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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

samedi, août 30, 2008

II

APRÈS LE CONCILE: D'UNE ORTHODOXIE... CHRÉTIENNE À L'OECUMÉNISME MAÇONNIQUE

Dans son nouvel ouvrage De l'initiation maçonnique à l'orthodoxie chrétienne, le Frère-Maçon Yves Marsaudon (1) nous conte les désillusions que lui a causées le Concile. La primauté pontificale n'a pas sombré dans les remous d'une collégialité au sommet appelée de tous leurs vœux par les sociétés secrètes; leur vision d'une Église universelle à la manière de Saint-Yves d'Alveydre s'en est quelque peu ressentie; les lois du mariage sont toujours debout et l'inoubliable journée où Marie fut proclamée Mère de l'Église, apparemment, ne lui a pas plu. Ses espérances n'ont pas survécu à la troisième session. Avant la quatrième, il a pris, héroïquement, un parti plus consolant pour son sentimentalisme digne des latomies, ces carrières abandonnées qui servirent de prisons aux Athéniens en 413 avant Jésus-Christ, et aussi selon l'esprit de la Maçonnerie. Entre le biblisme individuel du protestantisme et les formules dogmatiques de l'Église romaine, nous explique-t-il pudiquement, il n'a vu qu'une voie largement ouverte à tous les chrétiens épris de liberté: l'orthodoxie.

Mais il n'y va pas là que de ses états d'âme. Sa gourmandise d'un œcuménisme ceinturant la planète en passant, non par Rome, mais par Chicago, Tachkent en Russie, et l'Himalaya a aussi déterminé son passage à l'ÉGLISE CATHOLIQUE ORTHODOXE DE FRANCE (2).

Avant de nous pencher sur cette Église, examinons un peu les motifs qui, selon le porte parole de la Grande Loge Nationale, motiveraient la conversion des chrétiens à cette orthodoxie.
(
C'est d'abord, comme toujours, le désir de voir la doctrine de la Foi remplacée peu à peu par une philosophie élastique, étirable jusqu'au panchristisme cosmique, voire jusqu'à un subtil ésotérisme et dont le P. Teilhard de Chardin serait canonisé confesseur et docteur.

À ce point de vue il serait permis d'affirmer que la métaphysique à forme volontairement mal définie de l'orthodoxie (Paul Evdokimov) se rapprocherait alors des idées de Teilhard de Chardin basées
elles-mêmes sur une philosophie scientifique. Et si nous poussons plus loin notre raisonnement nous pourrions alors admettre que ce relativisme métaphysique une fois admis, le point Oméga de Teilhard de Chardin se situe à un niveau tellement éloigné des dogmes qu'il n'a plus rien d'absolu et que même le relativisme mathématique d'Einstein admis par la philosophie chrétienne
d'aujourd'hui dépasse singulièrement Bergson et que dans ce domaine très élevé de la pensée, il n'est pas interdit de songer à une possibilité de doute initial aboutissant à une conjonction de la science et de la mystique, à un accord désormais possible, le point Oméga coïncidant finalement avec l'infini mathématique.

La coïncidence, ne serait-ce pas plutôt le point d'interrogation?

C'est ensuite - et le Chanoine Roca, s'il revenait, ne se tiendrait pas d'aise - que des millions d'hommes qui ont soif de la parole, non seulement verront cette soif étanchée par la théologie des Suprêmes Conseils, mais qu'encore, par leur conversion à l'orthodoxie, vidant l'Église romaine de son contenu, ils mettront fin au papisme.

Nous avons donc tenté de leur faire voir une autre forme de christianisme, plus respectueuse de la tradition, éloignée depuis longtemps de tout concept à base Césaro-papiste, de tout totalitarisme, de toute action temporelle et de toute prétention à l'exclusivité dans la vérité.

(De l'initiation maçonne à l'orthodoxie Chrétienne p.228)

C'est sans doute aussi qu'après les échecs des tentatives des P. P. Berteloot, Riquet et d'A. Mellor pour baptiser la Maçonnerie, il fallait enfin en fabriquer une toute pure. Il fallait découvrir une vraie Maçonnerie chrétienne, non pas seulement avec la Bible dans la Loge, mais bien fournie d'un essaim de Frères poursuivant entre les colonnes du "Temple", sous la lumière du triangle en verre dépoli brillant des feux du Grand Architecte, des oraisons enflammées, comme de Vestales ardentes, commencées à l'Église - pas celle de Rome évidemment - et en plein accord avec elle.

Eh bien ça y est!

L'Église orthodoxe de France est le terrain spirituel sur lequel nous avons finalement atterri. Nous nous y sentons parfaitement à l'aise tant comme homme' qu'en qualité de franc-maçon.

(ibid).

Cette église qui n'est aujourd'hui en communion avec aucun patriarcat ou église autocéphale orthodoxe (3) fut fondée vers 1928 par un prêtre catholique romain, Charles-Irénée Winnaert (1880-1937) ancien curé de Viroflay, commune de Seine-et-Oise à trois kilomètres de Versailles, professeur à l'Institut Catholique de Paris, sous forme d'une communauté dépendant de l' "Église Catholique libérale" qui n'est autre qu'une Église gnostique. Sacré évêque à Londres par cette église dont les tendances théosophiques le portèrent à s'en détacher, winnaert transforma son groupement en "Église Catholique libre" dont il tenta vainement le rapprochement avec l'Église romaine. Le patriarcat russe le reçut alors sous certaines conditions. À sa mort Monseigneur Kovalesky, d'origine russe, reprit la direction de la communauté.

Eugraf Kovalesky, né en 1905, a été élevé à la dignité épiscopale le 11 Novembre 1964, sous le nom de Jean-Nectaire Kovalesky. Le voilà donc évêque de l' "Église catholique orthodof{e de France". Les francs-maçons, paraît-il, ne manquent pas parmi ses ouailles et le Frère-Maçon Y. Marsaudon nous dit:

C'est grâce à la Maçonnerie que nous avons trouvé une voie qui pour être personnelle n'en est pas moins ouverte à tous nos compatriotes; nous comptons d'ailleurs au sein des différentes obédiences françaises plusieurs membres de notre Église et non des moins actifs, chrétiennement parlant.


Si l'on s'en rapporte en effet au Suprême Conseil du rite écossais dont firent partie Riandey et Marsaudon, un certain nombre de loges russes se constituèrent en France après la guerre 1914-1918 au sein de ce rite, sous la dépendance de la Grande Loge de France pour y regrouper les réfugiés, chassés par la Révolution de 1917. Elles formèrent même tout un réseau d'influence, jusqu'à l'étranger où elles entretinrent des contacts avec d'autres loges ou groupements maçonniques russes, à Londres notamment et dans d'autres pays, l'un d'eux ayant pris le nom de Loge Maxime Kovalesky (4) à Belgrade. Ces loges qui n'ont pas chômé se sont livrées à une intense activité spirituelle. En 1949 par exemple, l'une d'elles, L'Aurore Boréale, travaillait la question de la liberté de l'homme au sein de l'Église orthodoxe. Il est tout naturel que, par un phénomène d'osmose, l'orthodoxie assez particulière des fidèles de Jean-Nectaire Kovalesky se soit répandue chez des maçons français du même rite et surtout parmi ses hauts grades et qu'elle soit devenue pour eux un cheval de bataille tout trouvé pour essayer de prouver à l'opinion le bien fondé des campagnes menées depuis longtemps par les sociétés secrètes, à savoir qu'entre le christianisme et la Franc-Maçonnerie, il ne peut y avoir de désaccord sinon par la faute de la seule Église catholique. N'est-ce pas ce que nous répète après les Guaïta, les Saint-Yves d'Alveydre, les Roca et tant d'autres, Marsaudon lui-même? La Franc-Maçonnerie n'est-elle pas capable d'abriter toutes confessions, de promouvoir même par ses rites, ses symboles, sa philosophie et finalement son ésotérisme la religion du Christ enfermée par l'Église romaine dans le corset des dogmes, étouffant sous la férule du magistère Césaro-papiste, incapable dans ces conditions d'apporter à l'humanité son épanouissement complet dans le christianisme ouvert? Voyez donc: lorsque l'équipe des hauts grades, Riandey, Marsaudon et d'autres quittant le Suprême Conseil de France ont rallié la grande Maçonnerie universelle régulière, c'est-à-dire la Grande Loge Nationale Française, (5) le Grand Maître de celle-ci, Van Heké leur a réservé une chaleureuse réception. Il a parait-il rendu grâce à Dieu Grand Architecte de l'univers et donné sa bénédiction aux nouveaux régularisés, heureux d'un si beau retour à la Foi maçonnique... par le détour de la foi orthodoxe (et réciproquement), tandis que Marsaudon se confond en remerciements envers Mgr Kovalesky de ses excellents rapports avec les francs-maçons.

Ce serait à coup sûr attendrissant si nous ne pouvions nous souvenir que dès 1946 le Frère-Maçon Marsaudon annonçait la formation de deux blocs au sein de la Chrétienté: d'un côté l'Église romaine et de l'autre l'Église évangélique (orthodoxe et protestante), cette dernière ayant toutes les chances de réaliser l'"œcuménisme", c'est-à-dire la fameuse et vaste OPÉRATION POLITICO-RELIGIEUSE dont nous avons déjà parlé.

Nous ne sommes guère préoccupés par l'échéance d'une telle parousie. Nous constatons seulement que, de son côté, Mgr Kovalesky donne dans cette orthodoxie spéciale propre à l'édification du NÉO-CHRISTIANISME appelé de tous leurs vœux par les sociétés secrètes. Nous voyons en effet certains de ses prêtres palabrer doctement et, semble-t-il, d'une façon assez régulière au CENTRE INITIATIQUE NATYA à Paris. Marsaudon nous dit lui-même, parlant de son église bien entendu, qu'

un des caractères de l'orthodoxie, c'est son
cosmisme

que son évêque professe un christisme où l'on voit

l'homme potentiellement divinisé,


où l'église (la sienne toujours)

progresse vers l'unité; le corps total cosmique

et où la Vierge Marie

suscite plus un langage symbolique que des définitions abstraites

qui n'établissent pas, contrairement à la logique romaine, sa Médiation auprès de Dieu son Fils.

Un langage symbolique, même cultuel, sans une base doctrinale n'a ni consistance ni garantie de durée et par conséquent ouvre la voie à toutes les interprétations. Ce dernier point du Credo marial de Mgr Kovalesky, cité par Marsaudon et qui vise au premier chef les formules dogmatiques de l'Église romaine, spécialement du dogme de l'Immaculée Conception; ne tarde pas, en effet, à porter des fruits qu'on trouve en un article des Cahiers Saint Irénée (de l'église orthodoxe de France): Mission de la femme dans la perspective de l'Ancien et du Nouveau Testament. Conformément à la plus pure tradition ésotérique, l'auteur, Madame A. de Souzenelle (6) part de l'androgynie divine et adamique à laquelle la femme a pour mission de ramener l'homme. Bien entendu, Marie est l'exaltation de ce rôle suprême MATRICE DU MONDE, mais qui cette fois contient Dieu... incarné dans la Matière cosmique", le lecteur imaginera le sens donné alors au "oui" (sic) de Marie.

Marie est une femme comme les autres. L'Église romaine en a fait une privilégiée, une "mise à part" qu'un deus ex machina a exemptée de la faute originelle. Que nous importe alors, dans la perspective de la marche du monde le sort de cette femme qui n'est pas des nôtres et que nous importe ce Dieu qui joue de nous comme de pantins?


Et nous ne poussons pas plus loin la citation pour le moment!

À l'Église orthodoxe de France, on a blâmé après coup, nous dit-on, la parution de cette étude. Cela ne change rien à l'affaire. Sa présence dans les échanges de vues libres des Cahiers Saint Irénée ne montre pas seulement la place que tiennent dans l'Église orthodoxe de France des Francs-maçons de haut grade amis du Frère-Maçon Marsaudon, l'aisance avec laquelle y évolue leur christianisme particulier, la facilité des rapports avec un cercle initiatique. Elle confirme surtout l'usage qu'ils entendent faire de l'Église orthodoxe de France pour l'avancement de cet œcuménisme maçonnique dont nous entretient, au cours de deux ouvrages, avec abondance et pertinence, Y. Marsaudon lui-même.

Notes:

(1) Le baron Marsaudon est Frère-Maçon du 33e degré, ex-membre du Suprême Conseil de France (Rite Ecossais - celui de la Grande Loge de France) passé à la Grande Loge Nationale Française, inféodée au système de la Grande Loge Unie d'Angleterre.

(2) Il ne s'agit pas ici de l'exarchat russe en Europe occidentale.

(3) Messager de l'exarchat russe no. 49 de Janvier-Mars 1965 et 51 de Juillet-Septembre 1965.

(4) Nous ignorons si un lien de parenté unit Mgr. Kovalesky à cet économiste et juriste russe dont les opinions libérales peu d'accord avec la politique de Stolipine mais plutôt favorables à celle du Comte Witté, semble être de ces grands notables qui ont préparé leur propre ruine et celle du peuple russe avant 1917. (Voir Gouvernement Mondial - chap. Rideau de Fer).

(5) Derrière laquelle, répétons-le, travaille la Grande Loge d'Angleterre.

(6) Mr G. de Souzenelle est membre du rite écossais ancien et accepté (grande loge de France) et membre très actif de l'Église orthodoxe de France, nous dit Y. Marsaudon.

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