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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

dimanche, août 24, 2008

INTRODUCTION

Le Gouvernement Mondial: Beaucoup en parlent sans savoir exactement de quoi il s'agit sauf les protagonistes occultes, évidemment, car sur ce point un secret à plusieurs étages, bien gardé d'un palier à l'autre, en cache la nature profonde, laissant aux profanes de discuter de sa réalisation selon la couleur du parti politique qu'ils ont adopté.

Nous examinerons plus loin cette nature profonde d'une domination universelle que la Haute Synarchie entend exercer au moyen d'un gouvernement réputé d'après les partisans du Mouvement Mondial ou de l'Association parlementaire pour le Gouvernement Mondial ou encore par une bourgeoisie nourrie de littératures économiques bien technicisées comme l'instance dernière du Progrès et de la Paix. Contentons-nous. pour l'instant, de poser sur son vrai terrain ce projet de monstrueuse machine qui n'a rien d'humaniste malgré les apparences.

L'idée d'un Gouvernement mondial n'est sans doute pas nouvelle. Depuis la fin de la Chrétienté médiévale qui n'en a jamais été un, elle a donné naissance à de multiples projets; elle procède d'une dégradation de l'idée chrétienne de l'unité du genre humain, hostile le plus souvent à la Papauté quand elle ne vise pas purement et simplement à une théocratie à l'envers ce qui est le cas des Hautes Sociétés Secrètes.

Pour ces dernières il ne s'agit pas du point de fuite théorique auquel s'appuyaient naguère doctrines et propagandes humanitaires dirigées contre l'Église romaine; pas davantage du slogan déjà vieux, lancé par les Frères de la basse maçonnerie. Rien de semblable à leur "République universelle", dans cette dictature actuellement en gestation dans le cercle hermétique des puissances économiqu
es internationales, usant de politiciens "super-men" alliées aux plus Hautes Sociétés Secrètes. Tout ce monde espère faire bientôt, de ce Gouvernement, une réalité à la fois institutionnelle et ésotérique, c'est-à-dire en partie visible et en partie secrète.

Pour bien en juger il ne faut donc pas s'arrêter aux rêves divers de Sociétés des Nations formés par des théoriciens, depuis Pierre Dubois par exemple (XIVe siècle), en passant par Podiebrad, le roi hussite, jusqu'à Kant et aux idéalistes modernes. Ils ont donné lieu à toute une littérature bien connue et assez indigeste.


UNE VISION DE NOTRE MONDE CHEZ LES ROSE-CROIX DU XVIIe SIÈCLE

Tout autre est le mondialisme synarchique. Plus secret, il a des arcanes inconnus du public. C'est aux Rose-Croix ces précurseurs de la Maçonnerie moderne qui demeurent encore les maîtres à penser des plus hauts cercles d'initiés d'aujourd'hui qu'il faut en demander une première vision. Le dessein général, la structure essentielle, n'en ont pas varié depuis parce qu'ils reposent sur les principes de leur contre-théologie quasi-universellement répandue dans les sectes modernes. Un de leurs historiens, Sédir, de son vrai nom Yvon Leloup, nous les montre à la recherche d'un canon du savoir intégral et, sur le plan social, élaborant une Synarchie couronnée par une Monarchie universelle. Ce sont, en effet, les Rose-Croix du XVIIe siècle qui ont tracé les lignes de crête d'un gouvernement mondial composé de trois organismes: église universelle, conseil culturel international, tribunal de la paix. L'un deux, Amos Kominsky, plus connu sous le nom de Coménius, nous a laissé de cette synarchie un canevas si précis qu'il demeure aujourd'hui encore celui de leurs successeurs. Malgré les retouches de la fin du XIXe siècle et celles de la première moitié du XXe, on pourra, en confrontant ce canevas avec les documents plus récents que nous donnerons à leur date, se convaincre de la persistance d'un même plan et d'une continuité d'action qui couvriraient de confusion, s'ils avaient le courage et la curiosité d'en prendre connaissance, les plus passionnés rêveurs du vent de l'histoire et de l'évolution. Chez les Rose-Croix, la vision du monde futur et de son gouvernement s'accordait à leur philosophie secrète et à l'occultisme. Moins de trois siècles plus tard, un document d'inspiration martiniste: le Schéma de l'Archétype social, contemporain du fameux Pacte synarchique, nous montrera encore que le Synarchie rosicrucienne ne va pas sans un pouvoir caché mais très réel dominant des institutions internationales visibles et formant un ensemble avec elles. C'est donc Coménius, disions-nous, qui, dès le XVIIe siècle a fait de ce gouvernement que nous voyons se former peu à peu sous nos yeux une description si pleine d'actualité que M. Piaget, dans un opuscule édité en 1957 par l'UNESCO pour un tricentenaire, disait de lui:





L'UNESCO et le Bureau international d'éducation lui doivent le respect et la reconnaissance que mérite un grand ancêtre spirituel.

Qui était Coménius? Il était né en 1592 en Moravie de parents appartenant à la communauté des Frères Moraves qui avaient pris ce nom en 1575 lorsqu'on leur accorda le droit de réunion. C'étaient auparavant les Frères Bohèmes, successeurs directs des Hussites qui mirent l'Europe centrale à feu et à sang, après le supplice de l'hérésiarque Jean Huss à Constance en 1415. A nouveau, dès le premier quart du XVIe siècle, pillages, incendies, massacres s'abattirent sur les abbayes, les couvents, les villages. LE RÉGIME COMMUNISTE LE PLUS ABSOLU FUT MÊME INSTAURÉ À MUNSTER PAR LES ANABAPTISTES, SOUS LE NOM DE RÈGNE DE DIEU. Les princes répondirent chaque fois par des représailles non moins cruelles. Battus enfin en 1620, les Frères Moraves se dispersèrent et se dissimulèrent dans l'exil, sous la conduite de leur évêque Jean Amos Kominsky. Celui-ci accéda à l'état ecclésiastique à Zéranovice en Moravie et reçut sans doute comme d'autres membres du clergé de l'Union des Frères la consécration épiscopale d'un évêque vaudois se disant de tradition ecclésiastique. Réfugié à Lezno sur la frontière de Moravie il y dirigea le gymnase de la ville, poursuivit une œuvre pédagogique dont la somme parut dans la Grande Didactique. Puis il se rendit à Londres, s'imprégna des œuvres de François Bacon, de Robert Fludd, Rose-Croix: il alla en Suède chez son ami, protecteur et mécène, Louis de Geer, lui aussi de la secte rosicrucienne, puis à Amsterdam et en Pologne.

Notre but n'est pas d'entraîner le lecteur dans une étude de l'œuvre, d'ailleurs considérable, de Coménius. Mais nous allons montrer, par quelques textes, comment à travers lui les Frères de la Rose-Croix avaient déjà conçu, au moyen de trois corps internationaux, la planification jusqu'à l'échelle mondiale de la culture, des institutions politiques et de toutes les religions fondues dans une seule "Église rénovée" (sic).





Lorsque, dit-il, les conditions auront été améliorées, au point que tout nous sera vraiment commun: la philosophie, la religion et la politique, les lettrés auront l'occasion de rassembler et de classer les vérités et de les inculquer à l'esprit humain: les prêtres pourront entraîner les âmes vers Dieu; les hommes politiques pourront faire régner partout la paix et la tranquillité; ils déploieront, pour ainsi dire, une sainte ardeur dans leurs efforts pour contribuer, chacun à sa place, le mieux qu'il pourra, à l'avancement du bien-être du genre humain.
(La Panorthosie - 1644)

Mais pour que tout nous soit vraiment commun, il faudra, ajoute-t-il, qu'il y ait dans chaque école, dans chaque Église, dans chaque État, des gardiens des normes et lois de manière que pour le monde entier, tous soient maintenus dans les limites du salut, ce qui suppose que dans chacun des trois états: la culture, la religion et la politique, on instituera par conséquent un corps de dirigeants:


Ne faudrait-il donc pas instituer trois tribunaux arbitraux auxquels seraient soumis tous les différends qui pourraient surgir entre les lettrés, les prêtres et les princes? Leurs soins vigilants ne pourraient-ils, dans chacun des trois états, empêcher des discordes et des brouilles de naître? La paix et la tranquillité seraient maintenues.
(ibid).

Il n'est pas difficile d'apercevoir dans ces lignes l'annonce du régime synarchique et de sa technocratie totalitaire et si Coménius ajoute que le chef suprême de ces corps serait le Christ - dont il a une notion opposée à celle de l'Église romaine - nous voilà bien assurés que ce Christ, le faux Christ des Rose-Croix, que leurs successeurs appellent le Seigneur du Monde, assumerait la monarchie universelle sur tout le système. Mais poursuivons:





Il sera utile d'adopter des appellations différentes pour ces tribunaux: le tribunal des lettrés s'appellerait le Conseil de la Lumière, le tribunal ecclésiastique, le Consistoire et le tribunal politique, la Cour de Justice.

Le conseil de la Lumière veillera à ce qu'il ne soit nécessaire nulle part au monde, d'instruire quelqu'un et moins encore à ce qu'il se trouve quelqu'un qui ignore quelque chose d'indispensable, et à ce que tous les hommes soient instruits de Dieu. Ce qui veut dire que le Conseil, en créant des occasions favorables, permettra à tous les hommes du monde entier de tourner les yeux vers cette lumière, dans laquelle tous verront, par eux-mêmes, la vérité et à laquelle plus iamais aucune chimère ne pourra se mêler.
(ibid).


N'allongeons pas cette citation sur les attributions de ce Conseil de la Lumière dont le nom significatif annonce la philosophie des Lumières des écrivains du XVIIIe siècle et plus tard l'UNESCO et dont les membres, dit Coménius, devront être ILLUMINÉS COMME DE VÉRITABLES ÉTOILES et auront la charge de contrôler l'imprimerie et la librairie, l'enseignement, ses méthodes et ses programmes et tout ce qui concerne la culture. Passons aux deux autres institutions: la politique et la religieuse:

Ce Tribunal (le Tribunal de la Paix) aura pour mission de
veiller à la sagesse humaine, qui consiste à se maîtriser soi-même à tous les degrés, dans tous les états et tous les cas, afin de maintenir sans altération à tous les points de vue la société humaine et son système de relations, autrement dit d'être à la tête de la diffusion de la justice et de la paix entre les peuples du monde entier. Ce corps pourrait s'appeler aussi le DIRECTOIRE DES PUISSANCES DU MONDE, LE SÉNAT DU MONDE OU L'ARÉOPAGE DU MONDE.

Voici maintenant en quoi consisterait l'universelle Église dont Saint-Yves d'Alveydre, à la fin du XIXe siècle, précisera la nature et que le Pacte synarchique au XXe siècle appellera l'Ordre culturel mondial.

Les membres du Consistoire (mondial) auront
pour tâche de s'assurer que le contact des âmes avec Dieu se fait sans empêchement à quelque degré, dans quelque état et dans quelque cas que ce soit, - autrement dit de veiller au règne du Christ dans l'Église, à la continuation et à la perpétuation de la communion des Saints dans le monde entier, universellement, sans empêchement (en subordonnant tous les membres de l'Église à une seule tête: le Christ). Ce corps pourrait s'appeler aussi LE CONSEIL GÉNÉRAL, LE SYNEDRION DU MONDE, LES VIGILES DE SION, etc.

Telle sera l'Église Générale (c'est un autre nom que lui donne Coménius) à laquelle chacune des Confessions, quelle qu'elle soit, sera soumise par l'intermédiaire du "Consistoire national de son pays", c'est-à-dire d'une Église nationale. Les intégrant toutes, elle en proclamera l'égalité, n'admettant aucune opposition d'une église contre une autre église pour une différence d'opinion (s'il en reste encore).

Ce s'il en reste encore fait pressentir l'étrange tolérance dont se glorifieront les philosophes du XVIIIe siècle et, plus tard, les politiciens du radicalisme laïque à l'endroit de toutes les croyances sauf celle de l'ÉGLISE ROMAINE, incarnant, pour Coménius, la Superbe de l'Antéchrist. Il précise mieux encore le dessein de la contre-église d'imposer au monde le christianisme cosmique des Rose-Croix comme religion universelle!

Ces brèves citations donneront, du Gouvernement universel projeté par les Rose-Croix, une idée suffisante pour établir des points de comparaison avec les réalisations que nous avons déjà aujourd'hui sous les yeux. Nous aurions pu, dès ces premières pages, en ajouter d'autres peut-être plus suggestives, mais qui auraient eu besoin d'explications préalables à cause de leur signification volontairement équivoque, ou plutôt ésotérique. Nous y reviendrons en temps opportun. Mais afin que, d'ores et déjà, on ne puisse douter que l'échafaudage international de la Secte visait à DÉTRUIRE L'ÉGLISE CATHOLIQUE pour y substituer un Empire universel par le moyen de bouleversements politiques, ajoutons ces quelques lignes, extraites des conclusions d'un ouvrage de Coménius: Lux in Tenebris"(1657). Elles sont lourdes d'un avenir que nous avons déjà vécu.


Le Pape est le grand Antéchrist de la Babylone universelle.

La Bête à tout faire de la courtisane, c'est l 'Empire Romain (le Saint-Empire romain germanique) et spécialement, la Maison d'Autriche.

Dieu ne tolérera plus longtemps ces choses; bien mieux, il détruira enfin le monde des impies dans un déluge de sang.

À la fin de la guerre, la PAPAUTÉ ET LA MAISON D'AUTRICHE SERONT DÉTRUITES.

Cette destruction sera le fait des Nations fatiguées de leur despotisme, accourant des quatre coins du monde, en premier lieu les peuples du Nord et de l'Orient.

.......

Pour leur récompense, ils répandront la LUMIÈRE de l'Évangile.

L'Univers tout entier sera réformé à la fin des siècles. Les lois et la forme de cette réforme seront promulguées, à savoir; destruction de l'Idole et de l'Idolâtrie et partout rétablissement du culte le plus pur de la divinité (1).


Ce qui se traduit par: Destruction de la Papauté et du catholicisme romain, instauration de la nouvelle religion.

L'histoire de la Franc-maçonnerie spéculative, telle qu'elle apparut en 1717, n'entrant pas dans le cadre de cette étude, nous ne parlerons ni de l'influence rosi-crucienne sur sa formation ni des courants d'idées révolutionnaires et pas davantage de la Révolution. Mais celle-ci est en étroite dépendance de la pensée rosi-crucienne qui pénètre les Sociétés Secrètes de cette époque et qui n'en est pas un facteur moins déterminant que les manœuvres de la diplomatie anglaise, l'action des clubs, le colportage des libelles imprimés en Hollande. Un siècle avant l'événement, au temps de Coménius, les Rose-Croix eux-mêmes, prédisaient l'explosion à laquelle beaucoup d'entre eux pensaient pouvoir assister. Après la chute de la Monarchie, la destruction de l'alliance autrichienne et du pacte de famille entre les Bourbons, la haine de cette famille demeurera, à travers le XIXe siècle, un des engagements sacrés, si l'on peut dire, des membres influents des sectes. Le serment de Thiers sur un crucifix en est un exemple et n'a pas été démenti. On attachait la plus grande importance à la chute d'un édifice politique européen où la France tenait une grande place. A cette démolition contribuèrent les guerres de la Révolution et de l'Empire dont les suites' nous retiendront davantage au cours de cette introduction.


LE CONGRÈS DE VIENNE ET LA SAINTE ALLIANCE

Après Waterloo: le Congrès de Vienne et la Sainte Alliance. Une redistribution des territoires va modifier l'équilibre de l'Europe chrétienne, une curieuse charte mystico-politique va prétendre maintenir ce nouvel équilibre.

Sans doute le Congrès de Vienne entendait opposer une barrière à l'extension de l'idée révolutionnaire et préserver les trônes, hier ébranlés par Napoléon, demain peut-être abattus par les flots de l'insurrection. Cela répondait à un sentiment général qui n'était pas seulement celui des Souverains absolus. En Angleterre, Pitt et Burke voulaient museler le monstre que pourtant le Gouvernement britannique avait puissamment contribué à déchaîner. Alexandre de Russie voulait l'exorciser au nom du Christianisme transcendantal que lui inspirait la Baronne de Krudener. Le non moins mystique Frédéric-Guillaume de Prusse pensait l'étouffer sous le piétisme au sein duquel il se tenait lui-même comme en un abri, protecteur de sa légitimité. La Révolution française dont Napoléon représentait le paroxysme, heurtait le désir de sécurité et le sentiment national des peuples dont il avait un instant bouleversé les structures et menacé l'existence. Quoi d'étonnant dès lors qu'à côté de la Paix de Vienne, réglant les problèmes territoriaux, naquit cette Sainte Alliance offensive et défensive des monarques, chrétiens convaincus, sinon sincèrement, du moins par nécessité, de la fraternité des peuples et des rois et de la responsabilité de ceux-ci devant leurs sujets? Le Traité de la Sainte Alliance fut donc signé le 26 septembre 1815 entre le Czar de Russie, l'Empereur d'Autriche et le roi de Prusse. Très tôt, Louis XVIII y donna son adhésion.

Elle apparut alors comme la charte internationale du monde chrétien. Proclamant un droit collectif d'intervention sur les points de l'Europe où la révolution tenterait de renverser l'ordre établi, des congrès devaient se tenir et se tinrent, en effet, pour prendre, d'un commun accord, les mesures qu'imposait la répression des troubles. Il y eut, en 1819, les Congrès de Carlsbab et de Vienne réprimant les soulèvements universitaires d'Allemagne, en 1820 et 1821 ceux de Troppau et Laybach arrêtant les insurrections de Lombardie, de Naples et du Piémont, en 1822 le congrès de Vérone décidant d'une intervention française en Espagne à la demande de son Roi.

Y avait-il donc quelque chose de changé dans l'attitude de la Franc-Maçonnerie? En apparence, oui, et pour satisfaire un sentiment général qui repoussait la perspective de nouveaux bouleversements. Si la Sainte Alliance, cette curieuse machine qui dura effectivement jusqu'en 1830 et théoriquement jusqu'en 1848 porta pendant ce peu de temps quelques maigres fruits, ce fut grâce à l'homme qui, la prenant des mains de l'idéaliste et vaporeux Alexandre, tenta d'en faire l'instrument d'un retour, au moins partiel, à la Chrétienté. On a représenté Metternich comme un ennemi acharné de la France, un rétrograde d'ancien régime, un tenant du droit divin, voir comme un revanchard assoiffé du sang des peuples. Si l'on ne veut pas admettre devant l'évidence des foyers secrets de révolution et surtout celle des soulèvements simultanés de 1848 que tout fut l'œuvre d'une conjuration internationale, alors, bien sûr, le chancelier de la catholique Autriche est un attardé, un borné intelligent qui n'a rien compris à l'Évolution. En réalité, Metternich soutint l'Europe à bout de bras, à lui seul, jusqu'en 1848 et il fait figure, dans l'histoire, d'un très grand européen. Il considérait l'Autriche, sa patrie, comme le pivot du système continental. Eh! que pouvait-il faire d'autre en l'absence de la France vaincue en 1815 et après notre Révolution de 1830? Il ne s'est pas moins placé au-dessus de tous les nationalismes avec une véritable conception de l'universel que son christianisme profond lui montrait comme le salut.

C'est en cela qu'il corrigeait, dans la mesure de son pouvoir, cette malheureuse Sainte -Alliance où manquait le Pape et comme si l'on eût voulu décréter une nouvelle Chrétienté en vertu d'un pacte où se mêlaient des mystiques étranges, dénonciatrices de la présence des Sectes secrètes, introduites là pour paralyser toute action contraire à leur dessein. Joseph de Maistre qui avait appartenu à la maçonnerie templière avant la Révolution n'en ignorait rien et connaissait la Russie, il disait:


Cet esprit (de la Sainte Alliance) est celui des Illuminés de
l'école de Saint-Martin chef du christianisme transcendantal opposant la RELIGIOSITÉ à la RELIGION... Je suis parfaitement informé des machines que ces gens-là ont fait jouer pour s'approcher de l'Auguste auteur de la convention (Alexandre 1er) et pour s'emparer de son esprit. Les femmes y sont entrées comme elles entrent partout...

Si l'esprit qui a produit cette pièce (la convention de la Sainte-Alliance) avait parlé clair, nous lirions en tête "convention par laquelle tels et tels princes déclarent que tous les chrétiens ne sont qu'une famille professant la même religion et que les différentes dénominations qui les distinguent ne signifient rien.


Les femmes, en effet et surtout une, y étaient pour quelque chose. La baronne de Krudener après une vie très orageuse en étouffait les derniers grondements sous les élans d'un mysticisme que lui avait infusé la fréquentation des membres des sociétés martinistes et les adeptes de Swedenborg alors nombreux en Russie. Elle endoctrinait le Czar pendant l'occupation de Paris par les Alliés. Dans son hôtel sis aux Champs-Élysées elle avait avec lui des entretiens privés d'une piété suave où elle l'invitait à prier longtemps à genoux sur le marbre, lui répétant, à l'imitation de Jeanne d'Arc, les oracles d'une voix mais qu'elle laissait entendre être celle du Christ, en foi de quoi elle s'appliquait à le convaincre, ce qui n'était guère difficile, de sa prédestination à restaurer un christianisme nébuleux parmi les peuples. Si l'on en croit la comtesse de Boigne et le chancelier Pasquier, la voix pouvait bien être un écho de celle de Bergasse, ancien disciple de Cagliostro qui lui aurait soufflé les premiers articles de la Sainte-Alliance. Tout cela pouvait s'accorder et s'accordait de fait avec le mysticisme de Frédéric-Guillaume de Prusse, nourri de l'esprit des maçonneries prussiennes, dites chrétiennes, dont l'action se poursuivrait désormais jusqu'à nos jours. Celles-ci inspiraient un mouvement nationaliste et religieux, le Tugenbund, prêchant la morale du christianisme mais aussi le pur symbolisme de ses dogmes, alliant ainsi l'incrédulité et la foi sur quoi on espérait fonder une Église allemande de l'avenir. Pour le présent, Frédéric-Guillaume, qu'avait impressionné la chute des trônes, comptait bien assurer le sien sur le Tugenbund répandu dans toutes les Universités, enflammant la jeunesse pour la patrie allemande et provoquant l'admiration de toute la littérature romantique pour la "religieuse Allemagne" si chère à Madame de Staël.

Ainsi naquit la Sainte-Alliance.

À la vérité, on ne pouvait rien inventer de mieux pour empêcher le retour à l'ancien ordre chrétien tandis que, de son côté, le Congrès de Vienne, en remaniant les États, posait les jalons d'une avancée notable vers le renversement des lignes de forces européennes et vers le but encore lointain d'une unité internationale hors des pôles d'attraction du monde catholique. Depuis la Réforme, les états protestants pesaient déjà d'un poids très lourd sur les affaires de l'Europe mais en 1815 on avait fait pencher la balance en leur faveur. Non seulement des pays en majorité très catholiques: la Sarre, la Rhénanie, la Belgique passaient au pouvoir de monarchies protestantes mais, désormais, la Confédération germanique, amorçant l'unité allemande par la disparition d'un certain nombre de petits états, amenuisait considérablement l'influence de la catholique Autriche dans le centre nord de l'Europe, tandis que la Russie en venait à dominer la partie orientale. L'Angleterre s'assurait, avec l'empire des mers, les relais de sa future politique impériale dans la Méditerrané, au Moyen-Orient et en Extrême-Orient jusqu'au jour où, au commencement du XXe siècle, elle contrôlerait directement ou indirectement un quart de la population du globe.

Dans la réalité des choses, la Sainte-Alliance ne pouvait être et ne fût qu'inefficace malgré les désirs de justice, de concorde et de paix qui de la part de certains de ses promoteurs avaient présidé à sa fondation. Pour les maçonneries, elle n'était qu'un paravent derrière lequel les circonstances les obligeaient à se dissimuler. En Angleterre les sentiments pacifiques des basses loges en 1815 n'étaient que feu de paille bientôt suivi d'une recrudescence de leur activité concordant avec les desseins impérialistes du Cabinet britannique. En France leur nombre alla en croissant dès le début de la Restauration et, nonobstant leur loyalisme monarchique de façade, nous ne devons pas méconnaître que leur activité aboutit à la révolution de 1830. En Angleterre, en France, en Italie le même désir d'abattre les Bourbons, tous les Bourbons, le pouvoir temporel du Pape, et de faire triompher par toute l'Europe la démocratie universelle, demeurait le but prochain qui allait se manifester brusquement dans les révolutions de 1848.


LES RÉVOLUTIONS DE 1848

Par une prudence toute extérieure au moins jusque vers 1840, les maçonneries, en apparence respectueuses de l'ordre établi, se contentent de soutenir partout le libéralisme surtout dans les classes bourgeoises et aristocratiques qui leur fournissent une bonne partie de leur meilleure clientèle. Le Suprême Conseil de France (rite écossais ancien et accepté) inscrit à cette époque sur ses registres au grade de 33e des noms comme ceux-ci: le duc Decazes son Très Puissant Souverain Grand Commandeur, le comte de Ségur, le duc de Choiseul, La Fayette, Berryer, Crémieux, James de Rotschild, le prince Paul de Wurtemberg, le duc de Grammont, le baron Taylor. Le recrutement du Grand Orient est plus populaire. Mais, libéralisme religieux, libéralisme économique, libéralisme politique mènent à coup sûr et rapidement au scepticisme en religion, à l'éclosion de la question sociale par l'exploitation du travail qui devient scandaleuse à partir de 1840, et, secondé par les ambitions de la bourgeoisie, à l'éveil de la Démocratie.

On ne peut mieux ménager un terrain propice à la révolution mondiale que les plus excités voient toute proche et dont la préparation se poursuit parallèlement et en profondeur à l'aide de nombreuses sociétés secrètes faisant partie ou émanant de la Franc-maçonnerie. Il n'est pas de notre sujet d'entrer dans les détails des soulèvements qu'elles trament au cours des trente années qui séparent le Congrès de Vienne de la révolution de 1848. Les œuvres de ces sociétés sont connues. Qu'il nous suffise de rappeler ici la loge des Philalèthes, celles des Trinosophes et des Amis de la Vérité en France où se multiplient les clubs révolutionnaires comme la société Aide-toi, le ciel t'aidera, où l'on voit la campagne des banquets réformistes précédant l'explosion dirigée par cinq maîtres de loges.

Mais la plus importante, la plus étendue, la plus impénétrable de ces sociétés secrètes est, sans contredit, la Charbonnerie divisée en Ventes superposées les unes aux autres à la manière maçonnique et du sommet desquelles la "Haute Vente" internationale, très sélective, dirige tout le Carbonarisme. Elle est manifestement en rapport avec les Suprêmes Conseils du rite écossais dont fait partie le Frère-Maçon Mazzini et avec les Grands Orients. Mais son recrutement à la fois aristocratique, cosmopolite et populaire, ne tarde pas à provoquer dans son sein des tiraillements entre les tenants de la révolution invisible et corruptrice et ceux du parti d'action violente et immédiate à la tête desquels se trouve Mazzini. Derrière lui et le Frère-Maçon Kossuth, l'agitateur hongrois, manœuvre secrètement le haut Frère-Maçon Palmerston, ministre de Sa Majesté britannique.

Le parti de l'action déborde bientôt la Haute Vente. Outre sa mission la plus proche: la chute du pouvoir temporel du Pape et l'unité italienne, Mazzini en enflamme les éléments les plus jeunes pour la révolution totale. À Marseille il fonde la Jeune Italie un peu plus tard il lance la Jeune Allemagne puis la Jeune Europe. Partout le feu couve d'une révolution aux dimensions européennes qui se réclamera ici du nationalisme pour l'indépendance, comme en Hongrie avec Louis Kossuth, là de l'établissement d'une constitution libérale qui dans l'esprit des chefs, espérant le plein succès de l'entreprise, balayera les trônes et instaurera partout la République ou du moins le régime de la Démocratie universelle.

Telle est la raison pour laquelle se tient à Strasbourg en 1847, le fameux Convent international des maçonneries qui va donner le signal de l'opération. On connaît la suite. En 1848, les révolutions éclatent partout simultanément comme une traînée de poudre. Le 24 février celle de Paris fut un modèle et un coup de clairon, mais elle ne triompha finalement que grâce à la crapuleuse trahison du Frère-Maçon Odilon Barrot et, fait notable à retenir, amena immédiatement au Gouvernement provisoire de la République les Frères-Maçons Arago, du Suprême Conseil, Ledru-Rollin, complice de Palmerston, Cremieux, Marie, Garnier-Pagès, Marrast, Louis Blanc; Caussidière s'empara de la préfecture de Police. Tous franc-maçons! Le clergé bénissait les "arbres de la liberté" qu'on plantait sur les places publiques. Quinze jours plus tard, le 13 mars, la révolution éclata à Vienne, le 18 mars à Berlin et à Milan, le 22 mars à Venise, puis avant la fin du mois, attisés par Lord Minto, l'envoyé de Palmerston, ce sont des troubles à Naples, en Toscane et à Rome.

L'édifice de 1815, lézardé, tombe en ruine; la Démocratie universelle et le Socialisme sont lancés dans l'arène politique.


D'UN ARTICLE DU GLOBE AU CONGRÈS DE PARIS (1849-1856)

Les princes réagirent promptement. La démocratie ne triomphait pas encore. Mais l'Europe, une fois de plus, était ébranlée. Les révolutions de 1848 ont laissé partout des semences d'agitation et, cette fois, l'idée de la Sainte Alliance étant bien morte, chacun aura ses révolutions intérieures sur les bras, car le principe de non-intervention a prévalu. L'Europe est en quelque sorte un terrain vague où peut s'épanouir une nouvelle politique passée presque complètement aux mains d'une puissance ténébreuse dont les peuples ne soupçonneront pas l'omniprésence au sein des conseils de leurs gouvernements qui bien souvent se débattront eux-mêmes dans des réseaux tendus au fond des ministères, des chancelleries, dans les parlements, la presse. Les tentacules invisibles vont enserrer l'ancien monde, s'étendre de Londres à Constantinople sans abandonner le but principal: Rome, mais en jouant avec plus d'avantages encore de deux grands moyens, l'or et la guerre.

D'un côté les partis d'action débordant la Haute-Vente ont, par là, réduit peu à peu son rôle; son chef "Nubius" (2) qui en savait trop et n'en faisait pas assez, s'éteignit dans le gâtisme. Mais ils ont senti leur faiblesse et leur force et vont resserrer leurs liens. Déjà un Comité central révolutionnaire est constitué à Londres avec les Frères-Maçons Mazzini, Kossuth, Ledru-Rollin mais sous la surveillance protectrice du Frère-Maçon Palmerston qui les utilisera surtout pour la politique italienne. D'autre part, des guerres, limitées d'abord, vont par un savant clivage orienter insensiblement l'unification de l'Europe hors des sphères du catholicisme jusqu'au jour des grandes guerres mondiales. Par une subversion quasi-miraculeuse, le principe de solidarité internationale rêvé par les adhérents de la Sainte-Alliance pour la stabilité générale va jouer au profit des pontifes de la puissance occulte qui règle le sort des états.

En 1849 le moment est donc décisif pour cette puissance qui va savoir en profiter. Deux faits révèlent le cours qu'elle va donner aux événements. Le premier c'est la parution d'un article très important dans le "Globe", journal des suprêmes instances maçonniques; le second c'est, en 1856, le Congrès de Paris.

Le 12 mai 1849 paraissait donc dans le Globe, inspiré par Palmerston, un article qui n'était pas tant le ballon d'essai d'une nouvelle politique à l'adresse des chancelleries et des ministères que l'annonce d'un programme imposé aux Frères des diverses nations. Une lecture, attentive aux procédés des Hautes Maçonneries, décelait en effet sa vraie nature d'instructions portées à la connaissance des Loges en forme de mise au point d'un plan définitivement arrêté. En voici le texte:





Il est à craindre que les évènements de l'année précédente (1848) n'aient été que la première scène d'un drame fécond en RESULTATS PLUS LARGES ET PLUS PACIFIQUES. L'échafaudage dressé par le Congrès de Vienne était si arbitraire et si artificiel, que tous les hommes d'état à opinion libérale voyaient bien qu'il ne supporterait pas le premier choc de l'Europe.

Tout le système établi par le Congrès était en disso1ution et Lord Palmerston a agi sagement LORSQU'IL N'A PAS VOULU PRÊTER SON CONCOURS POUR OPPOSER UNE DIGUE AUX VAGUES ENVAHISSANTES.

Le plan qu'il a formé est celui D'UNE NOUVELLE CONFIGURATION DE L'EUROPE, l'érection d'un royaume allemand vigoureux qui puisse être un MUR DE SÉPARATION ENTRE LA FRANCE ET LA RUSSIE, la création d'un royaume polono-magyare destiné à compléter l'œuvre contre le géant du nord, ENFIN UN ROYAUME D'ITALIE supérieure dépendant de la maison de Savoie.

On a souvent reproché à Palmerston d'avoir nég1igé l'alliance de l'Autriche, mais ici les accusateurs devront encore lui rendre Justice. L'alliance de l'Angleterre et de l'Autriche N'A JAMAIS REPOSÉ SUR UNE COMMUNAUTÉ DE PRINCIPES: elle existait simplement parce que l'Autriche était la représentation principale et comme l'incarnation de la NATION ALLEMANDE.

Depuis la paix de Westphalie jusqu'à celle d'Aix-la-Chapelle (1648-1748) l'Autriche s'est trouvée être le centre de la nation allemande. Mais lorsque l'épée de Frédéric eut reculé les limites de son royaume qui était naguère l'électorat de Brandebourg, lorsque les vrais Allemands eurent reconnu dans ce guerrier le représentant réel de leur force et de leur nationalité, la Prusse devint sur ce continent l'alliée naturelle de l'Angleterre. L'amour propre seul et la timidité de Georges III firent obstacle à ce que l'alliance de la Prusse et de l'Angleterre fut notre bouclier dans la guerre américaine.

Ce que l'Autriche fut au commencement du siècle dernier, ce que la Prusse devint plus tara, l'ALLEMAGNE PEUT L'ÊTRE ÉGALEMENT, qu'elle ait sa capitale à Berlin ou à Francfort. Si Lord Palmerston réussit à consolider cette alliance naturelle et à LA RENFORCER PAR UNE NTENTE CORDIALE AVEC LA FRANCE, il aura prouvé jusqu'à quel point IL EST EN REALITE LE DIPLOMATE LE PLUS HABILE QU'AIT VU NAÎTRE CETTE ÉPOQUE.


C'était une véritable encyclique (ne combat-on pas l'Église romaine en la singeant?) rappelant à la discipline les Frères-Maçons trop fougueux entraînés dans les comités d'action mazziniens qu'on avait, bien sûr, encouragés afin de renverser l'ancien équilibre européen. Mais il fallait désormais, revenant à la sagesse de la Haute-Vente déclinante, suivre des directives soigneusement étudiées dont l'objet dépassait, pour le moment, les fantaisies des agitateurs professionnels. Le Frère-Maçon Mazzini, cette fois, dut observer une apparente soumission, sinon une plus patiente perspicacité qu'il saura d'ailleurs montrer plus tard. Pour bien faire connaître aux Frères-Maçons l'autorité à laquelle tous devaient en dernier ressort rapporter leurs jugements et leurs actes afin de rester dans l'orthodoxie, l'article ne tarissait pas d'éloges sur le Frère-Maçon Palmerston. IL S'AGISSAIT ESSENTIELLEMENT D'UN RENVERSEMENT COMPLET DU COMPLEXE EUROPÉEN. En premier lieu, on devait remplacer la Confédération germanique à prépondérance autrichienne, c'est-à-dire catholique, par un empire d'Allemagne sous l'hégémonie de la Prusse protestante qui venait, par une curieuse coïncidence, de dénoncer son adhésion à la Sainte-Alliance. On ne ménageait pour cela ni les explications historiques remontant jusqu'au traité de Westphalie (1648) (3) ni les ébauches de l'avenir. Mais en premier lieu il fallait procéder à l'unification de l'Italie, sous la Maison de Savoie, et abattre le pouvoir temporel du Pape. Quant à la France, autre grande puissance catholique, non encore déchristianisée, une entente cordiale avec l'Angleterre devait d'abord la neutraliser pour assurer, avec la complicité de Napoléon III, la défaite autrichienne et le succès de la question italienne, avant de la livrer isolée aux coups de la Prusse.

L'opération se fit en trois temps: 1856, 1866, 1870.

Le premier obstacle à surmonter c'était la Russie qui tenait en échec la démocratie révolutionnaire; elle avait aidé l'Autriche à réduire ses insurrections de 1848. Mais ses ambitions au Proche-Orient donnèrent prétexte à Palmerston et à Napoléon III de lui déclarer une guerre que les catholiques français, bien bernés, Louis Veuillot en tête et le clergé avec lui, prirent pour une guerre sainte. Avec des médailles de la Sainte Vierge et des cérémonies religieuses on embarqua l'opinion dans une aventure que le Cardinal Pie ne vit pas sans de sombres pressentiments. Il avait raison. En effet, aux derniers instants de la guerre de Crimée, en 1855, le Piémont de Victor-Emmanuel se joignit sans aucune apparence de raison valable aux alliés contre le "tyran du Nord" afin de pouvoir participer au Congrès de Paris qui allait terminer la guerre et de donner à son ministre, le Frère-Maçon Cavour, l'occasion de poser devant les délégués des nations - y compris le turc - et la question romaine et celle de l'unité italienne. Le fameux principe des nationalités, c'est-à-dire du nationalisme révolutionnaire et agressif allait, de ce jour, triompher et faire une fortune qui aujourd'hui encore n'est pas épuisée. Sur le dos de l'Autriche, Napoléon III allait faire la guerre d'Italie en 1859 et cette même Autriche allait succomber à Sadowa en 1866 sous l'attaque prussienne laissée sans riposte par l'empereur Carbonaro. Sa défaite entraînait celle de l'État pontifical.






Lave-toi les mains, ô Pilate!
s'écria Mgr Pie à Napoléon III. Mais en 1870 ce fut à la fois le tour de la France et la chute de la Rome pontificale.

La brèche de la Porta Pia par laquelle entrèrent les troupes piémontaises s'ouvrit au même moment que l'encerclement de Paris par les Allemands. C'était l'éventration de l'Occident chrétien.

Notes:

(2) Le Vatican n'a jamais dévoilé son véritable nom. Comme tous les grands chefs du Carbonarisme il se cachait sous un pseudonyme. Le Vatican n'a pas dévoilé non plus la voie par laquelle il a été mis en possession des papiers de la Haute-Vente qui ont fait l'objet de l'ouvrage de Crétineau-Joly.

(3) Souvenons-nous ici des menaces du rose-croix Coménius contre l'Autriche.





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