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J'ai parlé plus haut de l'inversion des noms comme procédé de la magie noire. Or les inversions sont tellement ancrées dans la pensée de Marx qu'il en fait usage partout. Au livre de Proudhon Philosophie de la misère il répond par un autre qu'il intitule La misère de la philosophie. «Il nous faut employer, dit-il, au lieu de l'arme de la critique, la critique des armes,» etc.
L'aspect hirsute de Marx avec ses cheveux et sa barbe ne vous a-t-il jamais posé question? Les hommes de son temps portaient en général la barbe, mais pas comme la sienne! ni des cheveux aussi longs. L'allure de Marx est typique des adeptes de Johanna Southcott, prêtresse d'une secte extravagante qui prétendait être en relations avec le démon Shiloh (Conversations entre Marx et Engels). Il est curieux de constater qu'en 1814, quelque soixante ans après sa mort, «le groupe de Chatham des Southcottians comptait dans ses rangs un militaire, James White, qui, après son temps de service aux Indes, revint diriger le groupe local, répandant encore la doctrine de Johanna en lui donnant une coloration .communiste» (James Hastings, Encyclopœdia of Religion and Ethics. N. Y. Charles Scribner's Sons, 1921, XI, 756).
Karl ne parlait guère métaphysique en public, mais nous pouvons reconstituer sa pensée en nous référant aux hommes à qui il était associé. Parmi eux Michel Bakounine, membre de la Première Internationale, écrivait:
Satan est le premier libre-penseur et sauveur de ce monde. Il libère Adam et imprime sur son front le sceau de l'humanité et de la liberté en faisant désobéir (Dieu et l'État, citations des Anarchistes, édité par Paul Berman, Prœger éditeur, N. Y. 1972).Bakounine ne se contente pas de faire le panégyrique de Lucifer, il a également un programme concret de révolution - mais pas pour libérer les pauvres de l'exploitation.
Dans cette révolution, il nous faudra réveiller le diable chez le peuple et exciter en lui les passions les plus viles (Cité dans Dzerjinski par R. Gul, «Most» Pub. House, New-York, en russe).C'est précisément avec ce Bakounine dont le programme est si étrange que Karl Marx a créé la Première Internationale. C'est lui qui nous révèle que Proudhon, autre grand penseur socialiste et à l'époque ami de Karl Marx, «adorait Satan», lui aussi. Proudhon avait été présenté à Marx par Hess; il avait également le même style chevelu-barbu typique de la secte satanique de Johanna Southcott au XIXe siècle (Conversations avec Marx et Engels, Insel Verlag, 1973, Allemagne).
Dans son ouvrage Sur la justice dans la révolution et dans l'Église, Proudhon déclare que Dieu est le prototype de l'injustice.
Nous atteignons à la connaissance malgré lui, nous nous procurons le bien-être malgré lui, nous arrivons à la société malgré lui encore. Chaque pas en avant est une victoire où nous l'emportons sur le divin.
Il s'exalte:
Dieu est stupidité et lâcheté, Dieu est hypocrisie et fausseté, Dieu est tyrannie et pauvreté, Dieu est mauvais. Partout où l'humanité s'incline devant un autel, esclave des rois et des prêtres, elle sera condamnée... Je jure, ô Dieu. la main levée vers le ciel, que tu n'es rien d'autre que l'exécuteur de ma raison, le sceptre de ma conscience... Dieu est essentiellement anti-civilisé. anti-libéral, anti-humain.
Proudhon déclare que Dieu est mauvais parce que l'homme, sa création, est mauvais. Mais de telles pensées ne sont pas originales: on les trouve d'ordinaire dans les sermons du culte de Satan.
Quand il se brouilla plus tard avec Proudhon, Marx écrivit un livre pour réfuter sa Philosophie de la misère où se trouvent les citations ci-dessus. Il contredit sa doctrine économique sur des points secondaires mais il n'a aucune objection sur sa révolte démoniaque contre Dieu. Il convient ici de souligner avec force que Marx et ses disciples, même s'ils étaient anti-Dieu, n'étaient pas pour autant des athées comme l'avancent pourtant les communistes d'aujourd'hui. En d'autres termes, ils prouvaient leur haine pour un Dieu en qui ils croyaient en le dénonçant ouvertement et en l'insultant. Ce n'est pas son existence qu'ils remettaient en cause, mais sa suprématie.
Lors de l'insurrection de la Commune de Paris en 1871, le communard Flourens déclarait:
Notre ennemi, c'est Dieu. La haine de Dieu est le commencement de la sagesse (Philosophie du Communisme, Introduction par Charles Boyer, Fordham University Press, N. Y.)
Marx louait hautement les communards qui proclamaient ouvertement cet objectif. Mais quel rapport cela peut-il bien avoir avec une distribution équitable des biens ou de meilleures institutions sociales? Il ne s'agit là que d'un masque pour dissimuler le but véritable: l'extermination totale de la foi en Dieu et de son culte. La preuve en sont aujourd'hui des pays comme la Chine (rouge), l'Albanie et la Corée du Nord où toutes les églises, mosquées et pagodes ont été fermées.
Marx a composé des poèmes très intéressants sur ce thème. De l'avis général ils n'ont aucune valeur littéraire, mais les pensées exprimées sont révélatrices. Dans La prière d'un désespéré et Orgueil humain, la prière suprême de l'homme est pour sa propre grandeur. Si l'homme est condamné à périr à cause de sa propre grandeur, ce sera la catastrophe cosmique, mais il mourra en être divin, pleuré des démons. Dans sa ballade intitulée Le ménestrel il célèbre la plainte du chanteur contre un dieu qui ne connaît ni ne respecte son art, qui émergeant du ténébreux abîme des enfers, «ensorcelle l'esprit et séduit le cœur - et sa danse est une danse macabre». Le ménestrel tire son épée et l'enfonce dans le cœur du poète.
«L'art émergeant du ténébreux abîme des enfers ensorcelant l’esprit», cela évoque les paroles du révolutionnaire américain Jerry Rubin dans Do it: «Nous avons associé jeunesse, musique, sexe, drogue, révolution avec trahison; c'est là quelque chose de bien difficile à dépasser.»
Dans un autre poème où il avoue que son but n'est pas d'améliorer le monde, pas plus que de le réformer ou de le mettre en état de révolution, mais bien de le précipiter purement et simplement à sa ruine pour en jouir, Marx déclare notamment:
Dédaigneusement je jetterai mon gant
À la face du monde
Et verrai s'effondrer ce géant pygmée
Dont la chute n'éteindra pas mon ardeur.
Puis comme un dieu victorieux j'irai au hasard
Parmi les ruines du monde
Et, donnant à mes paroles puissance d'action,
Je me sentirai l'égal du Créateur.
(de la traduction du D. McLellan de Marx before marxism,
McMillan).
Ce n'est pas sans lutte intérieure, en effet, qu'il choisit Satan. Ses poèmes furent achevés lors d'une grave maladie causée par la violente tempête déchaînée dans son cœur. Il note alors combien il se sent vexé de devoir se faire une idole d'une idée qu'il déteste. Il en tombe malade (ibidem).
La raison majeure de la conversion de Marx au communisme apparaît clairement dans une lettre de son ami Georges Jung à Ruge. Il n'est pas question de l'émancipation du prolétariat ni d'un ordre social meilleur. Lisons plutôt:
Si Marx, Bruno Bauer et Feuerbach s'associent pour fonder une revue politico-théologique, Dieu fera bien de s'entourer de tous ses anges et de se laisser aller à se plaindre car ces trois-là réussiront certainement à le chasser du ciel... (Cité par Mc Lellan, voir ci-dessus).