AMERICAN ESTABLISHMENT
Aspects de la Synarchie aux États-Unis
En France la Synarchie a une histoire déjà longue. Sa formule moderne remonte à la fin du siècle dernier; elle se condense dans les deux documents: Schéma de l'Archétype Social et Pacte Synarchique. L'activité du Mouvement se fait sentir en France surtout depuis une trentaine d'années. Rappelons quelques noms de la vieille garde: Jean Monnet, Jacques Rueff, Armand, Bloch-Lainé, R. Mayer, Hirsch, Capitant, Baumgartner. Marjolin (Communauté économique européenne), Lacoste, Joxe, Blocq-Mascart, etc... Pour le reste nous renvoyons au livre de M. Coston: Les Technocrates et la Synarchie (Lectures françaises, 58 rue Mazarine). Cet ouvrage bien que ne traitant pas des sommets initiatiques de la Synarchie et n'en faisant par conséquent qu'un vaste consortium politique et économique intimement lié aux puissances financières internationales a l'avantage de reproduire, en ses dernières pages, le texte intégral du Pacte synarchique pour l'Empire français.
Aux États-Unis la Synarchie c'est The American Establishment.
Beaucoup d'Américains, sinon la majeure partie, ne s'en font qu'une idée très confuse, quand ils ne l'ignorent pas complètement.
The Establishment affecte la politique de la nation dans presque tous les domaines (The news and courrier of Charlestown, 18-10-1961).Son quotidien officieux, le New-York Times, a, sur ce point, un caractère nettement plus accusé que Le Figaro chez nous qui reproduit d'ailleurs régulièrement les principaux articles de Walter Lippmann dans le N.Y.T. The Establishment possède un vaste institut de préparation des cadres synarchiques, l'Institut d'Administration publique, autrement dit les Thirteen-Thirteen (1313) de Chicago, soutenu par les fondations Rockfeller, Ford et Carnegie. On y prétend contenir le communisme et non le détruire. Pour apprécier cet organisme il est utile de savoir que beaucoup des cadres diplomatiques américains pour les Affaires d'Extrême-Orient y ont reçu leur formation. On peut donc juger par les résultats! En France l'École Nationale d'Administration (ENA) a le même rôle.
The Establishment, comme en France, n'a rien de commun avec une association constituée ni avec un parti politique. C'est une réunion de personnalités exerçant un contrôle effectif sur l'Exécutif, le Législatif et le Judiciaire du Gouvernement, sur la vie intellectuelle, l'activité scientifique éducative américaine, faisant autorité jusque dans les sphères religieuses, principalement par le moyen des Foundations philanthropiques, ces dernières masquant, sous cette étiquette, leur vrai but.
Pas un petit dixième des fonds Rockfeller, Carnegie ou Ford n'a été gaspillé dans l'avancement des études de l'Establishment.
Qui en fait partie? La répétition d'un nom dans le New-York Times est un indice très sérieux d'appartenance; mais pour les fonctions présidentielles, un nom hors de l'ordre alphabétique, sur une liste quelconque, n'indique pas certainement la qualité de membre de son Comité exécutif. Le secret est bien gardé. Rarement, ses leaders sont poussés à la Maison Blanche. Eisenhower et Kennedy l'ont servi et ont été servis par lui, mais jamais l'un ou l'autre n'a été membre du cercle intérieur. À coup sûr on peut ranger parmi les principaux: Dean Rusk, A. Sulzberger, Mac Cloy, Dean Acheson, Harrimann, les Rockfeller, Franckfurter, Walter Lippmann, Chester Bowles, Potovsky, Clay, Burnes, Sarnoff sans oublier Mrs. Eléonor Roosevelt (décédée) Soeur-Maçconnne qui a continué très activement la politique de Franklin Roosevelt son mari.
Le Pacte synarchique français n'admet aucune orthodoxie, c'est-à-dire aucune doctrine sinon l'évolutionisme socialiste; de même, The Establishment qui a évolué, qui évolue vers une planification socialiste mondiale qu'on espère voir arriver à son terme vers 1968.
Ses grands Centres? New-York, Californie, Illinois, Pensylvanie, Ohio, Massachussetts.
Son histoire? Précisément elle remonte à la même époque où en France, les sociétés secrètes commençaient à lancer une Synarchie modernisée, à la fin du siècle dernier, au temps de Théodore Roosevelt (1901) qui, de l'avis général, en fut le premier Président et, d'une certaine manière, le dernier... Mais depuis lors, chaque Président des U.S.A., excepté Harding et Trumann, ont accédé à la charge avec l'approbation entière de "The Establishment"; dans le cas contraire, la vice-présidence revient à un de ses membres (ces renseignements sont tirés d'un long article paru dans Esquire de mai 1962).
On a vu en "The Establishment" un lien entre le syndicat Rockfeller et Gill-Sulsberger de Chicago. C'est un point de vue, mais qui nous parait assez obscur. The Establishment forme forcément un tout en raison du but final, raison implicite de son existence: le Gouvernement mondial, sans empêcher des rivalités intérieures inévitables. D'ailleurs les groupes s'interpénètrent par des entreprises communes. Le groupe Rockfeller peut aussi bien comprendre Bernard Baruch (qu'on a dit président occulte des États-Unis) que l'alter ego de celui-ci, Sidney Weinberg, Gunzberger, Oppenheim, Guggenheim. Harrimann (lié au groupe européen Rotschild), la puissante Standard Oil of New-Jersey. Ajoutons à cela - et ce ne sont pas les moindres -les groupes Kuhn, Loeb et Cie et Warbourg, financiers de la révolution russe de 1917; la famille Warbourg est alliée aux Rotschild. C'est un Warbourg qui fit voter, le 23 décembre 1913, par le Congrès réduit à l'état squelettique, deux jours avant Noël, le "Federal Reserve Act" qui mit les finances américaines aux mains d'un groupe omnipotent (Rapport Hoolridge, janvier 1957).
Il est nécessaire, pour donner une idée de l'ensemble, de consacrer quelques lignes aux fameuses "Foundations", au Conseil des Affaires étrangères (C.F.R.) et à l'abominable Institut des Relations pacifiques. À trois degrés différents, avec des opinions savamment dosées, ces trois sortes d'institutions constituent la partie la plus active de l'appareil synarchique américain.
Les Fondations Rockfeller, Ford et Carnegie.
Leurs noms sont suffisamment significatifs de leur allégeance envers le super-capitalisme international. Ce sont des trusts publics employant les fonds publics destinés à des fins d'intérêt public."(Report on tax-exempt Foundations). Depuis de nombreuses .années, elles ont alimenté de leurs fonds des Universités, des Collèges, des sociétés de recherches scientifiques, des associations politiques, des organisations de presse et d'édition, dans un esprit nettement orienté vers le globalisme international, l'unification socialiste du monde. Favorables à la propagande pro-soviétique, elles ont sur l'opinion dans tous les milieux, sur les institutions politiques, économiques et culturelles une énorme influence. Elles poussent leurs hommes aux postes-clefs. Leur puissance est telle qu'on a pu dire des Rockfeller, par exemple, qu'ils tiennent le gouvernement des U.S.A.
Il faudrait un gros volume pour décrire l'impérialisme de ces groupes tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des U.S.A. Un exemple montrera le sens de leur action; c'est l'aide (The most tragic exemple) apportée par les dotations Rockfeller et Carnegie à:
L'INSTITUT DES RELATIONS PACIFIQUES.
Le sous-comité de Sécurité intérieure du Sénat américain a lui-même déclaré dans un rapport que, depuis le milieu de 1930, cet institut a exercé sur l'opinion une influence pro-communiste et pro-soviétique et à "fréquemment et à maintes reprises "servi de communisme international et les intérêts soviétiques au détriment des intérêts des États-Unis. C'est lui, en effet, qui, sous l'impulsion d'Owen Lattimore a contribué à la défaite nationaliste de Tchank Kaï Chek en Chine. Le président de la Dotation Carnegie pour la paix internationale était aussi Alger Hiss, le fameux agent soviétique qui contribua, de son côté, à San Francisco, à l'organisation de l'O.N.U.
(D'après le Rapport officiel de 500 pages du Comité d'enquête sur les Tax-exempt Foundations, Service d'Impression du Gouvernement des U.S.A. Washington 1955. Ce rapport est un immense réquisitoire contre les Foundations.)