CHAPITRE II.
De la Residence de S. Xavier des Prez.
Le Pere Fremin, qui a soin de cette Residence et de la Colonie composée de Hurons et d'Iroquois qui y est attachée, m'en écrit en ces termes, du 14. d'Août de la presente année 1672.
Je reconnois manifestement que le saint Esprit a une providence particuliere sur la conduite de cette petite Eglise, et que la sainte Vierge qui y est honorée, et saint François Xavier qui en est le Patron, y font ressentir, par des effets de graces tout extraordinaires, leur pouvoir aupres de la divine Majesté, en faveur de ces pauvres ames, dont la pluspart ayant esté élevées autrefois dans l'infidelité, font maintenant profession des plus hautes vertus qui se pratiquent dans le Christianisme.
Je fus surpris l'an passé, à mon retour du païs des Iroquois, d'y voir tant de devotion et de ferveur, mais je le suis encore plus presentement de voir leur constance dans ces bons sentimens.
Depuis que je suis icy, je n'ay eu aucune connoissance qu'il soit entré dans aucune de leurs cabanes, une seule goutte des boissons qui causent tant de desordres chez les Sauvages. Ils en ont tous une aversion extrême, quoy que par tout aux environs les Sauvages s'enyvrent tous les jours, avec des excez qui font voir parmy eux une vraye image de l'enfer, dans la fureur dont ils sont transportez. Ils ont eu icy l'espace de plus de trois semaines un cabaret tout proche de leurs cabanes, pas un n'a eu la pensée d'y mettre le pied; et ce qui me fait voir encore sensiblement l'effet de la grace, est que i'en compterois bien cinquante ou soixante dans cette petite Eglise, qui estoient autrefois de grands yvrognes, et qui ont presentement tant d'horreur de ce vice, qu'ils ne peuvent supporter ceux qui y sont sujets, et qu'ils ne leur parlent dans les rencontres que pour leur en donner de l'aversion, ils se servent eux-mesmes des moyens les plus efficaces qui soient dans le Christianisme, pour obtenir de Dieu la victoire sur leurs passions, et les assujettir à la raison et à sa sainte Loy. Soit que je les aye icy sous mes yeux, soit que la saison de la chasse les en éloigne dans les bois pour y chercher leur vie, ils ne manquent jamais à leurs prieres matin et soir; tous leurs exercices spirituels y vont à l'ordinaire, ce qui m'est une preuve évidente de leur foy et de leur vertu. Ils en font une profession si publique en tout temps et en tout lieu, que tous les Sauvages qui viennent icy, ou pour y demeurer, ou pour y visiter leurs amis, prennent resolution de se faire Chrestiens, ou font semblent de l'estre, sçachant bien que sans cela ils n'y seroient pas les bienvenus.
Qnand un étranger arrive icy, la premiere chose que font nos Sauvages, c'est de l'instruire et de le solliciter à demander le Baptesme, et j'estime que par leur zele, par leur pieté, et par leurs bons exemples, ils contribuent beaucoup plus que moy par mes instructions, à la conversion des infideles. Leur assiduité à l'Eglise est extraordinaire: de n'y pas venir prier Dieu, ou de ne pas entendre la Messe mesme un jour ouvrier, estant dans la bourgade, cela passe parmy eux pour une grande faute, et il arrive tres-rarement que quelqu'un y manque. Plusieurs entendent deux Messes les Dimanches et les Festes, et ne manquent point ny aux Vespres, ny aux Saluts, outre plusieurs visites qu'ils rendent au saint Sacrement pendant la journée. Au reste, toutes ces devotions publiques n'empeschent pas que tous les soirs avant le coucher, on ne fasse encore les prieres à genoux dans chaque cabane.
La devotion de la sainte Famille, dont nous avons icy une petite assemblée, sert beaucoup à les maintenir dans cette ferveur et dans l'horreur du peché. Une jeune femme estant tombée dans quelque faute, en fut tellement touchée de contrition, que dans la resolution de s'en confesser au plus tost, elle se retira dans le bois, où elle y fit une rude discipline pour l'expiation de son peché. Une autre, ayant trouvé à deux lieuës d'icy un Infidele qui avoit un mauvais commerce avec une Chrestienne, fit tant par ses remonstrances, qu'elle luy persuada de venir demeurer dans sa cabane: Du moins, me disoit-elle, j'empescheray par ce moyen quelques pechez de ce miserable. Je laisse plusieurs autres exemples semblables de leur zele et de leur pieté; mais je ne puis obmettre une illustre preuve, que me donna il n'y a pas long-temps, une de nos Chrestiennes, de sa foy et de sa confiance en la sainte Vierge. Elle me vint trouver à l'occasion de son enfant qui estoit malade à l'extremité, et me dit: Mon Pere, mon pauvre enfant est malade au mourir, je n'ay rien épargné pour sa guerison, vous le sçavez; j'y ay employé tous les remedes imaginables, mais inutilement; je ne m'en veux plus servir: je me suis trouvée autrefois en la mesme peine, pour la conversion de ma mere, qui estoit infidele; j'eus recours à la sainte Vierge, je fis dire des Messes pour elle en son honneur; elle m'accorda ce que je luy demandois, et ma mere est maintenant bonne Chrestienne; j'espere de sa bonté la mesme grace en faveur de mon enfant: voila un collier de pourcelaine que je luy presente à cette intention; et vous, mon Pere, yous aurez, s'il vous plaist, la bonté de dire neuf Messes, et la sainte Vierge me rendra mon fils si elle le veut. La neuvaine n'estoit pas achevée que l'enfant malade estoit parfaitement guery. Je souhaitterois que ceux qui me ' demandoient autrefois, s'il y avoit des Chrestiens parmy les Sauvages, fussent icy; nous sommes eux et moy pour avoir bien de la confusion devant Dieu en l'autre vie, à la veuë de tant de pauvres barbares qui se seront servis plus avantageusement que nous du secours de ses graces.
-------------------------
Version en français contemporain
CHAPITRE II.
De la Residence de Saint-François-Xavier-des-Pré.
Le Père Fremin, qui a soin de cette Résidence et de la colonie composée de Hurons et d'Iroquois qui y est attachée, m'en écrit en ces termes, du 14 août de la présente année 1672.
Je reconnais manifestement que le Saint Esprit a une providence particulière sur la conduite de cette petite Église (comunauté), et que la Sainte Vierge qui y est honorée, et Saint François Xavier qui en est le Patron, y font ressentir, par des effets de grâces tout extraordinaires, leur pouvoir auprès de la divine Majesté, en faveur de ces pauvres âmes, dont la plupart ayant été élevées autrefois dans l'infidélité (paganisme), font maintenant profession des plus hautes vertus qui se pratiquent dans le christianisme.
Je fus surpris l'an passé, à mon retour du pays des Iroquois, d'y voir tant de dévotion et de ferveur, mais je le suis encore plus présentement de voir leur constance dans ces bons sentiments.
Depuis que je suis ici, je n'ai pas eu aucune connaissance qu'il soit entré dans aucune de leurs cabanes, une seule goutte des boissons (alcool) qui causent tant de désordres chez les Sauvages. Ils en ont tous une aversion extrême, quoique partout aux environs les Sauvages s'enivrent tous les jours, avec des excès qui font voir parmi eux une vraie image de l'enfer, dans la fureur dont ils sont transportés. Ils ont eu ici l'espace de plus de trois semaines un cabaret (établissement qui sert à boire et à manger) tout proche de leurs cabanes (abris de fortune), pas un n'a eu la pensée d'y mettre le pied. Et ce qui me fait voir encore sensiblement l'effet de la grâce, est que i'en compterais bien cinquante ou soixante dans cette petite Église («Église» en tant que communauté), qui étaient autrefois de grands ivrognes, et qui ont présentement tant d'horreur de ce vice, qu'ils ne peuvent supporter ceux qui y sont sujets, et qu'ils ne leur parlent dans les rencontres que pour leur en donner de l'aversion. Ils se servent eux-mêmes des moyens les plus efficaces qui soient dans le christianisme, pour obtenir de Dieu la victoire sur leurs passions, et les assujettir à la raison et à Sa sainte Loy. Soit que je les aie ici sous mes yeux, soit que la saison de la chasse les en éloigne dans les bois pour y chercher (gagner) leur vie, ils ne manquent jamais à leurs prières matin et soir. Tous leurs exercices spirituels y vont à l'ordinaire, ce qui m'est une preuve évidente de leur Foy et de leur vertu. Ils en font une profession si publique en tout temps et en tout lieu, que tous les Sauvages qui viennent ici, ou pour y demeurer, ou pour y visiter leurs amis, prennent la résolution de se faire chrétiens, ou font semblent de l'être, sachant bien que sans cela ils n'y seraient pas les bienvenus.
Qnand un étranger arrive ici, la première chose que font nos Sauvages, c'est de l'instruire et de le solliciter à demander le baptême. Et j'estime que par leur zèle, par leur piété, et par leurs bons exemples, ils contribuent beaucoup plus que moi par mes instructions, à la conversion des infidèles (païens). Leur assiduité à l'église est extraordinaire. De n'y pas venir prier Dieu, ou de ne pas même entendre la messe un jour ouvrier (jour ouvrable), étant dans la bourgade, cela passe parmi eux pour une grande faute, et il arrive très rarement que quelqu'un y manque. Plusieurs entendent deux messes les dimanches et les Fêtes, et ne manquent pas ny aux vêpres (heures de l'office le soir), ni aux saluts (cérémonies religieuses), outre plusieurs visites qu'ils rendent au saint Sacrement pendant la journée. Du reste, toutes ces dévotions publiques n'empêchent pas que tous les soirs avant le coucher, on ne fasse encore les prières à genoux dans chaque cabane.
La dévotion de la sainte Famille, dont nous avons ici une petite assemblée, sert beaucoup à les maintenir dans cette ferveur et dans l'horreur du péché. Une jeune femme étant tombée dans quelque faute (ayant péché), en fut tellement touchée de contrition (remords), que dans la résolution de s'en confesser au plus tôt, elle se retira dans le bois où elle y fit une rude discipline (mortifiction) pour l'expiation de son péché. Une autre, ayant trouvé à deux lieues (environ 8 km.)d'ici un Infidèle qui avait un mauvais commerce (relations sexuelles) avec une chrétienne, fit tant par ses remontrances, qu'elle le persuada de venir demeurer dans sa cabane: «Du moins, me disait-elle, j'empêcherai par ce moyen quelques péchés de ce misérable.» Je laisse plusieurs autres exemples semblables de leur zèle et de leur pieté, mais je ne puis omettre une illustre preuve que me donna il n'y a pas long-temps, une de nos chrétiennes, de sa Foi et de sa confiance en la sainte Vierge. Elle vint me trouver alors que son enfant était malade à mort, et me dit: «Mon Père, mon pauvre enfant est malade à mourir. Je n'ai rien épargné pour sa guérison, vous le sçavez. J'y ai employé tous les remèdes imaginables, mais inutilement. Je ne m'en veux plus servir (de ces remèdes). Je me suis trouvée autrefois dans la même peine (situation), pour la conversion de ma mère qui était infidèle. J'eus recours à la sainte Vierge, je fis dire des messes pour elle en son honneur. Elle m'accorda ce que je lui demandais, et ma mère est maintenant bonne chrétienne. J'espère de sa bonté la même grâce en faveur de mon enfant. Voilà un collier de porcelaine que je lui présente à cette intention. Et vous, mon Père, yous aurez, s'il vous plait, la bonté de dire neuf messes, et la sainte Vierge me rendra mon fils si elle le veut.» La neuvaine n'était pas achevée que l'enfant malade était parfaitement gueri. Je souhaiterais que ceux qui me demandaient autrefois s'il y avait des chrétiens parmi les Sauvages, fussent ici. Nous serons, eux et moi, bien confus devant Dieu dans l'autre vie, à la vue de tant de pauvres barbares qui se seront servis plus avantageusement que nous du secours de Ses grâces.
------------------------------------
Si le bon Père voyait ce qui se passe maintenant en ce qui était sa Mission, il ne le croirait pas. Les bons Sauvages vendent n’importe quoi sur la réserve et le Démon y règnent en maître. Si vous voulez avoir deu tabac illégal et à peu près tout ce qui est illégal, la place est connue et reconnue. La police n’intervient pratiquement jamais. Il ne faut pas oublier qu’ils ne payent pas de taxes ni sur les réserves ni en dehors. L’alcool coule à flot et les narcotiques sont en vente libre.
La violence conjugale et tout court sont endémiques sur toutes les réserves, sauf quelques exceptions. Un psychologue qui opérait à Fort-George ou Chichasipi au Nouveau-Québec, se disait écoeuré de voir des femmes battues.
Ils ont eu des Religieux, souvent massacrés par eux, qui leur ont apporté la Bonne NOuvelle. En boudant la Bonne Nouvelle, la nature ayant horreur du vide et Satan horreur de la Bonne Nouvelle, ce qui devait arriver arriva: Satant règne en maître. Et cela est aussi vrai pour le Québec en général.
Pour le lecteur qui ne connaît pas le Québec, un enfant sur trois est passé par le bistouri de l’avortement chaque année, ce qui gonfle la dénatalité avec son lot de mauvaises nouvelles.
Avec une population qui compte plus de vieillards que d’enfants, pour ne nommer que ce fait, les coûts de l’assurance-maladie étatique monte en flèche. Mais le gouvernement du Québec, toutes les formations politiques confondues, a une solution: l’euthanasie. Notre bon gouvernement, avec ses consultations publiques bidons, dresse la table pour soulager les sales d’urgence et les lits dans les hôpitaux. Il n’y aura plus de soins de longues durées, mais des malades à la vie écourtée, peu importe l’âge. Ils vont mourir dans la dignité, c’est à dire en débarassant la place et en ne coûtant rien à l’état.
Quand nous tenons en compte ces faits, la majorité ne va pas accepter que certains groupes n’aient que des droits sans obligations qui vont avec, et des conflits vont surgir. La marmite va sauter...
Jacques Clouseau