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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

dimanche, août 17, 2008

CHAPITRE IV

LE MONDE, L'EUROPE, LA RUSSIE, LA CHINE

LES DIVISIONS DU MONDE SOUS L'AUTORITÉ DU GOUVERNEMENT MONDIAL


Un gouvernement mondial suppose une organisation appropriée de la planète, la répartition de celle-ci en zones géopolitiques et économiques, c'est-à-dire en grands ensembles subordonnés au Gouvernement universel.

Cette répartition a été prévue. Il est nécessaire de la connaître comme base d'appréciation de la politique internationale actuelle. Nous ne disons pas, certes, qu'elle constitue, au moins à l'heure présente, la règle rigide de tous les mouvements diplomatiques, révolutionnaires ou belliqueux mis chaque jour sous nos yeux par ce qu'on appelle euphémiquement le sens de l'histoire. Ce sont là seulement efforts de gestation laborieuse qui laissent cependant à l’observateur averti le sentiment bien fondé d'une réalisation progressive du plan préconçu.

Ces efforts, on l'imagine, ont donné lieu à des projets différents selon que la vision du monde, la pression des intérêts, l'orgueil de secte ont leur source en deçà ou au delà de l'Atlantique. Le point de vue national y est aussi pour quelque chose, soit que la personnalité des auteurs, les dispositions, les traditions populaires, les exigences d'une propagande imposent une orientation particulière.

Cependant l'idée nationale n'a aux yeux des grands initiés ou de la haute finance qu'une valeur d'opportunité.

À cause de ces divergences, intérieures au " système ", examinons donc séparément les conceptions américaines et européennes. On y gagnera quelques clartés sur la politique d'aujourd'hui.


POINTS DE VUE D'OUTRE-ATLANTIQUE

Les conceptions américaines remontent déjà à un siècle, au temps de la déclaration de Grant, en 1872:

Notre grande République est destinée à servir de guide à toutes les autres.

Elles s'appuyaient alors, à l'insu de la nation bien entendu, sur la réelle puissance qu'allait avoir le Palladisme et sur sa propension à tenir en main toutes les autres puissances maçonnique dont le pan-démocratisme américain épousait à merveille les vieux rêves de République Universelle. Réserver aux États-Unis un rôle de pilote et un espoir impérial cadrait en outre avec le patriotisme d'une grande nation en plein essor et les intentions dominatrices de groupes financiers auxquels tout était promis et permis. Nous avons déjà décrit cette conjoncture. Même en 1893, quand se manifestèrent les réactions vigoureuses des sociétés secrètes européennes, surtout en France, en Angleterre et en Italie, rien ne changea. La page d'Andrew Carnegie, supprimée dans la seconde édition de son ouvrage, mais que nous avons citée, si elle déplore à cette époque la récession de l'Angleterre, c'est-à-dire de certaines de ses puissances occultes, n'en conserve pas moins l'espoir d'une réunion future qui parachèvera (c'est ainsi qu'il faut l'entendre) l'unification du monde sous l'égide anglo-saxonne. N'était-ce pas là prophétiser la Charte de l'Atlantique? Depuis, le prestige des États-Unis qui n'a cessé de croître dans le monde, leur intervention finale dans les deux guerres mondiales qui les ont placés à la tête des nations n'ont fait que renforcer l'attente de l'Illuminisme. En 1941, devant le Congrès, le Frère-Maçon Roosevelt pouvait réaffirmer, avec plus d'autorité, le programme de Grant:
Nous devons être le grand Arsenal de la Démocratie; pour nous, c'est un problème aussi urgent que la guerre elle-même.
Comment les puissances américaines de subversion envisageaient-elles la division du monde sous un gouvernement mondial? A vrai dire, en dehors du "leadership" américain, les plans portés à la connaissance du public semblent manquer de netteté. Toutefois, Clarence Streit en a brillamment tracé les grandes lignes. Clarence Streit, membre du trop fameux C.F.R. bien entendu, est très connu pour avoir, pendant de longues années, exposé les objectifs de la politique du Frère-Maçon Roosevelt. On le tient pour un théoricien autorisé du mondialisme. Son livre " Union Now", précédant la deuxième guerre mondiale, porte en sous titre:
Proposition américaine en vue de réaliser une fédération des grandes démocraties.
Il en comptait quinze à l'époque: États-Unis, Royaume-Uni, France, Canada, Pays-Bas, Belgique, Australie, Suède, Suisse, Danemark, Finlande, Irlande, Norvège, Union Sud-Africaine, Nouvelle Zélande. Il énumérait trois autocraties: le Japon, l'Allemagne (nazisme), l'Italie (fascisme) et ne classait l'U.R.S.S. et l'Amérique latine sous aucune dénomination.

De même que, plus tard, Eisenhower d'après te rapport Dan Smoot, C. Streit envisage bien une communauté de nations, mais d'un style particulier, dominée par l'Alliance Atlantique, elle-même sous la tutelle des États-Unis qui auraient mis la haute main sur les empires coloniaux c'est-à-dire sur plus de la moitié du monde... en attendant le reste. En effet, chacune des susdites démocraties aurait fait apport de ses colonies à la masse, désormais gérées par les membres de l'Union au prorata de leur propre population métropolitaine. Compte tenu de ce que le continent américain devait s'intégrer dans une Pan-Amérique, compte tenu également des "démocraties" sans empire colonial, on était assuré de la prépondérance mondiale des U.S.A. sur tous les continents. Roosevelt ne dira-t-il pas plus tard, dans sa lettre, qu'ils prendront pied en Afrique? Quant à la Pan-Amérique, le projet en existe sous la forme de l' "Organisation des États Américains" qui se réunit périodiquement non sans susciter dans les divers pays des réactions contraires se traduisant parfois par une certaine faveur accordée à la propagande communiste. On sait que le Gouvernement du Général de Gaulle ne dédaigne pas ces réactions assez utiles à sa politique contre le leadership des U.S.A. Quant à l'Europe, Clarence Streit s'en est expliqué après la guerre, le 4 septembre 1959, dans un article du Monde qu'on lira plus loin. Sur ce point rien n'a varié depuis plus d'un demi siècle; on verrait l'Europe unifiée sous une Constitution semblable à celle de la République des U.S.A. et intégrée dans le système atlantique à prépondérance anglo-saxonne, l'Angleterre jouant le rôle de brillant second, ce à quoi elle ne se résoudrait pas sans amertume. (1)

LE PACTE SYNARCHIQUE (français)

Nous donnons ici un texte qui a la vertu de n'être ni théorique ni peut-être définitif mais du moins officiel et daté, c'est le "Pacte Synarchique" français. Ceux qui en dénient la valeur, ou concluent par ignorance à sa caducité, verront ce qu'il faut en penser. Prenons-le d'abord comme un point de départ pour comprendre le jeu qui s'est joué depuis un demi-siècle et qui continue encore son évolution. C'est une idée directrice.

D'après ce document, le gouvernement mondial doit reposer SUR un étagement de plans: économico-social, politique, culturel, comme une pyramide sur sa base, comme la pointe d'un faisceau de forces ethniques rassemblées. C'est l'idée que donnent les cinq fédérations impériales ou sociétés mineures des Nations du Pacte Synarchique. Voici ce texte:

Art. 592 - Cette structure synarchique pyramidale implique la complète
formation des cinq grandes fédérations impériales (ou Sociétés mineures des Nations) déjà constituée ou en voie de constitution dans le monde moderne:

  • la société mineure des Nations britanniques "la société mineure des Nations pan-américaines
  • la société mineure des Nations pan-eurasiennes de
    l'U.R.S.S.
  • la société des Nations pan-eurafricaines
  • et la société des Nations pan-asatiques.

    Art. 595 -
    Alors seulement, chacun de ces empires fédéraux ayant trouvé un suffisant équilibre intérieur, pourra orienter ces forces dans un sens pacifique constructif en se reconnaissant comme partie intégrante d'une civilisation universelle différenciée.
Dans la mesure où les nations actuelles subsisteraient à l'intérieur de ces sociétés mineures elles n'y feraient guère figure que de provinces avec leur gouvernement propre mais rigoureusement subordonné, un peu comme les satellites de la Russie soviétique, ou comme les provinces des États-Unis. Peut-être même certaines n'y compteraient-elles que comme de simples cantons; le mot a été prononcé pour la France au Journal officiel voici quelques années.
Comme projet de politique extérieure, dont beaucoup de points ont été réalisés, le Pacte garde sa valeur. Voici d'ailleurs que quelques vingt années après son apparition Jean Schlumberger, qui fut un synarchiste de la première heure aux côtés de Jean Coutrot, écrivait dans le Figaro du 30 mai 1951, un article titré: Les socialistes allemands devant le plan Schumann; ce que l'opinion française ignore. Jean Schlumberger voyait dans ce plan auquel Adenauer adhérait:
L'amorce d'une organisation qui, s'étendant progressivement à toute l'Europe occidentale peut en faire, à l'image du Commonwealth anglais, de l'Union américaine, de l'Union soviétique et de l'Extrême-Orient sino-japonais, UN CINQUIÈME GROUPE avant en lui-même son équilibre, et capable de se maintenir, en face des quatre autres masses mondiales. Sans violences aux caractères ethniques, sans chimérique union douanière, avec un souple régime d'accords préférentiels, ajoutant à ses propres ressources celles de l'Afrique non anglaise, l'Europe devrait trouver sans empiéter sur les autres groupes, les principaux débouchés de son industrie. L'époque est passée où l'Europe pouvait audacieusement chercher dans toutes les parties du monde de quoi occuper son activité; et l'époque n'est pas encore mûre où un parlement de toutes les nations du globe pourra efficacement dominer les innombrables conflits des intérêts opposés.
On aura remarqué à la lecture du Pacte et de cet article, leur plus grande netteté que celles des projets américains et aussi leur opposition profonde sur les structures. L'accord pourrait-il être fait sur la Pan-Amérique? Nous n'en savons rien, mais l'opposition est bien réelle en ce qui concerne le leadership américain sur l'ensemble du système. Aucune concordance entre les cinq Sociétés mineures des nations et l'idée des quinze démocraties qui d'ailleurs paraIt bien avoir perdu de sa valeur. Quant au Commonwealth, auquel l'Angleterre tient tant que le Pacte synarchique en a fait une des cinq partie du monde futur, il subit aujourd'hui l'assaut de la politique américaine qui n'entend pas exclure le Canada de sa Pan-Amérique. Le Commonwealth se désagrège peu à peu et peut-être que si le système britannique actuel s'effondrait, nous assisterions alors à une curieuse révolution. Car la couronne elle-même semble menacée par d'inquiétants scandales d'origine internationale comme l'affaire Ward-Profumo, au dire d'Intelligence Digest qui fait état de la corruption de certains milieux politiques anglais (octobre 1963).

Les questions du Commonwealth et de la Pan-Eurafrique se réfèrent d'ailleurs à l'organisation de l'Europe et à celle des possessions eurasiennes de l'U.R.S.S., à l'histoire du Rideau de Fer"dont nous parlerons plus loin.

Si le Pacte synarchique reste muet, et pour cause, sur la nature politique de la Pan-Asie, l'article de Jean Schlumberger vient nous donner la précision qu'elle serait à prédominance sino-japonaise. Comme nous ne voulons pas jouer au prophète, ni même faire de pronostics, nous conseillons, sur ce point, d'être attentifs aux événements d'Extrême-Orient. Le drame qui s'y joue actuellement nous incite cependant à des réflexions que nous ferons dans la dernière partie de ce chapitre: la Chine.

Notes:

(1) Cependant (et ceci pour compléter notre documentation) il parait que, depuis 1960, le CFR s'est orienté vers une conception un peu différente. Quoiqu'affirmant, toujours avec la même fermeté, que la Direction américaine est toujours aussi nécessaire, celle-ci s'efforcerait de promouvoir la formation de confédérations "régionales" à l'intérieur de l'ONU. Serait-ce un compromis avec la conception du Pacte synarchique (français) ou sa mise en échec?

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