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mercredi, avril 11, 2007

78-81 L’art de créer du sacré Par JEAN MERCIER


L’EQUERRE ET LE LIVRE SACRÉ (ICI, LA BIBLE) SUR LEQUEL LA PLUPART DES FRANCS-MAÇONS PRÊTENT SERMENT.


Comme on peut s'y attendre, l'auteur du prochain texte qui, de toute évidence est maçon, se défend comme un diable dans 1'eau bénite d'appartenir à une religion qui s'appellerait maçonne. Selon lui, la maçonnerie est une quête initiatique. C'est donc une quête spirituelle. Comme vous le verrez, dans un style typiquement maçonnique, il jongle avec les mots et les termes pour enfin ne rien dire. Nous citons, en guise de conclusion de cette brève introduction, les lignes qui suivent:



Le conflit avec I'Eglise [catholique] est une preuve
que la maçonnerie est une quête spirituelle.
A vous de défricher ce texte ??...






MAÇONNERIE ET SPIRITUALITÉ



QUÊTE



L’art de créer du sacré

Quelles que soient leurs origines, qu'ils soient croyants ou athées, tous sont chercheurs de sens. Leur quête, spirituelle et non religieuse, les réunit dans les loges. Mais pour chacun c'est une démarche personnelle. Parcours de quelques aventuriers sur le chemin de la connaissance.

Par JEAN MERCIER

« La maçonnerie est une quête initiatique, c'est donc une quête spirituelle. » Pour Michel Barat, ancien grand maître de la Grande Loge de France, il n'Y a pas de doute. La quête spirituelle est à l'origine de la démarche maçonnique. Mais il ajoute : « Une quête spirituelle peut ne pas être religieuse. »

Qu'est-elle donc? « Un pari sur le sens de l'existence du monde et de l'humanité, qui consiste à dire que l'on peut rencontrer des gens spirituellement, explique Michel Barat. Cette réalité a été vécue par l'Eglise catholique au cours des siècles comme une rivalité. Le conflit avec l'Eglise est une preuve que la maçonnerie est une vraie quête spirituelle.» Jean-Louis Mandinaud, de la même obédience et catholique par la foi, précise qu'il peut y avoir complémentarité entre la démarche maçonnique et le ministère des Eglises : « En vingt ans de maçonnerie, je n’ai jamais vu un frère "croyant" perdre la foi. J'ai cependant vu des frères athées, des agnostiques, demander le baptéme à l'issue d'un cheminement qui n'est pas sans lien avec leur vie maçonnique. Ils ont été nombreux à se tourner ters l'Église orthodoxe, sans doute parce que la liturgie est très riche en symboles. »

Charles, protestant, membre de la Grande Loge nationale française (GLNF), raconte que la maçonnerie lui a donné des outils pour vivre sa foi chrétienne : « Un jour, j'ai fait une expérience mystique très forte. Je pouvais la comprendre mais pas la communiquer. Depuis mon initiation j'ai trouvé de quoi exprimer mon ressenti. »

Tous des apprentis

Cette quête spirituelle est d'abord un chemin qui s'inscrit dans la durée. Lorsque Jean-Robert Ragache (1) parle de l'initiation maçonnique, il précise qu'« il ne s'agit pas d'une illumination religieuse censée amener subitement a un état de nature supérieure, mais d'une étape majeure à partir de laquelle le travail de perfectionnement, de "rectification", personnel et collectif, se poursuit. D'une certaine façon, nous restons tous, tout au long de notre vie, des apprentis. »

Alphonse. membre d'un atelier de la GLNF, se remémore les raisons qui l'ont incité à entrer en maçonnerie : « Je n’avais pas la force et les capacités d’" avancer" seul, et pourtant j’avais besoin de le faire seul. La maçonnerie ma permis d’avancer soutenu par d'autres, de partager mon travail avec d'autres. » Son frère d'atelier, Cyrille, ajoute que cette quête spirituelle n'est pas « une réponse toute construite ». Elle passe plutôt par la confrontation des idées et le partage des questions : « Le jour où nous aurons la réponse nous ne serons plus francs-maçons. Il s'agit d’un chemin. »

Nizier, membre de la même loge, parle d'une « méthode ». Frédéric ajoute à cet égard : « C'est une méthode qui me permet d’avancer à mon rythme sans jamais gêner la vitesse d’évolution des autres. »

Et l'initiation dans tout cela ? Olivier, membre du Grand Orient de France (GOF), explique qu'elle crée « une fraternité très forte autour de la mort du vieil homme et la naissance d'une nouvelle forme d'être ». Cyrille nous livre un témoignage vieux de plusieurs années : « Ce soir-là, une fois rentré chez moi, j'ai eu l'impression que j'étais très exactement tombé dans mon fondement, un sentiment très fort, très profond. » Jean-Louis Mandinaud donne un peu plus de précisions : « C'est un moment très personnel, très intime. Le profane doit rédiger son testament philosophique. Il est interrogé et doit accomplir un parcours avec un bandeau sur les yeux. C'est l'idée de la mort au vieil homme. L'aveuglement, c'est aussi l'impossibilité de connaître, de savoir, de contrôler ce qui arrive. C'est un passage symbolique. Il y a toujours des mains secourables qui retiennent d'un faux pas, mais sans la confiance, c'est une expérience insupportable! » il s'agit donc de rejoindre des expériences fondamentales de l'humanité (la mort, la peur, l'abandon) où le profane prend conscience de sa finitude. « L'initiation, poursuit Jean-Louis Mandinaud, ouvre à un dépouillement, qui permet d'atteindre mieux quelque chose qui existe déjà au fond de soi. Il s'agit aussi d'entrer dans une tradition, de mettre ses pas dans les pas des frères. On sait que eux aussi sont passés par là. » A cet égard, un maçon, par ailleurs pasteur, souligne bien que l'initiation ne vise qu'à « faire ressortir, ressurgir quelque chose que l'on porte déjà en soi. C'est différent d'un sacrement qui confère une grâce ». Et, pour Jean-Roberi Ragache, « le serment que nous prononçons à cette occasion est très fort pour la vie intérieure, par ta responsabilité qu'il implique tant à l'égard de soi-même qu'à l'égard des autres ».
A l'issue de l'initiation commence pour l'apprenti une période de silence, dont tous les maçons disent qu'elle a été très importante pour eux. Ainsi Jean-Robert Ragache explique que « pendant toute la durée de l'apprentissage, on est obligé d'écouter les autres, quoiqu’ils disent, y compris des âneries. Cela apprend à ne pas seulement réagir sur ce qui a été dit, mais de construire une pensée ».

Pour Charles, cette ascèse montre « que la parole ne passe que par l'écoute ». Michèle Cherpillod, de la GLMU, qui a mal vécu cette épreuve du mutisme il y a vingt_cinq ans, se souvient que « lorsque la parole est redonnée, on mesure vraiment l'utilité des mots et l'usage qu'on peut en faire ». Sa soeur, Marie-Claude Chazette, a vécu les choses autrement : « Quand j'ai été initiée, j'étais rompue à la parole par mes activités de militante. Ce temps de silence a été très bon : j’en avais besoin pour laisser dehors ce que j'étais dans la vie de tous les jours et être enfin vraiment moi-même, loin du paraître. »

Pierre, se référant à son expérience d'apprenti dans un atelier de la GLNF, en parle comme d'un moment unique : « Ce n'était pas pesant, mais plutôt rassurant. Avant d'entrer dans l'atelier je voulais donner ! Mais j'ai appris par ce silence et cette écoute qu'il faut d'abord accepter de recevoir ! J'ai découvert que beaucoup d'émotion passe par le silence. » Ce travail est assurément "spirituel", comme le suggère son frère d'atelier : « On commence à écouter. Grâce à cette écoute, on commence à entendre : jusqu’au moment où on finit par comprendre. Et à force de regarder, on finit par voir... »

Mais cette discipline de la prise de parole ne se limite pas aux apprentis : elle concerne tous les frères de la loge... Pour Alphonse, de la GLNF, « faire silence n'est pas se taire, c'est quelque chose d'extrêmement actif. De même, lorsque le vénérable quitte son poste et choisit d'être gardien, il passe une année d'ascèse, devant la loge, ne participant pas à ses travaux, alors qu’au poste de Vénérable c'était lui qui insufflait le rythme de la parole. »

La façon dont on s'écoute mutuellement n'est-elle pas très révélatrice? Selon Jean-Louis Mandinaud, « on peut parfois deviner si quelqu'un est franc-maçon à sa qualité d'écoute. Lorsque je le suis devenu, mes proches, dans la famille et le travail, m'ont dit que j'avais changé. Ecouter les autres c'est extraordinaire. Dans nos loges, il y a des "planches", et c'est une très bonne école pour prendre la parole. Il y a des règles : ne pas interrompre, ne pas approuver, ne pas désapprouver, ne pas s'adresser au plancheur mais au vénérable. Celui qui n’a pas fait d'études sait qu'il va être jugé comme maçon par des frères, et souvent cela le met à l'aise. Je suis souvent assez touché par certains frères qui parlent avec tant de simplicité. Depuis le curé d'Ars, les saints ne sont pas ceux qui parlent le mieux ; c'est pareil en maçonnerie : ce ne sont pas les plus belles "planches " qui sont les plus riches spirituellement. » Pour Olivier, « l'écoute en maçonnerie aide a prendre distance par rapport à soi-même. C'est une mise en condition, loin de l'agitation et de la fébrilité. Oui, la spiritualité est dans ce silence qui dépasse la parole. »

Mourir pour renaître

Pas de maçonnerie sans rites. Pour Cyrille, il s'agit de « créer du sacré » : « Nous arrêtons les montres, le temps devient sacré parce qu’il est mis à part de la vie quotidienne. » Pour Olivier, la ritualité représente le passage de la mort à la vie : « Nous sommes appelés à vivre, à travers les rites, la mort et la résurrection, chacun selon sa propre histoire. Nous revivons les mêmes rituels à intervalles réguliers, notamment lorsque nous assistons à l'initiation d'un apprenti. Chaque fois, ces gestes et ces textes approfondissent, renouvellent, ravivent l'expérience de l’initiation. Tout cela est très proche de la liturgie : il s'agit de repasser par une parole qui n'est pas dite en vain mais réappropriée. » Mais pas de rites francs-maçons sans les puissants symboles qui y sont associés. Jean-Robert Ragache assure que « le symbole n’existe pas s'il est figé dans une tradition immuable. Il faut la liberté totale d'interprétation : à cet égard, la déviance est une chance et non un risque ! » Pour Michel Barat, « le symbole doit renvoyer à une expérience de la vie. Sinon cela ne sert à rien ». Cyrille va jusqu'à dire que le symbole joue un rôle « mnémotechnique. Le but du symbole est de créer un espace et un langage communs, qui fondent la reconnaissance des frères. »

Qu'en est-il de la fameuse fraternité maçonnique ? « C'est plus d’avoir vécu certaines choses en commun qui nous fonde comme frères que l’affectivité, explique Alphonse. Avant d'initier un nouvel apprenti, nous nous disons toujours : "Pourvu que nous soyons à la hauteur de ses attentes !" » Quant à Michel Barat, il confie : « Il n'y a pas de quête spirituelle maçonnique sans la tentation d'arrêter ou de prendre des distances. Ce qui est beau, c'est quand un des frères vous redonne le goût du travail... Il y a une sagesse fondamentale dans ce compagnonnage : on n'avance pas tout seul ! »

La fraternité est un des piliers de l'engagement maçonnique. Un frère remarque que «la rencontre passe par le partage des soucis d'ordre spirititel, malgré les différences d’âge, de condition sociale. Tout cela fait éclater les barrières entre les individus et délivre des contraintes dues à la mondanité. » Mais ce qui fait l'originalité de la maçonnerie, c'est que justement, selon Jean-Robert Ragache, « chacun suit son propre chemin sans s'immiscer dans le chemin de l'autre. Le but de la quête spirituelle est la construction individuelle. Chacun peut avancer a son rythme, en liberté. » Enfin, pour Michèle Cherpillod, la richesse de la maçonnerie, c'est « d’avoir pu découvrir que l'on avance en compagnie de personnes avec lesquelles on diverge sur beaucoup d'idées. Le choix d'une maçonnerie mixte induit une quête spirituelle différente, celle d’une humanité complète dans un dialogue. On peut ensuite s'accomplir en mixité, chacun renonçant à "avoir" du pouvoir sur l'autre. » Alphonse, lui, a vécu dans la maçonnerie une expérience unique et extraordinaire: le jour de son initiation, il a commencé une démarche étonnante de « pardon » à l'égard d'un homme qui était alors son « ennemi personnel » pour des raisons professionnelles. Et quelques années plus tard, il l'a accueilli dans sa loge !

1. Dans le numéro de la revue Panoramiques, « Comment peut-on être franc-maçon ? » éditions Arléa Corlet, dirigé par Ch. Conte et J._R. Ragache.

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