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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

lundi, août 11, 2008

SAINT-YVES D'ALVEYDRE

Ce régime décrit par Saint-Yves d'Alveydre en une de ses pages les plus importantes a été de nouveau expliqué vers 1935 dans le Pacte synarchique.
Écoutons d'abord Saint-Yves d'Alveydre nous dire ce qu'il entend par les églises nationales:

J'entends par ce mot: églises nationales, la totalité
des corps enseignants de la nation sans distinction de corps, de sciences ni d'art, depuis les Universités laïques, les Académies, les Instituts et les écoles spéciales, jusqu'aux institutions de tous les cultes reconnus par la loi nationale, la Franc-Maçonnerie y comprise si elle se donne soit pour un culte soit pour une école humanitaire, depuis les sciences naturelles de la géologie à l'astronomie et les sciences humaines de l'anthropologie à la théologie comparée, jusqu'aux sciences divines de l'ontologie à la cosmogonie.


Cette totalité des corps enseignants de chaque nation est ce que j'appelle l'église nationale et l'évêque national qui la consacrera dans sa patrie en sera le PRIMAT CATHOLIQUE ORTHODOXE.

En effet, en dehors de cette concordance hiérarchique des sciences et de cette Paix sociale des enseignements, il ne peut exister que des sectarismes, éléments de division politique sans vérité d'orthodoxie, sans réalité de catholicisme. sans autorité comme sans puissance créatrice de Religion sociale.

C'est cette constitution intérieure des églises nationales où l'épiscopat investi du pouvoir- des Apôtres n'aura qu'à consacrer la somme des intérêts vraiment religieux de chaque nation sans les discuter. Cette constitution, dis-je, il serait heureux que la papauté put prendre l'initiative de la conseiller théocratiquement à toutes les nations européennes du Christ.

Mais, posée à Rome sur son plan ethnique d'impérialat clérical latin, il est radicalement impossible que la papauté soit libre d'exercer encore, dans ce sens, le Souverain Pontificat.

Tout ce que l'on peut espérer c'est que la majesté de la tiare viendra un jour dans ce gouvernement général de la chrétienté, couronnant au sommet de l'Église universelle ayant pour piliers toutes les églises nationales, cet édifice catholique et orthodoxe une fois bâti.


(Mission des Souverains 1882 - p. 433-434)


Nous avons souligné certaines expressions soit parce que l'intelligibilité de ce texte capital appelle quelques explications, soit parce qu'on les retrouve dans des documents ou chez des auteurs postérieurs. Le lecteur pourra ainsi, en s'y reportant, constater à la fois et la permanence du programme et les infiltrations déjà considérables de cette idéologie dans l'opinion.


Quelques explications. En premier lieu, le Catholicisme n'a pas dans ces lignes le sens que lui donne l'Église romaine; il s'agit du syncrétisme adogmatique de l'église universelle, ou, pour les sociétés secrètes et maçonneries dites chrétiennes, une confusion délibérée qui concerne spécialement leur christianisme dit transcendant... transcendant le catholicisme romain, bien entendu. Et c'est là, parait-il, la véritable orthodoxie.

En second lieu, la hiérarchie des sciences, dans laquelle on a introduit la théologie comparée reçoit une explication beaucoup plus claire dans le tableau n° 53 du Schéma de l'Archétype Social (voir plus loin au chapitre: Théocratie). On y verra que la théologie est détrônée au profit de la THÉURGIE (science du commerce avec les esprits).

Enfin, le Primat deviendra une expression caractéristique du Schéma de l'Archétype Social, équivalente à Idéocrate employée par le même Schéma et par le Pacte synarchique, comme par Saint-Yves d'Alveydre. Le rôle du Primat est national.

LE PACTE SYNARCHlQUE

Passons maintenant au Pacte Synarchique. Ce document qui n'est pas initiatique expose les mêmes théories soixante-dix ans après Saint-Yves d'Alveydre, en des termes moins révélateurs mais plus accessibles aux "profanes" sélectionnés auxquels il s'adresse. Sous différentes rubriques dénommées: Nation culturelle, Ordre culturel, Démocratie culturelle, il precise les principes, les moyens et l' information à mettre en œuvre. Le Pacte est aujourd'hui renié ou abandonné, nous dit-on. C'est inexact. Ce qui est écrit est écrit et à sa date. Entre hier et aujourd'hui, il fait la preuve, par une singulière continuité, d'une réalité indéniable.

Comme dans un ordre maçonnique, deux courants de sens contraire doivent animer l'église nationale, l'un de bas en haut: démocratique, syncrétiste et concurrentiel, l'autre de haut en bas: nationaliste culturel, dirigiste intellectuel et religieux.

a) - Le principe autoritaire: LA NATION CULTURELLE

D'après le Pacte, l'Eglise catholique romaine n'est ni une réalité naturelle, ni une réalité juridique; le nationalisme culturelle plus rigoureux est la seule réalité.

Les nations sont la réalité culturelle de base dans l'ordre synarchique (Pacte n° 318). Comme telles, les nations synarchisées sont dans leur ensemble révélatrices des civilisations diversifiées de l'Empire et de son état de culture par rapport au reste du monde (319).

Toute nation synarchisée est elle-même l'expression intellectuelle collective des peuples qui s'en réclament et elle constitue comme telle un véritable État Culturel (320).

Chaque nation synarchique est rectrice souveraine de son domaine culturel (323).

Chaque nation synarchique doit rester maîtresse du développement pédagogique de ses membres dans tous les domaines (éducation, culture, instruction et à tous les degrés) (324).

Aucun individu n'est en dehors de la nation culturelle dans une démocratie véritable comprise en mode synarchique. (489)

Voilà donc la règle générale d'un Césarisme culturel sans fissure allant de l'enseignement totalitaire, exercé sous les formes diverses du programme officiel ou de l'intégration scolaire et sous l'apparence de la liberté d'enseignement, jusqu'au neutralisme résolument agressif contre nos dogmes catholiques:

Aucune doctrine svnarchiste ne peut comporter une orthodoxie quelconque (70). Toute tendance à l'orthodoxie sociologique ou autre, ou sectarisme politique ou autre, doit être dénoncée et combattue sans merci comme anarchiaue. (73)
b) - L'ORDRE CULTUREL (Principe oligarchique d'encadrement)

La nation synarchisée, bien sûr, n'échappe pas plus que toute société humaine à une certaine division en couches superposées: peuple, aristocratie ou classes dirigeantes, ou élites comme on dit maintenant non sans abus. Mais les activités des citoyens s'y divisent en trois groupes verticaux couronnés chacun par un "Ordre" national où s'intègrent les élites en question:
- l'Ordre économique,
- l'Ordre politique,
- l'Ordre culturel.

Seuls les tenants des professions culturelles constituent l'Ordre culturel dans la Nation comprise en mode synarchique. (495)

Mais que sont-ils donc ces tenants professionnels? Les voici:

Comme état culturel de fait la nation synarchique se manifeste ontologiquement par l'ensemble de ses universitaires et pédagogues, de ses ECCLÉSIASTIQUES, de ses artistes, de ses savants et de ses intellectuels et techniciens purs; ils forment une véritable démos-idéocratie de service, de mérite et de talent. (321)

Nous voilà donc avertis que Brigitte Bardot, le Cardinal Archevêque de Paris, tout aussi bien qu'un André Malraux et que le Grand Maître du Grand Orient, flanqués du Recteur de l'Université, entreront à part entière dans l'Ordre culturel de la nation.

L'accession aux postes de commandes de ce consortium idéocrate fera l'objet d'une sélection-élection sur laquelle le pacte synarchique insiste lourdement en plusieurs de ses articles (390 à 401). Ainsi chacun devra recevoir la lumière du brain-trust culturel à la tête duquel, nous l'avons dit, un Primat dûment initié veillera à l'endoctrinement de la nation.

c) - LA DÉMOCRATIE CULTURELLE

Car l'Ordre culturel est le sel de la démocratie synarchisée, c'est-à-dire du peuple recueillant les enseignements et soumis au dirigisme de l'esprit dans le décor d'un pluralisme canalisé expression sociale de la réalité profonde de l'Homme universel (P. S. 60) et du devenir de l'Être (P.S. 54). C'est'en ce pluralisme en effet que l'homme-individu libère ce qu'il comporte de mystère et de divinité en devenir. De là vient dans le mouvement synarchique, la primauté du Spirituel, mais d'un spirituel qui n'a d'autre contenu que l'universalité de l'humanisme élevé à la hauteur d'une religion commune. (L'Homme Universel est une vieille conception gnostique et cabalistique déifiant l'Humanité non pas prise comme notion universelle mais comme un être unique en soi, réellement existant.) Le Pacte synarchique et l'Archétype social, le premier surtout, ne badinent pas sur ce thème souvent répété (par exemple: l'"Homme universel ou l'"humanisme universel articles numéros 25 - 60 - 61 - 107 - 225 - 231 - 236 - 329 - 547 - 597, et nous en passons). Cet Humanisme intégral, (n° 98 - 201) représente l'idéal auquel un devoir sacrificiel (n° 598) dévoue la Société tout entière, et que l'État synarchique entend faire triompher:

Notre volonté impériale est de plier à cet idéal souplement mais sans réserve les institutions du passé. (202)

Un pluralisme à foi basique commune sera donc de rigueur. Admettons qu'en dernière analyse celle-ci se réduise à de purs principes naturels, encore que, dans l'esprit du Pacte Synarchique, il s'agisse d'un illuminisme proprement satanique. Le chrétien sera-t-il compté comme "hérétique" si son activité, en tant que telle, est réputée mettre en péril la sécurité de l'État comme dépassant ou attaquant la croyance commune? Cela s'est vu dans l'histoire et se voit encore aujourd'hui. Il sera hérétique à coup sûr s'il défend le Syllabus, Pascendi ou Humanum Genus. Ne l'enverra-t-on pas au bûcher si la démocratie doit défendre contre lUI sa volonté impériale?

Voilà, certes, un intégrisme en très bonne santé.

Car le pluralisme n'est pas synonyme de liberté pour l'individu ni d'œcuménisme pour le chrétien. En intervertissant les valeurs on n'élargit ni l'autonomie de la conscience, ni le champ de l'apostolat: on y met des barrières. La Lumière du Christ qui est de soi universelle est alors placée sous un boisseau communautaire qui n'a rien à voir avec la désirable unanimité des hommes dans l'amour du Dieu de la Révélation.

Avec raison M. Maritain écrit dans son PAYSAN DE LA GARONNE:

... Dans cette communauté de personnes humaines qu'est une société, l'Église, conformément aux exigences de la vérité, donne le primat à la personne sur la communauté: tandis que le monde d'aujourd'hui donne le primat à la communauté sur la personne. Désaccord très significatif, et d'un haut intérêt. Dans notre âge de civilisation l'Église deviendra de plus en plus - bénie soit-elle - le refuge et le soutien (uniques peut-être) de la personne. Les infortunés ecclésiastiques qui ne voient pas cela feraient bien de relire la Constitution pastorale.

Mais le cadeau généreux de cet intégrisme fait à la démocratie nous donne froid dans le dos. Nous courons, nous en sommes à la démocratie autoritaire. Le pire "Joséphisme" est-il encore loin? Car en Synarchie, nous le verrons, il y a une "idéocratie" obligatoire présidée par un Primat national, un seul. Qu'adviendra-t-il si l'État synarchique, professant sa foi à cet humanisme intégral (qui est initiatique) et au vitalisme universel (qui l'est également) prononce l'excommunication contre le malheureux catholique qui s'en tiendra à l'Infaillibilité Pontificale?

Une démocratie culturelle n'est réellement constituée en mode synarchiste que si elle est soustraite à tout privilège de droit ou de fait. aux règles de l'incompétence, à l'emprise de l'argent, à l'influence d'une quelconque oligarchie, à la dictature de droit ou de fait de toute congrégation sectaire ou partisane, aux manœuvres intolérantes de n'importe quel groupement (que son caractère soit ecclésiastique, philosophique, politique ou autre) qui tendrait à exclure l'une quelconque des formes de la pensée nationale ou impériale, fût-elle exprimée par une faible minorité ou par un seul individu. (Pacte synarchique n° 486)

Ainsi l'ordonne le Primat national de l'Archétype social, assisté de son conseil idéocratique (voir plus loin les tableaux de l'Archétype).

Dans cette hypothèse on conçoit que l'Église romaine puisse ne plus être orthodoxe. C'est déjà la prétention de beaucoup parmi ceux qui la voudraient mettre dans le sens de l'histoire.

La foi basique commune ne nous emmène-t-elle pas chanter la messe à l'Église nationale de Saint-Yves d'Alveydre, comme le Père Teilhard de Chardin nous conduit chez le Christ-Omega des parfaits Rose-Croix?

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