Le Parti Québécois emploie le mot à toutes les sauces. Bernard Landry se gargarisait avec du rinse-bouche historique plusieurs fois par jour. Souvenons-nous de sa «journée historique» quand il s’est fait avoir par les Cris et qu’il parlait de la «Grande Paix».
Les journalistes de RDI (Radio-Canada) parlent de moment historique à propos de Baraque Ozanna, le communiste bien éduqué qui veut se faire passer pour le Sauveur de la veuve et de l’orphelin. Il devrait monter sur les planches et se lancer dans le spectacle. Il faut admettre qu’il soit fort dans la mise en scène.
Paupau, le chef du pikiou communiste, ne partage pas le même sort que la plèbe qu’elle prétend défendre. Vous n’avez qu’à étudier le profile de chacun des dirigeants du pikiou, présents, anciens et ceux qui succéderont pour vous rendre compte que leur profile et celui de tous ceux qui ont commis des atrocités sont des copies conformes.
L'HISTOIRE OCTOBRE 2000 PAGES 41-43
3. QUI ÉTAIENT LES BOURREAUX ?
Ces pratiques criminelles n'ont pu se développer que dans certaines conditions. La première est la croyance idéologique : au nom du «sens de l'histoire» et de la «nécessité historique», les chefs communistes se sont crus autorisés à tuer des personnes désignées comme l'«ennemi». C'est ce fanatisme idéologique qui, chez des individus ayant bénéficié d'une éducation familiale, d'une formation intellectuelle bien au-dessus de la moyenne, comme Lénine ou Trotsky, a provoqué la levée des interdits moraux élémentaires au nom d'une «autre morale», celle de la nécessité révolutionnaire.
Trotsky, l'un des leaders bolcheviques les plus frottés au socialisme européen des grandes capitales comme Berlin, Vienne ou Paris, ne s'est pas détaché de cet ancrage fondamental : il titra l'un de ses derniers ouvrages, publié en 1939, Leur morale et la nôtre, opposant la morale «bourgeoise» à la morale «prolétarienne», revendiquant le principe que la fin justifie les moyens et confirmant, à vingt ans de distance, ses appels à la guerre civile (7).
La seconde motivation des pratiques criminelles, beaucoup plus triviale, a été la crainte, chez ces révolutionnaires, de perdre le pouvoir qui, bien souvent, leur était échu comme une «divine surprise». Ce qui aurait été à la fois perdre le moyen d'expérimenter la théorie - appliquer la «dictature du prolétariat», mettre en oeuvre le collectivisme dans l'industrie et l'agriculture -, mais aussi abandonner les avantages et privilèges bien réels d'un pouvoir absolu.
Le messianique et le trivial se sont donc conjugués pour nourrir le fanatisme, interdire tout retour en arrière et alimenter la radicalisation des régimes. En 1918, Lénine préféra brûler ses vaisseaux plutôt qu'admettre qu'il s'était trompé. Il dispersa l'Assemblée constituante - la première assemblée élue au suffrage universel dans l'histoire russe -, fit massacrer les manifestants qui la soutenaient, abandonna la Russie occidentale aux Empires centraux, provoqua la ruine de toute l'industrie, suscita la révolte d'une grande partie de la paysannerie, plutôt que d’admettre qu’il avait fourvoyé le pays.
En 1929, Staline préféra déclencher une véritable guerre contre les paysans - la collectivisation forcée avec son cortège de tragédies - plutôt que d'admettre que le système n'était pas viable.
En 1958, Mao lança le Grand Bond en avant qui, vaticinait-il, allait permettre à la Chine de rejoindre les pays occidentaux en dix ans, provoquant un désastre économique qu'il refusa de reconnaître et qui entràina la grande famine. Ce qui n'empêcha pas Pol Pot, quinze ans plus tard, de considérer que le Cambodge pouvait en une nuit passer au communisme: on sait la catastrophe que cela produisit.
Cette mégalomanie paranoïaque des dirigeants relève moins, à notre sens, d'un dérèglement psychologique que de l'adoption d'une philosophie strictement matérialiste et historiciste, selon laquelle les masses ne sont qu'une pâte que l'on peut travailler à volonté. Mais qui étaient les bourreaux ordinaires du communisme?
On commence seulement, grâce à l'ouverture des archives, à mieux les connaître : des hommes jeunes, issus du peuple, sélectionnés et recrutés pour leur fidélité à un système où l'organisation du crime de masse était un élément de la carrière dans un corps, la police politique, considéré comme parti culièrement prestigieux.
Dans un tel contexte, où la chasse aux «ennemis du peuple» était une tâche d'«honneur», il était inévitable que la machine répressive s'emballe, soit que l'on assiste à toutes sortes de règlements de comptes personnels, soit que des «stakhanovistes» de la terreur exigent que le pouvoir leur accorde des quotas supplémentaires de fusillades afin de montrer leur zèle, comme ce fut le cas en URSS dans les années 1930.
Mais, souvent, c'est l'impéritie et le mépris de la vie qui, du sommet à la base, étaient responsables de catastrophes humaines ; ainsi, en URSS, lors des grandes vagues de déportation, il n'était pas rare que des milliers de personnes soient abandonnées en pleine nature, taïga de Sibérie ou désert du Kazakhstan, où elles mourraient à petit feu. Parfois, comme dans le cas des convois des 29 et 30 avril 1933, des déportés, débarqués sur l'île de Nazino, ont été contraints de pratiquer le cannibalisme pour survivre ; sur 6 700, 2 200 seulement étaient encore en vie trois mois plus tard.
Le système de délation généralisé était lui-même un facteur d'emballement : ne pas dénoncer un ennemi du peuple vous désignait comme ennemi du peuple, et tenter d'échapper à la purge impliquait que l'on devienne un délateur. Cependant, la pratique des «aveux», l'irruption des grands procès, le phénomène récurrent de la purge, ne concernaient principalement que les cadres du parti et du régime. Or, la très grande majorité des victimes n'appartenait pas à cette sphère du pouvoir, mais au petit peuple, ouvrier et paysan.
Enfin, les emballements ponctuels de la machine ne doivent pas nous faire oublier que celle-ci était étroitement contrôlée et dirigée par les chefs du parti communiste. Tous les dirigeants des services de sécurité leur obéissaient : Dzerjinski à Lénine, lagoda, Ejov et Beria à Staline, Kang Sheng à Mao et Duch à Pol Pot. Les chefs du parti donnaient l'impulsion des grandes vagues de répression ou des purges et souvent les dirigeaient dans le détail, approuvant les listes de victimes, précisant les modalités d'exécution, vérifiant les résultats.
Notes:
7. Cf. Stéphane Courtois, «Les derniers jours de Trotsky », L'Histoire, no 246, pp. 76-83.