Un autre groupe qui est fort dans les légendes urbaines et qui se prend pour le propriétaire et tous les autres des locataires à son service, ce sont les Sauvages ou Indiens d’Amérique. Il y a long à dire sur eux, mais je vais vous en donner un aperçu maintenant.
Il y a quelques jours, le chef des Hurons nous est apparu avec des demandes de territoire, soi-disant basées sur des découvertes.
Le problème n’est pas de savoir si les Sauvages habitaient l’Amérique à l’arrivée des Européens, mais de déterminer, selon leur affirmation, qu’ils étaient les premiers. Ce n’est pas scientifique, et une découverte des restes d’un Blanc trouvé dans les Rocheuses remontant à plusieurs milliers d’année vient jeter un gros galet dans la mare des légendes des Sauvages.
Nos Indiens d’Amérique ne reconnaissent pas les Esquimauds comme leurs égaux. Pour eux, ce sont des seconds arrivants. L’homme de Kenwick, lui, était un Caucasien, et les tribus indiennes ne voulaient pas que des recherches soient effectuées sur lui, proclamant qu’il était leur ancêtre. Donc, faut-il conclure, les ancêtres des Indiens d’Amérique étaient des Européens, probablement de Marseille, étant donné leur habilité à conter des légendes. Si une sardine peut bloquer l’entrée du port de Marseille, les Indiens peuvent bloquer des ponts, des routes et tout ce qu’ils trouvent de bon aloy.
Aucun politicien a réagi aux demandes farfelues des Hurons, qui sont financés avec nos taxes, eux étant exempts de payer des taxes et des impôts. C’est l’égalité pour tous. Leur instruction est payée du primaire à l’université par nos taxes, mais nous n’avons pas les mêmes avantages. Pourquoi?
Mais pour couper court, voici un témoignage d’un jésuite qui date de l’année 1642. Le lecteur aura quelques difficultés à le lire; il est en vieux français et je vais le rajeunir seulement demain. Vous n’aviez qu’à ne pas manquer vos cours de français ou éviter la province de Québec depuis que notre gouvernement synarchiste a démoli notre système d’écoles confessionnelles.
Vena, Vidi, Vichi
Traduction: le veinard a bu de l’eau à Vichy et l’a trouvée trop salée à son goût.
Vn grand homme de bien, n'ayant iamais veu la Nouuelle France que deuant Dieu, se sentit fortement inspiré d'y trauailler pour sa gloire. Ayant fait rencontre d'vne personne de mesme cœur, ils enuoyerent l'an 1640. vingt tonneaux de viures, et d'autres choses necessaires pour commencer en son temps vne nouuelle habitation en l'Isle de Montreal. L'année derniere ils firent passer quarante hommes commandez par le sieur Maison-neufue, Gentil-homme Champenois, pour ietter les fondemens de ce genereux dessein. Cette entreprise paroistroit autant temeraire, qu'elle est saincte et hardie, si elle n'auoit pour base la puissance de celuy qui ne manque iamais à ceux qui n'entreprennent rien qu'au bransle de ses volontez; et et qui sçauroit ce qui se passe pour faire reüssir ce grand affaire, iugeroit aussitost que Nostre Seigneur en est veritablement l'autheur. Mais disons deux mots de cette Isle, deuant que de passer outre.
On compte depuis l'emboucheure du Golphe de Sainct Laurens, iusques au Forillon de Gaspé, où le Golphe se rétressit et se fait riuiere, soixante lieuës; depuis le Forillon de Gaspé iusques à Tadoussac, qualre-vingts dix lieuës; depuis Tadoussac iusques à Kebec, quarante lieuës; depuis Kehec iusques aux Trois Riuieres, vingt-huict ou trente lieuës; depuis les Trois Riuieres iusques au Fort de Richelieu, qu'on bastit sur la Riuiere des Hiroquois, douze lieuës; depuis cette Riuiere iusques à Montreal, douze autres lieuës: si bien que depuis l'emboucheure du grand fleuue et du Golphe Sainct Laurens, iusques à cette Isle, on y compte prés de deux cens lieuës; et toute cette grande étenduë d'eau est nauigable, en partie par de grands Vaisseaux, en partie par des Barquès.
L'Isle de Montreal a enuiron vingt lieuës de tour; elle est baignée d'vn costé du grand fleuue Sainct Laurens, et de l'autre de la riuiere des Prairies. Ces deux grands fleuues se ioignans ensemble, font comme deux lacs ou deux grands estangs. Aux deux bouts de cette Isle, il y a quantité d'autres Isles plus petites, fort agreables; la plus belle apres l'Isle de Montreal, c'est l'Isle de Iesvs. Il sort des terres vne autre petile riuiere du costé du Nord, nommée des François la riuiere de l'Assomption, et des Sauuages 8taragauesipi, laquelle se iette dans cette grande étenduë d'eau qui se rencontre à la pointe plus basse de Montreal. Toutes ces eaux se rassemblans et marchans de compagnie, prennent le nom du grand fleuue Sainct Laurens; quinze lieuës plus bas, tout aupres de l'emhoucheure de la riuiere des Hiroquois, qui vient du costé du Midy, ce grand fleuue s'ouure et se dilate derechef, et fait le lac que nous appelIons de Sainct Pierre, qui peut auoir quatre ou cinq lieuës de large, et sept ou huict de long, est parsemé de quantité de belles Isles; d'vn costé et de l'autre il se rétressit, pour reprendre vne autre fois le nom du fleuue de S. Laurens, à deux lieuês ou enuiron plus haut que l'habitation et que le fleuue des Trois Riuieres.
Mais pour remonter à nostre Isle, ie diray en passant que l'aspect d'vne belle montagne qui s'y rencontre, luy a fait porter le nom de Montreal ou Mont-royal.
Iacques Cartier, qui est le premier de nos François qui l'a découuerte, écrit qu'il y rencontra vne ville nommée Ochelaga. Cela s'accorde bien à ce qu'en disent les Sauuages, qui la nomment Minitik 8ten entag8giban, l'Isle où il y auoit vne ville ou vne bourgade; les guerres en ont banny les habitans.
Elle donne vn accés et vn abord admirable à toutes les Nations de ce grand pays: car il se trouue au Nord et au Midy, au Leuant et au Couchant, des riuieres qui se iettent dans les fleuues de Sainct Laurens et dans la riuiere des Prairies qui enuironnent cette Isle; de sorte que si la paix estoit parmy ces peuples, ils pourroient aborder là de tous costez. Omnia tempus habent, tout se fera auec le temps.
Ces Messieurs qui entreprennent de faire adorer Iesus-Christ dans cette Isle, firent cét Hiuer dernier vne action vrayement Chreslienne. Ce sont personnes de vertu, de merite et de condition, gens qui font profession de seruir Dieu publiquement (que ces termes me sont agreables, seruir Dieu publiquement), ne rougir point pour les bassesses de Iesus-Christ, et ne se point enfler pour les grandeurs de la terre. Ces Ames d'élite s'estans rassemblées en la grande Eglise de Nostre Dame de Paris, ceux qui portent le sainct characlere, disent la saincte Messe, et les autres se communierent à l'Autel de cette Princesse tout chargé de miracles; ayans le Sauueur du monde auec eux, ils dédierent et consacrerent à la Saincte Famille l'Isle de Montreal, desirans qu'elle se nommast doresnauant Nostre Dame de Montreal. Mais écoutons, s'il vous plaist, ce qu'vne personne de vertu, qui se cache aux hommes et qui est bien oonnuë des Anges, escrit sur ce sujet.
Puis qu'on desire quelque instruction plus ample des particularitez de cette Societé, voicy ce que i'en puis dire. Environ trente-cinq personnes de condition se sont vnies pour trauailler à la conuersion des pauures Sauuages de la Nouuelle France, et pour tascher d'en assembler bon nombre dedans l'Isle de Montreal qu'ils ont choisie, estimans qu'elle est propre pour cela, leur dessein est de leur faire bastir des maisons pour les loger, et défricher de la terre pour les nourrir, et d'établir des Seminaires pour les instruire et vn Hostel-Dieu pour secourir leurs malades. Tous ces Messieurs et Dames s'assemblerent vn Ieudy vers la fin du mois de Feurier de cette année 1642. sur les dix heures du matin en l'Eglise de Nostre Dame de Paris, deuant l'Autel de la Saincte Vierge, où vn Prestre d'entre eux dit la saincte Messe, et communia les associez qui ne portent point le Charactere. Ceux qui le portent celebrerent aux Autels qui sont à l'entour de celuy de la Saincte Vierge: là tous ensemble ils consacrerent l'Isle de Montreal à la Saincte Famille de Nostre Seigneur, IESUS, MARIE et IOSEPH, sous la protection particuliere de la Saincte Vierge; ils se consacrerent eux mesme, et s'vnirent en participation de prieres et de merites, afin qu'estans conduits d'vn mesme esprit, ils trauaillent plus purement pour la gloire de Dieu et pour le salut de ces pauures peuples, et que les prieres qu'ils feront pour leur conuersion et pour la sanctification d'vn chacun des dits Associez, soient plus agreables à sa diuine Majesté. Nous esperons tous que vostre Reuerence embrassera cet ouurage, et qu'elle ira en personne aider ces pauures Infideles, pour leur faire connoistre leur Createur.
Ces Messieurs me permettront de leur dire en passant, qu'on ne mene personne à Iesus-Christ que par la Croix; que les desseins qu'on entreprend pour sa gloire en ce pays, se conçoiuent dedans les dépenses et dedans les peines, se poursuiuent dedans les contrarietez, s'acheuent dedans la patience, et se couronnent dedans la gloire.
La precipitation dans cette affaire ne vaut rien; le zele y est excellent, la bonne conduite extremement requise, et la patience mettra la derniere main à ce grand ouurage.
Le quinziéme d'Octobre de l'année derniere 1641. iour dédié à la memoire de Saincte Terese, vniquement aimée et amante de la Saincte Famille, Monsieur le Gouuerneur, le R. P. Vimont et plusieurs autres personnes bien versées en la connoissance du pays, arriuerent au lieu qu'on a choisi pour la premiere demeure qui se doit faire dedans cette belle Isle, que i'appellerois volontiers l'Isle Saincte, puis que tant d'Ames l'ont si sainctement consacrée à la Saincte Famille.
Le dix-septiéme de May de la presente année 1642. Monsieur le Gouuerneur mit le sieur de Maison-neufue en possession de cette Isle, au nom de Messieurs de Montreal, pour y commencer les premiers bastimens: le R. P. Vimont fit chanter le Veni Creator, dit la saincte Messe, exposa le Sainct Sacrement, pour impetrer du Ciel vn heureux commencement à cét ouurage; l'on met incontinent apres les hommes en besongne; on fait vn reduit de gros pieux pour se tenir à couuert contre les ennemis.
Le vingt-huictiéme de Iuillet vne petite escoüade d'Algonquins passant en ce quartier là, s'y arresterent quelques iours: vn Capitaine presenta son fils au Baptesme âgé d'enuiron quatre ans: le Pere Ioseph Poncet le fit Chrestien, et le sieur de Maison-neufue et Mademoiselle Mance le nommerent Ioseph, au nom de Messieurs et de Mes-dames de Nostre Dame de Montreal. Voilà le premier fruit que cette Isle a porté pour le Paradis, ce ne sera pas le dernier, Crescat in mille millia.
Le quinziéme d'Aoust on solemnisa la premiere Feste de cette Isle-Saincte, le iour de la glorieuse et triomphante Assomption de la Saincte Vierge. Le beau tabernacle que ces Messieurs ont enuoyé fut mis sur l'Autel d'vne Chapelle, qui pour n'estre encor bastie que d'écorce, n'en est pas moins riche. Les bonnes Ames qui s'y rencontrerent se communierent. On mit sur l'Autel les noms de ceux qui soustiennent les desseins de Dieu en la Nouuelle France, et chacun s'efforça de bannir l'ingratitude de son cœur et de se ioindre auec les Ames sainctes qui nous sont vnies par des chaisnes plus precieuses que l'or et que les diamans, chanta le Te Deum en action de graces, de ce que Dieu nous faisoit la grace de voir le premier iour d'honneur et de gloire, en vn mot la premiere grande Feste de Nostre Dame de Montreal; le tonnerre des canons fit retentir toute l'Isle, et les Demons, quoy qu'accoutumez aux foudres, furent épouuantez d'vn bruit qui parloit de l'amour que nous portons à la grande Maistresse; ie ne doute quasi pas que les Anges tutelaires des Sauuages et de ces contrées n'ayent marqué ce iour dans les fastes du Paradis. Apres l'instruction faite aux Sauuages, se fit vne belle Procession après les Vespres, en laquelle ces bonnes gens assisterent, bien étonnez de voir vne si saincte ceremonie, où on n'oublia pas à prier Dieu pour la personne du Roy, de la Reine, de leurs petits Princes et de tout leur Empire; ce que les Sauuages firent auec beaucoup d'affection. Et ainsi nous vnismes nos vœux auec tous ceux de la France.
Apres la Fesle on fut visiter les grands bois qui couurent cette Isle; et estans amenez à la montagne dont elle tire son nom, deux des principaux Sauuages de la trouppe, s'arrestans sur le sommet, nous dirent qu'ils estoient de la nation de ceux qui auoient autrefois habité cette Isle; puis en étendant leurs mains vers les collines qui sont à l'Orient et au Sud de la montagne: Voilà, faisoient-ils, les endroits où il y auoit des Bourgades remplies de tres-grande quantité de Sauuages; les Hurons, qui pour lors nous estaient ennemis, ont chassé nos Ancestres de cette contrée, les vns se retirerent vers le pays des Abnaquiois, les autres au pays des Hiroquois, et vne partie vers les Hurons mesmes, s'vnissans auec eux; et voilà comme cette Isle s'est renduë deserte. Mon grand-pere, disoit vn vieillard, a cultiué la terre en ce lieu-cy; les bleds d'Inde y venaient tres-bien, le Soleil y est tres-bon. Et prenant de la terre auec ses mains: Regardez, disoit-il, la bonté de la terre, elle est tres-excellente. On ne s'oublia pas là dessus de les inuiter et de les presser de retourner en leur pays, et de leur declarer le dessein des Capitaines, qui enuoyent icy du monde pour les secourir, leur promettant qu'on les aideroit à bastir de petites demeures, et à defricher la terre dont ils ont perdu l'habitude, s'estans quasi rendus errans de sedentaires qu'ils estaient. Ils promirent qu'ils traitteroient de cét affaire en leur pays. L'vn d'eux nommé Atcheast, pere du petit Ioseph, homme qui paroist paisible et qui a fait rencontre d'vne femme aussi posée que luy, asseura qu'il retourneroit au Printemps auec toute sa famille. Les autres estoient dans la mesme volonté; mais ils n'oserent iamais donner parole de s'arrester icy pour défricher la terre, la crainte des Hiroquois leurs ennemis, leur donne trop de terreur; non pas qu'ils ne soient asseurez aupres de nos habitations, mais ils n'oseroient s'écarter pour leur chasse ou pour leur pesche. Les ennemis peuuent aisément venir aux aguets et dresser des embusches à ceux qui s'écartent tant soit peu des lieux de defense: si bien que i'ay de la peine à croire qu'il y ait iamais grand nombre de Sauuages à Nostre Dame de Montreal, que les Hiroquois ne soient domptez, ou que nous n'ayons la paix auec eux. Il faut esperer que cela se pourra faire, nonobstant les difficultez presentes. On sollicitera tant le Ciel en l'vne et l'autre France, qu'en fin le Dieu du Ciel et de la terre donnera sa benediction à cette pauure terre, Et videbit omnis caro salutare suum.
Amen, Amen.