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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

samedi, août 16, 2008

DESIDERATUM

Chose dont on regrette l’absence.

Ce qui reste à trouver, à résoudre: la paix est le desideratum du progrès.

Toute science a ses desiderata...






L'EUROPE

En cette matière délicate, nous voulons nous en tenir surtout à des textes, c'est-à-dire à des principes énoncés qui donnent un fil directeur à travers une politique en pleine évolution, évolution d'autant plus active que l'Algérie française étant liquidée, la question européenne devait logiquement et chronologiquement prendre son tour après l'abandon de nos colonies.

Il faut aussi dire notre point de vue sur l'Europe. En effet, ne pas partager sur l'Europe les vues qu'on nous propose comme unique moyen de salut, en un mot, celles de tous les Fédéralistes divergents, des planétaires convergents, de MM. Spaak, Beveridge ou de Gaulle c'est, paraît-il, verser dans le passéisme, manquer le train de l'histoire, ne rien comprendre à l'interdépendance, croupir dans le patriotisme à papa. Ne pas être Européen sous vide absolu, c'est un gros péché aux yeux de catholiques d'aujourd'hui qui, faute de pouvoir traduire la doctrine de l'Église en mondialisme humanitaire, se canonisent eux-mêmes vierges et martyrs pour la cause d'un pacifisme agressif.

De quelle Europe s'agit-il? Il Y eut une Europe autrefois; c'est la Réforme qui l'a brisée; voilà, pour l'histoire. Quant aux principes, Pie XII a dit l'essentiel.


Nous ne voulons pas plus être dupes des intentions délibérément anti-catholiques des uns que naïfs avec les autres. Ceci dit, nous n'en sommes pas moins européens.


L'EUROPE FÉDÉRALISTE DE SAINT-YVES D'ALVEYDRE

Les idées européennes actuelles sont en majeure partie sorties des ouvrages de ce Grand Initié comme l'appelle M. J. Weis dans sa préface à la Mission des Juifs. Leur réédition depuis 1946 connaît une vogue qu'ils n'eurent pas du temps de l'auteur. Cependant, on nomme rarement Saint-Yves d'Alveydre quand on traite publiquement de l'Europe. On affecte parfois même de le récuser. Son Kabbalisme rosicrucien, sa Théocratie synarchique gênent évidemment la propagande, mais on s'en nourrit comme d'un maître, on le révère comme un prophète qu'il n'a pas été puisqu'il n'a fait que mettre en forme désoccultée des projets longtemps mûris dans les hautes sociétés secrètes.

Pour essayer d'être clair, nous allons d'abord exposer l'européanisme de Saint-Yves d'Alveydre sans référence à des considérations historiques que l'on trouvera plus loin. Laissons-le parler:

Voici en procédant hiérarchiquement, l'ordre et le nom des organes à constituer pour fonder le gouvernement général de l'Europe...
1. - Le Conseil européen des Églises nationales.
2. - Le Conseil européen des États nationaux.
3. - Le Conseil européen des Communes nationales.

(Mission des Souverains, p. 417)

D'après Saint-Yves:

Le premier conseil doit représenter la vie religieuse et intellectuelle, c'est-à-dire la Sagesse et la Science;

Le deuxième conseil doit représenter la vie politique et juridique, c'est-à-dire l'équité et la Justice;

Le troisième conseil doit représenter la vie économique, c'est-à-dire la Civilisation et le Travail.

À la Synarchie européenne ainsi constituée, correspond au sein de chaque nation, les mêmes organes; c'est ce que l'auteur appelle les Synarchies nationales. La première remarque à faire sur ces textes sera la constatation que dans la hiérarchie des valeurs ce sont les Églises nationales qui viennent en tête. Les Églises nationales doivent syncrétiser tous les courants religieux et intellectuels quels qu'ils soient: pluralisme absolument laïque, excluant par là même tout droit de priorité et de primauté de l'Église catholique.

Voilà le premier principe synarchique. Nous y reviendrons. En second lieu nous constaterons encore que cinquante ans plus tard, le Pacte Synarchique reprendra sous le nom d'Ordres divers: culturel, politique, social-économique, la même hiérarchie à tous les échelons nationaux, impériaux, mondial.

Mais pour l'édification du Système, toujours d'après Saint-Yves, il faudra commencer dans l'ordre inverse. Ce sera l'ordre chronologique. Dira-t-on que l'auteur des Missions, le porte-parole des hautes instances secrètes n'est pas écouté, qu'il est dépassé, inactuel, renié, étranger à ce vaste mouvement de fraternité européenne poursuivant sa marche sous la houlette des Coudenhove-Kalergi, Monnet, Spaak et tant d'autres? Eh bien! à soixante-dix ans de distance, le conseil a été scrupuleusement suivi. On a commencé par la communauté économique européenne amorcée par la C.E.C.A. (charbon-acier). Lorsqu'en juillet 1960, Coudenhove-Kalergi écrira au Général de Gaulle que l'heure est arrivée de passer de l'économique à la communauté politique, celui-ci, bien d'accord, ne tardera pas à se mettre au travail mais avec un retard, qu'explique l'affaire d'Algérie. Nous sommes certains que si un jour vient l'heure de l'Église nationale,. qui d'ailleurs est en marche dans les conseils secrets du Régime, le conformisme culturel des catholiques français s'effondrera au cri de: «Nous n'avions pas voulu cela.»

Reprenons donc le système dans l'ordre des réalisations c'est-à-dire dans l'ordre inverse.

1. - Conseil européen des Communes.

Ce sont les capitales Londres, Paris, Bruxelles qu'il s'agit d'associer dans un conseil européen en prenant la vie économique comme base, seul moyen de les lier à la vie publique et de les rendre à leur véritable rôle national comme universel.
(Mission des Souverains - p, 418.)

Les conférences de Bruxelles auront fait assez de bruit pour qu'on se souvienne de ce texte de 1882.

On pourra ici admirer la civilisation nouvelle que l'on veut fonder sur le primat de l'économie, civilisation ayant pour assise première la puissance des richesses matérielles avec leurs contraintes asservissant l'homme. Il n'est pas difficile de comprendre, dès lors, comment les

états où le commerce constitué comme l'un des mobiles du gouvernement en fait la principale force (Fabre d'Olivet)

peuvent enserrer fatalement l'individu dans un cadre social technocratisé auquel ne s'attache aucun nom, aucune responsabilité, supprimant ainsi tout recours de cet individu et toute indépendance gouvernementale, permettant derrière cet anonymat de cacher un gouvernement invisible. L'occultiste Fabre d'Olivet, maître de Saint-Yves d'Alveydre, avait en profond mépris cette emporocratie; il la décrivait exerçant sa puissance dans des républiques sans liberté, dans des monarchies avec des rois sans autorité, dans des nations sans aristocratie sinon celle de la servilité. Mais il reconnaissait en elle:


le ressort physique qui, dans tous les gouvernements emporocratiques, tient la place des principes intellectuels qui y manquent.
(Vues sur l'histoire du genre humain - 1822)

En effet, quelles possibilités indéfinies n'offre-t-elle pas au régime synarchique où, précisément, le Pouvoir public, comme on le verra, ne possède pas l'Autorité, où le pouvoir du chef de l'État n'est pas, ne doit pas être l'autorité (occulte) qui dirige la nation? Car c'est un principe absolu formulé aussi bien chez Saint-Yves d'Alveydre que dans le schéma de l'Archétype social. C'est ainsi que dans la logique des choses la puissance financière apatride et celle des sociétés secrètes trouvent la raison de leur alliance et qu'en fait, quoi qu'on en dise, leur action se conjugue.


Ces intérêts économiques sont aujourd'hui la base réelle de toutes les sociétés nationales et nulles, politiques soit intérieure, soit étrangère, ne devrait pouvoir s'exercer sans les consulter et en recevoir une sage et précise pondération.
(Mission des Souverains - p. 418)


C'est dans la vie économique et emporocratique de vos peuples que vous devez chercher la base précise, les fondements exacts de l'édifice européen que je vous invite à construire dans votre intérêt comme dans celui des nations.
(Mission des Souverains - p. 423)


Le Conseil économique européen se composera, d'après l'auteur, de financiers, d'industriels, d'agriculteurs, de représentants de Syndicats. Il traitera des questions financières, bancaires, commerciales, industrielles et agricoles. Ses membres seront les "Juges ". Il n'est pas inutile de rappeler ici notre précédent chapitre sur les "Conciles secrets" qui se réunissent périodiquement dans des villes différentes. On trouvera sans doute dans la réunion Bilderbergers de 1965 des noms bien connus, mais en se souvenant que les maîtres du jeu se nomment Rotschild, Rockfeller, Warbourg, Sulzberger, etc...


2. - Le Conseil des États.

C'est le fédéralisme européen. Le Pacte synarchique ne dira pas autre chose ni plus tard encore le Comte de Coudenhove-Kalergi, ni le président de Gaulle et M. Adenauher qui veulent fédérer les États ou leurs gouvernements. Ce que l'on doit ici retenir c'est que la construction politique doit suivre l'édification de la Communauté économique.



La vie économique vous donnera la base, mais sur cette base vous devrez élever le Conseil des Etats européens.
(Mission des Souverains - p. 425)


3. - Le Conseil des Églises.

C'est le plus important, c'est le suprême sommet de l'édifice; il comprend deux parties:
- le Conseil visible, ensemble syncrétiste des religions, universités, institutions culturelles,
- et le noyau initiatique supervisant le reste.

Sur le plan mondial, c'est la Théocratie ou Contre-Église. Elle fait l'objet de la seconde partie de cette étude.


LE PACTE SYNARCHIQUE ET LE FÉDÉRALISME

C'est maintenant qu'il nous faut mettre sous les yeux du lecteur les principaux articles du Pacte synarchique qui, répétons-le, se place vers 1935. Mais auparavant, il nous faut montrer, afin qu'on en retire une certitude indispensable par quelques traits antérieurs à cette date, que ce texte procède bien, non seulement d'une tradition ésotérique, mais 'd'une volonté des sociétés secrètes.

Sans doute, il y a fédéralisme et Fédéralisme. Un système fédéral n'a rien en soi de contraire à la raison ni à l'honnêteté; une fédération peut prendre place parmi les régimes les plus justifiés; c'est un instrument juridique légitime susceptible d'ailleurs d'une foule de modalités. Mais le Fédéralisme internation de l' "Ordre kaballistique de la Rose-Croix" et du martinisme exposé par Saint-Yves d'Alveydre n'est que le voile d'une Théocratie, reprise du martinisme classique. C'est de celui-là que la basse-maçonnerie universelle s'est emparée sans que pour autant ses adeptes s'en soient tous aperçus. Le Frère-Maçon Gaston Moch écrivait dans son livre La garantie de la S.D.N. (P. 8 et 10) que la France et ses alliés:



veulent donner au monde une organisation égalitaire, fédéraliste, libertiste.

Dès 1917, dans American Freemason de juin-juillet (p. 304) le Frère-Maçon Morcombe disait:

Ce ne sera pas la grande Mittel-Europa qui donnera l'inspiration et l'exemple du plan démocratique des peuples, des États-Unis du monde, de la Fédération Mondiale prédite par le poète lauréat du règne de Victoria; elle sera établie sur la large base des volontés et des consciences des nations.

La Mittel-Europa dont parle le Frère-Maçon Morcombe c'était la politique des Hohenzollern déchus à laquelle on substituera la politique du Rideau de Fer, une des plus déchirantes du drame mondial. Car le Frère-Maçon Morcombe n'était pas un petit maçon... Pour le reste de sa citation, nous noterons qu'il entendait bien lui aussi, mais à l'échelle mondiale, ce singulier fédéralisme synarchique repris par Coudenhove-Kalergi.

Ce n'est pas par hasard, en effet, qu'en 1927 le Collège libre des Sciences sociales à Paris donnait sur le fédéralisme une suite de cours-conférences professés par le Frère-Maçon Nitti, ancien président du Conseil des ministres italiens, et par Milioukov, martiniste notoire et agissant à la cour de Russie, ancien ministre des Affaires étrangères, ouvrier de la chute du Czar, de la révolution de mars 1917 et, par surcroît, ami de Jacob Schiff, financier de ladite Révolution bolchevique. Papus avait raison, la haute finance et la haute maçonnerie se donnent la main, nous ne cesserons de le dire et de le prouver.

Ces conférences avaient pour couverture l'innocente présidence d'Hennessy, ambassadeur de France à Berne; la courtoisie diplomatique ne perd pas ses droits, M. de Coudenhove-Kalergi sait l'observer. Ce qui ne l'a pas empêché, dans une conférence à l'Académie des Sciences morales et politiques le 15 avril 1960, de ressasser devant un auditoire savant, dont on ne nous dit pas s'il a souri ou protesté, les élucubrations historiques de Saint-Yves d'Alveydre - sans le nommer - en un véritable plagiat. Il n'est donc pas sans connaître et l'occultisme de Fabre d'Olivet et la "Théocratie" martiniste, car nous ne voulons pas le prendre pour un niais. Il sait certainement ce qu'il avance quand, reprenant presque textuellement une phrase de Saint-Yves, il dit:
La chute de l'Empire des Papes a permis la naissance de l'idée d'une fédération européenne laïque.

C'est du XVe siècle dont il parle, il est vrai, tandis que Saint-Yves parle du XIXe siècle, mais des allusions répétées à Cavour ne nous laissent aucun doute sur son savoir... profond.

D'autre part, déjà en 1934, après l'insurrection du 6 février, un manifeste paru sous la direction de Jules Romains faisait pressentir le contenu du Pacte synarchique. C'était le "Plan du 9 juillet 1934" dont certains signataires se trouvent aujourd'hui mêlés à la politique.

Le Pacte, lui, se pose et reste comme la charte, le guide dont on s'inspire au gré des circonstances pour arriver à un but soustrait par les hautes sociétés secrètes aux vicissitudes de l'activité politique; en voici les principaux articles:

Article 581:
Dans ce sens, l'Empire synarchique français est voulu par nous comme le facteur primordial de l'Union Fédérative de l'Europe.

Article 582:
L'Union européenne doit sortir tôt ou tard d'un juste équilibre et d'une conjugaison synarchique des poussées impériales:
-française, britannique, romaine, germanique et slave, en jeu dans l'Europe actuelle.

Article 586:
L'Empire synarchique français est d'ores et déjà voulu par nous comme le promoteur de la Pan-Eurafrique,
-la future union fédérative des peuples, des états et des nations libérés de l'Europe et de l'Afrique.

Article 588:
La Pan-Eurafrique doit être le cadre grandiose de la civilisation occidentale rénovée et magnifiée, -le champ commun de son exaltation culturelle et de sa volonté de puissance.
-l'idéal médiateur de la paix occidentale.



DIFFICULTÉS

Ici, mentionnons un événement historique considérable: Hitler, le nazisme, l'Allemagne hitlérienne, la guerre de 1940. Coup d'arrêt, non pas fortuit dans l'application du programme, mais opposition classique des sociétés secrètes nationales et antijuives au groupe judéo-anglo-saxon dans la grande synarchie, jugée hégémonique: c'est la guerre. Mais les oppositions de groupe n'enlèvent rien à une unité supérieure.

Ce qui nous occupe présentement, ce sont les contradictions internes du plan synarchique en ce qui concerne le découpage de la planète. Elles sont à la base des guerres froides. Parlons des thèses: États-Unis d'Europe et Fédéralisme européen.


ÉTATS-UNIS D'EUROPE ET FÉDÉRALISME EUROPÉEN

D'une façon générale, la thèse États-Unis d'Europe se rapporte à un seul et unique gouvernement étendant son pouvoir sur toutes les nations européennes transformées en grandes provinces.

Le Fédéralisme européen en tient généralement pour un gouvernement qui ne serait que l'émanation des gouvernements divers de chaque nation subsistant avec une constitution propre. Il aurait des pouvoirs plus restreints selon des modalités diverses: Europe des patries. Europe des nations. Le Général de Gaulle a émis sur ce point des opinions impériales où la manœuvre diplomatique a sa part évidemment et qui ont, comme on sait, la vertu de provoquer des remous dont les ondes traversent l'Océan.

Précisément cette divergence n'est pas d'origine spécifiquement européenne. La thèse États-Unis d'Europe est d'origine américaine. Si l'on voit là-bas, comme partout ailleurs, le Gouvernement mondial sous la forme d'une fédération de cinq (ou huit, ou quinze) divisions du monde, on conçoit l'organisation interne de chacune d'elles à l'image des États-Unis et parfois avec le secret espoir de voir ceux-ci garder leur prépondérance au milieu du globalisme universel.

Chose très importante: LA DIVERGENCE N'EST PAS NOUVELLE; elle ne nous est pas contemporaine comme on le croit. Elle se manifeste à l'origine même de la Synarchie moderne au sein des hautes instances secrètes.

Écoutons sur ce point Saint-Yves d'Alveydre:

Les États-Unis d'Europe sont-ils ce desideratum? Pour les américains: Oui. Pour les Européens: Non. Ce serait une singulière méthode de conciliation que de proposer aux souverains cette abdication qui du reste n'avancerait pas la question. Les États-généraux d'Europe synarchiquement constitués répondent seuls au desideratum qui nous est posé.

La loi sociale dont ils sont la forme appartient à la révélation, au livre saint de toutes les églises du monde comme à la Science historique pure et simple.
(Jeanne d'Arc victorieuse - p. 8 -1890)


Ainsi, la divergence prend date. On la saisit sur le vif à son origine. Notons par surcroît la référence à la révélation, c'est-à-dire à une tradition ésotérique ou à quelques sacristains de la Théurgie... Une fois de plus...

Quarante ans après nous constatons la même divergence.

Voici un texte très important à plusieurs points de vue. C'est une page de Kadmi-Cohen tirée de son livre: L'abomination américaine (1930). Nous ajouterons ensuite les commentaires indispensables car c'est un TEXTE-CLEF (2):

Les États-Unis d'Europe sont une création prématurée venant au monde sous le coup de fouet américain, sous la menace de la vassalité yankee; ils ne seraient guère viables. Il suffirait que l'étreinte se desserrât pour que des luttes intestines reprissent. Il faut penser non pas aux États-Unis mais à la Fédération des pays européens.

Union politique? Non, mais action économique concertée. Entre qui? Comment commencer? Mille questions qu'il faut aborder à la fois, qu'il faut résoudre simultanément.

Il faut quelqu'un qui prenne l'initiative: UN HOMME D'TAT INSPIRÉ sans être illuminé qui croie à une mission supérieure à lui dévolue et une nation assez puissante, assez libre dans ses mouvements, assez généreuse dans ses inspirations, assez pondérée et assez équilibrée dans son esprit, assez calme et assez confiante dans ses forces pour rallier â elle le troupeau des nations européennes.

L'Angleterre ne peut assumer ce rôle...

L'Angleterre, quelles que soient les déclarations officielles de ses successifs représentants, soutient au fond de son cœur la constitution du bloc européen et se réserve d'y adhérer à la dernière minute. Elle n'y collabore pas ouvertement, directement, activement.

LA FRANCE PEUT LE FAIRE. Elle a commencé déjà. Son œcuménisme s'est traduit dans la politique de paix de Briand (3).
(pp. 265 à 267)


Voici maintenant, en sens contraire, l'article d'un auteur américain Clarence Streit; on le tient aux États-Unis pour une sorte de théoricien autorisé du mondialisme. On y verra que Clarence Streit ne propose rien de moins qu'une fédération atlantique (et non pas une Europe fédérale indépendante) calquée sur celle des États-Unis, proposition qui serait débattue par des délégués des diverses nations, en dehors de leurs propres gouvernements... On y décèlera, in fine, le panaméricanisme latent qui suscitait la déjà lointaine opposition de Saint-Yves d'Alyeydre et suscite aujourd'hui celle du Général de Gaulle. Voyons donc comment Clarence Streit propose une conférence pan-atlantique:

La "conférence extraordinaire" envisagée se situerait à peu près à mi-chemin d'une réunion diplomatique et d'un congrès non officiel. Les délégués seraient nommés officiellement. Ils ne seraient pas toutefois comme des diplomates, aux ordres de leur gouvernement, mais bien libres de parler et de voter, conformément à leur expérience individuelle et à leur conscience. Le but à
atteindre est que les délégués ne votent pas par blocs nationaux, mais que chaque idée soumise à la conférence puisse compter des partisans dans les diverses délégations. Au lieu de la division habituelle par nation, la
conférence pourrait amener une division des délégués entre les thèses fonctionnaliste et fédéraliste..........
"Toujours réaliste, cette solution éviterait l'égalité fictive d'une conférence diplomatique dans laquelle le vote
unique assigné à chaque délégation équivaut à donner à un citoyen portugais le même poids qu'à quatre citoyen français et à un citoyen anglais la valeur de trois citoyens américains. Le nombre des délégués de chaque pays serait proportionnel grosso modo au chiffre de sa population. et le vote serait à la majorité simple, toutes les précautions ayant été prises cependant pour éviter
la domination des petits pays par les plus grands.

Aux sceptiques, nous répondrons que cette procédure a déjà obtenu de remarquables succès. Elle est
conforme au modèle de la convention fédérale qui se réunit à Philadelphie en 1787. Son résultat fut la rédaction puis l'adoption par les treize Etats souverains d'une Constitution qui, en dépit de ses imperfections, remplaça leur alliance par une union fédérale et amena les États-Unis à leur forme présente. On doit reconnal1re que le succès de cette convention fédérale de 1787 est dû en
grande partie au fait que les délégués, bien que nommés officiellement, agissaient sans directives de leur gouvernement et étaient libres de voter selon leur conscience.

Mais, dira-t-on, ceux qui ont l'habitude du pouvoir et qui
sont accoutumés à diriger eux-mêmes leur politique regarderaient d'un mauvais œil l'idée de nommer à une conférence des délégués libres d'agir individuellement. Sans doute ce sacrifice demande aux hommes d'état une certaine largeur d'esprit. Mais ne vaut-il pas la peine d'être fait devant un problème exceptionnel que les méthodes ordinaires n'ont jamais pu résoudre?

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Cette conférence étant calquée sur celle qui créa leur propre Constitution, les Américains prévoient qu'elle recommanderait la création d'une union fédérale atlantique et qu'il leur serait difficile de la répudier sans répudier en même temps le chapitre de leur
histoire dont ils sont le plus fiers. Aussi n'est-il pas surprenant que les hommes au pouvoir dans le plus puissant pays démocratique, au moment où ils
s'apercevaient qu'ils risquaient de perdre personnellement bien plus de pouvoirs
que leurs collègues d'autres pays aient hésité si longtemps à prendre la route de l'union de l'Atlantique.
"À partir du moment où le Congrès américain
prendrait la décision dc'inviter les autres démocraties à explorer ~ 'dvenir de la fédération atlantique par le moyen de cette conférence extraordinaire. il serait tragique de voir les pays invités ne pas comprendre la signification
profonde de cette offre et ne pas apprécier les énormes avantages de cette manière nouvelle d'essayer de résoudre le problème fondamental qui se pose aux
nations occidentales.

(Le Monde - 4 sentembre 1959.)


En sens contraire, Coudenhove-Kalergi n'a pas varié, malgré, en 1955, quelques hésitations provoquées par les circonstances.

On ne s'entend pas toujours, assurément, dans la maison, mais le Frère-Maçon René Guénon nous dirait à juste titre que les différends font partie du système de balanciers qui font progresser l'ensemble vers le but final.


PAN-EURAFRIQUE OU ÉTATS-UNIS D'EUROPE?

Le complexe Pan-Eurafrique est, depuis 1935, le rêve des synarques classiques européens. Référons-nous au Pacte synarchique article no. 592; on y voit parmi les cinq divisions du monde:
- la société mineure des nations britanniques,
- la société mineure des nations pan-eurafricaines.


La Pan-Eurafrique signifie que l'Europe unifiée exploitera le territoire africain en accord avec les "nations ... libérées d'Afrique" (Pacte syn. art. no. 585), toutes unies dans une vaste confédération. Les "nations libérées d'Afrique"? Y compris l'Algérie? Oui et nous espérons que le lecteur aura compris puisque c'est fait. Actuellement l'Afrique compte trente-huit états indépendants. On aura également compris que, depuis cette libération africaine, le problème n'est pas un mince sujet de difficultés, non seulement sur le forum mais dans le réduit des Hautes Sociétés secrètes qui ont maintenant à compter avec les moyens à mettre en œuvre et surtout avec de féroces compétitions où les ambitions américaines, soviétiques et même chinoises ont joué à plein.

Quant au Commonwealth, il était réservé, mis à part par le texte du Pacte synarchique. Coudenhove-Kalergi dira lui-même qu'au départ (1935) les plans tirés étaient favorables à l'Angleterre.

... Telle est la thèse eurafricaine. Elle a, pour le moment, subi un retentissant échec dans les faits.

Mais la thèse États-Unis d'Europe, soutenue par l'Amérique, postule en sens contraire:
- l'appartenance du Canada à la Pan-Amérique et
- l'indépendance de l'Afrique du Sud pour faire de l'Afrique un continent séparé, convoité par l'économie américaine menacée par l'existence des possessions eurasiennes de l'U.R.S.S. et la Pan-Asie (où, il faut le dire, les U.S.A. n'ont pas bonne presse). Une lettre d'Edgard Hoover à Curtiss en 1957 révèle ce problème; on en lira des extraits à notre chapitre sur le Général de Gaulle.


Pour l'Angleterre donc, son adhésion pure et simple à des États-Unis d'Europe pourrait être la mort du Commonwealth. C'est pourquoi on constatait il y a quelques années, de l'autre côté de la Manche, une majorité de fédéralistes plutôt favorables aux cinq propositions du Pacte synarchique.

Devant ces problèmes, la crise est ouverte. L'Afrique du Sud est en sécession et les États-Unis y jouent leur jeu. Qui gagnera finalement?


LA CRISE

Tout dépend donc de la construction de l'Europe avec ou sans l'Angleterre.
Nous pourrions par une série de textes remontant à une dizaine d'années montrer le développement de cette affaire et ses conséquences possibles. Mais, bien que nous nous proposions ici de faire œuvre de documentation, la brièveté de cette étude ne nous permettra que de les signaler au passage.

On a donc d'abord, très régulièrement, et sans l'Angleterre abordé la construction de l'Europe en commençant, selon la règle donnée par Saint-Yves d'Alveydre, par l'organisation économique. Nous sommes en 1951. Voici une déclaration strictement synarchique faite au Conseil de l'Europe des Six à Strasbourg, le 6 mars 1953, par H. Heinrich von Brentano, ministre de Bonn.

La mission reçue des six ministres des Affaires étrangères et l'acceptation d'une tâche que nous conduisons maintenant à sa fin provisoire constituent une sorte de révolution silencieuse; l'opinion publique s'est bien aperçue de ce travail sans toutefois en saisir la portée.


Révolution silencieuse? Le pacte synarchique dit: révolution invisible. Fin provisoire? Le pacte dit:
période préparatoire nécessitant une action
secrète menée avec une inflexible patience.

La mise en œuvre de ce plan européen n'allait que faire grandir les difficultés au sein du système synarchique général tel qu'il est exposé dans ce présent chapitre et au chapitre Les cinq divisions du Monde.

En effet, en 1955, devant ces difficultés, Coudenhove-Kalergi ne voyait d'autre solution que la reprise du plan Reynaud au moment de l'invasion allemande (4), mais du plan Reynaud élargi: intégration de l'Europe dans un Commonwealth... anglo-européen. Tout l'article de Coudenhove-Kalergi dans le Figaro du 10 mars 1955 serait à citer.
Huit ans de déception nous ont appris la triste vérité qu'une Fédérationeuropéenne n'est possible ni avec l'Angleterre ni sans elle.

Coudenhove-Kalergi brandit alors l'épouvantail de l'Allemagne glissant vers la Russie. Or, affirmons-le une fois de plus, en 1955 et même en 1957, la Russie soviétique était parfaitement incapable de tenir si la Haute Maçonnerie Universelle, usant des puissances anglo-saxonnes et de l'intoxication du public, n'avait considéré le Rideau de Fer comme intangible et fait passer la supériorité soviétique pour une réalité. L'affaire de Suez a été arrêtée, non par les menaces russes mais par les États-Unis. Exactement la même politique qu'en Orient vis-à-vis de Tchang Kaï Cheik au profit du communisme chinois.

Ce que Coudenhove-Kalergi ne disait pas en 1955, c'est qu'en réalité l'Angleterre considérée avec son Commonwealth par le pacte synarchique de 1935 comme une des cinq divisions du monde, glissait de plus en plus, après la perte des Indes, vers les États-Unis. Son intégration dans une Fédération européenne aurait donc permis à ceux-ci un leadership s'étendant du Pacifique au delà de l'Oural à moins que, délestée du Commonwealth, l'Angleterre ne fût intégrée toute nue dans le Fédéralisme européen, délivré de la tutelle américaine. Telles étaient les données du problème. Coudenhove-Kalergi pensait alors le résoudre en intégrant l'Europe dans un Commonwealth anglo-européen indépendant des États- Unis.

Mais en 1960, depuis deux ans, le Général de Gaulle est au pouvoir, c'est-à-dire, financièrement le groupe Rotschild, idéologiquement le Pacte synarchique.

Cette double considération ne doit pas être sous-estimée si l'on songe que depuis la fin de la guerre le "Big Business" américain, grâce aux accords de Dumbarton-Oak, jouait la carte maîtresse en France et en Europe. On a donc vu là, sans doute avec beaucoup de raison, un redressement de la situation des Rotschild, mais nous ajouterons un redressement à l'intérieur du système qui ne supprime pas pour autant les contradictions de celui-ci.

Quoi qu'il en soit, en juillet 1960, de Gaulle doit faire une tournée en Normandie. C'est l'heure des discours. Coudenhove-Kalergi, remis de ses tracas, prie le Général, dans une lettre ouverte, d'annoncer enfin un sérieux démarrage de l'Europe politique:

Après dix ans d'attente, l'heure de l'Europe a sonné: l'heure du référendum européen. Le destin nous offre une chance unique et inouïe; il a placé à la tête de la France et de l'Allemagne (5) deux grands européens désireux et capables de réaliser l'unité de notre continent.

(Le Figaro - 5 juillet 1960)


Dans sa lettre qu'il faut lire, Coudenhove relançait le Fédéralisme européen. Ceux qui voudront bien se reporter à la collection du Figaro verront que dans ses discours normands le Général fit prévoir en effet la mise en œuvre du programme... mais l'Algérie n'était pas liquidée. Coudenhove fut reçu à l'Elysée.
À l'issue de cette audience Coudenhove-Kalergi donnait, dans le Figaro du 26 septembre 1960 en page trois, un grand article titré: «Le Plan de Gaulle pour une Confédération». C'était l'Europe des patries et des États dans la patrie européenne.

Aussi longtemps que de Gaulle conduira les destinées de la France, il n'y aura pas d'unification européenne sans lui ou contre lui. Nous sommes placés devant l'alternative d'édifier la confédération européenne avec de Gaulle ou bien de renoncer pour un temps plus ou moins long à toute unification politique de l'Europe... Le destin même de l'Europe se joue sur l'acceptation ou le refus de l'initiative de de Gaulle.

N'allons pas si facilement sacrer grand homme le Général! À la lecture de ce texte du Grand-Prêtre synarchiste, jugeons plutôt des forces qui jouent derrière «l'homme du destin» et de la menace qu'elles contiennent sans, pour autant, prendre parti pour celles d'en face.

C'en est assez pour arriver à la fameuse conférence de Presse du mois de janvier 1963 excluant l'Angleterre du Marché Commun.

Cette conférence a été faite en accord avec Coudenhove-Kalergi. L'article du Figaro du 12 décembre 1962 nous fournit plus d'une raison de croire que des tractations avaient eu lieu qui faisaient pressentir l'échec de l'intégration de l'Angleterre à l'Europe pour des raisons économiques (et politiques) qui, à notre avis, n'ont jamais varié.

La conférence de presse du 14 janvier n'a été, à travers le cas de l'Angleterre, que la manifestation publique de la traditionnelle opposition et le coup d'éclat qui l'a fait entrer dans une phase plus aigüe. Les réactions exprimées au sein de l'Europe des six n'ont eu qu'une importance secondaire auprès de celles des États-Unis. L'opinion de l'Intelligentsia New-Yorkaise ne tarda pas en effet à se faire connaître par le discours du trop fameux Dean Acheson à l'Université de Berkeley (Le Figaro - 14 mars 1963) et par la réaction du Président Kennedy, travaillant à resserrer les liens avec Moscou tout au long de l'année. Cette réaction rendue plus efficace par la retraite d'Adenauer qui lui permettait de replacer l'Allemagne dans son propre jeu rencontra l'appui d'Erhard. Elle put inquiéter certains de part et d'autre de l'Océan jusqu'au jour où Kennedy fut assassiné. Mais, lui disparu, il n'en reste pas moins que l'Europe du Fédéralisme demeure encore en échec devant un leadership américain lui-même de plus en plus discuté (6).

Nous n'aurons pas la témérité de prédire le terme ni la nature des événements qui pourraient amener un compromis ou briser l'Occident. En pareille matière, la liberté et les passions humaines font durer ou précipiter les choses. D'un côté, l'assurance de Condenhove-Kalergi que l'Europe ne se fera ni sans de Gaulle ni contre lui, de l'autre, les prétentions new-yorkaises à l'intégration européenne assorties de convoitises sur une partie du Commonwealth peuvent s'opposer brutalement. Tout est possible en fait de surprises ou de conflits: l'U.R.S.S. intervenant ou l'Allemagne basculant du côté soviétique à la recherche de ses territoires perdus. Ces problèmes portent en eux les éléments du coup de force et de la violence. Mais, quelle que soit la forme d'unité qu'on adopterait, l'Europe qui se prépare est celle de la Contre-Église. Sur ce point l'avis du Frère-Maçon Y. Marsaudon, membre du Suprême Conseil de France (maçonnerie du Rite écossais) dans son ouvrage: "L'Oecuménisme vu par un franc-maçon de tradition" (1964), doit nous en convaincre:
NOUS POUVONS AFFIRMER QUE L'EUROPE MAÇONNIQUE, ELLE, SE FAIT...

Nous croyons en cela le Frère-Maçon Marsaudon. Oui, par l'une ou l'autre voie, elle se fait. Ce que la formule européenne du Général de Gaulle a certainement de plus raisonnable, non pas absolument, mais par rapport aux volontés intégrationnistes de l' American Establishment", est corrompu par son synarchisme, par ses appels à l'alliance soviétique visant à dissocier l'axe Moscou-New-York.

Tout cela prouve qu'aucune des deux voies n'est la vraie.
Et ici nous ne partageons pas les certitudes du Frère-Maçon Marsaudon car l'Europe ne sera jamais ce qu'elle peut et doit être si on veut en faire un consortium des seuls intérêts économiques toujours en concurrence ou, politiquement, une république mineure sous l'Imperium Mondial de la Contre-Église. Dans les deux cas son inexistence est assurée. Ses vieilles nations, en effet, irréductibles à une confusion que repousse leur séculaire enracinement dans la terre et dans les âmes, ne retrouveront leur unité que sur d'autres plans. L'Europe, c'est "cet ensemble de valeurs spirituelles et civiles que l'Occident a accumulées en puisant aux sources de chacune des nations qui la composent" (Pie XII) et qui, "communes et diversifiées, correspondent chez les peuples lointains à des besoins qui requièrent, appellent, commandent son unité rayonnante" et missionnaire. Il y eut toutefois une Europe qui n'était ni un seul état ni une fédération: c'était la Chrétienté, la "République Chrétienne". Les structures du passé abolies, il reste que "la foi catholique peut être un coefficient d'une valeur incomparable pour conférer une vitalité spirituelle à la culture fondamentale unitaire qui devrait constituer l'animation d'une Europe unifiée socialement et politiquement (Paul VI).


Notes:

(2) Kadmi-Cohen emprisonné par la Gestapo durant la guerre fut mis en liberté sur l'intervention du Maréchal Pétain avec l'aide du Nonce apostolique Mgr Valerio Va1eri. Il avait, parait-il, conçu un plan pour sauver les Juifs de France en les évacuant vers la Palestine. Le cabinet du Maréchal et la Nonciature avaient pourvu aux moyens financiers. Une maladresse (?) radiophonique de Londres fit découvrir ce plan, Kadmi-Cohen et son groupe furent arrêtés après l'occupation de Vichy par les Allemands et périrent à Dachau. Sa femme et ses enfants furent sauvés par un couvent. Ses fils sont parait-il aujourd'hui catholiques.

(3) Ce passage de Kadmi-Cohen appelle les réflexions suivantes:

1° - Il montre la filiation du fédéralisme synarchique actuel: Saint-Yves, Briand, le Pacte synarchique, Coudenhove-Kalergi, le Général de Gaulle.

2° - Il éclaire la continuité d'opposition doctrinale si l'on peut dire entre les "hautes autorités" américaines et européennes, mais cette opposition s'explique par des difficultés positives qu'il faudra résoudre.

A) - Souvenons-nous de la déclaration de Grant sur le choix des États-Unis comme nation-guide. Elle a eu lieu à l'époque où A. Pike, avec le Palladisme, avait réuni en un faisceau de nombreuses puissances maçonniques et où les hautes sociétés secrètes comme l'Hermetic Brotherhood of Light et les B'nai Brith fondaient sur les États-Unis la puissance matérielle exécutrice du plan synarchique mondial. Effectivement cet État joue son rôle mais, dans ce genre de travail, l'impérialisme national n'est admis que dans la mesure où il concourt au plan universel. Les États-Unis doivent penser au sort de Guillaume II et d'Hitler.

B) - Il est évident que la Pan-Amérique ne peut se concevoir synarchiquement sans le Canada, ce qui implique son détachement de l'Angleterre.

C) - Il est moins évident mais cependant important de considérer que l'Afrique composant, avec l'Europe, l’ "Eurafrique serait un coup très dur pour l'économie américaine et qu'il lui conviendrait mieux de voir une Afrique libre lui laissant la possibilité d'investir dans ce continent. D'où la déclaration de Walter Lipmann sur l'indépendance de l'Afrique du Sud du Commonwealth.
(Le Figaro - 23 mars 1962)

3° - Il souligne les raisons pour lesquelles l'Angleterre trouve difficilement un moyen d'agrégation avec l'Europe. Son Commonwealth n'est ni l'Europe, ni l'Eurafrique, et ferait d'elle la puissance arbitre de cette Europe en même temps que la Pan-Amérique serait amputée d'une partie de son territoire naturel: le Canada.

4° - Il jette un jour particulier sur le rôle primordial de la France dans les réalisations synarchiques en Europe et sur l'homme "inspiré", le Général de Gaulle, que Churchill avait appelé "l'homme du destin".


(4) Projet de fusion France-Angleterre. On se serait cru revenu au temps de Jeanne d'Arc! Nous avons attendu, pour être plus sûrs, les précisions de Raynaud lui-même affirmant la collaboration très active du Général de Gaulle dans cette affaire. C'est maintenant chose faite. On lira ces précisions dans le Figaro du 11 juin 1963.


(5) De Gaulle et Adenauer.


(6) C'est ce que constatait Coudenhove-Kalergi dans un article du Courrier industriel de Dusseldorf sur la dégradation des rapports franco-allemands:

... Il y a malheureusement, disait-il, des Européens d'Allemagne qui n'ont pas compris encore que seuls les Européens de France peuvent se permettre d'être gaullistes ou antigaullistes. De Gaulle n'est pas seulement un chef d'Etat, il est aussi le représentant de la nation française... Il est impossible actuellement en Allemagne de taire une politique pro-française et antigaulliste.

Il va de soi que les Européens allemands peuvent critiquer les propositions de de Gaulle, au même titre qu'ils critiquent celles d'Erhard. Les buts de la "Paneurope" ne sont pas non plus identiques à ceux de de Gaulle.

Nous sommes pour la fédération des États européens; nous trouvons nécessaire la participation de l'Angleterre sous une forme quelconque et nous rejetons l'Europe "de l'Atlantique à l'Oural". Depuis 42 ans, "nous n'avons pas varié, quels qu'aient été les régimes et indépendamment de leurs gouvernants...

(Le Figaro - 15 septembre 1964.)

vendredi, août 15, 2008

DROIT DES PEUPLES À

L’AUTODÉTERMINATION


Ce mot n'a pas été choisi au hasard.

Jeté sur le forum depuis un demi siècle il signifie pour les naïfs le trop fameux droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Mais pour les promoteurs du système synarchiste c'est le paravent de la dictature obtenue par révolution visible ou invisible, toujours dirigée.

Oui, oui, dira-t-on, instruit enfin par des expériences retentissantes!... Mais cette découverte une fois faite, on accusera tel homme politique ou tel parti et l'on s'en tiendra là.

Autre naïveté qui laisse dans l'ombre, comme toujours, les vrais auteurs prêts à duper encore un public toujours berné.

Cette autodétermination cache un principe de gouvernement dictatorial reposant sur deux sentiments: le mépris de l'espèce humaine, une hypocrite cruauté. Voici, par exemple la pensée martiniste:

Le premier degré de la souveraineté des peuples, c'est leur impuissance ou leur servitude. Aussi disons-nous donc hautement ce qui n'a peut-être encore jamais été entendu des hommes: Quand est-ce que les peuples sont souverains dans toute l'étendue que ce terme comporte, qui seul doit les rendre si respectables? C'est quand ils sont mis à l'œuvre pour l'accomplissement des décrets de la Providence... C'est quand ils sont élevés par là jusqu'à une puissance qui soit au-dessus d'eux et qui les lie non plus à l'empire de leur volonté, mais à
l'empire de la Science... comme étant plus fixe et plus clairvoyante que la leur.

(Claude de Saint-Martin - L'association humaine 1797)

La Providence, pour le martinisme, a son culte dans la Théocratie. Celle-ci d'après Saint-Martin et la Synarchie, constitue la véritable autorité totalitaire et n'a rien à voir avec le Dieu des chrétiens.
Quant à la science, c'est celle des initiés tout aussi bien que des techniques diverses.

Voici un texte de Wilson qui semble avoir été le premier à introduire le terme d'Autodétermination dans le langage courant de la politique.

Self-détermination is not mere phrase. It is an imperative principle of action which statemen will henceforth ignore at their peril.
Ce qui se traduit par:

L'Autodétermination n'est pas un vain mot. C'est un principe IMPÉRATIF d'action que les hommes d'état ignoreront désormais à leur détriment).

C'est ainsi que le Frère-Maçon Woodrow Wilson s'est exprimé devant le Congrès des États-Unis le 11 février 1918, en réponse à une déclaration de l'Allemagne et de l'Autriche sur les conditions de paix (Cité par Othon Guerlac, professeur à la Cornell University - Ithaca New-York et reproduit dans Citations françaises, p. 255, chez Armand Colin - Paris 1933). Le sort de Diem au Vietnam, illustre ce principe impératif. En cherchant autour de nous dans un passé récent on trouverait d'autres applications de ce principe sans doute soufflé au Frère-Maçon Wilson par son Maître de la Sagesse le Colonel House qui prédisait si bien le sort de Ferdinand d'Autriche.

C'est au surplus le principe de la "Libre détermination" qu'ont invoqué à l'unanimité les loges de Genève en 1920 pour revendiquer l'indépendance de l'Égypte (Neues Winthertur Tageblatt - 25/5/1920).

Ajoutons ceci du Pacte synarchique:

La Révolution n'est pas une plaisanterie, mais l'action implacable régie par une loi de fer. (Avertissement)

Nous ne ferons pas de commentaire. On voudra bien se souvenir de la Hongrie, du Congo...

Plus près de nous, un exemple: le référendum en Algérie après les accords d'Évian. Comptez les morts, non seulement avant mais après.

Voilà comment on autodétermine un peuple.

LES COLONIES ET

L'ANTICOLONIALISME


L'Anticolonialisme n'a pas pour contraire le Colonialisme, doctrine imaginaire, mais les Colonies qui sont - ou plutôt étaient - un ensemble de faits justifiables, justifiés même malgré les abus qu'ont pu commettre les colonisateurs en n'apportant pas dans toute la mesure du possible aux colonisés le bienfait essentiel de la religion catholique. Les missionnaires ont fait ce qu'ils ont pu. Et ils font beaucoup. Là d'où ils sont obligés de partir par le fait de l'Anticolonialisme on appréciera sous peu les résultats. La Colonisation a donc dans son principe et dans son ensemble une légitimité qu'a renforcée l'apport des progrès matériels dont les peuples ont largement profité.


La Colonisation, pour être pleinement légitime, entraîne des devoirs de la part du colonisateur comme du colonisé. Le premier et le plus important pour une nation catholique est d'apporter la Foi aux peuples qui ne l'ont pas. Ensuite doivent venir les bienfaits d'une civilisation qui ne froisse ni les mœurs ni les traditions nationales.

Nous soutiendrons toujours que l'Anticolonialisme a présentement pour premier principe l'hostilité au catholicisme romain. Ceci se prouve par les faits et nous pourrions aussi citer tel Rose-Croix du XVIIe siècle qui nous donnerait là-dessus une excellente confirmation. Il n'a donc pas été inventé par les Soviets qui n'existaient pas encore.

Mais la décolonisation est aussi une entreprise de gangsters avides d'investir des capitaux sur des territoires libérés de leurs anciens occupants par les communistes. Les uns et les autres vont ensemble. Il ne faut tout de même pas oublier qu'un individu comme Otto Kahn par exemple, reconnu en 1917 avec Schiff, Kuhn, Loeb et le syndicat rhéno-westphalien comme financier de la Révolution russe, écrivait ceci peu après:

Une des richesses de la France qu'on n'apprécie pas à sa valeur c'est son grand empire colonial.

Et parlant de notre œuvre en Algérie et en Tunisie, il ajoutait:

Elles offrent, de même que d'autres colonies françaises, un champ d'action très avantageux pour une collaboration financière et commerciale entre les Français et les Américains, collaboration qui serait accueillie cordialement par les Français.

(Les É.U. et les grands problèmes financiers, p. p. 289-290)


... La perte de nos colonies africaines est jalonnée par les œuvres d'un Irving Brown mandaté par le C.F.R., ses patrons et complices. en compagnie de feue Madame Eleanor Roosevelt, soutenant là-bas les mouvements révolutionnaires au nom de l'"Universelle Intelligence"... et du coffre-fort.

N'oublions pas non plus le groupe Rotschild dans les sables du Sahara, en Tunisie et au Maroc.

La condamnation des colonies a été portée à la fin du siècle dernier, au cours de cette époque postérieure à 1880 pendant laquelle s'opéra le mystérieux regroupement des maçonneries sous l'impulsion des plus hautes sociétés secrètes, quand certaines autorités financières d'Israël préconisaient la mainmise sur l'économie mondiale de préférence à l'établissement d'un état juif à Jérusalem, tandis que la France étendait son empire colonial. À ce moment, un initié se fit à la fois le porte-parole et le théoricien de la grande Synarchie. Saint-Yves d'Alveydre écrivait en 1884 à une date où les Soviets n'existaient pas encore:

À travers notre civilisation dévastée, les fruits sanglants de ce fanatisme et de cette politique internationale et coloniale seront foulés au pied comme une vendange abominable.

Derrière l'étrange personnage au style de mauvais goût qui écrivait ces lignes, on voit se profiler les grandes puissances financières et les hautes instances initiatiques de la Contre-Église, visant ensemble à l'emporocratie mondiale. Nous admirons cet acharnement naïf de certains niant que l'Anticolonialisme ait pour auteur la Haute Maçonnerie Universelle. A ce moment, en 1884, les Soviets n'existaient pas. Il est logique qu'ils en usent, mais leur en attribuer la paternité n'est que manière d'en dissimuler les véritables fins:

arrêter l'expansion missionnaire de l'Église, promouvoir celle de la Contre-Église. C'est un moyen d'opportunité.
On devrait se rendre compte de l'absurdité de l'anticolonialisme et de l'hypocrisie de ce moyen en voyant au contraire le colonialisme violent des Soviets en Europe de l'Est, insidieux ailleurs et le colonialisme d'investissement des puissances financières. Il est aussi puéril de nier leur union que de nier la réalité d'une filiation entre les écrits du Kabbaliste Saint-Yves d'Alveydre et le Pacte synarchique d'empire. Ce dernier, on le sait, codifie les règles du mouvement synarchique créé en 1922; retenons bien cette date. Elle constitue un accablant témoignage que la politique imposée aujourd'hui à la France vient d'une puissance supérieure qui n'est pas française.

On lit donc au no. 106 de ce Pacte:

L'ère capitaliste et colonialiste est révolue pour la France.

1922!... Laissons de côté le capitalisme. Mais l'Indochine? la Tunisie? le Maroc? la Guinée? l'Afrique noire? l'Algérie? Ces liquidations ne peuvent laisser aucun doute à des gens intelligents sur la diligente exécution de la consigne.

La liquidation de notre Empire colonial étant maintenant un fait accompli tout commentaire devient superflu. Aussi ne nous reste-t-il plus qu'à citer, par souci de documentation, les passages du Pacte synarchique antérieurs à nos abandons:

C'est le colonialisme, système d'exploitation d'un pays par un autre, que condamne l'ordre synarchique, avec ce qu'il comporte de cruauté et honteuse inhumanité (536).

De toute façon un effort de civilisation direct ou indirect se trouve disqualifié dès qu'apparaît un quelconque caractère soit de spoliation du Peuple, soit d'exploitation des personnes, soit même de discrimination raciste tendant à marquer un peuple d'infériorité ethnique et par conséquent diminuant ou violentant son sentiment de dignité raciale.

Dans tous ces cas la révolte est de strict droit humain
(545-546).

Tout peuple colonisé, protégé ou sous mandat doit être amené le plus rapidement possible à la pleine autonomie fédérative dans le cadre de l'Empire... autonomie définie par la conscience collective atteinte par les peuples (557-558).

L'Empire français ne peut être prospère qu'en formant un seul bloc économique né de l'interdépendance de la métropole et des pays d'Outre-Mer (556). L'Empire Synarchique français est d'ores et déjà voulu par nous comme le Promoteur de la Pan-Eurafrique, la future union fédérative des peuples, des états et des nations libérés de l'Europe et de l'Afririque (586).


Voilà le programme de 1922 suivi d'exécution en 1958, pleinement réalisé quant à la "libération" des colonies en 1962. Mais il est un point sur lequel on ne manque pas de nous aider avec la conviction qu'y mettent toujours les groupes financiers internationaux de la Synarchie:

Tout effort impérial doit s'accompagner de la plus large ouverture des pays étrangers à l'empire. (350)

Ceci veut dire qu'après la décolonisation française d'Algérie, Tunisie, Maroc, par exemple, on se propose de recoloniser avec des capitaux, sous des institutions devenues "libres" afin de s'assurer le bénéfice de l'opération.

L'exploitation en commun du Sahara aidera à comprendre, nous l'espérons, ceux qui ont l'esprit lent.

Si nous avons donné ces textes datant les uns de quatre-vingts ans, les autres de trente, c'est pour qu'à la vue de leur réalisation ne subsiste plus aucun doute sur la conspiration dont la France est la cible principale parce que par son passé, sa nature et sa position elle constitue le principal obstacle au Grand Oeuvre.

DERNIÈRE HEURE

JURE ET FACTO


Mots latins signifiant: de droit et de fait.

Henri IV ne fut roi «de jure et facto» qu’après son entée solonnelle dans Paris.
La Chine communiste ne fut reconnue maître du Tibet qu'après son entrée solonnelle dans le pays.

Pour m’être agréables, les dirigeants communistes chinois viennent à l’instant même de déclarer que le Tibet fait partie de la Chine: «De fait et de droit, et qu’il fallait que la presse et le monde entier respecte ce droit et ce fait.» C’est exactement dans le tour communiste.

Vous lirez plus bas comment les communistes ont développé ce thème pour les pays conquis ou en voie de l’être par eux.

L’occasion était trop belle pour la laisser passer. La jeunesse pense toujours que les événement passés n’ont de liens avec le présent; quelle erreur!

jeudi, août 14, 2008

DERRIÈRE

LE RIDEAU DE FER


Ce drame, l'un des plus pathétiques de la chrétienté, machiné depuis plus d'un siècle, est peut-être le plus typique des forfaits accomplis par les Hautes Sociétés secrètes directement unies aux puissances d'argent. Ici, l'alliance est visible, le lien mis en lumière, la convergence vers le but commun si manifeste, qu'il devient impossible de nier l'étroite union des deux éléments de la Contre-Église, la Haute Loge et la haute finance. Et nous pourrions dire aussi, mais cela n'entre pas dans ce chapitre, que ce drame porte en lui, pour une part, le mystérieux destin d'Israël.

La question dite de "Berlin" et de la République de Pankow (celle des pays satellites) a une telle importance, quelle que soit son évolution à l'heure où seront lues ces pages, qu'il faut en connaître l'origine et le développement.

L'existence du Rideau de Fer se rapporte depuis des temps déjà lointains aux révolutions qui ont abouti à la Russie des Soviets; c'est pourquoi ce bref exposé requiert un ordre chronologique que nous allons suivre. En voici le plan:

1 ̊ - Préparation lointaine en deux étapes, l'une au commencement du XIXe siècle, l'autre vers 1860. C'est le tracé du programme qui se trouve maintenant réalisé.

2̊ - Première réalisation: la Révolution de 1917.

3̊ - Deuxième réalisation: Yalta et le Rideau de Fer.


4̊ - État actuel de la question.


AU TEMPS DE LA SAINTE ALLIANCE...


Le Rideau de Fer n'est ni une invention de Staline, ni, comme on l'a dit, une faiblesse de Roosevelt. La lettre de ce dernier que nous avons reproduite en un précédent chapitre témoigne d'une décision réfléchie de partager l'Europe comme il fut convenu à Yalta entre lui, Staline et Churchill et de l'accomplissement d'un vieux dessein de fédération romane, germanique et slave. Mais c'est plus que cela encore, car la première ébauche de ce partage remonte à une période qui se situe vers 1825.

Nous pourrions esquisser nous-mêmes une histoire de la Franc-Maçonnerie russe à cette époque, mais la chose, nous le savons, parait si étonnante qu'il vaut mieux laisser la parole à un orateur de la Conférence Internationale des Suprêmes Conseils du rite Écossais:

Quand, après 1770, Novikoff fut à sa tête, la Franc-Maçonnerie russe évolua peu à peu vers le mysticisme chrétien. Cette évolution se fit donc sous l'influence de plus en plus grande des Rose-Croix allemands, puis des martinistes et enfin des représentants des Hauts Grades de la Franc-Maçonnerie
suédoise.


L'orateur après avoir rappelé les répressions dont la franc-maçonnerie fut l'objet après la Révolution française puis sa rentrée en grâce auprès d'Alexandre Ier ajoute:

Malheureusement après les guerres contre Napoléon, le libéralisme de l'Empereur (Alexandre) fit place à des idées de réaction. Il fonda la Sainte Alliance et fit partie de la société "Nouvel Israël" et son mysticisme prit un caractère étroit.

La Franc-Maçonnerie russe engagea la lutte contre ces idées. Cette lutte se termina par la tentative révolutionnaire de décembre 1824 (les décembristès) dont presque tous les dirigeants appartenaient à différentes Loges maçonniques russes. L'échec fut complet. La Franc-Maçonnerie fut de nouveau interdite en 1826 et la Russie entra pour de longues années dans une période de réaction violente. Ceux des Frères-Maçons qui avaient échappé à l'exil ou à l'emprisonnement se rassemblaient parfois en secret mais la Maçonnerie cessa d'exister en tant qu'ordre constitué et ne joua plus aucun rôle dans le pays. Toutefois il n'est pas douteux que les idées maçonniques continuèrent, pendant près d'un siècle, à agir sur le milieu russe cultivé.


Remarquons tout d'abord cette expression "pendant près d'un siècle", qui témoigne de l'action des loges jusqu'à la Révolution de 1917. Elle constitue un aveu qui n'est pas négligeable et dont nous aurons l'occasion de vérifier l'exactitude. Mais que s'est-il donc passé vers 1825?

Entre 1817 et 1825 cent quarante-cinq loges au moins, martinistes pour la plupart, abritent, en Russie, les rêves et les conspirations socialistes des intellectuels, de nombreux officiers et d'une partie de la noblesse impériale qui n'excepte même pas les princes les plus en vue, tel un Galitzine. "Les illuminés de ce genre pullulent à Saint Petersbourg et à Moscou" écrit Joseph de Maistre. Mais au temps des répressions, ces Loges changent de peau; elles deviennent l'Alliance du Salut que le Czar Nicolas Ier saura bien réduire à son tour mais sans réussir à empêcher celle-ci de se transformer à nouveau en sociétés ou associations plus secrètes encore, telle l'Union du Sud et plus particulièrement les "Slavoniens unis" issus des loges très actives de Kiev. Tous ses membres étaient de haut grade maçonnique.

Le Catéchisme des Slaves expose les buts de cette redoutable société:
Par une alliance fédérative et un gouvernement républicain mais sans porter préjudice à leur indépendance respective, unir les huit pays slaves dont les noms étaient inscrits sur un sceau à huit compartiments: la Russie, la Pologne, la Bohême, la Moravie, la Dalmatie, la Hongrie avec la Transylvanie, la Serbie avec la Moldavie et la Valachie.
La Russie mise à part, on pourra remarquer les provinces ainsi désignées qui sont aujourd'hui emprisonnées derrière le Rideau de Fer. Nous en dresserons le tableau après l'exposé du plan Bakounine.

En 1847, au Convent international des maçonneries qui se réunit à Strasbourg précédant les révolutions de 1848, l'idée des États-Unis d'Europe fut largement commentée. Déjà on envisageait la formation de trois fédérations européennes: romane, germanique et slave. En 1935, le Pacte synarchique reprendra mot pour mot cette énumération qui d'ailleurs ne représente plus exactement le programme fédéraliste actuel de la Synarchie en Europe.

Nous avons signalé dans notre Introduction l'importance particulière de la période qui s'étend aux environs de l'année 1865. Soulignons-la à nouvpau en mettant en relief une convergence d'évènements qui, éclairant ceux que nous voyons se dérouler aujourd'hui, donnent la clef de situations dont on ne peut comprendre sans eux le mystère profond.

Bakounine, on le sait, fondateur et chef du nihilisme russe fomente partout l'agitation socialiste; le réseau de ses agents ou complices est particulièrement serré non seulement à l'intérieur de l'empire russe, mais aussi sur ses frontières, notamment en Pologne. Avec raison, Hertzen a écrit que les nihilistes russes sont nihilistes en Russie et socialistes ailleurs, et ce Socialisme, par un phénomène propre à l'âme russe, s'identifie à l'extérieur avec leur panslavisme.

On ne s'étonne donc pas de voir, en 1862, Bakounine non seulement reprendre le programme des Slavoniens du Sud, mais l'étendre. Dans une brochure titrée "À mes amis russes et polonais", il déclare:

Les Slaves, les Polonais nous sont nécessaires. Eux-mêmes nous aideront quand l'heure du combat panslaviste sera venue, quand on revendiquera toute la terre slave dans la Prusse orientale, la Bukovine, la Galicie, la Bohême, dans toute l'Autriche et la Turquie... C'est nous les Slaves qui devons ouvrir la voie aux Grands Élus.
Leipzig - 1862
(Cité par Deschamps - Les sociétés secrètes.)

Il convient de faire deux remarques sur ce texte capital:

1 - Avec les provinces citées plus haut dans le Catéchisme des Slaves, celles qu'indique Bakounine complètent à la fois le territoire de la Russie des soviets et celui de tous les pays du Rideau de Fer. Nous allons en dresser le tableau.

2 - Mais le Nihilisme russe n'est plus à cette époque que la branche russe de l'Alliance républicaine universelle dont le Siège, nous l'avons dit, est à New-York, dont le fondateur est précisément Mazzini, le révolutionnaire italien, collaborateur du Frère-Maçon Albert Pike dans l'œuvre de création de la Haute Maçonnerie universelle et cela à la même époque et aux États-Unis où Jacob Schiff, ancien agent de Rotschild en Allemagne, vient, lui aussi, s'installer pour financer de là, les révolutions russes jusqu'à celle de 1917. Il y a vingt ans environ qu'a été fondée, également à New-York, la puissante maçonnerie exclusivement juiv8 des B'nai Brith (1843). Et c'est enfin en 1872 que l'Internationale de Karl Marx vient établir son siège également à New-York.

La révolution, la haute maçonnerie du Palladisme, la haute finance internationale, tout est là, comme à un rendez-vous fixé d'avance à cette même époque, en ce même lieu.

Et l'on songe à la déclaration du président Grant, déjà citée, disant au peuple américain que les États-Unis seraient la nation guide.

Bakounine lui aussi savait à quoi s'en tenir, car la Russie elle, non pas nation-guide, mais peuple-cobaye, aurait pour mission de bouleverser l'Occident.

Nation-guide, peuple-instrument, la première: refuge du Capitalisme et des organes directeurs, le second, réduit en esclavage pour épouvanter le monde de sa puissance aveugle et menaçante afin de le contraindre "par le consentement ou par la conquête" (Warbourg) à se plier un jour, non pas sous le joug du communisme soviétique, mais sous le Gouvernement Mondial des "Grands Elus", c'est-à-dire des Mages de la Haute Maçonnerie universelle.

On songe dès lors aussi à la prophétie de la Salette:

En 1864, les démons décharnés sortiront de l'enfer.

C'était l'année de la première grande réunion du communisme naissant à Martin's Hall à Londres.

Et l'on voit enfin ce qu'il faut penser de l'Ouest libre, de l'Est asservi. Où donc est l'ennemi, la Contre-Église, si ce n'est aussi bien en Occident qu'en Orient?


TABLEAU DES PROVINCES DU RlDEAU DE FER

Logiquement nous devrions le donner après avoir parlé de la Révolution de 1917 et de la conférence de Yalta (1943). Nous le donnons ici, après ces deux documents du XlXe siècle, afin que le lecteur se rende mieux compte que déjà en 1862 la chose étudiée, élaborée, pesée est bien arrêtée. Il n'y a plus que deux guerres à faire pour tout réaliser. Reprenons l'énumération des provinces et l'on a:

1. ROUMANIE formée de la Transylvanie, de la Valachie, de la Moldavie.

2. TCHÉCOSLOVAQUIE formée de la Moravie et de la Bohême.

3. POLOGNE agrandie de la Posnanie ou Poznanie, de la Silésie et d'une partie de la Galicie.

4. HONGRIE.

5. PRUSSE ORIENTALE Allemagne de l'est, capitale PANKOW.

6. RUSSIE DES SOVIETS avec la Bukhovine et une partie de la Galicie (Ukraine).

7. YOUGOSLAVIE avec la Dalmatie et la Serbie - (état communiste en dissidence avec les Soviets).



LA RÉVOLUTION DE 1917

Ue bonne heure, le groupe bancaire Jacob Schiff apporte son appui à une "Intelligentsia" animée par la Franc-Maçonnerie des B'nai Brith. De nombreux ouvrages ont dénombré, nommé, décrit ses membres aux États-Unis. Nous recommandons en particulier les ouvrages d'Ollivier. Mais les B'nai Brith ont semé aussi de nombreuses loges en Angleterre, en Allemagne, en Russie. Avec le Président Théodore Roosevelt, elles suscitent mille obstacles au gouvernement des Czars, soutiennent les mouvements séditieux, contrecarrent la politique extérieure de l'Empire. Ce sont elles et le groupe Jacob Schiff qui aident les révolutionnaires de 1905 et mettent à profit la guerre russo-japonaise pour amener le Czar à des concessions intérieures qui vont favoriser les travaux de sape préparatoires à la grande Révolution.

Nous ferons une remarque avant de passer en revue les éléments moteurs de cette révolution.

En 1916, les paysans russes possédaient 78, 74 % des terres exploitables. La Russie marchait à pas rapides dans la voie du progrès. Au contraire, les Soviets ont fait régresser le mouvement vers les Kolkozes. Il faut voir en eux la cause originaire et directe des crises agricoles.

Trois éléments interviennent dans la préparation et le déclenchement de la révolution rouge en dehors, bien entendu, de la troupe d'agitateurs qui vont prendre le pouvoir. Ces éléments sont essentiels et déterminants car sans eux les Lénine, Zinoviev, Trotsky et autres n'auraient jamais pu arriver à leurs fins.

1 - Les sociétés secrètes à l'intérieur de la Russie.

Une véritable folie occultiste s'est emparée des classes dirigeantes à la fin du XIXe siècle. Avec la complicité de l'âme slave, les survivances du rosi-crucisme allemand, du Swendenborgisme et surtout du martinisme affectent les milieux cultivés, la noblesse, les hauts fonctionnaires, jusqu'aux ministres et la Cour elle-même où en 1880, on fait venir un mage, Henri de Langsdorff, bientôt suivi de Jean Hitsch, dit Jean de Cronstadt. En 1900, c'est le fameux Mage Philippe, qui prend la relève, introduit à la Cour par les grandes duchesses et le grand duc Wladimir, à la suite d'une conférence de Papus. Le Mage Papus lui-même (Dr Encausse) y est appelé en 1905 "par quelques uns de ses fidèles très haut placés qui avaient besoin de ses lumières" lit-on dans les mémoires de Maurice Paléogogue, ambassadeur de France à Saint Pétersbourg. Une loge martiniste a été fondée à la Cour que le Czar et l'Impératrice, victimes de tout ce mysticisme échevelé, fréquentent assidument. En 1906, après le départ de Philippe, le sinistre Raspoutine s'installe. Avec lui ce ne sont pas seulement les influences d'ordre psychologiques les plus contradictoires qui s'exercent sur le couple impérial, c'est le lamaïsme tibétain doublé d'influences politiques allemandes qui désorganisent les esprits. Au début de 1917 après sa mort, on évoque encore son fantôme dans les milieux spirites et les loges martinistes où tous les soirs Protopopov, ministre de l'Intérieur, Dobrowsky, ministre de la Justice, et le prince Kourakine se livrent à ces pratiques.

Tout ceci sert à la fois de caution et de paravent au travail qui se fait dans les loges maçonniques où évoluent les auteurs de la révolution: Milioukow, Lvoff et Kerinsky.

2 -
Les obédiences maçonniques internationales.

Au nombre de ces obédiences il faut naturellement compter les B'nai Brith dirigés d'Amérique, mais la Grande Loge d'Angleterre, l'Écossisme, l'O.T 0. (Ordre du Temple d'Orient) le Grand-Orient y sont aussi représentés; quoique de rites différents, leurs membres forment, en Russie, un groupe spécial appelé le Grand Orient des peuples de Russie qui a pour but d'abattre la dynastie par la Révolution.

En voici la preuve irréfutable:

Dans la période qui précède de peu la guerre mondiale fut fondé en
Russie, de 1909 à 1913, par certains maçons initiés en Europe occidentale, une organisation qui s'appela le Grand Orient des peuples de Russie. Cette organisation n'avait de maçonnique que le nom n'ayant ni rituel ni rapports avec les Francs-Maçonneries étrangères. Son but était purement politique: suppression du régime autocratique.


Au commencement de la première révolution (mars 1917) il y avait en Russie une quarantaine de Loges comptant 400 membres. Quand fut atteint le but politique poursuivi, cette organisation déclina rapidement et cessa d'exister dès que la plupart de ses membres quittèrent la Russie (1919-1920) et que le gouvernement soviétique prit une attitude nettement hostile à la Franc-Maçonnerie.
(Conférence internationale des Suprêmes conseils du Rite Écossais Ancien et accepté - Paris 1929)


Voilà donc le témoignage de la très haute maçonnerie et non pas des Loges Bleues (basse maçonnerie).

3 -
Les financiers internationaux.

Le document auquel nous allons nous référer, cité dans certaines publications relatives à la Révolution, a aussi le privilège, comme beaucoup de ses semblables, d'être soigneusement passé sous silence dans nombre d'écrits traitant ce sujet. Ce silence confirme ce que nous disions plus haut: on combat le communisme, on ne démasque ni ses auteurs ni ses protecteurs.

Il s'agit du rapport adressé de Washington au Gouvernement français pendant la guerre, par le chef du Service des renseignements. Il a été publié pour la première fois dans le n̊ 1 du 23 septembre 1919 du journal "À Moscou" édité à Rostow-sur-le-Don. Analysons les passages les plus intéressants de ce rapport:

En février 1916 on apprit pour la première fois qu'une révolution se préparait en Russie. On a découvert les personnes et maisons suivantes participant à cette œuvre subversive:

1. Jacob Schiff

2. Kuhn, Loeb et Cie maison de banque dirigée par Jacob Schiff :
Felix Warbourg
Otto Kahn
Mortimer Schiff
Jérôme H.
Hanauer

3. Guggenheim

4. Max Breitung


En avril 1917 Jacob Schiff a fait une déclaration aux termes de laquelle la révolution avait éclaté grâce à son appui financier.

Au printemps de 1917, Jacob Schiff, - Juif chef de la banque Kuhn, Loeb and Co., mort en octobre 1920 - commença à envoyer de l'argent au Juif Trotzky - pour déclencher la Révolution.

De Stockholm, Max Warbourg finançait également Trotzky et ses acolytes. Ils ont été également soutenus par le syndicat Rhin-Westphalie, consortium juif, et par Olaf Aschberg de la banque Nye de Stockolm.

La maison Kuhn, Loeb et Cie est en rapport avec le consortium Rhin-Westphalie ainsi qu'avec la banque Lazard frères de Paris, la banque Gunzberg à Pétrograd, à Tokio et à Paris; ces entreprises ont en outre d'étroites relations avec la maison Speyer à Londres, New-York et Francfort-sur-le-Main ainsi qu'avec la Nye de Stockolm, entreprise juive et bolcheviste.

Tel est l'essentiel du document (7). Jacob Schiff était aussi l'ami personnel de Milioukoff, franc-maçon certainement martiniste, auteur de la révolution de mars 1917 qui chassa le Czar.

L'État-major allemand ne pouvait que souscrire à ces menées. Aussi voyons-nous Berlin apporter son appui à ce brain-trust international peu soucieux des soldats américains tombant aux côtés des alliés.

On remarquera en effet que leur réseau bancaire passait par l'Allemagne: syndicat Rhin-Westphalie, Hambourg, Francfort. Les Warbourg y exerçaient aussi leur art comme en Amérique et en Suède. Or, on sait que le 26 mars 1917, Lénine et ses compagnons, en tout trente deux comparses, quittaient la Suisse pour l'Allemagne d'où l'on devait les introduire en Russie. L'argent les y attendait. Nous ne savons pas si les finances nationales allemandes avaient arrondi les sommes, mais les virements avaient été faits dès le 2 mars par ouverture de comptes, sur l'ordre de la Reischbank, comme le prouve la note secrète adressée par le 3ième bureau le 12 février 1918 aux Commissaires du peuplé bolcheviste.

G.C.S. Bureau de Renseignements. Section R n. 292, Secret, 12 février 1918.

Au Président du Conseil des Commissaires du Peuple.

Le Département du service secret a l'honneur de vous informer que, sur le capitaine Konshin arrêté, deux documents allemands ont été trouvés qui portaient des notes et des timbres de la police secrète de Pétrograd. Ces documents sont les ordres originaux de la Reichsbank n̊ 7433 du 2 mars 1917, relatifs à l'ouverture de comptes à MM. Lénine, Sumenson, Koslovsky, Trotzki et autres personnes chargées de la propagande pacifiste, ouvertures faites en vertu de l'ordre de la Reichsbank n̊ 2754. Cette découverte prouve qu'en temps utile aucune mesure n'a été prise pour la destruction des documents ci-dessus mentionnés.

Pour le Chef de la division
R. Bauer ; adjoint: Bukholm.
(Documents parlementaires des États-Unis publié en France aux éditions Bossard)



4 - Résultats.

La révolution de 1917 réalisait le premier point du programme élaboré au commencement du XIXe siècle dans les groupements illuminés: une république socialiste russe, l'U.R.S.S. (Union des Républiques Socialistes Soviétiques).

Les traités de 1918 sont intimement liés au fait et aux buts de cette révolution.

Le démembrement de l'Empire catholique Austro-Hongrois a donné lieu à la formation de deux états appelés à faire partie par la suite de la "fédération" projetée autour de la Russie socialiste: la Tchéco-Slovaquie, la Hongrie et permit la reconstitution de la malheureuse Pologne promise à un sort qu'elle n'envisageait pas alors. Démembrement voulu, imposé par les puissances avides de l'Imperium mundi satanique poussant leurs pions peu à peu sur l'échiquier du monde. Une abondante littérature peut développer, analyser, raconter à son aise les heures et les péripéties de cette Paix de 1918 sans jamais parler de la Contre-Église. En présence des preuves de la préméditation, déjà séculaire, qui précéda l'évènement et du refus d'une paix qui eut évité le crime, comment ne pas être soulevé d'indignation par le silence qui l'accompagne encore? Car en 1917, le Pape avait proposé la paix, offert sa médiation; l'une et l'autre furent rejetées. Peu de temps après, la même année Charles IV d'Autriche succédant à François-Joseph proposait la paix lui aussi. Nouveau refus.

Il fallait que, l'Autriche démembrée en 1918, une nouvelle guerre ajoutât la Prusse orientale aux nouveaux états satellites en attente de la servitude, pour qu'on vit tomber le Rideau de Fer.

YALTA

Quand en 1922 sortit de l'ombre le mouvement synarchique "Pan Européen" on put constater que la Russie des Soviets était un objet d'horreur pour le promoteur du mouvement, M. de Coudenhove-Kalergi, qui, vêtu d'innocence candide, se faisait l'apôtre de l'Europe unie contre le Communisme.

Mais, le Pacte synarchique (1935), plus généreux et moins dégoûté, énonce à son article no. 83:

Nous reconnaissons que le bolchevisme convient actuellement aux peuples eurasiens.


Phrase lourde de sens caché pour qui ne cannait pas le programme des martinistes vieux d'un siècle! On peut penser qu'il s'agit alors de la Russie seule sans imaginer que bientôt les nations de l'Europe orientale doivent tomber sous le joug. Mais c'est ce dernier sens que prend l'article 592 divisant le monde en cinq "fédérations impériales déjà constituées ou en voie de constitution" quand il parle de:

La Société mineure des Nations pan-eurasiennes de l’U.R.S.S.

Nous retrouvons là, sinon le langage, du moins la pensée exacte du plan de 1825-1830.

La continuité du dessein est évidente. Le Frère-Maçon Franklin Roosevelt va se charger de le poursuivre, au nom du "Brain-trust" mondialiste dont il est entouré. Il n'est pas inutile de rappeler ici le passage de sa lettre à Zabrousky; il concerne l'Europe de l'Est:

Nous cédons â ses désirs (Staline) en ce qui concerne la Finlande et la Baltique en général; nous exigerons de la Pologne une attitude raisonnable faute de compréhension et de compromis. Il reste à Staline un vaste champ d'expansion dans les petits pays de l'Europe orientale. Il faut naturellement tenir compte de ces deux nations loyales que sont la Yougoslavie t la Tchécoslovaquie, sans omettre la récupération totale des territoires qui ont temporairement été arrachés à la grande Russie.
(1943)


La dernière phrase se rapporte à la Prusse orientale réclamée par Bakounine, on s'en souviemt, en 1862. Tout est consommé par ces assurances. Il ne reste plus qu'à dire: «Adjugé».

C'est maintenant la conférence de Postdam et puis celle de Yalta.

Et le Rideau de Fer tombe.

ET MAINTENANT?

La Russie soviétique n'a tenu jusqu'à maintenant que grâce à l'appui des sectes occidentales et des argentiers. En 1920, la révolution s'effondrait sans le soutien de ces derniers. En 1956, l'impitoyable rigidité du Rideau de Fer n'a pas fléchi devant la Hongrie martyrisée sous le regard impassible de l'Occident qui pouvait empêcher le génocide. Au contraire, au même moment, la VIème flotte américaine volait au secours des Soviets menacés dans leurs positions au Moyen-Orient par l'attaque franco-anglaise sur le canal de Suez. Ce Rideau de Fer, qu'un unanime vouloir de l'Occident eut pu faire lever, a été maintenu par la pure fiction d'une puissance qui n'égalait pas celle de l'Amérique et de l'Europe réunies. Ceux qui voudront bien lire les textes et examiner les choses n'auront aucun doute sur le dessein de la Synarchie toujours présent comme un impératif indiscutable à l'esprit des hommes de gouvernement.

Nous prendrons à témoin Coudenhove-Kalergi lui-même qui depuis 1922 jusqu'à ces derniers temps abritait sous le voile d'un européanisme antisoviétique les excluant de l'Europe, les peuples asservis appelés par le pacte synarchique les "possessions" de l'U.R.S.S. Si après la guerre on n'a signé aucun traité de paix avec l'Allemagne unie c'est - on n'en discutera plus, nous l'espérons, après la lecture des documents que nous avons exposés - dans le but de créer un état de fait: celui de deux états allemands, l'un en Europe, l'autre du côté Russe. Coudenhove-Kalergi n'a cessé depuis d'invoquer cette violence de fait comme génératrice d'un état de droit. C'est cela qu'il prétendait dans un mémorandum aux ministres des Affaires étrangères, lorsqu'il disait que l'Allemagne "de par sa division ne constitue pas un partenaire avec lequel on puisse traiter" et que, sa réunification étant impossible, il fallait rétablir des relations diplomatiques entre Bonn et Pankow tout comme entre deux états souverains (Le Figaro - 28/4/1959). Cela, lui valut l'exclusion de la section suisse du mouvement européen (Le Figaro - 24/6/59). Il n'en réitéra pas moins l'année suivante dans un autre mémorandum à Eisenhover, Mac Millan et de Gaulle, alléguant que, le Reich belligérant ayant disparu, aucune des deux Allemagnes n'était habilitée à signer un traité de paix (Le Figaro - 6/4/60). Il insistait encore plus tard, en invoquant le Jugement de la Cour de la Haye (Le Figaro - 23/10/62). Pourquoi? Parce que malgré un anticommunisme affiché M. de Coudenhove-Kalergi défend pied à pied le Pacte synarchique et l'œuvre du Frèere-Maçon Roosevelt. Le Rideau de Fer devait être intouchable.

De la Synarchie il a répété au long des ans et tour à tour des thèmes pris pour des dogmes par une bourgeoisie d'affaires ou de snoberie, incapable d'avoir d'autre politique que celle du chien crevé au fil de l'eau. L'âme débordante de sentiments d'humanité, ne demandait-il pas (Le Figaro - 2/2/60) d'appliquer la procédure d'autodétermination à tous les peuples du Rideau de Fer pour connaître leur "libre" choix de vivre: soit dans l' "orbite" soviétique, soit dans une communauté européenne. Comme si la sanglante "Autodétermination" de la Hongrie n'illustrait pas cette évidence que la condition d'un libre choix est d'abord de leur rendre la liberté!

Dans une interview du Président Kennedy après son élection, celui-ci déclarait:

Nous sommes pour la libération du territoire Est-européen de toute influence communiste imposée par la force.



Mais tout comme Coudenhove-Kalergi, il n'entendait nullement par là rendre d'abord et avant tout leur pleine liberté aux peuples du Rideau de fer.

La doctrine de l'autodétermination, ajoutait-il, est une doctrine fondamentale du parti démocrate.



Hypocrisie!... L'autodétermination sans la libération politique préalable n'est pas seulement un mensonge, c'est un piège pour les peuples asservis, derrière cette barrière fixée d'avance, depuis plus d'un siècle. On comprend pourquoi il n'y a pas de traité de paix avec l'Allemagne depuis 1944.

En somme, tous en reviennent à la légalisation du Rideau de Fer. Et c'est en cela que Coudenhove-Kalergi et tout l'Occident rejoignent - par les voies diverses où l'habileté du mensonge endort l'opinion - la thèse soviétique que Walter Lipmann du New-York Times, ayant interviewé Kroutschew et interrogé lui-même à son tour, confirmait nettement: reconnaissance "de jure et facto (de droit et de fait)" de la République de Pankow (L'Express 29/6/61). Il suffirait ensuite d'assortir cette reconnaissance d'un plan Rapacki quelconque, coiffant les deux Allemagnes d'une confédération pour que nous puissions nous attendre à l'accomplissement de la prophétie de Donoso Cortès qui voyait les Russes

se promener l'arme au bras â travers l'Europe.


Cet état de choses marqué de gigantisme et de contradictions, ne peut que nourrir des oppositions génératrices d'un conflit qui, cette fois, broierait l'Occident.

Pour l'instant, ce qui parait certain, c'est que l'équilibre économique et idéologique entre l'Est et l'Ouest dont on espère faire la surprise à l'Occident n'est pas de nature à imposer la paix d'autant plus que dans son essence il constitue en réalité une machine de guerre contre le catholicisme. Dans une brochure éditée à Tunis en 1921, un personnage qui ne semble pas être un très haut gradé dans les sociétés secrètes, mais qui à coup sûr a beaucoup entendu parler autour de lui des augures très initiés de la Haute Synarchie, écrit ceci:

Dans la deuxième moitié de ce siècle, nous la verrons (la Russie) collaborer avec la France â la réforme de l'Église Catholique et surtout nous la verrons donner â l'idée de fraternité cet équilibre qui lui manque encore.


Nous donnons la citation à cause de sa date: 1921.

Sans doute, au moyen de la concentration économique internationale, implante-t-on de plus en plus, et très à dessein, le socialisme technocratique en Occident (y compris les U.S.A.) tandis que la Russie présente les symptômes d'une amodiation de son régime économique, comme si, arrivés de part et d'autre à un point d'équilibre, la '3ynarchie espérait figer le monde en une planification qui ne serait ni le stalinisme ni le socialisme des démocraties mais un socialisme techniquement structuré et totalitaire.

À cette planification sociale on veut ajouter une planification religieuse pour standardiser les âmes en même temps que les corps. Nous en verrons la nature profonde dans notre deuxième partie.

Mais si une crise semblable à celle de 1919-1920 qui affecte aujourd'hui l'économie russe et contraint les Soviets à recourir aux bons offices des pays "capitalistes", renforce l'illusion d'un compromis pacifique en même temps que lucratif pour ces derniers, elle aggrave aussi la rivalité entre la Chine et l'U.R.S.S.

Alors, on assiste à ce phénomène: la Russie soviétisée par l'Intelligentsia, soutenue par elle, prenant une place inquiétante pour ses protecteurs, tandis qu'elle-même se voit disputer le sceptre du communisme mondial par la grande puissance asiatique. Il est vrai que la politique de Washington a favorisé le communisme chinois comme le soviétique. Ce machiavélisme ne se retournera-t-il pas contre ses auteurs qui, s'ils ont suivi un plan dont nous connaissons aujourd'hui le but en soupçonnant ses moyens, n'en ont certainement pas prévu toutes les conséquences?

Notes:

(7) Nous avons analysé ce document bien que l'authenticité en soit discutée sur le fait que le numéro de sortie des services de contre-espionnage français qu'on lui attribue, ne correspond pas au registre. Il existe d'autres sources qui le confirment.

En avril 1919, le Gouvernement Britannique publia un livre blanc intitulé Russia n̊ 1. Dans l'introduction on trouvait les informations du rapport adressé au Foreign Office (L. Balfour) en 1918 par Oudendyke, son chargé d'affaires en Russie, sur les origines, les buts et conséquences du bolchevisme qu'il fallait extirper au plus vite. À peine paru, ce livre blanc fut retiré de la circulation et remplacé aussitôt par une seconde édition d'où l'information Oudendyke avait disparu.

Le 12 février 1919, au Congrès des U.S.A. (Commission d'enquête du Sénat sur le bolchevisme) le R. George A. Simon, méthodiste, fut invité à déposer et déposa sur le nombre des israélites participant au gouvernement soviétique dont la majeure partie était originaire de East-Side de New-York.

Wickam Steed, écrivain et périodiste anglais et membre de la maçonnerie anglaise, dans son ouvrage Through Thearty years, non seulement raconte les tentatives faites pour faire admettre le gouvernement bolchevik aux Conférences dé la Paix à Paris mais aussi l'entrevue qu'il eut avec le colonel House, au cours de laquelle il lui dénonça "Jacob Schiff, Warbourg et autres financiers internationaux" comme étant les promoteurs de la révolution de 1917 pour convertir la Russie en un terrain d'exploitation.

Rappelons enfin l'Encyclique Divini Redemptoris:

Nous savons en effet que beaucoup d'entre eux (les peuples de la République Soviétique) souffrent sous le JOUG inique d'hommes qui, en grande partie, sont étrangers (aliens) au véritable intérêt de cette nation et que d'autres ont êté trompés par de fausses promesses. Nous condamnons le système (rerum rationes), ses auteurs et ses complices qui considèrent cette nation comme le meilleur terrain sur lequel ils ont semé le germe d'une doctrine élaborée depuis lonttemps pour, de là, la répandre par toute la terre.

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