L'Institut d'Action Politique, qui publie cette brochure, édite deux journaux: Vers Demain en français, The Union of Electors en anglais.
Ce sont deux journaux d'orientation politique, mais détachés de tout parti. La doctrine qu'ils propagent est la doctrine du Crédit Social, présentée au monde pour la première fois en 1918, par un Écossais de génie, le Major C. H. Douglas. Mais l'Institut qui publie ces deux organes n'est pas du tout un parti politique. L'Institut d'Action Politique est une école. Une école d'enseignement et de formation, d'enseignement créditiste et de formation créditiste. Cette école ne se contente pas d'exposer les propositions financières énoncées par Douglas, mais à l'exemple de ce grand maître, elle met en relief la philosophie dont s'inspire sa politique monétaire.
La politique monétaire n'est qu'un moyen en vue d'une fin. La fin du Crédit Social pourrait se résumer en une courte phrase: Rendre chacun capable d'être maître chez soi. Maître de l'organisation de sa vie, du choix de sa profession, de l'emploi de son temps. Maître de ses biens, de sa propriété. Libre d'accepter ou de refuser tout programme placé devant lui, d'y participer ou de s'en abstenir; libre d'entrer ou non dans une association qui l'invite, et libre d'en sortir quand tel est son choix.
Cela va bien au delà d'une seule réforme financière, car il peut y avoir et il y a d'autres forces qui s'opposent à la liberté de choix de l'individu. Mais la première condition pour qu'un homme devienne maître chez lui, c'est que lui-même le veuille, d'une volonté ferme, et qu'il pose personnellement des actes dirigés dans ce sens - ce qui est loin de se fier aux aléas d'une élection.
Douglas n'a jamais conseillé la formation d'un parti politique de Crédit Social. Nous avons déjà cité ses paroles à un auditoire créditiste:
«Si vous réussissez à élire un parti de Crédit Social, en supposant que cela soit possible, je considère que l'élection d'un parti de Crédit Social au pouvoir en ce pays serait la plus grande catastrophe qui puisse arriver.»
C'est le maître qui parle ainsi. Le maître, dont certains politiciens de chez nous prétendent être les disciples alors qu'ils s'évertuent à faire ce qu'il condamne expressément.
Au Canada, le résultat de la dernière élection fédérale a bien démontré, à quiconque n'a pas la tête tournée, l'inutilité de compter sur des élections pour arriver au Crédit Social. Non seulement elles n'y conduisent pas, mais elles font exactement le contraire.
Pour les candidats ou pour le peuple?
Pour un peuple puissant
La puissance financière n'est pas venue d'un coup sec, et elle ne disparaîtra pas d'un coup sec. Elle est aujourd'hui solidement installée; et ce ne sont certainement pas des croix à la mine de plomb tous les trois, quatre ou cinq ans, qui la délogeront de ses retranchements. Une seule puissance peut lui faire face: celle de tout un peuple, d'un peuple suffisamment renseigné, et uni pour exiger le changement qui s'impose dans le régime financier.
C'est à former ce peuple puissant que s'applique l'Institut d'Action Politique, par ses journaux, ses brochures et autres moyens de diffusion. C'est pour faire le peuple prendre conscience de sa force, que l'Institut entraîne des citoyens à poser des actes auprès des corps publics, à tous les échelons, au municipal, au provincial, au fédéral.
C'est pous ne pas perdre notre temps, ni le faire perdre aux créditistes, que notre mouvement travaille à construire du solide, par l'éducation, la formation d'hommes, pour des acquisitions qui durent; et non pas à monter sur du sable mouvant des structures que le moindre vent ou la moindre vague peuvent faire culbuter.
Vers Demain, 15 juin 1959