usurpe le culte d'adoration qui n'est dû qu'au Verbe Divin,


l'Humanité qui, a mes yeux, se confond avec le Christ d'une manière autrement réelle que les mystiques ne l'avaient cru jusqu'à nos jours.


Ceci, Roca ne l'a pas inventé. Ce point de vue est assez traditionnel dans les sociétés secrètes. Sa philosophie n'est autre que la philosophie des sectes: un panthéisme émanatiste (**), mais qui prend un tour assez scripturaire pour assimiler dans l'équivoque la lettre de l'Écriture aux cosmogonies de la Kabbale et de la Gnose, avec la prétention de professer le véritable esprit de l'Évangile à l'encontre de l'Église romaine. De là une subversion de la Foi, qui parfois, plus subtilement présentée échappe même à des ecclésiastiques dont la culture théologique est restée rudimentaire au moins par quelque endroit. Voici un modèle du genre où le Christ "tête et âme du Cosmos tout entier" devient le CHRIST-UNIVERS, le CHRIST-SOCIAL, la masse christifiée:


Si le Christ-Homme est comme le Verbe incarné, le Fils unique de Dieu, il est donc aussi l'Univers tout entier et surtout toute l'Humanité ou mieux l'innombrable série des Humanités voyageuses (p. 528).


Car le Verbe Incarné, le Fils de la Vierge Marie n'est pas le vrai Christ. Si l'on en doute il faut lire alors ce petit morceau où se mêlent le Kabbalisme et le symbolisme initiatique toujours friands de caresser l'Apocalypse:


Incarnation de la Raison incréé (***) dans la raison crée, manifestation de l'absolu dans le relatif, le Christ en personne est un SYMBOLE° central, une sorte D'HIÉROGLYPHE° en chair et
en os parlant et agissant d'une manière toujours typique. Il est l'Homme-Livre que nomment ensemble la Kabbale et l'Apocalypse
.

(Fin de l'Ancien monde p. 12).

Remarquons ici le sens inversé donné au mystère chrétien par cette définition qui exprime bien moins l'assomption de la nature humaine dans la Personnalité Divine que l'insertion de la "Raison incrée" (Comme si Dieu raisonnait!) dans une personne humaine! Il est inutile, pensons-nous, de multiplier ici des textes illustrant cette philosophie de primitif qui sous-tend une théologie inexistante, sinon en manière de subversion démoniaque de la Foi. Sa détermination diabolique d'inoculer un symbolisme obsessionnel dans la pensée chrétienne ne vise qu'à faire perdre de vue les réalités contenues dans les divins mystères. La Rédemption nous en fournira encore un exemple. Celle-ci n'est plus qu'un mouvement social qui se nomme, dit Roca:

Évolution dans la langue des savants et rédemption, désincarnation, mort et ascension dans la langue des prêtres éclairés.

(G.C. p. 237).

L'Évangile avec le drame sanglant qui en forme 1e fond est une PARABOLE transcendantale où se déroulent sous ses formes ALLÉGORIQUES° et réelles en même temps, les destinées de notre globe et de l'Humanité qu'il porte.

(Fin de l'Ancien Monde p. 11).

En résumé, dira encore Roca:


MON CHRIST N'EST PAS CELUI DU VATICAN! (4)

LE SENS DE L'HISTOIRE ET L'ÉVOLUTION

Avec le monde et parce qu'il est le monde, LE CHRIST EVOLUE ET SE TRANSFORME:


On n'arrêtera pas le tourbillon du Christ, ON N'ENRAIERA PAS LE TRAIN D'ÉVOLUTION QU'IL MÈNE DANS LES MONDES ET QUI EMPORTERA TOUT.


Les dogmes évoluent avec lui car ils sont:
CHOSE VIVANTE COMME LE MONDE, COMME L'HOMME,
COMME TOUT ÊTRE ORGANIQUE.
Echos de la conscience collective, ils suivent comme elle:

LA MARCHE DE L'HISTOIRE

et par ce biais sacrilège, Roca identifie le Christ avec les idoles du jour, il en fait le dieu du siècle.


L'ÉGLISE - LA PAPAUTÉ

Dès lors, la rébellion est inévitable contre la structure et l'autorité de l'Église romaine jusques et y compris sa discipline sacramentaire et c'est surtout en cela que Roca nous intéresse. Ses hérésies ne sont ni les seules ni bien nouvelles. D'autres les ont professées en bloc ou en détail avant lui sous des formes différentes. Mais ce qui frappe chez lui c'est sa volonté froidement subversive de modernisme sur des thèmes qui sont aujourd'hui d'actualité, mêlée à une conviction d'illuminé qu'ils se réaliseront et qu'un jour la sublime synarchie achèvera la conquête de l'Église. Par sa participation aux sociétés occultes, il était trop bien placé pour ne pas connaître les plans des hautes maçonneries et même pour n'avoir pas mis la main à ces plans dont les réalités présentes nous montrent la constante poursuite. Roca savait.

Ce qui se prépare dans l'Église Universelle?... Ce n'est pas une réforme, c'est, je n'ose dire une révolution car ce mot sonnerait mal et manquerait de justesse, mais une
évolution.

(F.A.M. p. 327).



Peut-être craignait-il d'effrayer ses prochains disciples du clergé - car il eut des disciples - par le mot de révolution, mais l'esprit et l'intention y étaient; des imitateurs l'ont trop bien compris. En voici un trait où l'assaut contre Rome n'est pas déguisé:

Telle qu'elle est la Papauté disparaîtra, le Pontife de la divine synarchie ne ressemblera pas plus au Pape de l'heure présente que ne ressemble à celui-ci le Pape du Lac Salé... Le nouvel ordre social s'inaugurera hors de Rome, sans Rome, malgré Rome, contre Rome.

La vieille Papauté, le vieux sacerdoce abdiqueront volontiers devant le Pontificat et devant les prêtres de l'avenir qui seront ceux du passé convertis et transfigurés en vue de l'organisation scientifique de la Planète dans la lumière de l'Évangile.

Et cette nouvelle Église, bien qu'elle ne doive peut-être rien conserver de la discipline scolastique et de la forme rudimentaire de l'ancienne Église, recevra néanmoins de Rome la Consécration et la Juridiction Canonique.

(G.C. p. 452-433).

LA CURIE ne sera pas épargnée cette institution politique qui sous le nom de COUR ROMAINE OU DE VATICAN ROYAL S'ÉTAIT JUXTAPOSÉE, QUELQUEFOIS MÊME SUPERPOSÉE À L'INSTITUTION DIVINE... Car le Vatican n'est pas l'Église, le Droit Canon n'est pas le Saint Évangile. Heureusement. Elle est coupable selon Roca d'avoir mis le christianisme au tombeau mais elle n'empêchera pas l'évolution commencée:
Pour mieux scellée qu'ait été la pierre de ce tombeau, pour mieux gardée qu'elle soit à vue par les Centurions Rouges (5) qui montent la garde autour de cette crypte, la pierre
tombale sera écartée par l'Ange de la Résurrection c'est-à-dire par la force vivante de l'Évolution ou de la Rédemption que le sang du Christ a déposée dans
son corps social afin de le pousser vers ses hautes et divines destinées.

(G. C. 452).


La Révolution rédemptrice! C'est bien ce que cela veut dire. Les espoirs du Kabbaliste et de ses frères ne sont pas encore dépassés... On a prononcé cependant, aux alentours du Concile, le mot de Révolution d'Octobre. Elle ne s'est pas accomplie, mais à l'heure où l'on parle de schisme, que verrons-nous encore?


QUELS SERONT CES NOUVEAUX PRÊTRES?
La question n'est pas de Michel de Saint Pierre. Elle a été posée par Roca lui-même en 1889.

LES PROGRESSISTES
Égaré dans les rêves renaniens (****) il y trouve occasion de nous informer que la révolution sera portée au sein de l'Église par une partie du Clergé. Deux camps s'y formeront, assure-t-il, celui des fidèles à la vieille Papauté qu'il appelle rétrogrades" et aussi, selon la terminologie du temps, les ultramontains, mais qu'aujourd'hui il affublerait de l'étiquette conventionnelle d'INTÉGRISTES et le camp des PROGRESSISTES.

Ils forment en ce moment un anneau qui se rompra par le milieu et chacune de ces deux moitiés formera un autre anneau. Cette scission va se faire; il y aura l'anneau des rétrogrades et l'anneau desprogressistes.

(G.C. 446-447).

Ces nouveaux prêtres ce sont ceux-là - car il y en avait déjà quelques-uns - auxquels il adressait cette exhortation:

Et nous, prêtres, prions, bénissons, glorifions ces merveilleux travaux d'où sortira la transfiguration scientifique, économique et sociale de nos mystères religieux, de nos symboles, de nos dogmes et de nos sacrements. Ne voyez-vous pas que nos formes ont vieilli, qu'elles sont usées, délaissées par l'Esprit et que nous restons seuls, les mains pleines de gousses vides et de lettres mortes! (G.C. p.102).

Ce langage a une résonnance d'actualité. Bien sûr, la science, l'économique, le social, accomplissant et désoccultant selon eux les mystères, condamnent, prétendent-ils, l'immobilisme doctrinal, sacramentel, liturgique et tout cela ne peut que réjouir le progressisme trépidant de ces nouveaux prêtres! Mais, au nom de quel Esprit, à la suite de qui, l'apostat profère-t-il ses anathèmes? Roca répétant ici les leçons de son maître jusque dans leurs termes mêmes - et ceci est à noter - prêche le christianisme ésotérique du boëte de Satan:


Ô rites, ô défunts symboles, ainsi votre âme vous sera rendue quand le Christianisme retrempé aux flots de sa source en sortira transfiguré, quand l'éternelle religion qu'il manifeste, émettant le souffle réparateur de son ésotérisme intime, ressuscitera la lettre morte au baiser de l'immortel esprit.
(S. de Guaïta - Essai de sciences maudites III Clef de la Magie noire pages 588-589).

SACREMENTS ET LITURGIE

Ces formes ont vieilli parce que pour lui le surnaturel n'explique plus rien. Il apporte à cette opinion l'argument à la fois bien éculé, tant il est vieux, plus vieux, lui ,que les formes vieillies, mais toujours vivant de L'AUTOSUFFISANCE de l'intelligence humaine qui en soi, de par sa nature est directement réceptive du Divin! Alors que signifie ces véhicules de la grâce: les sacrements, la liturgie?

Tant que les idées chrétiennes étaient restées à l'état d'incubation sacramentelle entre nos mains et sous les voiles de la liturgie, elles ne pouvaient exercer aucune action sociale efficace et scientifiquement décisive sur la Constitution organique et sur le Gouvernement public des sociétés humaines.

(G.C. p. 162).


Eh, quoi! l'administration des sacrements pendant des siècles n'a-t-elle pas fait des catholiques et des nations chrétiennes? En dépit de cette évidence, nous savons certains prêtres d'aujourd'hui qui, envahis par le doute rationaliste (il en est qui ne croient plus à la présence réelle telle que l'enseigne l'Église), souscriraient volontiers aux énormités d'un Roca sur le pur symbolisme des sacrements (que condamnera l'encyclique Pascendi) et la primauté de l'action humaine, sociale et scientifique! S'ils savaient comment par une contradiction d'où le satanisme de l'apostat n'est pas exclu, celui-ci ne renie ces sources divines de la grâce que pour les profaner par un autre culte sacrilège! Ils reculeraient d'horreur à la lecture de cette déclaration du théologien d'enfer dogmatisant sur les atroces liturgies des groupes occultistes recrutés dans la jeunesse catholique de l'époque:

Ils savent que notre liturgie est de la théurgie et que notre rituel sacramentaire est un recueil de magie blanche ou divine d'une puissance non moins redoutable que celle dont disposait Moïse... Voilà les vrais prêtres. C'est en tremblant que ces nouveaux prêtres (6) prononcent les paroles sacramentelles et qu'ils touchent aux choses saintes. Tremb1e-t-on de la sorte ailleurs, partout où la routine et l'inconscience estropient les signes Kabbalistiques et bredouillent le formidable verbe, l'Amen, le fiat, le hoc est?

(Glorieux Centenaire p. 442).


Ce sont là doctrines et pratiques de cercles très restreints d'adeptes tristement illuminés, mais qui attestent, prouvent, illustrent l'origine secrète, la qualité, le but du symbolisme sacramentel propagé en milieux catholiques sous un jour moins cru, sous des formes hypocrites plus accessibles au profane, insinuant peu à peu le scepticisme qui de la part du prêtre a des répercussions incalculables chez les fidèles.

La perte de l'esprit surnaturel pousse infailliblement vers les idoles. Ce n'est donc pas sans raison que les Hautes Sociétés Secrètes ont, dans l'ombre, forgé les instruments de désintégration progressive que sont le conformisme, l'alignement sacerdotal sur le monde, l'adoration du Sens de l'Histoire, la priorité de l'action humaine, le Chrisf-social opposé au corps mystique et, ce qui détache peu à peu de Rome: l'indiscipline et le vandalisme liturgique.


LA SOUTANE

Ainsi Roca, porte plume des sectes, s'en allait prêchant, au prix d'un mensonge flagrant, l'abandon de la soutane:

Nous lui produisons (à la société) avec nos costumes archaïques et bizarres quand elle les rencontre sur la place publique l'effet d'une mascarade et d'un carnaval.

...............

On nous tourne en ridicule; on nous affiche en soutane et en tricorne sur les tréteaux et les vitrines et l'on nous livre chaque jour aux sarcasmes de la foule.

(Le Christ, le Pape et la Démocratie p.
105-107).



MARIAGE DES PRÊTRES

Si le Christ et le monde s'identifient à quoi bon en effet distinguer le prêtre? Pourquoi lui infliger un style de vie qui le marquerait en quelque sorte d'un signe de ségrégation? Plus de soutane ni de célibat! Dans un roman insipide écrit sur ce sujet pour les ecclésiastiques, L'Abbé Gabriel et sa fiancée, Roca fait dire à son héros:

Je suis un proscrit, un prêtre romain, un parias, un eunuque. Il n'y a pas de place pour moi au foyer de la famille. Pas de place au soleil de la civilisation; je suis le jouet de la fatalité.


Sous la forme d'une lettre ouverte au Pape il écrit ceci:

Par le triste renom que le célibat nous a valu et qui nous cloue au pilori, par l'héritage humiliant qu'il nous a légué et par la situation lamentable qu'il nous fait dans le présent, nous nous trouvons, Saint Père, misérablement relégués hors de toutes les sphères vivantes et fécondes de ce monde.

...............

Solitaires, méprisés, bannis de partout, isolés sur la terre, confinés dans nos presbytères comme dans une sorte de lazaret, nous nous concentrons jour et nuit dans le moi qui est haïssable et qui nous déforme dans l'égoïsme.


(C.P.D. 103).

Notons en passant qu'en ce premier semestre de 1965, un article d'un ecclésiastique, rapporté dans Nouvelles de Chrétienté préconisait le mariage des prêtres de campagne isolés dans leurs presbytères et le célibat pour les prêtres en communauté. Comme par hasard encore, Roca proposait lui aussi, PAR MESURE TRANSITOIRE, la fondation d'un apostolat mixte en deux ordres:

l'un de prêtres célibataires volontaires et l'autre de prêtres mariés!
(Glorieux Centenaire p. 434).


PRÊTRES SYNDIQUES ET COMMUNISTES

Il ne leur manquera plus, pour devenir les vrais prêtres du Christ cosmo-social qu'à troquer les fatigues du ministère pastoral contre les records stakhanovistes (*****) dans la compétition économique qui portera les masses vers

le règne divin de l'Humanité de Comte, le phalanstère de Charles Fourier, l'âge d'or de l'avenir de Saint Simon, la 'synarchie universelle de Saint-Yves d'Alveydre, le socialisme et le communisme des anarchistes... LES PRÊTRES DEVIENDRONT LES DIRECTEURS DES UNIONS SYNDICALES, DES SOCIÉTÉS MUTUELLES ET DES AGENCES COOPERATIVES DE PRODUCTION ET DE CONSOMMATION, DE RETRAITE ET D'ASSISTANCE OFFICIELLE.

(G.C. p. 452)



Nous avons vu, depuis ce texte, des prêtres syndiqués, d'autres délégués syndicaux et secrétaires de syndicat.

Continuant sur cette lancée, le nouveau prêtre aura alors, pour dire comme un Franc-maçon célèbre, éteint au ciel des étoiles qui ne se rallumeront plus, soyons-en sûrs. Par la doctrine et par l'exemple, il aura montré que le paradis n'est pas au-delà de ce monde, mais ici-bas. C'est là seulement qu'est

le royaume des cieux, c'est-à-dire le règne impersonnel et divin de la Vérité dans la Liberté, de la Justice dans l'Égalité, de l'Économie sociale dans la Fraternité, ce qui est le trinôme sacré de la synarchie évangélique.

(G.C. p. 20).



QUE LE MONDE SE DÉPRÊTRISE!

Tel sera, d'après l'ex-chanoine Roca, le prêtre voulu, prévu, le prêtre de l'avenir selon les plans de la fin du siècle dernier élaborés au fond des plus secrètes officines de la contre-Église. On frémit d'entendre alors, ce prêtre occultiste jouissant par avance du fruit des propagandes sournoisement entreprises auprès du clergé - nous verrons de quelle manière - pousser ce cri de triomphe.

Non! Non! Monsieur Veuillot (*******), l'humanité ne se DÉCHRISTIANISE pas, mais elle se DÉPRÊTRISE afin que le prêtre s'humanise et pour que les deux ensemble se christianisent dans le vrai sens de l'Évangile.

(Le Christ, le Pape et la Démocratie p. 81).



LE CONCILE

Depuis les divulgations de Cretineau-Joly on connaIt les projets conçus par la Haute-Vente des Carbonari (********) pour atteindre Rome à l'aide de prêtres conjurés contre l'Église. Ces divulgations ne furent sans doute pas sans effet sur leur échec dû certainement aussi à l'inefficacité des méthodes de recrutement trop visiblement maçonniques qui paraissent avoir été celles des Carbonari. La méthode synarchique sera toute autre, nous le verrons. Mais déjà le Frèere-Maçon Renan qui n'était pas autant que Roca dans le secret des dieux en pressentait la nature, en ayant sans doute entendu parler quand, dans L'ABBESSE DE JOUARRE, il écrit que les réformes religieuses (il entend par là la révolution religieuse et morale) ne SE FERONT QUE PAR DES PERSONNAGES ENGAGÉS DANS L'ÉGLISE ABSOLUMENT EN RÈGLE AVEC LES OBSERVANCES. C'était dire que le Clergé en place - et non séparé - subissant l'assaut du néochristianisme ouvert aux courants de pensée modernes finirait, dans un Concile de l'avenir,par imposer à l'Église la dégradation dogmatique et disciplinaire favorable à l'intégration de celle-ci dans l'œcuménisme des Loges. Dans le temps qu'écrivait Roca la mise en place d'un immense et discret réseau de subtile infiltration paraissait devoir être si efficace que les hautes sociétés secrètes ne doutaient plus d'un résultat que Saint-Yves d'Alveydre et Roca lui-même tenaient pour certain. Tous les efforts contraires n'empêcheraient RIEN DE CE QUI DOIT S'ACCOMPLIR (St-Y. A.).

C'était par exemple une vague d'anarchie liturgique débordant toute discipline au nom du retour au christianisme primitif et des aspirations de la conscience collective.

Je crois que le culte divin tel que le règlent la liturgie, le cérémonial, le rituel et LES PRÉCEPTES DE L'ÉGLISE ROMAINE subira prochainement dans, un Concile œcuménique une transformation qui tout en lui rendant la vénérable simplicité de l'âge d'or apostolique le mettra en harmonie avec L'ÉTAT NOUVEAU DE LA CONSCIENCE ET DE LA CIVILISATION MODERNE.

(Roca, dans L'Abbé Gabriel ).


C'était aussi l'illusion, poussée jusqu'à l'état visionnaire, de la conversion d'un futur pape à un mouvement opposé au Syllabus et approbateur de l'esprit nouveau du monde (sic):

Il en ressortira une chose qui fera la stupéfaction du monde et qui jettera ce monde à genoux devant son Rédempteur. Cette chose sera la démonstration de L'ACCORD PARFAIT ENTRE L'IDÉALITÉ DE LA CIVILISATION MODERNE ET L'IDEALITE DU CHRIST ET DE SON ÉVANGILE. Ce sera la consécration du nouvel ordre social et le BAPTÊME SOLENNEL DE LA CIVILISATION MODERNE .

(La fin de l'Ancien Monde p. 282).

Interprétant, en dehors du contexte, la parole du Seigneur à Saint Pierre: Quand tu seras converti, affermis tes frères et la retournant, à sa manière contre la tradition apostolique continuée par le siège romain, il en tire l'assurance que la Papauté en viendra à se rallier au christianisme ésotérique. Voici ce morceau de mauvaise littérature progressiste et démocratique marquée au coin de la maison de l'esprit saint, c'est-à-dire d'un rosicrucianisme affleurant:

Le Converti du Vatican n'aura pas, d'après le Christ, à révéler à ses frères un enseignement nouveau; il n'aura pas à pousser la chrétienté ni le monde en plein, vers des voies autres que les voies suivies par les peuples sous l'inspiration secrète de l'esprit, mais simplement à les confirmer dans cette civilisation moderne dont les principes évangéliques, dont les idées et les œuvres, essentiellement chrétiennes, sont devenues à notre insu les principes, les idées et les œuvres des nations régénérées avant que Rome ait songé à les préconiser. Le Pontife se contentera de confirmer et de glorifier le travail de l'Esprit du Christ ou du Christ-Esprit dans l'esprit public et, grâce au privilège de son Infaillibilité personnelle, il déclarera canoniquement urbi et orbi que la civilisation présente est fille légitime du Saint Évangile de la Rédemption sociale.

(Glorieux Centenaire p. III).


Ouf!

UN COMPLOT, DES MENACES.

Ce délire dévastateur n'est-il qu'une "chauffe" de l'imagination, pour dire comme les occultistes? que le souffle éphémère d'un forcené? Ce serait bien mal connaître les officines où se trament à long terme les révolutions. Roca tout proche des "Mages" faisait allusion aux redoutables secrets détenus par Stanislas de Guaïta et Saint-Yves d'Alveydre sur un futur assaut dirigé contre l'Église romaine en même temps que la prise en main des nations par les hautes sociétés secrètes pour l'instauration du Nouvel Ordre du Monde. De là sa certitude et ses affirmations personnelles.

J'affirme que nous touchons à la clôture définitive de l'ancien ordre religieux politique et économique et j'annonce la prochaine ouverture d'un cycle absolument nouveau à tous points de vue dans l'Église, dans l'état, dans la famille, dans "tous les cercles de l'activité humaine.

(G.C. p. 13).


De là aussi, comme son maître Saint Yves, la menace lancée contre les résistances de Pierre que dans sa fureur la Contre-Église ne voit pas protégé par la promesse divine:



Une immolation se prépare qui expiera solennellement... La Papauté succombera; elle mourra sous le couteau sacré que forgeront les Pères du dernier Concile. Le César Papal est une HOSTIE couronnée pour le sacrifice.

Notes:

(*) Valentin, hérésiarque du IIe siècle, né en Égypte, chef d'une secte de gnostiques; mort en 161. Voir VALENTINIANISME.

valentinianisme, nom masculin. Doctrine des gnostiques valentiniens, dont la secte fut fondée par Valentin.

- ENCYCLOPÉDIE. Le valentinianisme tire son nom de Valentin d'Alexandrie, son principal auteur. Voici les points fondamentaux de cette doctrine. Entre la nature divine et le monde inférieur se trouve le démiurge, qui crée le monde inférieur. Ce monde comprend la matière et les hommes charnels ou «hyliques». Quelques-uns parmi les hommes sont parvenus à se dégager partiellement des ténèbres et des sens: ce sont les juifs ou «psychiques» et les chrétiens ou «pneumatiques». Le démiurge est issu d'un couple d'éons, émanation de l'abîme ou absolu. Les éons, au nombre de trois couples, donneront naissance à l'éon supérieur, Jésus, qui ramènera tout à l'absolu. Le valentinianisme est connu par les réfutations de saint Irénée et de Tertullien et par les Philosophumena.

valentinien, nom masculin. Partisan des doctrines gnostiques de l'hérésiarque Valentin (IIe siècle).

(3) Le Pape.

(**) émanatif, ive adjectif. Philosophie. Qui se rapporte au système de l'émanation.

émanation, nom féminin, (de émaner). Philosophie. Mode de production suivant lequel Dieu aurait fait sortir de lui-même, par voie de dégagement successif, tous les êtres de l'univers.

émanatisme, nom masculin. Doctrine de l'émanation.

(***) incréé, e adjectif. Qui existe sans avoir été créé. La sagesse incréée, le Verbe éternel, fils de Dieu.

(4) Paroles du Chanoine Roca au Congrès Spiritualiste International qui se tint du 9 au 16 Septembre 1889 au Grand Orient de France sous la présidence d'honneur de la Duchesse de Pomar (Lady Caithness), citées par Papus, rapporteur au Congrès, dans le voile d'Isis. (n° 130-1893).

(5) Les Cardinaux.



JOSEPH-ERNEST RENAN,
UNE VÉRITABLE TÊTE D'ASSASSIN!


(****) Renan (Joseph-Ernest), philologue et historien, critique et écrivain français, né à Tréguier, mort à Paris (1823-1892). Il se prépara d’abord au sacerdoce; il étudia la philologie hébraïque et la philosophie allemande, s'initia aux méthodes des sciences de la nature, et perdit la foi. Il fut nommé professeur d'hébreu au Collège de France. Ecrivain souple et d'une merveilleuse habileté, historien audacieux presque autant qu'érudit, esprit infiniment curieux, conciliant, avec un idéalisme natif, un scepticisme et un dilettantisme ondoyants, il écrivit, entre autres œuvres: l‘Avenir de la science, la Réforme intellectuelle et morale, son grand ouvrage les Origines du christianisme (Vie de Jésus, etc., voir CHRISTIANISME), l’Histoire du peuple d’Israël, des Drames philosophiques et de charmants opuscules d'autobiographie: Souvenirs d’enfance et de jeunesse, Ma Sœur Henriette, etc. (Dictionnaire Larousse Universelle 2, 1949.)

christianisme, nom masculin. Religion chrétienne.

- ENCYCLOPÉDIE. Le christianisme, ou religion du Christ, né en Judée et d'abord répandu en Orient, tut prêché dans le monde entier par les Apôtres, aussitôt après la mort de Jésus. Saint Pierre fut le premier évêque de Rome; mais le fondateur le plus actif de l'Église chrétienne fut, après Jésus-Christ, saint Paul, qui propagea en Grèce et en Italie la nouvelle doctrine. La venue sur la terre, la mort et la résurrection de Jésus, Christ et Messie, annoncé par les prophètes d'Israël, Fils de Dieu fait homme pour racheter l'humanité de ses péchés, tel est le fondement du christianisme. En butte aux persécutions des empereurs, depuis Néron jusqu'à Dioclétien, le christianisme ne devint religion d'État que sous Constantin qui, en 325, convoqua le concile de Nicée, après avoir, en 313, proclamé le principe de la tolérance religieuse (édit de Milan). En Gaule, le christianisme eut pour premier apôtre Pothin, évêque de Lyon, martyrisé en 177, et durant le moyen âge il se répandit dans le plus grand nombre des pays civilisés. Le schisme de Photius, en 858, sépara l'Église grecque de l'Église latine, qui, durant le moyen âge, lutta contre l'arianisme, les iconoclastes, les vaudois, les cathares ou albigeois et les fauteurs d'hérésie, dont les plus célèbres turent Wiclef, Jérôme de Prague et Jean Hus. Le grand schisme d'Occident rut une cause de dissension pour la chrétienté, et de faiblesse pour l'Église. Enfin, au XVIe siècle, Luther donna le signal de la Réforme en ne reconnaissant d'autre autorité que celle de la Bible. V. RÉFORME. Le christianisme est aujourd'hui la religion qui compte le plus grand nombre d'adeptes.

Christianisme (Histoire des origines du), par É. Renan, 7 volumes: Vie de Jésus, les Apôtres, Saint Paul l'Antéchrist. les Évangiles, l'Église chrétienne, Marc-Aurèle (1863-1881). Cette œuvre, par laquelle Renan faisait connaître en France les doctrines des rationalistes allemands et où il discutait, par une critique des textes, la valeur historique du Nouveau Testament, suscita d'ardentes polémiques.

Christianisme (Histoire du). À la suite des travaux de Renan, de nombreuses études ont été rédigées sur l'histoire du christianisme, ses origines, sa diffusion, son développement, les unes par des rationalistes comme Havet, GogueI, Loisy, Guignebert, les autres par des catholiques comme Léonce de Grandmaison, le P. Lagrange, A. Dufourcq, A. Fliche, etc.

Christianisme (Génie du). V. GÉNIE.

Génie du christianisme (le), ouvrage célèbre de Chateaubriand. Il a pour objet de démontrer que la religion chrétienne est «la plus poétique, la plus favorable à la liberté, aux arts et aux lettres, qu'il n'y a rien de plus divin que sa morale, rien de plus aimable, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte». Outre son action religieuse, cette œuvre a exercé une grande influence littéraire (1802).




CHÂTEAUBRIAND



Chateaubriand (vicomte François-René de), illustre écrivain français, né à Saint-Malo, mort à Paris (1768-1848). Il voyagea en Amérique, rentra en France au moment de la Révolution, émigra en 1792, servit dans l'armée des émigrés, puis vécut à Londres jusqu'en 1800. Sous la Restauration, il fut ambassadeur, ministre des Affaires étrangères. (Académie française 1811.) On lui doit: Atala (1801), le Génie du christianisme, René (1802), les Martyrs(1809), le Dernier des abencérages, Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811), Mémoires d'outre-tombe, publication posthume, son oeuvre la plus caractéristique,celle où se manifeste avec le plus d'intensité la nature hautaine et ombrageuse du gentilhomme breton et de l'écrivain romantique. Ses qualités les plus saillantes sont l'éclat du style, la richesse de l'imagination, la passion, l'éloquence, la puissance descriptive et le coloris. Admirable peintre, écrivain neuf, brillant, hardi, créateur de la prose poétique, Chateaubriand a exercé une influence considérable sur le romantisme naissant. (La maçonnerie ne lui a pourtant pas offert d’entrer au Phantéon... C’est fou comme les dictionnaires peuvent avoir un parti pris aussi évident que dans la description des personnages qu’elle doit admirer pour paraître neutre!)

(9) Ici, Roca parle des occultistes.

(*****) stakhanovisme, nom masculin. Méthode de travail créée en 1935 dans les mines russes du Donetz par le mineur Stakhanov. Elle a pour but d'augmenter le rendement, grâce à l'utilisation de l'expérience de l'ouvrier et à la rationalisation des formes de production.

(******) phalanstère, [lans-tèr'] nom masculin (de phalange, et de la désinence de monastère). Dans le système de Fourier, habitation de la commune sociétaire.

phalanstérien, enne, nom. Habitant d'un phalanstère. Partisan de la doctrine sociale de Fourier. Adjectif. Qui se rapporte au phalanstère ou à ses habitants.

Fourier (François-Marie-Charles), philosophe et sociologue français, chef de l'école phalanstérienne, né à Besançon, mort à Paris (1772-1837).

fouriérisme nom masculin. Système philosophique de Fourier.

- ENCYCLOPÉDIE. Le philosophe qui observe le monde constate l'harmonie qui y règne, grâce à la loi d'attraction découverte par Newton. L'homme seul y fait exception, parce qu'il s'abandonne à ses caprices philosophiques. L'humanité, qui a déjà traversé les périodes successives d'édénisme, de sauvagerie, de patriarcat, de barbarie et de civilisation, doit arriver à l'état de garantisme, qui l'acheminera vers l'harmonie parfaite. La loi d'attraction se manifeste dans le monde moral par l'attraction passionnelle. L'organisme social doit se modeler sur les passions. Elles sont au nombre de 12, et peuvent former 810 caractères différents. En doublant ce nombre, on obtient tous les spécimens possibles de caractères. La phalange, unité sociale de la société future, se composera donc d'environ l 000 personnes; elle s'installera dans un palais ou phalanstère, où chacun travaillera suivant ses goûts, s'enrôlant dans des séries de travailleurs. Le travail se fera ainsi sans effort. Chaque phalanstérien aura droit à un minimum de bien· être. Du surplus de la production, cinq douzièmes rémunéreront le capital, quatre le travail et trois le talent. Ce système généralisé, le globe formera l’empire unitaire. Fourier est un précurseur du socialisme. Il a montré la puissance de l'association.

LOUIS-FRANÇOIS VEUILLOT

(*******) Veuillot (Louis-François), écrivain catholique français, né à Boynes (Loiret), mort à Paris (1813-1883). Il fonda le journal l'Univers; écrivit: Çà et là; les Odeurs de Paris, son chef-d'œuvre; le Parfum de Rome, etc., et eut de vifs démêlés avec Hugo, Augier, etc. Fougueux défenseur de l'ultramontanisme, il a montré dans ses livres, à côté d'inévitables partis pris, le talent robuste, hardi et clair d'un écrivain de race.

(********) carbonari n. m. Pl. (mot italien signifiant charbonniers, ainsi nommés parce qu'ils se réunissaient d'abord dans les bois). Nom d'une célèbre société secrète et politique, quI se forma en Italie au commencement du XIXe siècle, et s'étendit en France sous la Restauration. Singulier un carbonaro.

- ENCYCLOPÉDIE. L'objet principal de cette société. dont les premiers adeptes furent des libéraux napolitains réfugiés dans les forêts des Abruzzes après la réaction de 1799, devint, après 1815, le triomphe des idées nationalistes et libérales combattues par la «Sainte-Alliance», et l'unification de l'Italie. Les carbonari prirent part en France aux conspirations du général Berton à Nantes, des quatre sergents de La Rochelle, etc. Après 1830, ils se fondirent dans diverses sociétés républicaines. Les carbonari étaient répartis en ventes de vingt membres. La direction émanait d'une haute vente.

carbonarisme nom masculin. Société politique secrète, formée par les carbonari.

lundi, septembre 15, 2008

CHAPITRE IV

LES INFILTRATIONS, LA CRISE MODERNISTE

Tout ceci se disait, se tramait au fond des sociétés secrètes juste avant 1890. Il faut bien en prendre acte et constater qu'une transmission plus ou moins occulte s'est opérée de l'intérieur à l'extérieur. Car le fait est là: Nombre de ces idées ont pris corps dans certaines couches du catholicisme contemporain. Sous des formes à peine différentes on les professe, on les affirme, on les donne pour orthodoxie pure, on veut les imposer, on qualifie les opposants de nous ne savons quelles déviations malsaines. Par quels cheminements ont-elles envahi la pensée chrétienne? Comment ont-elles pu s'infiltrer jusqu'à devenir comme le prévoyait Roca une puissance dans l'Église?

L'innovation de la Synarchie, c'est d'opérer méthodiquement par zones d'influence comme les ondes qui se développent à la surface de l'eau où l'on a jeté un caillou.

Nous avons vu les relations de Roca avec les plus hauts initiés de son temps. Voyons celles qu'il entretint avec des intellectuels qui se disaient catholiques.


LES OCCULTISTES CATHOLIQUES

Les premières sont évidemment celles qu'il eut avec JOSÉPHIN PÉLADAN. Celui-ci figure dès 1888 parmi les membres du Premier Conseil de l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix. En Janvier 1892, Roca fait la publicité de son livre: COMMENT ON DEVIENT MAGE édité à la Librairie du Merveilleux. Mais, Joséphin Péladan, illuminé par tempérament, possède en lui la flamme d'un sentimentalisme chrétien, dont la sincérité surchauffée par un orgueil étonnamment naïf, atteint au mysticisme survolté. Il rompt bruyamment avec Guaïta et les autres pour fonder l'ORDRE KABBALISTIQUE DE LA ROSE-CROIX CATHOLIQUE où la fièvre monte avec le nombre des adeptes qui croient trouver dans les productions artistiques et théâtrales du Sar (Joséphin Péladan) l'aliment quasi-céleste d'un renouveau victorieux de la foi chrétienne. Roca fréquente ceux-là et d'autres qui, écrit-il:
Jeunes gens pleins d'avenir, porteurs de beaux noms, se sentent irrésistiblement attirés vers les autels du Christ pour y célébrer les divins mystères.
Entendez par là la parodie gnostique des mystères chrétiens. À cette époque une série de revues ésotériques a vu le jour: L'Étoile, Le voile d'Isis, L'Initiation", L'Aurore. Roca les recommande; il y collabore, en connaît tous les rédacteurs dont certains proclament leur catholicisme. Jouhnet par exemple jouit de cette réputation. En 1891, il écrit à Roca:
C'EST LA PÉNÉTRATION DE VOS ESPOIRS DANS LE
CLERGÉ MÊME QUE VOUS POURSUIVEZ MAINTENANT,

et l'autre de lui répondre:

VENU D'UN KABBALISTE DE VOTRE FORCE CET
ENCOURAGEMENT M'EST PRÉCIEUX.

Dans la feuille d'avant-garde de l'-ex-chanoine, on lit l'annonce d'un ouvrage qui vient de paraître, ÉGLISE ET FIN DE SIÈCLE par l'Abbé Jeannin. Cet ouvrage est significatif, à plusieurs points de vue, moins à la vérité par l'ennuyeuse énumération des prétendues insuffisances de l'Église que la presse et ses folliculaires ressortiront en abondance au moment du Concile, que par un schéma préfiguratif de l'évolution moderniste. Les passages que nous en allons citer montrent comment déjà certains prêtres ont substitué dans leur esprit les mystères de l'occultisme antique professé par les Sectes à la Révélation Divine et comment cette transformation de leur foi en un ésotérisme aberrant nourrit chez eux le syncrétisme christique qui est aujourd'hui à la base de la Religion Universelle de l'Humanité, sinon prêchée, du moins professée par des ecclésiastiques. Ils montrent à quel point une telle défiguration du christianisme s'est propagée implicitement sous les formes diverses du modernisme. On trouve tout en effet dans ces passages où cette religion unique trouvant sa justification dans les seuls développements de la science et du progrès, postule la Rénovation intégrale de l'Église réclamée par le progressisme.

L'Église Catholique, dit en effet l'abbé Jeannin, possède la Vérité, la Vérité une, absolue, la Vérité résolvant tous les problèmes que l'intelligence humaine peut et doit se poser. Mais elle la tient enfermée dans un labyrinthe inextricable de dogmes dont les contradictions découragent le chrétien le plus intrépide; elle la revêt d'habits qui cachent ses formes pour la rendre plus acceptable à des préjugés grossiers; elle étouffe sa voix dans l'inertie du sommeil; elle ne montre que son image défigurée, matérialisée et enlaidie; elle l'appelle Révélation.

(Église et fin de siècle p. 138)

La Révélation niée, les mystères subsistent et l'on prétend les expliquer. Mais comment les expliquer sinon par la Gnose, cette science sans limite a dit le Frère-Maçon Camille Savoire? Et comment la Gnose peut-elle elle-même en donner raison sinon par l'exposé des mystères secrets?

Les principaux dogmes Catholiques, poursuit l'abbé Jeannin, sont donc une réminiscence ou une réédition du passé. C'est l'Isis antique habillée à la moderne suivant les goûts ou les intérêts de ceux qui l'ont adorée ou exploitée. C'est la vérité revêtue de voiles aux nuances diverses. C'est la Religion unique, universelle, de tous les temps et de tous les lieux mais adaptée à une forme spéciale qui a pu convenir à certaines époques et à certaines races, mais qui ne saurait convenir à la notre.

C'est que l'esprit humain a marché et qu'il réclame des croyances raisonnables pour leur obéir
"rationabile obsequium". C'est que la loi du progrès est inéluctable
. (p. 148)


Comparant, avec les religions anciennes, les dogmes catholiques de l'Unité Divine, de la Trinité, de l'Incarnation, de la Rédemption, de la Vierge Mère, puis les Anges, l'homme, la chute originelle, le Paradis, l'Enfer et le Purgatoire, l'abbé conclut à la nécessité de moderniser tout cela; il estime que l'Église doit réformer ses exposés dogmatiques après quoi ce sera:

la réconciliation des sœurs ennemies: la foi et la raison. Inébranlable dans son dogme qui est la vérité, qu'elle en adapte la formule aux exigences de L'ESPRIT HUMAIN AFFRANCHI. Qu'elle enlève le voile usé dont elle couvre l'Âme de sa théologie, qu'elle répudie les vieilles formules scolastiques... (p. 148)

Le lien qui unit l'occultisme, le moderisme, et, maintenant LA RELIGION UNIVERSELLE des sectes, c'est le christisme syncrétiste qui apparaît ici clairement. Il dénonce en même temps et le rôle d'un certain clergé dans l'évolution religieuse de notre temps et la part prise par les Hautes Sociétés Secrètes dans cette évolution; il montre comment des prêtres sont les premiers responsables des contacts qui ont été pris avec elles et comment la subversion s'est réalisée.

Dans la même feuille d'avant-garde, un prêtre encore écrit une recension du livre: Eoraka du Comte de Larmandie édité chez Chamuel. Quel est ce prêtre? Nous l'ignorons; mais Larmandie est, lui aussi, un militant de la Rose-Croix Catholique Ami de Jouhnet et de Papus, il collabore avec Roca à L'Étoile" organe gnostique de tout un groupe: La Fraternité de l'Étoile qui tient salon chez Madame Piou de Saint Gille, émule de la fameuse duchesse de Pomar, grande amie de Roca. Là fréquentent des prêtres dont deux se nomment dit-on, Stalin et Housset. Certains écrivent dans Le Socialiste chrétien du Chanoine Kabbaliste, tel un certain abbé de Montalte, d'autres collaborent aux revues occultistes, notamment à celles de Larmandie, ainsi le fameux docteur Alta.


LE DOCTEUR ALTA

Celui-ci doit retenir notre attention. Avec lui nous assistons au perfectionnement de la manœuvre. Le cas Roca est trop voyant. Mais des prêtres gagnés à la cause des sectes, marchant dans leur voie, l'aplanissant même, vont la rendre peu à peu carrossable aux pèlerins du modernisme. Sincères, mais intoxiqués par l'atmosphère nouvelle, ces derniers prêcheront un christianisme ouvert sans s'apercevoir que cette ouverture débouche sur l'Église de Saint-Yves d'Alveydre et de Roca. Avec Alta nous n'en sommes pas encore là et cependant, lui, ne rompt déjà plus visiblement avec l'Église. Son pseudonyme lui permet de continuer son office paroissial malgré son appartenance certaine aux groupes occultistes qui, de la sorte, bénéficient de sa présence au sein du Clergé. Dans "Les entretiens idéalistes" de Mars 1907, Paul Vulliaud, dont nous aurons à parler plus loin, dit de lui:

AU LIEU DE FUIR LE TEMPLE COMME L'INSENSÉ LUTHER, IL RESTE POUR REFORMER AU SEIN DU TEMPLE.


La formule exprime bien la méthode annoncée par les Carbonari de la Haute-Vente, car en effet, Alta qui participe aux fameux Congrès spiritualistes organisés par Papus et l'Ordre martiniste, collabore avec le Comte de Larmandie. Son ouvrage: L'ÉVANGILE DE L'ESPRIT-SAINT JEAN TRADUIT ET COMMENTÉ (1907) reflète dans son double titre la tradition ésotérique des Rose-Croix et les prétentions de toute maçonnerie dite chrétienne. Édité par la librairie maçonnique Chacornac, il fit assez de bruit et n'intéressa pas moins les modernistes que les participants aux Congrès spiritualistes de 1908. Ces derniers y retrouvaient leur interprétation de Saint Jean selon le néo-christianisme initiatique transcendant les mystères de la foi; les premiers y pouvaient pêcher maints encouragements à leur théorie de l'immanence; les uns et les autres devaient être sensibles, semble-t-il, à son appel à la réforme soit par amour de l'évolution des dogmes, soit par sa correspondance à l'Église" ésotérique en faisant appel

Au Pape de Génie
qui haussera l'Eglise catholique
du christianisme matériel
au christianisme spirituel.


Mais d'un autre côté, car n'oublions pas qu'il jouait sur les deux tableaux, le Docteur Alta collaborait au journal de l'Abbé Naudet, "La justice sociale", ajoutant d'une manière plus efficace, parce que plus dissimulée, à l'entreprise de démolition doctrinale et disciplinaire poursuivie jusque dans les séminaires par cette publication malgré les interdictions de Mgr Dubillard et du siège romain.

Tel était l'abbé Mélinge - car c'était le nom du Docteur Alta - Curé de Morigny près d'Etampes au diocèse de Versailles. Il était encore à son poste en 1909.

Son exemple n'est pas unique. Il n'est qu'un des plus tristement célèbres et significatifs. Dans Le symbolisme", le Frère-Maçon Marius Lepage raconte, en effet, le cas d'un certain Siouville qui, depuis 1909 environ, faisait mensuellement une visite à Oswald Wirth et qui écrivit en 1923 dans sa revue une série d'articles édités ensuite en 1925 sous le titre: LE PRINCE DE CE MONDE ET LE PÉCHÉ ORIGINEL. L'Église, dit-on, y était prise en flagrant délit d'inconstance en matière d'enseignement. Ces relations duraient depuis plus de trente ans quand Siouville mourut en 1933. C'était l'abbé Lelong, prêtre des environs de Paris.

Combien étaient-ils ceux-là qui n'avaient pas quitté ostensiblement l'Église mais y demeuraient pour y semer secrètement le virus de la subversion? Mille, prétendait Roca, par fanfaronnade bien sûr. Saint-Yves d'Alveydre plus modéré disait:

JE CONNAIS DE SAINTS PRÊTRES QUI MARCHENT DANS
CETTE VOIE DU CHRISTIANISME SYNARCHIQUE.

Dupes ou comparses il y en avait à coup sûr un nombre peu élevé mais très actif avec lesquels on ne peut confondre tous ceux qui à leur insu, en dehors du cercle des illuminés et des initiés, ne restaient pas insensibles aux thèses les moins avancées du christianisme ésotérique des occultistes chrétiens. Cependant, la pénétration dans le clergé des idées des sectes si étrangères à la foi catholique n'aurait eu aucune chance de succès si le modernisme qui en avait repris certaines à son compte n'eut concouru à les acclimater sous une forme d'où l'occultisme avait disparu et si un autre véhicule n'avait été susceptible d'en transmettre le contenu implicite. LA MYSTIQUE DÉMOCRATIQUE a largement joué ce rôle. Sans doute l'idée démocratique n'était-elle pas une nouveauté. Depuis Lamenais elle faisait son chemin aidée par les révolutions, les écoles socialistes, l'ambiance intellectuelle du XIXème siècle poursuivant sur la lancée de la Révolution. La démocratie que pensait ce siècle n'était pas un régime indépendant de la forme du gouvernement, fondé sur l'organicité (*) de la nation, mais la démocratie de la masse, la multitude non définie prise pour la personnalité nationale, t'identification du nombre avec l'entité sociale. Il fallait déjà un certain mysticisme, une poussée toute sentimentale pour identifier des éléments aussi lointains les uns des autres. Mais quel bouillon de culture mieux préparé que celui-là pour faire croître l'idée de la masse-nation aux proportions de la masse-divinité, pour faire lever le ferment du Christ-social, du Christ-Humanité? Alors, le sint unum de l'Évangile tenu pour terme absolu de l'évolution sociale, la palingénésie de l'Humanité rédemptrice, christifiée en esprit, l'amour du peuple, la justice du paradis socialiste tout cela pouvait se mêler "dans la chaude incubation du Saint-Esprit de l'Évangile élaborant l'œuvre de la Rédemption" disait Roca.

Je crois que cette rédemption (sociale des peuples) est accomplie dans la société nouvelle par l'avènement de la démocratie.

Je crois que la démocratie de nos jours est fille légitime de l'Église catholique, fille issue de l'union de Jésus-Christ avec cette Église.

La société moderne est la fille de 89... Mais elle est aussi la fille du Christ et de l'Église... Et pourquoi? À cause de l'Esprit du Christ devenu l'esprit public de tous les peuples civilisés.

Compte tenu de ce que, lui, Roca entend par ce mot d'Église Catholique, non pas celle de Rome mais celle de Saint-Yves d'Alveydre, cette mystique démocratique confondant le Christ et la démocratie dans un oméga apocalyptique était bien celle de Vulliaud autre occultiste catholique. Elle foisonne dans ses Entretiens idéalistes, au sein de son groupe LA CONFRÉRIE ROSICRUCIENNE DE LA ROSACE dont Marc SANGNIER nous a laissé un éloge édifiant et attendri. C'est à ce genre d'influence que le plus grand sillon devait de voir L'ÂME UNIVERSELLE DE L'ÉGLISE appeler comme aboutissement du christianisme cet IDÉAL DÉMOCRATIQUE unissant toutes les tendances depuis le protestantisme jusqu'aux révolutionnaires russes de 1905. Étrange identification de l'idéal chrétien" avec "cet idéal démocratique" garantissant, paraît-il, le triomphe de l'Église! Mais laquelle? Roca l’avait bien dit dans son langage ésotérique:

LE CATHOLICISME N'EST PAS UNE FIN, IL EST UNE VOIE PAR LAQUELLE DEVRAIT PASSER LE CHRISTIANISME POUR ATTEINDRE À SON BUT SOCIAL.


On peut constater l'illustration de cet adage du catholicisme moyen dans l'une des lames du tarot! On est Kabbaliste ou on ne l'est pas!

Cette mentalité qui a envahi le catholicisme au début du siècle a produit une abondante littérature que l'abbé Barbier dans "Les infiltrations maçonniques dans l'Église" a suffisamment analysée. La présente étude y a ajouté quelques précisions plus spécifiquement occultistes. Nous renvoyons maintenant le lecteur à cet ouvrage en ce qui concerne la période qui va du commencement de notre siècle jusqu'en 1910.

Toutefois nous n'abandonnerons pas cette première partie sans faire quelques remarques indispensables à la compréhension de l'ensemble.

En premier lieu, si l'on se reporte à la page de Saint-Yves d'Alveydre sur les églises nationales que nous avons citée, on y verra que ce pandémonium culturel réunit dans son sein l'Église et la maçonnerie. Il faut donc les réconcilier, créer des points de rencontre, préparer entre les loges et l'opinion catholique un phénomène d'osmose en quelque sorte. Il va donc falloir remonter dans la maçonnerie le courant matérialiste qui l'éloigne du but et y développer le spiritualisme ésotérique qui l'en rapprochera. Ce sera l'œuvre du Martinisme, des Congrès spiritualistes, de l'école symboliste d'Oswald Wirth. Ainsi pouvait dire Roca des Francs-Maçons:

C'EST POUR LE CHRIST QU'ILS TRAVAILLENT SCIEMMENT OU NON! ILS MAÇONNENT SON CORPS ECCLÉSIAL, LE VRAI TEMPLE DE DIEU, L'HUMANITÉ GLORIEUSE DE L'AVENIR.


Ce rapprochement entre l'Église et la maçonnerie est une des conditions clefs du système 1 une opération indispensable à l'intégration dans le tout synarchique et, puisqu'il en est ainsi, il faut en second lieu trouver des interlocuteurs ecclésiastiques. Déjà, peu de temps avant sa mort, Saint-Yves d'Alveydre avait exprimé le désir de trouver des comparses dans le clergé, des prêtres "marchant dans les voies du christianisme synarchique...

UN ORDRE DE PRÊTRES DE CETTE ABNÉGATION ET DE CETTE BONNE VOLONTÉ AUTORISÉ PAR ROME, ACCEPTÉ D'AVANCE PAR LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS AURAIT UNE PORTÉE INCALCULABLE DANS LA SOLUTION DIFFICILE DU PROBLÈME DE LA RÉCONCILIATION SYNARCHIQUE DES DEUX SOCIÉTÉS CIVILE ET ECCLÉSIASTIQUE.

Souhait grandiose! Mais ces prêtres n'existaient-ils pas alors? Les Roca, les Montalte, les Jeannin, les Alta, les Siouville et d'autres que Saint-Yves disait connaître? Sans doute y en a-t-il encore car il y a toujours eu, il y aura toujours des renégats, des transfuges. Laissons ceux-là qui déjà ne sont même plus nécessaires. Roca voyait plus juste car il s'y connaissait quand il prévoyait que des ecclésiastiques séduits par les perspectives d'un Catholicisme rénové plus large, plus œcuménique selon son propre sens feraient l'office d'interlocuteurs, sans se douter des objectifs recherchés. De ceux-là on pourrait dire ce qu'il disait alors des Jésuites en les brocardant.

ILS SONT LES VRAIS NIHILISTES DU VIEUX MONDE. C'EST LA LEUR GLOIRE... LAISSEZ-LES CONTINUER; ILS SONT PLUS EXPERTS QUE VOUS DANS L'ART D'ENTASSER LES RUINES.

C'est à cette double condition que les hauts dignitaires des grandes obédiences maçonniques vont pouvoir entrer en lice. Ils auront la possibilité du dialogue avec des catholiques, voire des clercs, sur un spiritualisme prétendu commun. Le Christ, oui mais bien sûr pas celui de Rome; pas de dogme, mais une révélation intérieure et personnelle avec laquelle le modernisme n'a que trop d'affinités; et aussi alliance nécessaire avec le socialisme. Le christianisme pur c'est le socialisme a dit Roca et tout le monde est chrétien à sa manière, au moins en germe! Plus donc question de luttes, ni d'anathèmes, mais, retour aux sources, évolution, compréhensive adaptation, bonnes relations avec les Frères... que d'ailleurs la grande guerre de 1914-1918 aura, dira-t-on plus tard, rapprochés des Curés sac au dos.

Ce dernier canular, en particulier, loin de nous abuser doit au contraire nous convaincre de l'existence d'une machination combinée au niveau des hautes maçonneries, et évoluant tout d'abord loin de la place publique.

Que voyons-nous en effet après cette guerre? Un regain d'anticléricalisme bruyant. Après la législature de 1918, après la chambre "bleu horizon" la lutte reprend contre l'école libre, les religieux, les prétendus empiétements de l'Église. La Grande Loge de France et le Grand Orient déclenchent une offensive à gauche, multiplient les réunions, les meetings, les consignes qui laisseraient prévoir un retour du Combisme si l'opinion s'y prêtait mais qui amène à coup sûr des élections d'un socialisme très avancé. C'est en marge, ou plutôt derrière cette scène que se tiennent très réellement des conversations renouant la chaîne des entretiens d'avant-guerre, car la tradition des Vulliaud, des Larmandie, des Marc Sangnier n'est pas perdue. En 1910 on avait fondé les très synarchiques DÉCADES DE PONTIGNY; on les reprend avec des chefs d'entreprises, des membres des professions libérales, des universitaires auxquels se joignent, dit-on, de braves ecclésiastiques ignorant sans doute les hautes instances initiatiques qui tirent les ficelles. De tout cela un mouvement va sortir. Après la mort de Papus, en 1916, l'Ordre martiniste s'est scindé en deux; l'une des branches, L'ORDRE MARTINISTE ET SYNARClllQUE dirigé par Victor Blanchard, brillant second du Mage disparu, va l'animer. C'est ce mouvement, chef d'œuvre de ce que Monseigneur Jouin appelait la maçonnerie blanche" qui, pour créer d'une manière avisée le climat d'accommodement avec l'Église, allait s'appliquer à la conquête de personnalités ecclésiastiques en même temps que des classes bourgeoises et de certains états majors syndicaux.


Notes:
(*) organicien, enne adjectif et nom. Relatif à l'organicisme. Nom. Partisan de l'organicisme.
organicisme, nom masculin. Médecine. Doctrine qui attribue toute maladie à la lésion d'un organe. Biologie. Doctrine qui admet que la vie résulte non d'une force qui anime les organes, mais des organes eux-mêmes.
organiciste, nom masculin. Partisan de l'organicisme.

Et rebelles ne sont que trop ceux qui professent et répètent, sous des formes subtiles, des erreurs monstrueuses sur l'évolution du dogme, sur le retour au pur Évangile (c'est-à-dire à l'Évangile émondé, comme 11s disent, des explications de la théologie, des définitions des Conciles, des maximes de l'ascétisme) sur l'émancipation de l'Église, à leur manièrè nouvelle, sans se révolter afin de ne pas être chassé, sans se soumettre néanmoins pour ne point manquer à ses propres convictions; enfin, sur l'adaptation aux temps présents, en tout, dans la manière de parler, d'écrire et de prêcher une charité sans foi, très indulgente envers les incroyants, mais qui ouvre à tous la voie de la ruine éternelle.
(Saint Pie X, 17 avril 1907)

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