Ceux qui ont «découvert» que le communisme, en somme, aboutit au supercapitalisme d'Etat n'ont découvert que la moitié de la vérité; car, en effet, c'est un supercapitalisme d'Etat aux mains du haut capitalisme international.
C'est aujourd'hui une banalité de dire que le financier international Jacob Schiff a financé les révolutions communistes russes de 1905 et de 1917, qu'il en a profité par de colossales concessions d'exploitation que lui a concédées le gouvernement soviétique. Et quand Madame Schiff, de New York, se décida à aller visiter Moscou, on lui fit huit jours de réceptions officielles, banquets, galas d'opéra et de ballets, dépassant en honneur et en somptuosité tout ce que le protocole officiel exige pour la visite des chefs des plus grands Etats; partout où passait cette «supercapitaliste» notoire dans des rues bordées de soldats de l'Armée Rouge qui lui présentaient les armes, on lui donnait des égards plus grands qu'à aucune tsarine de l'histoire russe, plus grands qu'en reçurent jamais les Roosevelt et les Churchill qui suivirent cette visite. Staline lui-même, «l'homme de fer», se tenait respectueusement au garde-à-vous devant cette souveraine de la Haute Banque Mondiale et pliait comme un roseau, à 45 degrés, chaque fois qu'elle daignait lui adresser la parole. C'est un incident historique que les propagandistes du communisme préfèrent toujours ignorer.
Les capitalistes internationaux qui contrôlaient le gouvernement allemand de 1917 obtinrent les sauf-conduits et facilités de transport pour Lénine qui devait aller faire la révolution communiste en Russie; leurs affidés qui contrôlaient le gouvernement anglais obtinrent la même chose pour l'expédition en Russie de Leuba Trotsky, alors interné comme prisonnier de guerre au Canada, à Kapuskasing; leurs affidés de Washington obtinrent la même chose pour trois chefs bolchéviques de l' «east side» new yorkais qui devaient peu après devenir commissars sous la Terreur Rouge dans un pays qui n'était même pas le leur; leurs affidés de Russie exigèrent et obtinrent la montée au pouvoir de Kérensky, qui devait renverser les barrières qui s'opposaient encore au bolchevisme; et, pour que leur plan parfaitement combiné ne ratât pas, les chefs de la grande conspiration virent à faire sauter le cuirassé anglais «Iron Duke» à bord duquel Lord Kitchener et des centaines de stratèges, aviseurs, tacticiens se rendaient en Russie pour faire avorter la révolution menaçante et l'écroulement de l'appareil militaire russe.
Ce qu'on ignore généralement au sujet de la Russie Soviétique, c'est que si tout y est nominalement propriété de l'Etat, tout ce qui paie est exploité, en concession, par des intérêts privés inféodés à la Haute Banque Mondiale: les mines les plus riches, le pétrole, les chemins de fer, les chantiers navals. Nous pouvons illustrer cet état de choses par un exemple local. Ainsi, la cité de Montréal est propriétaire d'un restaurant à l'île Sainte-Hélène, mais c'est un particulier, détenteur d'une concession, qui l'exploite à son profit. La Haute Banque de l'Or ne connait ni patrie, ni frontières, ni forme de gouvernement, ni système social; partout à la fois elle draine le profit réel des innombrables foules qui peinent, qui peinent en Russie plus que partout ailleurs, comme des esclaves à la chaine avec le système stakhanoviste. Les résidences princières des grands-ducs, les villas de marbre et jardins prodigieux de la Mer Noire, les meubles de prix et les bijoux de la noblesse liquidée existent toujours en Russie Soviétique, mais ce sont de nouveaux maîtres qui en jouissent; limousines, vins fins, fourrures coûteuses, oeuvres d'arts sont encore en vogue, pas pour les «indigènes» asservis, mais pour la nouvelle noblesse: les représentants, agents et lévites du grand temple mondial du Veau d'Or, nuée de parasites qui trouvent vraiment un «paradis terrestre» sur le corps subjugué d'une grande nation.
Finance, capitalisme
Il y a deux sortes de finance, comme il y a deux sortes de capitalisme.
Il y a la finance visible, accessible, localisée, fruit du travail, de la production, de l'économie. Issue du labeur, c'est la finance qui entretient le labeur, Elle a toujours un caractère personnel, régional, national. Inerte par elle-même, elle ne prend une utilité et une valeur que dans son application à la production, au développement. C'est la finance saine, celle qui soutient l'initiative, qui appuie la liberté personnelle d'action, qui permet à un pays comme à ses citoyens de préserver et défendre leur autonomie. C'est de cette finance que surgit le capitalisme de production, le capitalisme industriel, le capitalisme commercial, si toutefois on peut appeler capitalisme le simple emploi de capitaux à une fin créatrice.
Il y a, en opposition à la finance et au capitalisme sains, la finance internationale, la finance de l'or, qui engendre et contrôle le capitalisme international. Cette finance internationale est celle du groupe interallié des banques de l'or, ces banques richissimes qui n'ont pas de déposants, qui ne trafiquent que sur l'or et les devises monétaires, qui financent l'organisation des trusts et des cartels internationaux, les grands monopoles mondiaux qui fixent à leur gré les prix des pierres précieuses, des métaux, des métalloïdes, des grains, viandes, thé, café, coton, huiles, etc., forçant ainsi les gouvernements à taxer pour soutenir les prix du grand marché international.Cette finance n'a qu'une raison d'être, un seul but, un idéal unique: faire produire de l'argent par l'argent.
Dans le plan diaboliquement génial qui a été élaboré pour la conquête du monde, aucun détail n'a été omis. Comme les chercheurs devaient inévitablement trouver un jour l'origine et la cause du chaos où les conspirateurs doivent conduire les peuples, on commença, il y a déjà un siècle et demi, à décrier la finance et le capitalisme. Non pas la Haute Finance Internationale et le Capitalisme International, qui restent toujours inconnus des masses, mais la finance d'épargne et le capital sain de l'individu, de la province, de la nation, les seuls qui soient vus ou connus de la foule; l'industriel, le manufacturier, l'employeur ordinaire devinrent les causes de tout le mal, bien qu'ils fussent, au même titre que leurs employés, entièrement soumis à l'action de la Haute Finance Internationale: variations inattendues dans les prix des devises, des matières premières et de tous les grands facteurs qui font le coût de revient et le coût de la vie. Les possédants nationaux, cette «bourgeoisie nationale» qui reste toujours un rempart contre l'internationalisme et que la Finance Internationale veut absorber dans ses grands cartels mondiaux d'esprit socialiste, ou abattre et détruire si elle ne peut les contrôler, devinrent la cible des internationales du bas, les prolétariennes. Dans les pays conquis au communisme, ces possédants nationaux, ces bourgeois, devinrent la légion des «liquidés», parce que susceptibles de se rallier et secouer le joug de l'Internationale. Malheureusement, ils devinrent aussi la cible de bien des forces nationales qui, ignorant complètement ou la toute- puissance ou la malfaisance de la Haute Finance Internationale, se rallièrent aux forces marxistes dans la conviction qu'elles travaillaient pour le bien. Durant la guerre 1939-45, combien de bien-pensants ont avalé et digéré la propagande marxiste qui leur a fait collaborer à la victoire et l'expansion de l'Union Soviétique, à l'exclusion de tout autre pays, même le leur? Pendant la paix, un nombre égal de bien-pensants avalent et digèrent la propagande de même source qui les incite à renverser, chez eux, les derniers remparts qui s'opposent à l'expansion du communisme international et de la finance internationale. Tant de bêtise, ou de naïveté, restera la grande équivoque que les historiens de l'avenir auront à expliquer.