Le Matérialisme
a atteint un tel point
que les mots
«péché» et «vertu»
sont devenus objets de risée.
CHAPITRE 10
LA HAUTE FINANCE INTERNATIONALE
La clef de voûte de toute conspiration communiste, la racine sur laquelle il a tigé, c'est la haute finance internationale, appelée aussi haute banque internationale, banque mondiale de l'or. Une internationale n'est toujours engendrée que par une autre internationale. Si les véritables chefs du communisme, simples valets de la haute banque mondiale, et les pourvoyeurs financiers du communisme le savent parfaitement, l'immense majorité des adhérents et sympathisants du communisme et le grand public en général n'en savent absolument rien. Les plus ignorants sur cette question sont les Don Quichotte partis en guerre contre le communisme et qui ne voient en ce dernier qu'une simple formule philosophique, un plan économico-social, une idéologie politique. Comme les anciens ratiocineurs des querelles bizantines, ils se morfondent à réfuter les postulats du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, simple lest échappé pour amuser l'ennemi pendant que la machine communiste avance sans cesse, simple stratagème pour justifier devant les foules ignorantes la généralisation mondiale du matérialisme et en cacher les auteurs et le but véritable; de même ces valeureux chevaliers se morfondent à pourfendre des nuages, à flageller des brumes, c'est-à-dire à nier des négations: de faits, de principes ou de pure évidence naturelle. Leur oeuvre et leurs combats sont si stériles que les maîtres du complot communiste s'en amusent éperdument, ils souhaitent que leur activité se continue sans être dérangée, et ils contribuent au besoin de quelques dollars à cette vaine croisade afin qu'elle ne s'engage pas dans le véritablesentier qui conduit au repaire des conspirateurs. Les chefs réels du communisme ne dérangeront jamais les solennelles assises de verbiage contre le communisme, car le piétinage sur place ne peut qu'aider leur cause, en tant que pieuse diversion ou naïve enténébration de gens déjà égarés dans le noir. Par contre, lorsqu'on verra les brigades brutales des communistes lancées à l'assaut ou au saccage d'une réunion, d'un local, d'un groupe, on peut conclure immédiatement que le communisme craint ces gens ou cet endroit parce qu'on y fait du bon travail anticommuniste. Et, pour faire un travail anticommuniste qui porte, il faut savoir ce qu'est exactement le communisme. Combattre le communisme en tant qu'idée, principe, formule, concept, c'est perdre son temps. Le communisme est un simple complot, une conspiration d'hommes au service d'autres hommes; comme c'est l'unique vérité concernant le communisme, c'est sur ce seul terrain que le communisme peut être véritablement combattu et vaincu. Tout le reste est temps et argent perdus.
Le grand paradoxe
Il apparaît aux «penseurs» de notre époque comme un bien grand paradoxe d'affirmer que le communisme, qui attaque si fébrilement le principe de la propriété privée, soit propagé et financé par le haut capitalisme international, censé être l'incarnation de la propriété privée. Nos «penseurs» ignorent ou n'ont pas pensé à deux choses: 1. que le haut capitalisme international, au lieu de soutenir la propriété privée, l'engloutit, la dévore, l'élimine en fonction directe de l'augmentation des richesses créées par les travailleurs des villes et des campagnes; 2. que le communisme, quand il s'empare d'un pays, ne détruit pas la richesse qui y existe, mais la fait tout simplement changer de mains.
Ceux qui ont «découvert» que le communisme, en somme, aboutit au supercapitalisme d'Etat n'ont découvert que la moitié de la vérité; car, en effet, c'est un supercapitalisme d'Etat aux mains du haut capitalisme international.
C'est aujourd'hui une banalité de dire que le financier international Jacob Schiff a financé les révolutions communistes russes de 1905 et de 1917, qu'il en a profité par de colossales concessions d'exploitation que lui a concédées le gouvernement soviétique. Et quand Madame Schiff, de New York, se décida à aller visiter Moscou, on lui fit huit jours de réceptions officielles, banquets, galas d'opéra et de ballets, dépassant en honneur et en somptuosité tout ce que le protocole officiel exige pour la visite des chefs des plus grands Etats; partout où passait cette «supercapitaliste» notoire dans des rues bordées de soldats de l'Armée Rouge qui lui présentaient les armes, on lui donnait des égards plus grands qu'à aucune tsarine de l'histoire russe, plus grands qu'en reçurent jamais les Roosevelt et les Churchill qui suivirent cette visite. Staline lui-même, «l'homme de fer», se tenait respectueusement au garde-à-vous devant cette souveraine de la Haute Banque Mondiale et pliait comme un roseau, à 45 degrés, chaque fois qu'elle daignait lui adresser la parole. C'est un incident historique que les propagandistes du communisme préfèrent toujours ignorer.
Les capitalistes internationaux qui contrôlaient le gouvernement allemand de 1917 obtinrent les sauf-conduits et facilités de transport pour Lénine qui devait aller faire la révolution communiste en Russie; leurs affidés qui contrôlaient le gouvernement anglais obtinrent la même chose pour l'expédition en Russie de Leuba Trotsky, alors interné comme prisonnier de guerre au Canada, à Kapuskasing; leurs affidés de Washington obtinrent la même chose pour trois chefs bolchéviques de l' «east side» new yorkais qui devaient peu après devenir commissars sous la Terreur Rouge dans un pays qui n'était même pas le leur; leurs affidés de Russie exigèrent et obtinrent la montée au pouvoir de Kérensky, qui devait renverser les barrières qui s'opposaient encore au bolchevisme; et, pour que leur plan parfaitement combiné ne ratât pas, les chefs de la grande conspiration virent à faire sauter le cuirassé anglais «Iron Duke» à bord duquel Lord Kitchener et des centaines de stratèges, aviseurs, tacticiens se rendaient en Russie pour faire avorter la révolution menaçante et l'écroulement de l'appareil militaire russe.
Ce qu'on ignore généralement au sujet de la Russie Soviétique, c'est que si tout y est nominalement propriété de l'Etat, tout ce qui paie est exploité, en concession, par des intérêts privés inféodés à la Haute Banque Mondiale: les mines les plus riches, le pétrole, les chemins de fer, les chantiers navals. Nous pouvons illustrer cet état de choses par un exemple local. Ainsi, la cité de Montréal est propriétaire d'un restaurant à l'île Sainte-Hélène, mais c'est un particulier, détenteur d'une concession, qui l'exploite à son profit. La Haute Banque de l'Or ne connait ni patrie, ni frontières, ni forme de gouvernement, ni système social; partout à la fois elle draine le profit réel des innombrables foules qui peinent, qui peinent en Russie plus que partout ailleurs, comme des esclaves à la chaine avec le système stakhanoviste. Les résidences princières des grands-ducs, les villas de marbre et jardins prodigieux de la Mer Noire, les meubles de prix et les bijoux de la noblesse liquidée existent toujours en Russie Soviétique, mais ce sont de nouveaux maîtres qui en jouissent; limousines, vins fins, fourrures coûteuses, oeuvres d'arts sont encore en vogue, pas pour les «indigènes» asservis, mais pour la nouvelle noblesse: les représentants, agents et lévites du grand temple mondial du Veau d'Or, nuée de parasites qui trouvent vraiment un «paradis terrestre» sur le corps subjugué d'une grande nation.
Finance, capitalisme
Il y a deux sortes de finance, comme il y a deux sortes de capitalisme.
Il y a la finance visible, accessible, localisée, fruit du travail, de la production, de l'économie. Issue du labeur, c'est la finance qui entretient le labeur, Elle a toujours un caractère personnel, régional, national. Inerte par elle-même, elle ne prend une utilité et une valeur que dans son application à la production, au développement. C'est la finance saine, celle qui soutient l'initiative, qui appuie la liberté personnelle d'action, qui permet à un pays comme à ses citoyens de préserver et défendre leur autonomie. C'est de cette finance que surgit le capitalisme de production, le capitalisme industriel, le capitalisme commercial, si toutefois on peut appeler capitalisme le simple emploi de capitaux à une fin créatrice.
Il y a, en opposition à la finance et au capitalisme sains, la finance internationale, la finance de l'or, qui engendre et contrôle le capitalisme international. Cette finance internationale est celle du groupe interallié des banques de l'or, ces banques richissimes qui n'ont pas de déposants, qui ne trafiquent que sur l'or et les devises monétaires, qui financent l'organisation des trusts et des cartels internationaux, les grands monopoles mondiaux qui fixent à leur gré les prix des pierres précieuses, des métaux, des métalloïdes, des grains, viandes, thé, café, coton, huiles, etc., forçant ainsi les gouvernements à taxer pour soutenir les prix du grand marché international.Cette finance n'a qu'une raison d'être, un seul but, un idéal unique: faire produire de l'argent par l'argent.
La colossale puissance de cette Haute Banque de l'Or, formée par un petit groupe de banquiers qui ne sont pas responsables à des déposants, des épargnants ou des clients, n'est jamais attaquée par le marxisme et ses prophètes. Pourtant c'est elle qui, empêchant le commerce par troc, écume la crème de toutes les productions nationales en forçant les échanges internationaux de marchandises à payer la rançon des échanges de devises; c'est elle qui a définitivement détruit le principe et le fait de «l'offre et la demande»; c'est elle qui, pour toujours ruine les Etats davantage et enchaîne des peuples entiers dans l'esclavage des intérêts à payer, provoque les guerres, entretient l'instabilité, le malaise; c'est elle qui, par ses monopoles et ses contrôles, déroute de plus en plus les projets ou plans des industriels nationaux, rend inutiles les augmentations de salaires, déséquilibre l'assiette sociale, force les gouvernements à instaurer contre leur gré le socialisme marxiste en vue du communisme qui doit livrer le monde, vaincu et bien ligoté, à la Haute Banque de l'Or. Le jour où les Etats pourront, sans risque ou sans crainte de se faire broyer, nationôliser leur or, déterminer eux-mêmes le prix et le volume de leur monnaie nationale, commercer avec l'étranger par voie de troc pur et simple de marchandises, le plus grand pas aura été fait vers le rétablissement de la justice sociale, de l'autodétermination politique et économique des peuples, de la stabilité et la prospérité, bref les éléments d'une démocratie véritable qui a cessé d'exister depuis longtemps et qui a été remplacée par la plus réelle, la plus terrible, la plus dévorante des dictatures: celle de l'Or, qui pèse avec autant de cruauté sur les foules des pays occidentaux que sur les foules des pays communistes; c'est elle qui, du sommet de la pyramide, contrôle à la fois toutes les internationales sans aucune exception. Dans un monde matérialisé où l'or est devenu dieu, pas une seule internationale ne peut exister sans la permission et le contrôle de celle de l'or.
Dans le plan diaboliquement génial qui a été élaboré pour la conquête du monde, aucun détail n'a été omis. Comme les chercheurs devaient inévitablement trouver un jour l'origine et la cause du chaos où les conspirateurs doivent conduire les peuples, on commença, il y a déjà un siècle et demi, à décrier la finance et le capitalisme. Non pas la Haute Finance Internationale et le Capitalisme International, qui restent toujours inconnus des masses, mais la finance d'épargne et le capital sain de l'individu, de la province, de la nation, les seuls qui soient vus ou connus de la foule; l'industriel, le manufacturier, l'employeur ordinaire devinrent les causes de tout le mal, bien qu'ils fussent, au même titre que leurs employés, entièrement soumis à l'action de la Haute Finance Internationale: variations inattendues dans les prix des devises, des matières premières et de tous les grands facteurs qui font le coût de revient et le coût de la vie. Les possédants nationaux, cette «bourgeoisie nationale» qui reste toujours un rempart contre l'internationalisme et que la Finance Internationale veut absorber dans ses grands cartels mondiaux d'esprit socialiste, ou abattre et détruire si elle ne peut les contrôler, devinrent la cible des internationales du bas, les prolétariennes. Dans les pays conquis au communisme, ces possédants nationaux, ces bourgeois, devinrent la légion des «liquidés», parce que susceptibles de se rallier et secouer le joug de l'Internationale. Malheureusement, ils devinrent aussi la cible de bien des forces nationales qui, ignorant complètement ou la toute- puissance ou la malfaisance de la Haute Finance Internationale, se rallièrent aux forces marxistes dans la conviction qu'elles travaillaient pour le bien. Durant la guerre 1939-45, combien de bien-pensants ont avalé et digéré la propagande marxiste qui leur a fait collaborer à la victoire et l'expansion de l'Union Soviétique, à l'exclusion de tout autre pays, même le leur? Pendant la paix, un nombre égal de bien-pensants avalent et digèrent la propagande de même source qui les incite à renverser, chez eux, les derniers remparts qui s'opposent à l'expansion du communisme international et de la finance internationale. Tant de bêtise, ou de naïveté, restera la grande équivoque que les historiens de l'avenir auront à expliquer.