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L'attitude des communistes à l'endroit des réformes
1. - Les communistes entendent-ils se faire passer pour d'ardents promoteurs de réformes?
Assurément. Chez eux, c'est devenu une ritournelle.
D'après eux, ils se tiennent sans cesse au premier rang: soit qu'ils luttent pour les syndicats ouvriers, combattent pour la libération des peuples coloniaux, réclament un traitement égal pour les Noirs, ou condamnent l'antisémitisme.
2. - Pourquoi, d'autre part, les communistes condamnent-ils sans cesse les "réformistes"?
Parce que les «réformistes», eux, croient sincèrement dans les réformes qu'ils recommandent. Quant aux communistes, ils n'appuient les réformes et ne les revendiquent que dans un seul but: favoriser l'exécution de leur programme et établir la dictature.
3. - Le Pape Pie XI a-t-il clairement attiré notre attention sur l'hypocrisie consommée avec laquelle les communistes font servir les réformes à leurs propres fins "subversives"?
En effet, et ce, en maints endroits de son encyclique sur le «Communisme athée». Il nous exhorte à nous inculquer à nous-mêmes une «grande méfiance des tactiques communistes». Dans une phrase en particulier, sur ce sujet, il déclare : «Sans renier pour un seul instant leurs principes de subversion, ils invitent les Catholiques à collaborer avec eux dans les domaines de la charité et d'un soi-disant humanitarisme. Parfois même, ils soumettent des propositions tout à fait conformes à l'esprit du christianisme et à la doctrine de l'Eglise.»
4. - Nos contacts avec la dictature des Soviets, au cours des quarante dernières années, nous donnent-ils la preuve du bien-fondé des avertissements du Saint-Père?
Certainement. Chaque fois que les Soviets prennent le pouvoir quelque part, non seulement s'empressent-ils de trahir leurs promesses de réforme, mais ils font même exactement le contraire.
5. - Pourriez-vous nous citer quelques exemples frappants?
Oui. Ils sont nombreux, d'ailleurs. Ainsi, partout où les Soviets prennent le pouvoir et établissent leur dictature, ils abolissent les syndicats indépendants et ne tolèrent ni les contrats collectifs ni le recours à la grève. Quand ils peuvent s'emparer d'un pays colonial, ou contrôler certains peuples de couleur, comme en Chine, par exemple, leur soi-disant «libération» ne fait que prolonger et intensifier l'esclavage. De Marx à Khrushchev, le communisme international et la dictature des Soviets ont également favorisé et encouragé l'anti-sémitisme, de façon très subtile et efficace.
6. - Est-ce que les mouvements syndicaux de notre pays ont reconnu et démasqué le caractère trompeur du communisme soviétique en rapport avec les droits inaliénables des syndicats?
Oui, en maintes occasions. Ainsi, en septembre 1959, le Conseil exécutif des unions AFL-CIO refusait de rencontrer le dictateur Khrushchev, lorsque ce dernier est venu aux Etats-Unis «apaiser et endormir» l'opinion publique. C'est par un vote écrasant que l'on décida de se refuser tout contact avec Khrushchev, alléguant que celui-ci représentait un régime oppresseur qui ne reconnaît pas le droit d'union aux syndicats.
7. - Pouvez-vous citer un autre exemple typique par lequel on démontre clairement que les unions ouvrières et les travailleurs de notre pays avaient raison de répudier et de condamner la dictature des Soviets?
En 1950, plusieurs commissions du Congrès des Organisations de l'Industrie - CIO - qui était alors un organisme autonome, soumirent des rapports établissant sans l'ombre d'un doute que les Rouges contrôlaient certaines unions-membres des rangs du CIO.
8. - Dans ces rapports où l'on exposait les menées des communistes contre nos unions ouvrières, de quoi accusait-on le communisme?
Voici les conclusions de chaque rapport: «La commission affirme que l'objectif principal du parti communiste est de promouvoir les intérêts de l'Union Soviétique. Il est vrai, le parti communiste s'est toujours proclamé le grand champion de l'unionisme et du droit d'organisation; mais la commission reconnaît que le parti communiste s'est confié ce rôle dans le seul but d'influencer - au profit de l'Union Soviétique - la politique et l'orientation des unions ouvrières. C'est aussi l'avis de la commission que le parti communiste ne croit pas dans les unions ouvrières, à moins que ce ne soit pour les employer au service de l'Union Soviétique».
9. - Est-ce que cette méthode qu'ont les communistes d'utiliser dans leur intérêt des réformes auxquelles ils ne croient pas eux-mêmes correspond très nettement à leur explication scientifique de l'univers?
Assurément. Car selon cette conception - c'est du moins ce que Lénine déclare dans son livre Etat et Révolution - il ne peut y avoir de vraie liberté avant l'avènement de la société dite «communiste». Et comme cette société communiste ne peut être fondée sans recourir à la dictature, il importe, d'après le marxisme-Iéninien, que les organisations de groupes ou de masses puissent être aisément sacrifiées dans cette lutte en faveur de la dictature. Les unions ouvrières, par exemple, ne sont rien en elles-mêmes; aux yeux des communistes, elles sont tout au plus des moyens commodes, pour l'avant-garde ou l'état-major, d'arriver à leurs fins.
10. - Est-ce que cette méthode qui consiste à faire servir les réformes aux ambitions des communistes, et ainsi hâter l'établissement de la dictature des Soviets, a été mise en valeur dans quelque document marxiste de haute source?
A cet effet, c'est dans Les fondements du léninisme, l'œuvre remarquable de Joseph Staline sur l'idéologie et les tactiques du communisme, que l'on peut trouver le témoignage le plus éclatant. Ce «guide» renferme tout un chapitre complémentaire sur Le réformisme et le révolutionisme.
11. - Quelle distinction Staline établit-il entre un réformiste authentique qui réclame des réformes et un communiste ou un révolutionnaire qui en font autant?
Les communistes comprennent qu'aux yeux «d'un réformiste, les réformes sont Tout». C'est d'ailleurs ce que Staline explique très clairement: Mais un communiste, lui, «acceptera une réforme en autant qu'elle puisse l'aider à combiner ses activités légales et illégales, à intensifier, grâce à elle, son action subversive, et à préparer les masses à la révolution et à la destruction de la bourgeoisie».
12. - Quelle est, pour nous, la portée de cette consigne?
Cela signifie que les communistes vont chercher, dans les pays «non-soviétisés», à se glisser dans tous les mouvements qui ont pour but de protéger les droits des syndicats, de réclamer égalité et justice pour les Noirs, et de faire disparaître l'anti-sémitisme. Cela signifie que cette pénétration et cette collaboration serviront à amener certains esprits irréfléchis à patronner la conspiration communiste en notre pays. Le prétexte? - Les communistes représentant le «progrès», eux. Ce mot «progrès» est fréquemment en usage chez les «Rouges».
13. - Ce mauvais usage des réformes au profit de la cause des communistes a-t-il été enseigné aux camarades des Etats-Unis par quelque expert en matière d'infiltration?
Certainement. C'est un membre du «Politburo» américain, John Williamson, qui dans la revue Political Affairs - novembre 1950 - recommande cette méthode comme moyen par excellence de tout travail caché au sein des organisations.
14. - Qu'est-ce donc que le "Politburo américain" et le ''PoIitical Affairs"?
Le «Politburo» est le bureau-chef du parti communiste aux Etats-Unis. Il est une réplique du «Politburo» de Moscou, connu maintenant sous le nom de «Præsidium». Quant au «Politburo américain», il porte maintenant le nom de «Comité Exécutif National». Les communistes, on le sait, aiment à changer le nom de leurs divers organismes de combat; cela embrouille la situation davantage, «désoriente» les enquêtes des Américains, et fausse le sens du débat.
La revue Pol itical Affairs est l'organe officiel du parti communiste. C'est un véritable exposé de doctrine. Au début, elle s'appelait The Communist.
15. - Selon les instructions de Williamson, que doivent faire avant tout la cellule communiste secrète ou l'agent communiste caché au sein d'une organisation?
On doit tout d'abord étudier sérieusement la situation, et voir quels «besoins immédiats» du milieu pourraient le mieux servir à provoquer de «l'agitation». On doit rechercher ces causes de dissensions et ces griefs qui intéresseront d'autant plus l'entourage qu'ils n'ont aucune affinité avec le communisme. C'est cela que l'on appelle «les besoins immédiats» - ou «les exigences immédiates».
16. - Si l'on veut passer à "l'agitation", que doit-on faire après avoir soulevé le problème des "besoins immédiats"?
D'après Williamson et les règles éprouvées de la stratégie communiste, l'agent communiste secret doit rattacher le problème des «besoins immédiats» au programme du parti communiste, à toutes ces initiatives que le Kremlin veut voir prendre en Amérique à cette époque déterminée.
17. - Dans un organisme où se pratique ''l'infiltration communiste", qui donc l'agent communiste secret doit-il convaincre de promouvoir la cause des communistes?
Il doit influencer les non-communistes bien disposés, les amener à réaliser le programme du parti, sans qu'on en découvre le caractère communiste, dans l'ensemble, et sans que l'agent communiste lui-même soit démasqué.
18. - Ce genre de tactiques a-t-il permis aux eommunistes de se glisser dans des organisations non-communistes et de les amener à réaliser le programme du parti?
Oui, et cela, en maintes occasions. Le cas de l'lnstitute of Pacific Relations, qui a été victime de l'infiltration communiste, nous en fournit un exemple des plus frappants. Cet organisme a servi de point d'appui aux agents communistes. Par lui, on a poussé le Département d'Etat à trahir le peuple chinois et à le jeter entre les mains des «Rouges».
19. - Comment cela s'est-il produit?
Les communistes ont réussi cette affaire en prenant le contrôle du personnel du bureau-chef. Dans un organisme comme «l'IPR», le personnel du bureau-chef joue un rôle décisif. Les industriels, les avocats et les présidents d'universités qui faisaient partie du conseil d'administration et des comités étaient des gens si affairés qu'ils se laissèrent dicter leur ligne de conduite par les employés et les techniciens, parmi lesquels se trouvaient de nombreux communistes ou d'autres personnes endoctrinées par eux.
20. - Les communistes se servent des réformes pour arriver à leurs fins. Comment peut-on considérer sous cet éclairage la combine dont fut victime ''l'IPR''?
Les non-communistes riches et influents qui se rallièrent à «l'IPR» croyaient sincèrement travailler à créer un climat de bonne volonté et de paix entre les nations du Pacifique, et à améliorer les pénibles conditions de vie des régimes coloniaux. A la place, ainsi que l'ont démontré les enquêtes approfondies menées au début des années «"50» par la sous-commission sénatoriale sur la sécurité intérieure, ils ont servi à pousser le Département d'Etat, et le Gouvernement en général, à aider les despotes de la Chine rouge à resserrer leur emprise sur le continent.
21. - Ce courant d'opinion que les communistes ont réussi à créer en Amérique, et selon lequel les gens étaient d'avis fort illusoirement, d'ailleurs - que les communistes recherchaient consciencieusement pour elles-mêmes les réformes, a-t-il été assez puissant pour assurer d'autres succès à l'offensive communiste?
L'histoire des vingt-cinq dernières années tend, hélas! à le démontrer très nettement. On peut citer, à titre d'exemple, la participation volontaire des Etats-Unis à cette immense trahison qui abandonnait entre les mains des Soviets, à la fin de la 2e Grande Guerre, toutes ces nations maintenant captives derrière le «Rideau de fer».
On a aussi «poussé» les Etats-Unis jusqu'à Genève, en 1955, pour une «conférence au sommet». Or, pendant nos longues et interminables conversations à cet endroit, la Russie Soviétique en profitait pour se faire «accréditer» au Moyen-Orient.
Les Etats-Unis ont été «contraints» de la même manière à se rendre de nouveau à Genève, en 1959, et à inviter le dictateur Khrushchev à venir en leur pays, la même année.
Tous ces événements, et beaucoup d'autres encore, ont été machinés à Moscou. Les faire arriver à tout prix, telle était la consigne donnée aux communistes des 83 pays où se pratique «l'infiltration communiste». Dans un décor à cet effet, le temps venu, les Etats-Unis se rendirent chaque fois à la décision de Moscou.
22. - A-t-on déjà établi la distinction très nette entre, d'une part, les réformes, le droit d'association, la lutte contre la ségrégation, et d'autres part, l'idéologie communiste?
Certainement. Dans les nombreuses encycliques des Papes sur les questions sociales, en particulier dans Quadragesimo Anno et Divini Redemptoris, toutes deux de Pie XI.