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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

jeudi, juin 17, 2010

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CHAPITRE IV.

De la Mission de saint Ignace à Missilimakinac.

Les Hurons de la Nation du Petun, appellés Tionnotanté, ayant autrefois esté chassez de leur païs par les Iroquois, se refugierent en cette Isle si celebre pour la pesche, nommée Missilimakinac; mais ils n'y purent rester que peu d'anneez, ces mesmes ennemis les ayant obligez de quitter ce poste si avantageux: ils se retirerent donc plus loing dans les Isles, qui portent encore leur nom, et qui sont à l'entree de la baye des Puans; mais ne s'y trouvant pas encore assez en assurance, ils se retirerent bien avant dans les bois, et de là enfin choisirent pour derniere demeure, l'extremite du lac Superieur, dans un endroit qu'on a appelle la pointe du S. Esprit. Ils estoient là, assez esloignez des Iroquois pour ne les pas craindre, mais ils estoient trop pres des Nadoüessi, qui sont comme les Iroquois de ces quartierz du Nord, estant les Peuples les plus puissans et les plus belliqueux de ce païs.

Tout s'estoit neantmoins passé assez paisiblement pendant plusieurs annees, jusques à la derniere, que ces Nadoüessi ayant esté irritez par les Hurons et par les Outaoüacs, la guerre s'alluma entre eux, et on la commença avec tant de chaleur, que quelques prisonniers qu'ils firent les uns sur les autres, ont passé par le feu.

Les Nadoüessi n'ont pas voulu neantmoins commencer aucun acte d'hostilité, qu'apres avoir renvoyé au Pere Marquette, quelques Images dont il leur avoit fait present, pour leur donner quelque ydee de nostre Religion, et les instruire par les yeux, puisqu'il ne pouvoit pas le faire autrement, à cause de leur langue qui est entierement differente de celle des Hurons et des Algonquins.

Des ennemis si redoutables jetterent bientost la frayeur dans les esprits de nos Hurons et de nos Outaoüacs, qui prirent resolution d'abandonner la pointe du S. Esprit, et tous leurs champs qu'ils cultivoient depuis longtemps.

Dans cette retraitte, les Hurons se souvenans des grandes commoditez qu'ils avoient autrefois trouvees à Missilimakinac, jetterent les yeux sur cet endroit pour s'y refugier, et c'est ce qu'ils ont fait depuis un an.

Ce lieu a tous les avantages qu'on peut souhaitter pour des Sauvages: la pesche y est abondante en tout temps, les terres y sont de grand rapport; la chasse de l'ours, du cerf, et du chat sauvage s'y fait heureusement; d'ailleurs c'est le grand abord de toutes les Nations qui vont ou qui viennent du Nord, ou du Midy.

C'est pour cela que dés l'annee passee, prevoyant bien ce qui est arrivé, nous y avions dressé une Chapelle, pour y recevoir les passans, et pour y cultiver les Hurons qui s'y sont arrestez.

Le Pere Jacques Marquette, qui les a suivis depuis la pointe du S. Esprit, continue d'avoir soin d'eux. Comme il ne nous a pas donné de memoires particuliers de ce qui s'est passé en cette Mission, tout ce qu'on en peut dire est, que cette Nation ayant autrefois esté elevee dans le Christianisme, avant la destruction des Hurons, ceux qui se sont conservez dans la Foy, sont à present dans une grande ferveur; ils remplissent tous les jours la Chapelle, pendant le jour ils la visitent souvent, ils y chantent les louanges de Dieu, avec une devotion, qui en a beaucoup donné aux François qui en ont esté les tesmoins; les adultes y ont esté baptisez, les vieillards donnent l'exemple aux enfans pour se rendre assidus aux prieres. En un mot, ils pratiquent tous les exercices de pieté qu'on peut attendre d'un Christianisme formé depuis plus de 20. ans, quoy qu'il ait esté la pluspart de ce temps-là sans Eglise, sans Pasteur, et sans autre Maistre que le Saint-Esprit.

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Version en français contemporain

CHAPITRE IV.

De la Mission de Saint-Ignace à Missilimakinac.


Les Hurons de la nation du pétun (tabac), apelés Tionnotanté, ayant autrefois été chassés de leur pays par les Iroquois, se réfugièrent en cette île si célèbre pour la pêche, nommée Missilimakinac. Mais ils n'y purent rester que peu d'années, ces mêmes ennemis les ayant obligés de quitter ce poste si avantageux. Ils se retirèrent donc plus loin dans les îles qui portent encore leur nom, et qui sont à l'entrée de la Baie des Puants. Mais ne s'y trouvant pas encore assez en sécurité, ils se retirèrent plus profondément dans les bois, et de là enfin choisirent pour dernière demeure, l'extrémité du lac Supérieur, dans un endroit qu'on a appelé la Pointe-du-Saint Esprit (baie Chequamegon). Ils étaient là, assez éloignés des Iroquois pour ne les pas craindre, mais ils étaient trop près des Nadoüessi (Sioux), qui sont comme les Iroquois de ces quartiers du Nord, étant les peuples les plus puissants et les plus belliqueux de ce pays.

Tout s'était néanmoins passé assez paisiblement pendant plusieurs années, jusqu'à la dernière, que ces Nadoüessi ayant été irrités par les Hurons et par les Outaouais, la guerre s'alluma entre eux, et on la commença avec tant de chaleur que quelques prisonniers qu'ils firent les uns sur les autres, ont passé par le feu.

Les Nadoüessi n'ont pas voulu néanmoins commencer aucun acte d'hostilité, qu'après avoir renvoyé au Père Marquette quelques images dont il leur avait fait présent, pour leur donner quelque idée de notre religion, et les instruire par les yeux, puisqu'il ne pouvait pas le faire autrement, à cause de leur langue qui est entièrement différente de celle des Hurons et des Algonquins.

Des ennemis si redoutables jetèrent bientôt la frayeur dans les esprits de nos Hurons et de nos Outaouais, qui prirent la résolution d'abandonner la Pointe-du-Saint-Esprit, et tous leurs champs qu'ils cultivaient depuis longtemps.

Dans cette retraite, les Hurons se souvenant des grandes commodités qu'ils avaient autrefois trouvées à Missilimakinac, jetèrent les yeux sur cet endroit pour s'y réfugier, et c'est ce qu'ils ont fait depuis un an.

Ce lieu a tous les avantages qu'on peut souhaiter pour des Sauvages. La pêche y est abondante en tout temps, les terres y sont de grand rapport (rendement). La chasse à l'ours, au cerf, et au chat sauvage s'y fait heureusement (par une heureuse chance). D'ailleurs c'est le grand abord (lieu de rencontre) de toutes les nations qui vont ou qui viennent du Nord, ou du Midi.

C'est pour cela que dès l'année passée, prévoyant bien ce qui est arrivé, nous y avions dressé une chapelle, pour y recevoir les passants, et pour y cultiver (prendre soin des) les Hurons qui s'y sont arrêtés.

Le Père Jacques Marquette, qui les a suivis depuis la Pointe-du-Saint-Esprit, continue d'avoir soin d'eux. Comme il ne nous a pas donné de mémoires (écrits) particuliers de ce qui s'est passé en cette Mission. Tout ce qu'on en peut dire est que cette nation ayant autrefois été élevée dans le christianisme, avant la destruction des Hurons, ceux qui ont conservé la Foi, sont à présent dans une grande ferveur. Ils remplissent tous les jours la chapelle. Pendant le jour ils la visitent souvent, ils y chantent les louanges de Dieu, avec une dévotion, qui en a beaucoup donné aux Français qui en ont été les témoins. Les adultes y ont été baptisés, les vieillards donnent l'exemple aux enfants pour se rendre assidus aux prières. En un mot, ils pratiquent tous les exercices de piété qu'on peut attendre d'un christianisme formé depuis plus de 20 ans, quoiqu'il ait été la plupart de ce temps-là sans église, sans pasteur, et sans autre maître que le Saint-Esprit.

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