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Langage communiste: Langage d'Esope
(Le langage ésopien des communistes)
1. - Comment les communistes s'y prennent-ils pour faire accepter leur propagande mensongère par les non-communistes, et assurer le triomphe de l'idéologie communiste dans les pays "non-soviétisés"?
Dans tous leurs documents officiels, les communistes font usage d'un jargon très particulier. C'est une phraséologie toute spéciale que l'on a surnommée «le langage d'Esope».
2. - Pourquoi ce langage s'appelle-t-il ''langage d'Esope"?
A cause de son caractère équivoque et détourné, ce langage procéderait, dit-on, du genre littéraire utilisé par le fabuliste Esope. Souvent aussi, les communistes l'appelleront «langage d'esclave», parce qu'Esope fut esclave. Il aurait vécu en Grèce, de l'an 620 à l'an 560 avant Jésus-Christ.
3. - D'après les communistes, dans quel but Esope auralt-il composé ses fables et comment eux-mêmes, dans leur phraséologie, utilisent-ils sa méthode?
Les communistes soutiennent qu'Esope a composé ses fables dans le but d'amuser ses maîtres à leur insu. S'ils se sont servi du même procédé, c'est pour faciliter la diffusion du «message révolutionnaire» de la conspiration communiste sous le couvert de la stricte légalité. IIs l'utilisent aussi pour fins de propagande mensongère auprès des organisations non-communistes dans lesquelles ils «s'infiltrent» pour les amener à encourager l'offensive communiste.
4. - Est-il absolument nécessaire de savoir ce que l'on veut dire par "le langage d'Esope", pour lire et comprendre les publications communistes telles que la revue "World Marxist", "International Affairs", et "New Times", - toutes de Moscou et "Political Affairs" et "The Worker", aux Etats-Unis?
Si nous n'avons pas la parfaite maîtrise de la phraséologie communiste, il nous sera extrêmement difficile, sinon impossible, d'analyser et de comprendre les directives officielles des communistes. En conséquence, nous ne pourrons savoir quels complots les communistes préparent en vue de faire avancer leur cause. Si nous ne nous familiarisons pas avec le jargon communiste, il nous sera infiniment difficile de comprendre et de saisir la portée des activités communistes à travers les pays libres.
5. - Pourquoi les communistes ont-ils recours à un jargon spécial?
Afin de se conformer aux exigences du marxisme-Iéninien à l'endroit de la conspiration communiste. Dans tous les «pays bourgeois», les «camarades» s'imposent deux tâches fondamentales. Toute directive importante destinée à orienter leur manière de penser et d'agir doit leur rappeler l'objectif primordial du communisme, à savoir, la dictature du prolétariat par la force et la violence. A cet effet, on aura constamment recours au «slogan» suivant: «Affermir l'idéologie marxiste-Iéninienne et la discipline «bolchévique». Mais les communistes devront également apprendre à «s'infiltrer» dans les mouvements de masses par des agents secrets qui sauront faire accepter des masses les thèses communistes sous le couvert de «propositions» d'origine non-communiste. Pour bien leur faire comprendre ce devoir fondamental, on leur rappelle sans cesse la consigne suivante: «Multipliez les contacts avec les masses!»
6. - Quel a été le premier, parmi les chefs communistes, à se servir spécifiquement de l'expression "langage d'Esope"?
C'est Lénine lui-même qui s'en est servi. Dans la préface de son livre «L'impérialisme, la plus haute forme du capitalisme» - édition russe - Lénine déclare qu'il s'est vu forcé, à l'origine, de «formuler certaines de ses opinions politiques avec beaucoup de circonspection, à mots couverts, avec, en somme, le «langage d'Esope», auquel le tsarisme oblige tous les révolutionnaires à avoir recours dès qu'ils se décident à écrire un ouvrage «légal».
7. - Est-ce qu'on explique davantage, quelque part, cette allusion de Lénine au "langage d'Esope"?
Vous verrez vous-mêmes, si vous consultez le volume V des «Oeuvres choisies» de Lénine, publiées à Moscou par l'Institut ,Marx-Engels-Lénine, que les éditeurs ont ajouté une «petite note». Ils y expliquent, en effet, que l'expression «langage d'Esope» est tirée du fabuliste Esope et s'applique au «style équivoque et détourné» adopté par les révolutionnaires, en vue de faire accepter des termes illégaux sous le couvert de termes légaux.
8. - Les chefs communistes font-ils d'autres allusions au "langage d'Esope"?
Certainement. Ils y font allusion à maintes reprises. Ainsi Staline parle de «mots couverts» auxquels la Pravda avait recours en Russie, après 1912. On retrouve cette allusion dans son ouvrage «L'Histoire du parti communiste - bolchévique - de l'Union Soviétique». En 1934, D. Z. Manuilsky, secrétaire général de l'Internationale communiste, recommandait fortement aux communistes Italiens l'emploi du «langage d'Esope» comme un excellent moyen «de respecter les règles de la conspiration communiste, et de recourir à toutes sortes de combines qui vous empêchent d'être démasqués sur-le-champ». (Voir «International Press Correspondence» le 26 février 1934, page 316.)
9. - L'usage de l'expression "langage d'Esope" fait donc intimement partie de l'histoire des communistes, de leur comportement, et de leur vocabulaire?
Assurément. Certains documents du parti communiste ne peuvent se comprendre que si nous nous rappelons les «résonances historiques» de certaines expressions et leur mode d'emploi.
10. - En quel domaine fait-on d'abord le plus souvent usage du "langage d'Esope"?
Dans le domaine du vocabulaire technique, que seuls connaissent les communistes ou ceux qui se sont familiarisés avec la méthodologie communiste. Presque toutes les phrases du vocabulaire technique proviennent des «classiques marxistes-léniniens» - Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Tsétung et Khrushchev - ou d'événements de l'histoire du marxisme-Iéninien. Dans l'ensemble, chaque phrase contient en elle-même un «code et un programme»; et sa fréquente répétition sert à augmenter la croyance du lecteur communiste en l'idéologie marxiste-Iéninienne.
11. - Est-ce que la répétition de l'expression "le marxisme-léninien" démontre clairement l'usage pratique de certaines phrases de "frappe"? Assurément. Il s'agit là d'un exemple de première importance. Nous savons que les expressions «le marxisme-léninien» ou «les principes du marxisme-léninien» reviennent sans cesse dans tous les documents officiels des communistes. La constitution de 1945 du parti communiste américain, dont on a fait mention au procès des communistes, en 1950, au «Foley Square», à New-York, reprend ces mêmes expressions. Un autre document, préparé à Moscou en novembre 1957, considère ces expressions comme une inspiration de première valeur pour tous les communistes. C'est le document «La déclaration des douze partis», dont tous les pays socialistes suivent les directives. Les mêmes expressions terminent encore la «déclaration» de ces douze partis réunis à Bucarest, en juin 1960. Les dernier mots de cette «déclaration de Bucarest» engagent solennellement les partis à se consacrer «au triomphe de la grande cause du marxisme-Iéninien».
12. - Quel est donc le sens véritable de l'expression "le màrxisme-léninien"?
La meilleure définition de cette expression se trouve dans l'ouvrage que Joseph Staline a écrit à l'intention des «camarades». Ce livre intitulé «Les fondements du léninisme», sert de guide à tous les communistes. A la page 10 - édition «La petite bibliothèque de Lénine», on peut lire ce qui suit: «Le léninisme, c'est du marxisme à la mode au temps de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne. Pour être plus précis, disons que le léninisme enseigne, en général, les méthodes et les tactiques à employer dans la révolution prolétarienne, et en particulier, les méthodes et les tactiques de la dictature du prolétariat».
Mais on apprend tout à coup, à la page 54 du même volume, que cette dictature ne peut s'établir en aucun pays par des moyens pacifiques. «La dictature du prolétariat, y est-il écrit, ne peut être le résultat de l'évolution pacifique de la société et de la démocratie bourgeoises. Pour s'établir, il lui faut d'abord renverser par la violence l'état bourgeois, l'armée bourgeoise, la bureaucratie bourgeoise et la police bourgeoise.»
En conséquence, lorsque le communiste lit et répète l'expression «le marxisme-Iéninien», il doit vouloir travailler par-dessus tout au renversement par la violence de l'état non-soviétisé dont il est le sujet.
13. - Le "marxisme-Iéninien" considère comme inévitable et essentiel le renversement par la violence de tous les gouvernements non-soviétisés. Est-ce que cela comprend également le renversement par la violence du gouvernement des Etats-Unis?
Evidemment. Cela comprend, nommément, le renversement par la violence du Gouvernement des Etats-Unis et du gouvernement de la Grande-Bretagne. Staline lui-même l'affirme avec force, à la page 55 du volume cité plus haut. Ce faisant, il suit tout simplement les directives données par Lénine dans son ouvrage «L'Etat et la révolution». C'est pourquoi, plus les communistes américains lisent l'expression «le marxisme-Iéninien», plus ils éprouvent le besoin de se préparer au grand jour où ils pourront enfin renverser et abattre une Amérique affaiblie.
14. - Est-ce que l'expression "marxisme-léninien" évoque la seule idée du renversement par la violence des gouvernements non-soviétisés?
Non. Elle rappelle au contraire tout un programme d'activités qu'on devra réaliser en préparation du grand jour de la révolution. Si vous parcourez davantage le livre de Staline: «Les fondements du léninisme», vous verrez que le parti communiste doit, au cours de la guerre des classes, remplir le rôle «d'avant-garde» et «d'état-major» pour les masses.
De là découle la nécessité de «s'infiltrer» dans les mouvements de masse, afin de faire servir ces mouvements non-communistes de «courroies de transmission» (l'expression est de Staline) pour l'idéologie communiste. Pour faire accepter la propagande communiste et affaiblir les gouvernements qu'ils veulent renverser les communistes doivent utiliser les «réformes». Ils doivent cependant s'en servir uniquement comme «écran ou paravent», pour masquer leurs activités subversives et leur projet de dictature.
15. - Est-ce que les expressions "paix" et "coexistence pacIfique" s'emploient également dans le contexte du ''langage d'Esope"?
Assurément. Le Kremlin l'a d'ailleurs clairement indiqué, en d'innombrables déclarations et en maints articles, à tous les camarades du monde. Pour le Kremlin, la «paix» ne sert que de «paravent» à l'offensive communiste. Cette idée fut «lancée» par Nikita S. Khrushchev lui-même, au 20e congrès du parti communiste de l'Union Soviétique. La «coexistence pacifique», expliquait-il alors, ne veut pas dire que «la lutte contre l'idéologie bourgeoise et ses institutions» doive se relâcher.
Pour mieux faire comprendre cette consigne à tous les communistes du monde, la revue «International Attairs» publiait à leur intention, en mars 1960, un article intitulé «La guerre des idéologies». On y affirmait que «le concept de la coexistence pacifique n'excluait aucunement la lutte des idéologies». L'article rappelait ensuite cet avertissement de Khrushchev: «Nous avons toujours soutenu, et nous soutiendrons toujours mordicus, que nous n'avons point d'autre idéologie que celle du marxisme-léninien». Dès lors, pour les communistes, la «coexistence pacifique» ne veut pas dire qu'on doive cesser pour un instant de travailler à détruire et à renverser les gouvernements non-soviétisés. Plutôt, elle signifie qu'on doit intensifier la lutte à cet effet. L'article en question l'affirme nettement: «La coexistence pacifique ne garantit pas du tout l'immortalité du capitalisme dans les pays qui vivent actuellement sous ce régime».
En somme, beaucoup d'autres articles, tout particulièrement dans la revue «International Affairs» de juin 1960, déclarent que «l'offensive communiste progresse rapidement et victorieusement à travers le monde», principalement à cause de l'étrange facilité avec laquelle la stratégie «coexistence pacifique» a leurré l'Occident.
16. - Pouvez-vous donner un exemple de ce que les communistes appellent "activités de paix"?
La revue «Political Affairs» publiait, en août 1960, un article intitulé «La jeunesse américaine en marche». On y recommandait comme «activité de paix» les initiatives suivantes: faire circuler des pétitions en faveur des conférences au sommet. Pourtant, ces rencontres n'ont toujours servi aux Soviets que de «paravent» pour masquer leur offensive au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine... S'affilier au mouvement «Le comité des étudiants en faveur d'une politique plus saine sur la question des engins nucléaires». On sait pourtant que le but de cette initiative consiste dans le désarmement unilatéral - des Etats-Unis... Organiser des voyages en pays socialistes et favoriser l'échange des étudiants entre les Etats-Unis d'une part et la Pologne communiste et l'URSS d'autre part... Exiger l'arrêt des expériences d'armes nucléaires, sans toutefois réclamer la même chose de l'Union Soviétique... Désobéir aux règlements de l'organisme CD - Défense civile... Favoriser toute législation qui encouragerait les jeunes gens à quitter les rangs des forces armées et à se rendre, selon le programme de «coopération technique», dans les «pays récemment parvenus à leur indépendance».
Tout cela devait servir à intensifier «la propagande et l'agitation en faveur du socialisme, qui seul peut résoudre, parfaitement et pour toujours, tous les problèmes de la jeunesse».
17.- Quel usage fait-on encore, en second lieu, du "langage d'Esope"?
On emploie aussi le «langage d'Esope» - mais d'une manière plutôt négative - pour dénoncer tous les soi-disant courants d'idées qui pourraient faire obstacle aux ambitions du marxisme-Iéninien.
18. - Pouvez-vous donner un exemple de cette façon d'agir?
Telle est, par exemple, l'attitude des communistes à l'endroit du «réformisme» et du «revisionnisme». Depuis le début, et jusqu'à nos jours, la littérature communiste n'a cessé de dénoncer et de condamner ces deux «déviations».
19. -Qu'est-ce que le "réformisme"?
Le «réformisme» considère les techniques et les buts du marxisme-Iéninien dans une optique telle, que les réformes - et non plus la révolution - deviennent l'objectif principal du «réformiste». Dès 1852, Karl Marx dénonçait cette tendance. Et Lénine la condamnait également dans son ouvrage «Les 21 conditions d'admission à l'Internationale communiste», approuvé, en 1920, au 2e congrès de cet organisme. L'article VII dit ceci: «Les partis qui désirent se rallier à l'Internationale communiste sont obligés d'admettre la nécessité de rompre complètement et définitivement avec le réformisme... sans quoi la politique communiste manquera tout à fait de stabilité et de constance». Quand le communiste lit, dans les documents officiels en provenance de Moscou, la condamnation du «réformisme», il se reprend à vouloir plus résolument encore l'affaiblissement par «l'infiltration» du gouvernement non-soviétisé dont il est le sujet, et son renversement définitif par la violence.
20. - Qu'est-ce que le, "revisionnisme"?
C'est la tendance à «adapter» les enseignements du marxisme-Iéninien. Elle jaillit surtout de l'intérieur du mouvement communiste; tandis que le réformisme provient plutôt du dehors. Comme on l'a vu au chapitre de l'histoire du communisme, cette expression est née lors de la campagne courageuse menée par Edouard Bernstein - au cours des années 1890 et suivantes - en vue de «reviser» ou «d'adapter» les enseignements du marxisme. De nos jours, la littérature communiste s'attaque au revisionnisme avec la plus grande violence. A l'automne de l'année 1959, une réunion, dont le but était de porter le coup de grâce au «revisionnisme», avait lieu à Bucarest, en Roumanie. La plupart des partis communistes du monde entier - le parti communiste de la Russie Soviétique en tête - assistaient à cette rencontre.
Chaque fois qu'un commrmiste voit le mot «revisionnisme», - qui est d'ailleurs toujours employé dans son sens péjoratif - il s'engage de nouveau à lutter avec ardeur contre toute forme d'adaptation ou d'adoucissement du marxisme et à obéir intégralement aux ordres de Moscou jusqu'à l'établissement définitif de la dictature des Soviets sur le monde et l'avènement de la société dite «sans classes».
21. - Quelle est la troisième façon d'utiliser le "langage d'Esope"?
Elle consiste à prêter à une expression un sens diamétralement opposé à sa définition ordinaire. Cette pratique de «renversement» a complètement dérouté l'Occident, ainsi que l'a démontré le professeur Stefan Posony, dans un article publié le 9 juillet 1960 dans la revue «Saturday Evening Post». Nous avons défini à notre manière les expressions dont les communistes avaient, pour mieux nous tromper, dénaturé le sens. Notre «fausse interprétation» est à l'origine des défaites que nous avons subies depuis 1933 aux mains des communistes.
Nous avons vu, par exemple, comment on a su, dans le contexte du «langage d'Esope», donner un sens équivoque au mot «paix». Pour nous, le mot «paix» signifie une chose; pour les communistes, «c'est la poursuite de la guerre des classes par tous les moyens efficaces», ou encore, c'est l'expansion de l'empire des Soviets. Et c'est dans la même optique qu'ils emploient le mot «démocratie». Pour eux, démocratie signifie «dictature». C'est ainsi que les documents officiels des communistes rappellent tant et plus que «la dictature du prolétariat» en Russie Soviétique constitue «la plus haute forme de démocratie». En même temps, les pays satellites, qui vivent chacun d'eux sous un régime de dictature imposé par le parti communiste, s'appellent «des démocraties populaires».
22.- Quelle est la quatrième façon d'utiliser le "langage d'Esope"?
Elle consiste à utiliser le procédé dans la forme d'argumentation autant que dans les mots eux-mêmes. On peut l'appeler «le mensonge diabolique du marxisme». De Karl Marx à nos jours, à travers toutes leurs luttes et leurs polémiques, les communistes n'ont jamais cessé d'y avoir recours. Il s'agit, pour les communistes, d'accuser leurs adversaires ou leurs futures victimes des crimes que la Russie Soviétique et ses partisans commettent eux-mêmes.
Ainsi, lorsque le Kremlin multiplie ses tactiques de «guerre de classes» un peu partout, à Cuba, dans certaines régions de l'Afrique ou de l'Amérique latine, Khrushchev et ses comparses accusent violemment les Etats-Unis «d'agression». L'invasion de la Coré du Sud s'est faite au nom de la «paix», mais ce sont les Etats-Unis qui ont été déclarés «les agresseurs». Et lors même que la Russie Soviétique continue, en raison de son caractère propre, d'étendre l'empire communiste dans toutes les parties du monde, elle accuse les Etats-Unis de rechercher «la domination mondiale».
Cette tactique a si bien réussi que même aux Etats-Unis des personnages fort en vue ont - à contre-cœur, il va sans dire - ajouté foi, dans quelque mesure, à toutes ces accusations.
23. - Lorsque Moscou juge opportun de modifier sa stratégie vis-à-vis de certaines puissances du monde ou de certains grands personnages "d'envergure internationale", voit-on que les expressions de la terminologie communiste ont tendance à se conformer aux circonstances?
Assurément. Cela s'est fait, déjà, et se fait encore, souvent. Feu le président Franklin D. Roosevelt et les expressions «Fasciste» et «Fascisme» nous en fournissent en quelque sorte les exemples les plus «typiques». Avant la reconnaissance officielle de la Russie Soviétique, en 1933, on accusait Roosevelt d'être «fasciste». Et le journal Daily Worker alla même jusqu'à réclamer publiquement le renversement de son gouvernement par la violence. Mais aussitôt qu'il eut reconnu la Russie Soviétique, on le déclara innocent de tout fascisme. Si bien que, vers 1936, c'étaient ses adversaires politiques - l'axe Hearst-McCormick-Patterson - qui devenaient «les fascistes américains».
En 1939, Staline et Hitler signaient un accord. Aussitôt, monsieur Roosevelt redevint «fasciste». C'est ainsi que Earl Browder le «rebaptisait», dans un «communiqué» paru en mai 1940, dans la Revue «Political Affairs». Enfin lors de l'entrée en guerre des E.-U. aux côtés de la Russie Soviétique, monsieur Roosevelt se vit attribuer le titre de «champion démocratique dressé contre le fascisme». Voici, plus près de nous, un incident dont le président Dwight D. Eisenhower devait, cette fois, être la malheureuse victime. Aussi longtemps que ce dernier accéda aux désirs de Khrushchev - par exemple, lorsqu'il invita le «boucher de Budapest» à venir aux Etats-Unis et accepta lui-même de se rendre à la «conférence au sommet» de 1960 - les communistes l'acclamèrent comme un adversaire acharné de la guerre et un héraut de «L'Esprit du Camp David». Cependant, lorsque Khrushchev se rendit compte qu'il ne pourrait agir à sa guise, lors de cette conférence au sommet, il la fit aussitôt avorter. Et partout, à travers le monde, tout particulièrement dans la presse communiste, on chargea Eisenhower d'opprobres et l'on décocha contre lui les pires calomnies.
24. - Comment reconnaître la signification authentique des "mots communistes"?
Avant tout, quand on voit, dans un document communiste, un mot de caractère inoffensif en apparence, on ne doit jamais supposer qu'il a le sens qu'il devrait normalement avoir. Cette attitude sceptique vis-à-vis de la phraséologie communiste provient de la connaissance de la nature même du communisme. Le communisme, on le sait, a comme fin primordiale le renversement par la violence de tous les gouvernements non-soviétisés. Pour y parvenir, il commence par affaiblir ces gouvernements. Son arme principale est le mensonge... C'est à la lumière de cette donnée que l'on pourra, si des études plus poussées sont requises, consulter tous les livres qui traitent du jargon communiste. A la fin de ce livre, on en mentionne quelques-uns.