L'UNIVERSELLE ÉGLISE ET LES ÉGLISES NATIONALES.
L'Universelle Église se confond avec le Gouvernement mondial. Si celui-ci doit apparaître comme un pouvoir universel régissant effectivement tous les peuples, sa réalité profonde, au-dessus de ses autorités sociales et de ses puissances financières, a son fondement dans le domaine autrement redoutable du spirituel. Dans l'état actuel du monde, on ne peut douter de l'intention de ses promoteurs les plus éminents, qui ne sont pas pour autant les plus célèbres, d'en faire l'"Église générale" où la conscience de l'humanité, pour employer le mot d'un dominicain connu, en face de l'Église de Jésus-Christ. Nous pouvons, nous catholiques, donner à ce projet le nom d'œuvre de la Contre-Église. La Franc-Maçonnerie, elle, se défend à présent d'une telle qualification qu'elle avait cependant affichée au temps de l'anticléricalisme violent. Elle préfère aujourd'hui se dire, avec souvent des apparences conciliantes, une Super-Église. En 1962, on lisait dans la revue Le Symbolisme:
Ne laissez pas dire, mes frères, que la Franc-Maçonnerie est l'anti-église; cela n'a été qu'une phrase de circonstance: fondamentalement, la Franc-Maçonnerie se veut super-église qui les réunira toutes.
Ce n'est pas seulement l'autorité civile, mais l'Autorité spirituelle que les Sociétés secrètes ambitionnent d'assumer sur l'humanité toute entière. Nous voilà donc assurés de l'identité du Gouvernement mondial et de la Contre-Église. Est-ce là chose si étonnante? Quel pouvoir absolu pourraient-elles exercer sur le monde, si elles laissaient subsister, à côté et en dehors de leur imperium politique, des puissances spirituelles indépendantes et finalement supérieures, par leur nature même, à leur appareil de Gouvernement? Le système ne peut donc échapper à la logique des choses ni aux lois de l'histoire. Il leur faut aussi accaparer le spirituel, embrigader les âmes et viser à une sorte de chrétienté retournée où l'identification du pouvoir civil et du pouvoir spirituel en une seule et même puissance confine à une sorte d'augustinisme politico-social travesti, exaspéré, dont un Pape aussi calomnié mais aussi autoritaire que Boniface VIII n'avait jamais eu l'idée: Là où Saint Augustin voit les âmes et les sociétés réunies dans la "Cité de Dieu" en face de la cité de Satan; elles voient tout inclus dans la "Cité de Satan" contre la "Cité de Dieu". C'est ce que rappelait Léon XIII dans l'encyclique "Humanum Genus".
Seules se distingueraient entre elles les institutions mondiales visibles, fondamentalement au nombre de quatre: politique, culturelle, religieuse, économico-sociale. Mais au-dessus d'elles, la "Super-Église" des sectes ne peut remplacer le surnaturel divin dont l'Église de Jésus-Christ a les clefs que par l'occulte, l'ésotérisme des "Initiés ", des Mages, des "Sages ". Et c'est là son néant, mais aussi sa redoutable puissance de mensonge. Leur Universelle Église ne peut être que double, pratiquant la duplicité incroyable de l'occulte et du découvert, comprenant une partie invisible qui inspire, dirige et asservit par les moyens de ses secrets à plusieurs étages et une partie visible, rassemblant soi-disant toutes les croyances et toutes les hiérarchies spirituelles dans l'universalité factice de sa religion humanitaire. C'est un "œcuménisme" maçonnique, un syncrétisme qui se veut total.
Examinons d'abord la conception de cette Eglise visible telle que, depuis trois siècles, les auteurs les plus qualifiés des sectes l'ont décrite. Examinons la d'abord quant à sa structure et ensuite quant aux thèmes principaux qu'elles inspirent à leur adeptes de second rang et, par eux, au public profane.
LA STRUCTURE VISIBLE.
Une religion universelle, syncrétisme de toutes les religions? Cela ne peut se concevoir à la façon d'une église qu'à la condition d'affirmer une même croyance cachée au fond de tous les cultes. Ce syncrétisme aboutit donc fatalement à un gnosticisme et nous verrons qu'il en est bien ainsi en réalité. Mais, extérieurement, aux yeux du public, on le fait apparaître comme le rassemblement visible de toutes les religions. Saint-Yves d'Alveydre ne fait en ceci figure ni de prophète ni de grand initiateur. Il reprend une vieille tradition qu'on trouve chez les Rose-Croix du XVIIe siècle, chez Coménius par exemple, avec son "Consistoire mondial" d'une "Église générale", étendue par la suite au bouddhisme et au reste.
C'est donc aux Rose-Croix qu'il nous faut revenir comme à un point de départ expliquant la suite. Coménius à qui nous avons emprunté au début de cet ouvrage les textes les plus explicites, précise la nature de ce rassemblement des églises en une seule.
Tous les consistoires ou Conseils des Anciens des églises chrétiennes feront bien de fusionner en un seul Consistoire de l'église, telle qu'elle est figurée par la Jérusalem merveilleusement édifiée, la seule ville où sont dressés les trônes de la justice, les trônes de la maison de David.Nous ne citerons donc Saint-Yves d'Alveydre qu'à titre de scoliaste qualifié, suivi avec plus de fidélité qu'on ne le pense par nombre de "Sages" qui dirigent le monde. A vrai dire il n'a pas spécialement décrit la structure d'une église mondiale, malgré ses vaticinations dans "Mission de l'Inde". Son objectif était surtout l'Europe. Il faut donc recourir au Schéma de l'Archétype social (martiniste) et au Pacte synarchique pour en avoir une idée plus complète, le premier se plaçant au point de vue ésotérique, compréhensible pour les seuls initiés, le second envisageant le plan organique d'un "Ordre culturel de toutes les nations". L'ensemble de ces deux documents montre précisément les deux aspects, l'un syncrétiste l'autre ésotérique, de la seule et même chose.
Saint-Yves d'Alveydre n'a pas négligé le côté ésotérique de cette universelle église, qu'il voyait ainsi composée:
- L'Église évangélique avec l'évangile et ses autorités; épiscopat, Pape et concile.
- L'Église mosaïque avec la Torah et son autorité, le gaon de Jérusalem.
- L'Église des Védas et son autorité, la Loge Agartha... "que les anges inspirent". Il ajoutait: "Protestantisme de Luther, Islam de Mohamed, Bouddhisme de Çakya-Mouni sont trois rameaux de ce triple tronc universel. (Jeanne d'Arc victorieuse - p. 16 & 17).
Dans ce fédéralisme relig ieux où la Rose -Croix et le Martinisme manifestent toujours leur présence, n'imaginons pas un pur néant idéologique. Il repose sur la volonté bien arrêtée d'éliminer les dogmes catholiques dans l'esprit même des fidèles, bien sûr. Dans l' "Universelle Église ", l'Église romaine serait noyée, reléguée en un Occident, appauvri, dépouillé de ses traditions chrétiennes et de ses valeurs civilisatrices, en proie à l'anarchie des sectes, et l'égalité de toutes les croyances apparaîtrait au public sous la forme innocente et déjà connue d'un pluralisme "fraternel». Mais sous ces incohérences, un universalisme réel est impossible à concevoir sans un commun dénominateur. Le dessein d'amener le monde à une religiosité générale fait en effet appel à deux sources: le judéo-christianisme et un œcuménisme maçonnique.
JUDÉO-CHRISTIANISME et MOÏSEUM DE PARIS
Le Judéo-Christianisme est un mot maintenant à la mode, les Papes l'ont employé dans un sens historique et doctrinal qu'on peut dire exhaustif puisque le point culminant et dominant en est Jésus-Christ. Mais ce mot nous ferait anathématiser par bien des clercs s'estimant au fait des choses, si nous leur disions que cependant il couvre chez les gens d'en face un christianisme prodigieusement décatholicisé.
Saint- Yves d' Alveydre, spécialiste en la matière, écrit en effet dans la Mission des Souverains (1882):
Jésus-Christ, le pouvoir de consécration des évêques, voilà avec la cosmogonie de Moïse et le Décalogue, le fond religieux sur lequel, à travers tous les cultes politiques de la Chrétienté, l'entente peut et doit se faire. (p. 444)
Dira-t-on que cette idée est tombée à l'eau?
En 1926, Jean Izoulet, professeur au Collège de France, faisait paraître un ouvrage: "Paris, Capitale des religions". La thèse en était celle-ci:
Oui, dédoublez la Société des Nations. Dédoublez-la en deux Sociétés, l'une spirituelle, l'autre temporelle; dédoublez-la en Société des Églises et en Société des États.
Vous aurez ainsi d'une part à Genève la Puissance temporelle des Banques et des Armées et d'autre part à Paris la Puissance spirituelle de la Science et de la Conscience, des Églises et des Universités.
Et le Frère-Maçon Izoulet, lui aussi, d'insister sur le seul enseignement religieux à donner dans les écoles: le Décalogue et sur la transformation à faire subir aux "églises" chrétienneS et mahométanes pour les pousser vers le judaïsme.
Du Saint-Yves d' Alveydre, dira-t-on? Oui, mais avant tout, tradition pure des sociétés secrètes. L'auteur qui s'étend sur l'avènement désirable d'un CHRISTIANISME EXTRAORDINAIREMENT RENOUVELÉ, sur l'accomplissement d'une Réformation générale, s'enthousiasmant ensuite sur l'organisme futur destiné à rapprocher toutes les religions de la terre et qu'il appelle le Moïseum de Paris ,pensè et parle comme un vieux Rose-Croix du XVIIe siècle. C'est exactement la Jérusalem de Coménius où sont dressés les Trônes de la Maison de David!
En second lieu, cette religion universelle trouve ainsi son unité dans la théologie luciférienne des Sectes. Cette nouvelle affirmation fera sourire, nous le savons, ceux qui d'ordinaire suivent les zélateurs catholiques d'un prometteur rapprochement avec la Franc-Maçonnerie. Nous n'en avons cure: qu'ils aillent donc aux sources; Saint-Yves d'Alveydre fait maintes allusions à l'initiation des futurs pontifes de la Synarchie en parlant par exemple de sa fabuleuse loge Agartha. Le Schéma de l'Archétype social, plus terre à terre, en tient, lui, pour la grande Loge Blanche. Mais ceci est une autre affaire. Le fait est que le désir du professeur Izoulet s'est déjà en partie réalisé. À la Société des Nations a succédé l'O.N.U. scindé effectivement en deux organismes: l'un politique, l'O.N.U. proprement dit, l'autre culturel, c'est l'UNESCO siégeant à Paris. Or, l'UNESCO, en 1957, sous la présidence du catholique Vittorino Véronèse a célébré le centenaire de Coménius comme étant son ancêtre spirituel, par la publication d'un recueil de textes du fameux frère morave... où les plus décisifs, bien entendu, sont absents, mais où l'on retrouve l'esquisse du régime synarchique rosicrucien avec le "Conseil de la Lumière", préfiguration de l'Ordre culturel des Nations et de l'UNESCO même. Nous attendons maintenant l'O.R.U. que le Congrès mondial des Religions a proposé en 1966, c'est-à-dire l'Organisation des Religions Unies qui ne cache pas ses affinités avec le mondialisme politique de l'O.N.U.
LES CONGRES SPIRITUALISTES.
Il est facile de suivre l'effort des adeptes et le cheminement de l'idée depuis 1900 à travers les Congrès de "L'Alliance spiritualiste" fondée par le Mage Papus, assisté de son second, Victor Blanchard, qui fut aussi Grand-Maître de l'Ordre martiniste et synarchique. Nous avons sous les yeux l'avant-projet de Charte spirituelle de l'Humanité élaboré pour le Congrès spiritualiste mondial qui s'est tenu à Bruxelles du 10 ou 13 août 1946. On y lit:
I1 existe au-dessus des diverses religions une Église universelle composée de tous les croyants dogmatiquement libres qui unissent leurs convictions relatives à l'existence d'un être suprême ou Providence, à une vie future et à l'immortalité de l'âme ainsi que le devoir d'amour humain proclamé comme le premier de tous par les églises et religions.
Voulons-nous savoir pourquoi, comme les sans-culotte de 1793, l'on ne parle que d'un Être suprême? Eh bien! notons les noms des signataires de ce document et nous serons renseignés sur la teneur initiatique cachée dans ses lignes, car, cet Être suprême n'est pas pour tous le Dieu des chrétiens. Voici les noms: Président Serge Brisy, secrétaire-général de la Société Théosophique Belge, F. Wittemans, ancien sénateur, auteur d'une histoire des Rose-Croix, Toussaint, Fraternité rosicrucienne, Sadin, Église Catholique libérale (Théosophie), le pasteur Schyns, le rabbin Berman, Lobefevre, Enlers, ordre martiniste, Renacle, Institut humaniste.
C'est déjà bien loin, 1946! Maintenant. le concile s'annonce, et nous voici en 1961. Qui mieux que les maçonneries dites chrétiennes issues de la Stricte Observance templière, du Rite Ecossais rectifié, du Swedemborgisme et d'autres, pourrait bien s'émouvoir, publiquement du moins, aux premiers bruits de l'Unité dans les perspectives de l'Apocalypse? Un livre parait alors.
Ce n'est donc - en aucun sens - un ouvrage de circonstance, mais au contraire, un mesSage spirituel. On suivra le lent cheminement qui a conduit un homme de bonne volonté de la vie profane à la sérénité initiatique.
Dans le monde entier, un vaste mouvement vers l'Unité s'amorce. Il prend les formes les plus diverses, mais il répond à ce besoin profond que ressentent les spiritualistes de toutes nuances: faire cesser les querelles byzantines et faire front contre l'ennemi commun, le matérialisme athée.
Puisse ce livre contribuer à la pacification des cœurs et à l'union des esprits!
(Les Authentiques Fils de la Lumière, Paris 1961)
Mais l'éditeur voudrait que l'on comprenne mieux encore. Aussi a-t-il tenu à faire savoir que sa collection ésotérique est à la disposition des Pères du Concile. Il a donc écrit sur la jaquette de l'ouvrage:
Le monde va vers l'Unité. Le Concile en porte témoignage ainsi que, dans le laïcat, les dix Congrès du symbolisme qui se sont tenus à Paris. Il importait donc que soient rassemblées dans une collection des études authentiques sur toutes les formes avouées ou sous-jacentes des mouvements spirituels qui tendent vers ce même but: l'Unité. (Les Éditions de la Colombe)
Il serait vain de croire que ces idées ne passent pas de nos jours dans le public sous forme d'informations diverses où la suggestion vient jouer son rôle. Paris-Match, par exemple, a publié, sous le titre général: Les Bergers du monde qui ont fait l'humanité, des articles documentaires richement illustrés sur Moïse (21 déc. 1957), Jésus (28 déc. 1957), Bouddha (4 janv. 1958). Il en ajoutait un sur Mahomet. Ainsi rien ne manquait au programme de Saint-Yves d'Alveydre. C'est l'OECUMENISME maçonnique encore affirmé en 1964 par le Frère-Maçon Yves Marsaudon du Suprême Conseil de France (rite écossais) dans son ouvrage L'œcuménisme vu par un Franc-Maçon de tradition:
Nous, francs-maçons de tradition, nous nous permettons de paraphraser et de transposer ce mot d'un homme d'État célèbre en l'adaptant aux circonstances: catholiques, orthodoxes, protestants, israélites, musulmans, hindouistes, bouddhistes, penseurs libres, libres croyants, ne sont chez nous que des prénoms: c'est Francs-Maçons le nom de famille.
ALCHIMIE SYNARCHIQUE.
L'Église universelle rêvée par les politiciens et les grands financiers, tout autant que par les hauts et discrets grands Initiés, a pour objet essentiel la destruction de l'Église romaine; l'ennemi, c'est le Christ et son Église, celle de Pierre et de ses successeurs. Projet vain, nous le savons, mais animant des machinations politiques effroyables.
La Synarchie n'est pas seulement un carrefour de "technocrates" ni une coalition de grands argentiers. Elle inclut tout cela dans un unique dessein spirituel, dans une seule lutte religieuse parfois sous l'apparence d'une main tendue, dans une même action multiforme. Les plans synarchiques, dans leur expression primitive, sont antérieurs à la conjuration des "financiers qui mènent le monde" et ils demeurent adaptés avec souplesse aux époques et aux évènements en dépit des batailles sournoises, souvent féroces, que se livrent sur les terrains nationaux et internationaux les dits financiers faisant figure d'exécuteurs temporels d'un impérialisme infernal qui les dépasse dans le temps et en profondeur.
Ces plans, on les retrouve toujours identiques en leur fond à travers l'histoire moderne, en des mouvements parfois opposés. En 1960 on pouvait lire ces lignes dans un ouvrage sorti d'un milieu étranger aux maçonneries anglo-saxonnes, celui des sectes dérivant de la Stricte observance templière qui s'agitent dans l'ombre des courants nationalistes occidentaux.
Pour subsister et aider l'humanité (en l'incitant à augmenter ses recherches vers un but pacifique et supérieur) les religions doivent trouver rapidement une formule unifiée afin de donner aussi l'exemple du "Retour en toutes choses". Les religions doivent démontrer, avouer que leurs divinités sont semblables, sont de simples visages du principe essentiel adapté, transformé, suivant les races et les époques (ce qui est exact et évitera bien des conflits).
... Ces noces alchimiques à réaliser par l'œuvre des Sages sont indispensables!
Le retour en toutes choses et les noces alchimiques ce sont des expressions rosicruciennes. Le principe essentiel appartient plus spécialement au martinisme.
"SAINT JEAN AVEC NOUS"
Quant au Souverain Pontife on lui dit, tout comme Saint-Yves d'Alveydre, mais plus brutalement:
"
Sache que sincèrement on te désire avec nous sous la tente de l'Agneau où nous gitons, mieux que de te voir sur le parvis dans le froid de la mort.
Nous sommes là en présence d'une des maçonneries johannites, dites "chrétiennes" ou "christiques" qui allèchent tant en ce moment quelques missionnaires du rapprochement avec Rome et où cependant la haine de l'Église est vivace. Dans l'ouvrage dont nous parlons, l'Église catholique est représentée comme la femme prostituée de l'Apocalypse, comme l' "antéchrisme"...
qui s'achève d'abord dans la corruption doctrinale du clergé laquelle amènera la fin de l'esprit romain lunaire ET DE SON DERNIER BASTION INTÉGRISTE ATTARDÉ...
... La liquéfaction de Rome, Dieu soit loué, se termine sous l'effort d'une jeune prêtrise qui n'aura bientôt plus rien de commun avec
l'obscurantisme clérical allant surtout du XIVe siècle à 1900. Pierre, de
nouveau, et les siens doivent maintenant être prêts à reconsidérer Jacques et Jean et les leurs sans songer à "avaler" personne.... Alors Rome chrétienne sera ALCHIMIQUEMENT poignardée...
... en moins d'une heure, de soixante minutes... grâce à une poussée inexorable de l'extérieur sur la Rome
papale.
(Arcanes Solaires, par J. Breyer - Éditions de la Colombe -
1959)
Nous avons ajouté à ces textes ces derniers mots de l'augure trépidant qui a écrit ce livre pour montrer l'hystérie rosicrucienne qui les secoue tous, lui et ses semblables, depuis trois siècles. Coménius sur le même sujet écrivait en 1657 dans Lux in tenebris: En une année, un mois, un jour, une heure". Il était moins pressé. Il est vrai qu'avec l'accélération de l'histoire...
On y remarquera en outre l'allusion à l'Église supérieure ésotérique de Jacques et Jean par opposition à l'Église inférieure exotérique de Pierre. Affabulations d'imaginations en délire comptant sur une poussée inexorable de l'extérieur, c'est-à-dire sur des événements imminents! Car, répétons-le, le "Grand Oeuvre", comme ils disent, doit s'accomplir bien moins dans la lumière du ternaire androgyne que sur le plancher des vaches, par de bons bouleversements politiques auxquels ils s'emploient tous activement de façons diverses.
Telles sont en raccourci les principales caractéristiques de cette "Église universelle" visible dont la substitution à l'Eglise romaine est rêvée depuis longtemps. Nous parlerons plus loin de l'église universelle invisible, c'est-àdire ésotérique, mais il nous importe tout d'abord de voir comment la constitution organique de ce pandemonium prétend, par le système des Églises nationales, étouffer l'Église romaine.
Est-ce que la chute du pouvoir clérical des Papes n'est pas un indice certain du triomphe possible de l'Universelle Église par la solennelle reconnaissance de l'égalité et de la fraternité de toutes les églises nationales rendues à leur mission vivante?
(Saint-Yves d'Alveydre - Mission des Souverains p. 403)
LES ÉGLISES NATIONALES
Ainsi, le communisme soviétique n'a pas inventé les Églises nationales. Saint-Yves d'Alveydre nous en administre la preuve et lui-même ne fait que reprendre le projet des Rose-Croix du XVIIe siècle qu'on a pu lire exposé par Coménius dans l'Introduction du présent ouvrage. Plus de deux siècles après celui-ci, le dessein essentiel de la Contre-Église apparaît donc tout aussi clair, ferme et constant, et si le communisme, au-delà du Rideau de Fer le met, à sa manière, en application, le dessein n'en reste pas moins une menace moins spectaculaire mais tout aussi réelle et imminente pour l'Occident prétendu libre. Avec plus de précision que son prédécesseur et appuyé sur les immenses progrès accomplis par les sociétés secrètes, Saint-Yves d'Alveydre nous informe de la structure et du contenu de ces églises nationales; on y comprendrait la maçonnerie et toutes les institutions culturelles quel que soit leur objet, fut-il antichrétien, ce qui revient à dire que l'Église catholique serait soumise au régime de l'intégration d'abord par les gouvernements locaux, ensuite par le Gouvernement mondial dominé par les Hautes Sociétés Secrètes.