Mon cher Monsieur Zabrousky,
Ainsi que je l'ai dit de vive-voix, à vous et à Monsieur Weiss, je suis profondément touché par le fait que le National Council of Young Israël (Conseil National du Jeune Israël) ait eu l'extrême bonté de s'offrir en tant qu'intermédiaire entre moi et notre ami commun Staline, et cela à un moment si délicat que, tout danger de friction au sein des Nations-Unis créées au prix de tant de renoncements, aurait des conséquences fatales pour tous, et plus particulièrement pour l'Union Soviétique.
Il est, par conséquent, de votre intérêt et du nôtre d'arrondir les angles, ce qui sera difficile avec Litvinov auquel j'ai dû, à mon grand regret, donner l'avertissement que ceux qui se frottent à l'oncle Sam finissent par en souffrir, avertissement qui vaut autant pour les affaires extérieures que pour les affaires intérieures. Les prétentions soviétiques, quand il s'agit d'activités communistes dans les États de l'Union Américaine sont, en effet, doublement intolérables.
Timotchenko s'est montré bien plus raisonnable pendant son court mais fructueux séjour ici et je souhaite qu'une nouvelle entrevue avec le Maréchal constitue une étape rapide vers cet échange de vues avec Staline que je considère parmi les plus urgents, surtout si je pense à tout le bien qui a résulté de la rencontre Staline-Churchill.
Les États-Unis et la Grande-Bretagne sont disposés - et cela sans aucune réserve morale - à donner la parité de vote absolue à l'U.R.S.S. dans la réorganisation future du monde d'après-guerre. Elle sera membre, comme le premier Ministre britannique le lui a fait savoir d'Adana, en lui remettant son avant-projet, du groupe directeur au sein du Conseil de l'Europe et du Conseil de l'Asie, à quoi lui donnent droit non seulement la situation étendue intercontinentale de l'U.R.S.S., mais aussi et surtout sa magnifique lutte contre le nazisme qui méritera les louanges des historiens.
Nous souhaitons voir ces CONSEILS CONTINENTAUX (et je parle au nom de mon grand pays et de l'important empire britannique) composés par tous les États indépendants respectifs, avec toutefois, une représentation proportionnelle équitable.
Et vous pouvez assurer à Staline, mon cher Monsieur Zabrousky, que l’U.R.S.S. siégera au Directoire de ces Conseils (Europe et Asie) sur un même pied d'égalité et d'égalité de voix avec les États-Unis et l'Ang1eterre, et fera partie du haut tribunal que l'on devra créer pour résoudre les divergences existant entre les différentes nations, qu'elle interviendra de même dans la sélection et la préparation des forces internationales de l'armement et du commandement de ces forces qui, sous les ordres du Conseil continental, agiront à l'intérieur de chaque État afin que les règlements, si savamment élaborés pour le maintien de la paix dans l'esprit de l'ancienne Société des Nations, ne soient pas violés de nouveau; ces entités entre États et leurs armées pourront imposer leurs décisions et se faire obéir.
Dans ces conditions, cette situation si élevée dans la direction de la Tétrarchie de l'Univers doit satisfaire Staline et ne pas lui faire renouveler des prétentions qui créent des problèmes inso1ubles; le secrétariat, toutefois, est destiné â la France, avec voix consultative, mais pas délibérative, comme récompense de sa résistance et punition de son fléchissement antérieur. Donc, le continent américain restera en dehors de toute propagande soviétique et sous l'influence exclusive des États-Unis, comme nous l'avons promis à nos pays continentaux; la France devra demeurer dans l'orbite anglaise, avec toutefois une large autonomie et le droit au secrétariat de la Tétrarchie. Sous la protection de l'Angleterre, le Portugal, l'Espagne, l'Italie et la Grèce évolueront vers une civilisation moderne qui les tirera de leur léthargie traditionnelle. On donnera, en outre, à l'U.R.S.S., un port en Méditerranée. Nous cédons â ses désirs, en ce qui concerne la Finlande et la Baltique en général: nous exigerons de la Pologne une attitude raisonnable, faite de compréhension et de compromis. Il reste â Staline un vaste champ d'expansion dans les petits pays de l'Europe orientale. Il faut naturellement tenir compte des droits de ces deux nations loyales que sont la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie, sans omettre la récupération totale des territoires qui ont été temporairement arrachés â la Grande Russie.
Après avoir démembré le Reich et en avoir rattaché différentes zones à d'autres pays, créant ainsi de nouvelles nationalités, le danger allemand sera écarté pour l'U.R.S.S., l'Europe et le monde entier.
En ce qui concerne la Turquie, Staline doit comprendre les assurances nécessaires que Churchill a données au Président Inonu, en son nom et au mien propre. Le port sur la Méditerranée qu'on donne â Staline doit lui suffire.
Pour l'Asie, nous sommes d'accord avec ses demandes, sous réserve de complications ultérieures. Quant à l'Afrique, que voulez-vous? Il sera nécessaire de donner quelque chose à la France pour COMPENSER SES PERTES EN ASIE et quelque chose aussi â l'Égypte, comme on l'a promis aux "·Wafdistes". Il faudra bien donner â l'Espagne et au Portugal des compensations pour leur renonciation et aboutir à un meilleur équilibre mondial. Les États-Unis y prendront également pied, par droit de conquête, et réclameront inévitablement quelque point vital pour leur zone. Et ce sera justice. Enfin, nous devrons accorder au Brésil la petite expansion coloniale qu'on lui a promise.
Veuillez transmettre à Staline, mon cher Monsieur Zabrousky, que, pour le bien général et pour l'anéantissement rapide du Reich - tout cela n'est qu'idées générales soumises à l'étude - il lui faut céder, en ce qui concerne la colonisation de l'Afrique et qu'il doit cesser sa propagande en Amérique et mettre un terme à son intervention dans les milieux ouvriers.
Transmettez lui également l'assurance de mon entière compréhension, de ma sympathie et de mon désir de faciliter la solution de ces problèmes. Pour cela l'entrevue que je propose présenterait un intérêt pratique.
J'ai lu avec le plus grand plaisir, comme je l'ai déjà dit, les termes généreux du message qui m'a annoncé votre décision de m'offrir au nom du National Council, un exemplaire de ce qui est le plus grand trésor d'Israël: un rouleau de la Thora. Cette lettre vous prouve mon acceptation. À votre loyauté, je réponds par la plus grande confiance.
Veuillez, je vous prie, transmettre à la plus haute organisation que vous présidez, l'expression de ma gratitude en rappelant le banquet donné à l'occasion de son XXXIe anniversaire.
Je vous souhaite le plus grand succès.
Très sincèrement vôtre,
Franklin ROOSEVELT
(adressée à M. Zabrousky, Président du "Jeune Conseil d'Israël" - publiée par Le Figaro le 7
février 1951.)
Passons sur l'incroyable cynisme de cette lettre. Le Frère-Maçon Roosevelt n'y faisait que traduire, mais de New-York - et cela est important - l'identique programme synarchique, déjà envisagé au plan des sociétés secrètes à la fin du XIXe siècle et dont les éléments se retrouvent dans le Pacte synarchique (européen) de 1935 puis, maintenant, dans les faits. Nous en avons souligné certains passages qui constituaient alors des dispositions impératives, maintenant exécutées ou susceptibles de l'être. Nous les reprendrons dans la suite de cette étude, à chacune des questions traitées, de manière à montrer l'origine, le but de la Contre-Église marqué d'un caractère universel et d'une indiscutable continuité dans son exécution. Pour le moment revenons au Gouvernement Mondial.