APPENDICES
Voici qu'en transparence la face du Seigneur divinement flamboie! Le Christ vit dans l'Église. Toute opacité s'estompe, toute déception s'évanouit, tout scandale devient tremplin par la vertu de l'amour, peut-Être dans les larmes, pour arriver à la joie de la certitude finale...
(Paul VI, Jeudi -Saint 1963)
I
EXPLICATION DES DEUX GRANDS SYMBOLES DU MYSTÈRE D'INIQUITÉ
Les pages qui précèdent ont pu renseigner le lecteur sur les sources contemporaines et la propagation des desseins les plus immédiats que les sectes veulent réaliser en milieu catholique.
Nous l'avons fait assez clairement, pensons-nous, pour en donner une vue suffisante qui serait d'ailleurs à compléter par d'autres questions que nous ne ferons qu'évoquer dans l'appendice suivant.
Mais il va de soi que tous les problèmes abordés dans cette étude - et nous répétons qu'il y en a d'autres - ne sont que des manifestations partielles d'une conception centrale, d'une doctrine originelle, concentrée, schématisée, en un mot d'une idée-mère de la subversion, réalisant d'un trait la parole de l'Évangile:
qui n'est pas avec moi est contre moi (Mat. 12-30).
C'est pourquoi, afin de fixer l'attention du lecteur, nous avons inséré dans cet ouvrage la reproduction des deux grands pentacles ou symboles ésotériques de la contre-Église. Parlant aux yeux, ils figurent graphiquement à la fois l'unité et la diversité de ce Mystère d'Iniquité qui demeure partout et toujours le même.
Nous donnons ici un bref commentaire de ces deux pentacles:
- l'étoile à six branches,
- l'étoile à cinq branches
comme un résumé qui permettra de saisir le sens de bien des manœuvres actuelles de la Synagogue de Satan (Pie IX) contre l'Église du Christ.
HEXAGRAMME OU ÉTOILE A SIX BRANCHES
Cette figure représente le grand pentacle kabbalistique formé de deux triangles inversés et enlacés. On l'appelle aussi le SCEAU DE SALOMON.
Au siècle dernier Éliphas Lévi (ex-abbé Constant), ce maître de l'occultisme,l'avait reproduit dans son ouvrage "Dogme et rituel de la Haute Magie", mais il ne l'avait pas créé. Il l'avait repris, à quelques variantes près, de vieux manuscrits kabbalistiques. Serge Nilus à son tour, l'empruntant à Éliphas Levi, l'avait mis tel qu'il est ici reproduit, dans son ouvrage intitulé: "Le Grand dans le Petit et l'antéchrist comme possibilité immédiate du gouvernement" suivi d'un texte des Protocols.
Ce pentacle s'appelle aussi: LE MACROPROSOPE ET LE MICROPROSOPE (le grand et le petit monde) de la Kabbale. En voici les significations les plus accessibles au lecteur non averti.
1°- Le serpent qui se mord la queue entourant l'hexagramme est le symbole de la haute initiation occultiste.
Il figure aussi l'universalité de la science occulte et de la puissance des Mages conquérant l'univers.
2°- La devise Quod superius macroprosopus sicut quod inferius microprosopus est une très ancienne formule hermétiste. Elle signifie: Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas (et réciproquement). On doit y voir d'abord une fausse analogie donnant la création visible comme l'image du monde supérieur invisible dont elle est la réplique.
L'illuminisme et la théogonie des sectes aboutissent ainsi à une inversion DES DONNÉES DE LA RÉVÉLATION et par conséquent de la théologie catholique.
Le Macroprosope (supérieur) coiffé d'une tiare papale est donc l'Homme-archétype, idéal, divin, l'Adam-Kadmon de la Kabbale (voir plus haut: Roca page 155 note 37). Le Microprosope (inférieur) c'est le Mage, l'être "ultra-humain" d'ici-bas, dont la science occulte fait un "de ces êtres invraisemblables qui ne conservent de l'humanité que tout juste l'aspect extérieur, mais dont l'esprit émancipé s'élève à des hauteurs inouïes où l'homme est transformé en demi-dieu" (Oswald Wirth). On pourra"comparer avec les élucubrations délirantes de Pauwels et Bergier dans"Le Matin des Magiciens et leur suite dans la revue Planète.
C'est donc aussi - et ceci est important - la formule de la RÉGÉNÉRATION (ou réintégration) de l'homme par le Grand Oeuvre de l'hermétisme qui fait de l'homme (inférieur) un dieu (supérieur). La régénération de l'homme par la GNOSE (connaissance ésotérique et initiatique) S'OPPOSE DONC À LA RÉDEMPTION PAR LE CHRIST.
3° - Des deux triangles, celui dont la pointe est dirigée vers le bas représente la descente du divin - l' "Esprit"dans la matière. Philosophiquement c'est la théorie gnostique et hermétiste de l'INVOLUTION panthéistique.
Le triangle dont la pointe est dirigée vers le haut représente tout ce qui remonte... vers l'Esprit. Symbole de la remontée spirituelle. Philosophiquement c'est l'ÉVOLUTION noogénétique (1).
Lisons à ce sujet l'exégèse de l'EX-CHANOINE ROCA:
L'Esprit traverse de bas en haut toute la région matérielle et sort du règne de l'animalité pour atteindre sa pleine possession dans le cerveau de l'Homme, dans son intelligence et son génie d'où il s'élance radieux dans la sphère angélique. Une nouvelle carrière s'ouvre alors devant lui: il REMONTE les ordres qui forment les neuf chœurs des anges; il entre ainsi dans le Nirvana harmonieux des mahatmas qui n'est pas, autre chose, je l'ai dit, que le sein d'Abraham de l'ancienne loi et, depuis l'Évangile, le sein du Christ glorieux (2).
(Glorieux Centenaire p. 288).
Ce Christ, il ne faut pas l'oublier, n'est pas, d'après le chanoine Roca, le Christ du Vatican.
Le sceau de Salomon est donc l'image parfaite de la création divinisée, rendue plérome selon les gnostiques, les hermétistes, les occultistes.
Par rapport à l'homme il est la parfaite figuration du mot de la Genèse: eritis sicut dii - vous serez comme des dieux.
4°- Stola Dei (l'étole de Dieu). Nous sommes ici en présence d'une des plus perverses conception des sociétés secrètes: celle de l'androgynie divine. Le triangle noir représente l'hypostase masculine (Osiris dans la théogonie égyptienne) et le triangle blanc l'hypostase féminine (Isis des égyptiens). C'est de là que découlent les invraisemblables doctrines des sectes sur la Vierge Marie et sur un sexualisme spiritualisé, théories que sous diverses formes elles tentent d'insinuer dans la pensée chrétienne.
5°- La Croix de Malte, est le tétragramme kabbalistique (TeTragrammaTon), le grand nom divin, infiniment mystérieux, absolu (Pour Claude de Saint-Martin fondateur du martinisme, c'est l'Imprononçable, Lucifer) (3). N'y voir à aucun titre un emblème chrétien. D'après Éliphas Lévi, c'est le signe des mystères de l'Inde (Swastika et Sauvastika), le Stauros (croix) des gnostiques, le Tau des mystères d'Égypte. Philosophiquement, avec ses quatre éléments c'est l'unité substantielle de la divinité ternaire englobant la nature, notamment l'homme. C'est le panthéisme. Son sens ésotérique est donc païen. Le fort du rosicrucisme est de couvrir ce sens païen d'une apparence chrétienne!
La pensée rosicrucienne aspire à rendre au signe de la Croix la force et la magie que le Christ lui-même lui donne en faisant sortir de sa tige la fleur des Temps nouveaux. C'est pourquoi elle enveloppe la Croix de roses.
(Ed. Schuré. Introduction à l'ouvrage: Les Mystères chrétiens et les Mystères antiques" de Rudolf Steiner - 1908).
La rose est l'emblème de la science: christianisme scientifique, c'est-à-dire gnostique.
L'ÉTOILE À CINQ BRANCHES OU PENTAGRAMME
C'est le signe de l'homme.
Il correspond à la partie inférieure du sceau de Salomon, mais ici ce n'est pas le Mage, c'est l'homme non encore régénéré, en voie de régénération, affirmant son règne, sa souveraineté sans rien au dessus d'elle sur l'Univers. Signe parfait de l'humanisme païen et surtout de l'humanisme initiatique. Les occultistes et Oswald Wirth lui-même lui attribuent des pouvoirs cachés en la possession des Initiés.
On trouve souvent l'image de l'Homme inscrite dans cette étoile: la tête dans la pointe supérieure, les deux bras étendus dans les branches horizontales et les pieds écartés dans les branches inférieures, le tout assorti des principaux signes alchimiques.
Des occultistes "catholiques" dès la fin du siècle dernier ont imaginé d'intégrer ce pentacle dans une symbolique chrétienne. Jouhnet, ami du chanoine Roca dit de lui: "Le Pentagramme est le sceau de l'Homme" mais il ajoute qu'il se rapporte à la Croix dont il est le complément et aux cinq plaies du Christ!
Notes:
(1) C'est la NOOGENÈSE du grec: Noos (Nous), esprit, intelligence et : genesis, naissance, origine.
(2) Comparer avec la Noogenèse de Teilhard de Chardin. D'abord sa vision de "l'Esprit naissant au sein et en fonction de la matière... L'Esprit est une grandeur physique constamment croissante" (Comment je crois p. 9). Et puis, l'évolution: "Je crois que l'Univers est une évolution. Je crois que l'évolution va vers l'Esprit. Je crois que l'Esprit s'achève en du Personnel. Je crois que le Personnel suprême est le Christ universel" (ibid). "La fin du Monde: renversement d'équilibre, détachement de l'Esprit enfin achevé de sa matrice matérielle pour le faire reposer désormais de tout son poids sur Dieu-Oméga" (Le Phénomène Humain p. 320). Ce que le Père appelle lui-même "la genèse cosmique de l'esprit" justifie pleinement la remarque du R. P. Philippe de la Trinité: "C'est, à la lettre L'EXCLUSION LOGIQUE DE LA CRÉATION DE L'AME" (Rome et Teilhard de Chardin p. 51-52). Eh oui! mais puisque pas plus que l'ex-Chanoine Roca, le Père n'identifie l'esprit à la matière qui le conditionne, alors d'où vient l'esprit sinon du milieu divin identifié avec le Fils de l'Homme (M. D. p.40)? Et qu'est-ce alors que ce Christ cosmique - milieu divin inséré dans la matière et émergeant, sinon l'Esprit dans un processus d'involution - évolution théogonique que, sans doute, Teilhard n'évoque pas, mais qu'appelle, qu'exige tout son système, tout aussi bien que celui du kabbaliste Roca? En bonne logique, le Père mène tout droit au Kabbalisme.
(3) Voir notre ouvrage: Bientôt un Gouvernement Mondial? (Éditions St Michel - Saint-Cénéré).