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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

samedi, septembre 06, 2008

CHAPITRE X

CRÉER UNE RELIGION NOUVELLE
Mon Christ n'est pas celui du Vatican.

Ce à quoi prétendent en premier lieu les Sociétés Secrètes, avant d'en venir à une église essentiellement fondée sur l'ésotérisme luciférien, c'est de tenter un rassemblement général des croyances basé sur le sentiment religieux. C'est la RELIGION UNIVERSELLE qui depuis longtemps a ses prophètes et ses congrès où voisinent des juifs, des protestants, des rose-croix etc... On parle plus volontiers maintenant d'une sorte de religion cosmique, d'un christisme planétaire qui, bien entendu, à l'avantage de flatter une sentimentalité chrétienne d'autant plus accessible qu'on y fait miroiter un œcuménisme social indéfiniment unificateur.

Le Nouvel évangile, celui du Christ-esprit-social est prêché aux peuples de nos jours par des milliers de voix plus ou moins fidèles à l'inspiration qui souffle de tous les cœurs par les temps de régénération universelle où nous sommes arrivés.
(Roca - Glor. Cent. p. 38 - 1889).

L'ex-Chanoine Roca semblera-t-il un témoin trop éloigné d'une conspiration qui arrive à son terme? Voici, alors Oswald Wirth, son ami et son maître qui en 1928, tient toujours le flambeau et le transmet à ses disciples, dans une conférence, dont nous trouvons le compte-rendu dans Le Symbolisme. Le plus piquant de cette affaire c'est que ce compte-rendu est l'œuvre du Frère-Maçon Mérigot, communiste et maire de Vierzon appelé en 1961 par Marius Lepage à faire une conférence avec le P. Riquet sur l'athéisme. Nous pensons que le lecteur ne révoquera pas en doute la transmission du plan de rénovation religieuse, dit-il, qui se prépare depuis les Guaïta et les Saint-Yves d'Alveydre. Voici donc un extrait du compte-rendu de la conférence d'Oswald Wirth:

... Si le souffle de l'esprit moderne ébranle les anciens édifices religieux, ce n'est pas pour les renverser à titre définitif ni pour substituer l'irréligion aux religions... Il est certain que les sentiments religieux constituent l'essence même de ce qui s'impose à notre respect sous le nom de religion. Les âmes religieuses doivent chercher l'union dans l'accomplissement du bien non dans la vanité d'un dogmatisme outrecuidant, se targuant de détenir les secrets divins. Nous tendons d'ailleurs à l'individualisme religieux selon lequel chaque croyant se fait sa propre croyance. Ce qui est en baisse c'est le SACERDOTALISME. Nous aspirons à nous passer d'intermédiaire entre nous et Dieu. Il est donc probable que la religion de l'avenir fera de chaque fidèle son propre prêtre et qu'elle s'adressera aux esprits ambitieux de chercher la Vérité par leurs propres moyens, à leurs risques et périls.

S'il en est ainsi L'INITIATION deviendra la grande école religieuse et le SYMBOLISME aidera les penseurs à découvrir la vérité qui se cache dans les profondeurs de l'esprit humain.
(Le Symbolisme - Février 1929)


Notre but étant seulement documentaire, nous nous abstiendrons de disserter sur ce programme. Contentons-nous de signaler différents points: le souffle de L'ESPRIT MODERNE FAISEUR DE RELIGIONS, - c'est ce que Roca vient de nous annoncer -, l'ABOLITION DES DOGMES, l'INDIVIDUALISME RELIGIEUX, la croyance personnelle, principes de révolte - c'est encore ce que ce dernier prophétisait disant que chacun est appelé à devenir son propre gourou -, la baisse du SACERDOTALISME - reportons-nous plus haut -, enfin, les arrières ÉSOTÉRIQUES de la religion nouvelle que fera connaître l'initiation.

L'abolition des dogmes - ceux du catholicisme évidemment - s'impose en premier lieu pour l'instauration d'une religion nouvelle qui ne manquera pas d’en susciter de nouveaux. Ici Roca se montre disciple de Papus réorganisateur du martinisme:

Il y aura une religion nouvelle; il y aura un dogme nouveau; un rituel nouveau, un sacerdoce nouveau dont le rapport avec l'Église qui tombe (19) sera exactement ce que fut le rapport de l'Église catholique avec l'Église mosaïque sa défunte mère.
(F.A.M. p. 373).

Le Martinisme d'aujourd'hui enchaîne, bien sûr, sur Papus et son ami Roca:

L'humanité, longtemps sous l'influence exclusive des partis religieux et qui ayant perdu toute confiance dans ces partis, cherche une religion nouvelle en dehors des dogmes, des postulats et des infaillibilités, religion daptée à une optique saine et réaliste du devenir spirituel de l'humanité.
(L'Initiation - 4ème trimestre 1964 - p. 218).

PANTHÉISME

On se livrera donc à une entreprise de démolition doctrinale pour faire place à de nouveaux dogmes adaptés au devenir spirituel de l'humanité. Objectivement ce sera d'abord le dogme de l'évolution qui ne peut guère se soutenir en pareil domaine sans ceux du PANTHÉISME et de l'HUMANISME INTÉGRAL du Pacte Synarchique. Alors l'école martiniste poursuit:

Dans la religion vivante de demain, le Créateur et la création seront Un et indivisible, la communion cosmique s'accomplira, l'Unité sera la loi.
(L'Initiation - 4ème trimestre 1964 - p. 219)


RELIGION COSMIQUE INTÉGRANT LE CATHOLICISME

Nous voici enfin arrivés à la religion cosmique, proposée aux générations présente et à venir, et qui séduit tant la théologie nouvelle qu'on la voit employer parfois les mêmes ternies pour exprimer une solidarité christique, diffuse, infuse dans la masse des humanités voyageuses vers le point Oméga du P. Teilhard de Chardin! Alors à quoi bon l'orthodoxie romaine, ou plutôt pourquoi ne pas concevoir le catholicisme comme une partie intégrante et intégrée de ce cosmisme spirituel? C'est ce qu'en 1946 prophétisait le Frère-Maçon Riandey, Grand Commandeur du Suprême Conseil de France (20):

Le monde futur créera du neuf après avoir assimilé le christianisme et d'autres formes actuelles de spiritualité et donnera peut-être naissance, par analogie avec le phénomène physique de collectivisation totale, à une sorte de panthéisme dans lequel se trouveront fondues, amalgamées toutes les pensées actuelles, redynamisées toutes ensemble vers des objectifs encore inconcevables.
(Le Temple - Septembre- Octobre 1946)


Et c'est encore le Martinisme:

Il va falloir créer une religion nouvelle, une nouvelle morale, une nouvelle société. Nous aurons tout lieu de croire que l'intégration jouera un rôle important dans ce monde de demain et qu'elle sera la clef de voûte de la conscience planétaire, comme le séparatisme fut celle du régime égocentrique dont nous nous dépouillons.
(L'Initiation - Novembre-Décembre 1964)


Tout ce texte est à retenir. Le langage martiniste entend ici par INTÉGRATION, celle des consciences individuelles dans la religion universelle à laquelle on prétend amener l'Église romaine elle-même par l'abandon de ses dogmes et de sa tradition, par l'acceptation d'un pan-christisme identifiant le Christ au Cosmos. Le Christ est le Fils unique de Dieu, l'essence même de l'Univers tout entier visible et invisible (Roca). Manifesté dans l'Humanité, identique à elle, il n'est plus qu'une Révélation évolutive de l'Homme archétype. L'humanisme païen est un autre dogme de la religion nouvelle.


L'HOMME

Dans la préface du livre du Frère-Maçon Marsaudon: L'ŒCUMÉNISME VU PAR UN FRANC-MAÇON DE TRADITION, le Frère-Maçon Riandey, après avoir affirmé son accord avec le P. Teilhard de Chardin, l'auteur le plus lu dans les Loges et dans les Séminaires, a-t-on dit, (21) écrit ceci:

Nous sommes intimement, profondément certains qu'un nouvel humanisme sera engendré qui, sur la base de cette tradition commune à toute tendance spirituelle intégrera les aspirations supérieures de tous les peuples, la connaissance acquise, les modes de vie résultant des techniques et qui conduira enfin notre monde à l'unité à laquelle il est destiné.

Qui prononcera les paroles d'un évangile é1argi qui aura l'homme à sa base, la Puissance suprême à son sommet et qui placera entre cette base et ce sommet l'entité humaine vivante tout entière telle que l'a faite l'évolution déjà accomplie, telle que la conditionnera physiquement et mentalement, le développement continu des connaissance et des techniques.

L'entité humaine tout entière, CE GRAND CORPS HUMAIN COLLECTIF comme l'appelle Riandey dans une revue plus confidentielle réservée aux Francs-Maçons (Le Temple), c'est l'Humanité substantifiée en sa totalité, personnifiée dans l'Homme archétype de la Kabbale. Dès lors l'Humanité placée entre la Puissance Suprême et l'homme de la base, c'est le Christ-Humanité du Chanoine Kabbaliste Roca qui va nous traduire en termes d'église cette formidable subversion laquelle, on en conviendra, n'est pas sans résonnances dans la pensée de beaucoup d'écrivains catholiques:

Le Christ c'est l'Humanité elle-même en principe, l'Humanité divine conçue par le Père de la Vie dans le même acte processionnel interne par lequel il engendre continuellement le Fils unique de Dieu. Dans le fils est contenu en puissance de devenir, non seulement l'Humanité Universelle mais encore son annexe la création in toto.
(Glorieux Centenaire, p. 518)

Voilà comment il fallait un chanoine de Perpignan pour nous expliquer à la fois et l'Humanisme maçonnique de Riandey présenté philosophiquement dans une préface à l'œcuménisme aux "profanes" catholiques que nous sommes et la pensée profonde de l'illuminisme luciférien exposé par Eliphas Levy (ex-abbé Alphonse-Louis Constant qui s’est rebaptisé Eliphas Levy, nom qui se rapprochait le plus en hégraïque et qui démontre bien son lien avec la kabbale juive): L'HUMANITÉ EST CHRÉTIENNE DEPUIS LE COMMENCEMENT DU MONDE.


PRÉSENCE AU MONDE

L'Humanité passée, présente et à venir, c'est le Christ (22).

Par conséquent si L'ÉGLISE DOIT ÊTRE PRÉSENTE AU MONDE, cette présence n'est pas une présence missionnaire apportant la Parole de Jésus-Christ, crucifié PAR le monde et ressuscité, mais une présence collant au monde, à l'écoute du monde christilié, divinisé. Oh! bien sûr, on ne nie pas, on n'infirme pas la possibilité de la première présence, missionnaire et magistrale! Non, mais on n'en parle pas! On n'en parle plus! Elle est rangée au rayon des insuffisances; elle n'est plus dans le tourbillon du Christ qui emporte tout disait Roca. En revanche, on ne parle que de l'autre parce qu'elle est présence au Christ-monde. C'est la face collante de la médaille, celle qu'on colle au portail de la Nouvelle Eglise, car le mouvement du monde en son aspiration suprême est dans l'action salutaire de Jésus-Christ, pour employer les paroles parfaitement équivoques du Père Congar. Certes, nous ne voulons pas dire qu'il a adopté la christologie d'un Roca quoique ses paroles, d'ordinaire, cautionnent étrangement UNE PRÉSENCE DE L'ÉGLISE CONSÉCRATRICE DE L'ŒUVRE TEMPORELLE DU MONDE. Il n'est pas le seul d'ailleurs. La tendance progressiste incline partout à mettre dans cette présence une ADHÉSION AU MOUVEMENT CULTUREL, POLITIQUE, ÉCONOMIQUE, SOCIAL DU MONDE, COMME UNE UNION FIDÈLE AU MOUVEMENT DE SON CHEF, LE CHRIST ÉVOLUANT DANS L'INTIME MÊME DE LA GLOBALITÉ DU MONDE, dans la masse humaine ainsi sacralisée. Rôle subordonné mais non plus Apostolique! Rôle approbateur et non plus magistral!

UNE TELLE PRÉSENCE DE L'ÉGLISE AU MONDE RÉSUME TOUTE LA SUBVERSION ET SES PROLONGEMENTS, SES ANNEXES (23); ELLE EXPRIME EXACTEMENT LA DOCTRINE DES HAUTES SOCIÉTÉS SECRÈTES À SON POINT SEMI-ÉSOTÉRIQUE, entre leur ésotérisme pur et leur exotérisme publicitaire. Dans la première partie de cette étude, nous avons cité (plus haut) des passages du chanoine Roca, leur écho fidèle, où il montre que la masse impose elle-même à l'Église de la consacrer parce qu'elle est le Christ-Esprit-public. La masse devient ainsi, rectrice de sa propre évolution religieuse que l'Autorité Pontificale aurait pour mission de couvrir de son infaillibilité.

Or il nous faut noter un point de cette évolution de la pensée moderne où nous sommes arrivés aujourd'hui.


Notes:

(19) L'Église romaine. Le rapport dont parle Roca signifie que la religion nouvelle émanera pour partie de l'Église romaine par une évolution dont nous indiquons le sens dans la première et la présente partie de cette étude.

(20) Rite écossais ancien et accepté que pratique la Grande Loge de France. Ne pas confondre avec la Grande Loge Nationale Française.

(21) Le Frère-Maçon Yves Marsaudon du Suprême Conseil de France.

(22) Ce qui fait dire au Frère-Maçon Lucien Le Foyer 33e du rite écossais, après avoir blasphémé le Corps du Christ suspendu à la Croix et à tout jamais disparu dans la mort:

Eh bien, Frères...
Accourez dans la joie; entendez l'évangile
Jésus! Jésus! IL VIT!
Au cœur du genre humain, dans le Sein de son Père;
Il vit dans notre amour; c'est en nous qu'il espère;
Nous sommes Jésus-Christ!"

(23) Y compris la fameuse doctrine synarchique de l'INTÉGRATION universelle, donc de l'Église, dans le système.

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