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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

mardi, mai 27, 2008

CHAPITRE 7

La connaissance de Dieu
a plus de prix
que la vie elle-même.


CHAPITRE 7

LE MONDE SCIENTIFIQUE


Ayant détrôné Dieu comme centre et origine de toute Autorité, Pouvoir, Ordre et Droit, le libéralisme Lui substitua la faiblesse anonyme, aveugle et incohérente du Démos, la foule. Le nouveau «souverain» devint le peuple, qui n'était personne en particulier, le peuple qui était la somme des sujets et des sujétions, des faiblesses et des Ignorances.

Contenant les germes de toutes les destructions qui devaient se consommer furieusement dans le communisme, le libéralisme inaugura l'ère des grandes dettes nationales, de la dépossession progressive du citoyen par des impôts toujours plus nombreux et plus lourds, de l'éducation neutre et areligieuse, du service militaire obligatoire, de la lutte des classes, de la corruption électorale érigée en institution, de la double allégeance par la confusion de l'État avec le parti, de l'avilissement du christianisme en le ravalant au niveau des sectes les plus idiotes au nom de «l'égalité religieuse», de la subversion légalisée au nom de la «liberté d'expression». L'Autorité divine ayant disparu de la société civile et politique, toute les autres autorités qui en découlaient commencèrent à chambranler, privées de leur appui central: autorité du prince, autorité du gouvernant, autorité du prêtre, autorité du père, autorité du supérieur. N'importe qui reçut le «droit» de s'insurger contre n'importe quoi: l'étranger devint l'égal du citoyen; le gouvernant et le gouverné s'éveillèrent comme des ennemis. Ne tenant plus, par principe libéral, son autorité de Dieu, le gouvernant se dit seulement responsable au peuple, c'est-à-dire à personne, et l'on vit les traités, les engagements, les promesses de caractère politique perdre toute leur valeur morale.

Après les premiers engouements du nouveau credo, l'homme s'aperçut que sa faible raison, bien qu'érigée en idole sur un piédestal, ne pouvait remplacer Celui qu'on avait chassé de la gouverne suprême. Le Rationalisme avait déjà, en peu de temps, aboli ou ébréché tant de libertés, suscité tant de nouvelles inégalités, tellement multiplié les causes des haines fraternelles, qu'une autre idole s'imposait à son attention. Et puis, il fallait trouver des explications aux mobiles des pensées et des actes humains, aux phénomènes de la nature.



Le Naturalisme et ses succédanés


Ce fut, avec et à la suite des encyclopédistes, une ruée dans l'étude de la nature et de ses manifestations; mais il fallait, suivant les sacro-saints «principes», prendre bien garde de revenir à l'idée du Dieu personnel détrôné. L'homme ne pouvant altérer les lois qu'il découvrait, restant toujours prisonnier des bornes fixées à sa nature physique, la raison perdit sa lettre majuscule et la Nature, la Providence nouvelle, s'affubla du signe capital; elle devint le dieu, la religion, la foi des temps modernes. Les grands «penseurs», mus avant tout par la détermination de prouver l'inexistence de Celui que les peuples avaient reconnu, durent fabriquer des divinités synthétiques. C'est par la Nature qu'il fallait tout expliquer. Ses lois étaient immuables et bonnes; l'homme qui en était issu était nécessairement bon. Jean-Jacques Rousseau, l'un des conspirateurs qui avait aussi juré «d'écraser l'Infâme», avait posé l'axiome: «L'homme naît bon, c'est la société qui le corrompt»; point ne lui souciait d'expliquer comment une société d'hommes essentiellement bons puisse devenir corruptrice de ces mêmes hommes. Il fallait prouver l'erreur d'un christianisme enseignant que «l'homme naît entaché du péché originel, accablé de penchants mauvais et de concupiscences nécessitant des disciplines et des restrictions», c'est-à-dire la limitation de la liberté.

Abandonnant les spéculations spirituelles, métaphysiques et intellectuelles qui avaient fait la gloire même des civilisations païennes, nos chercheurs, doués de grands talents, se précipitèrent dans tous les domaines du monde matériel: cosmogonie, physique, chimie, botanique, zoologie, géologie, physiologie. Chaque jour leur apporta des extases, non pas devant la grandeur du Créateur mais devant l'énormité de leur ignorance qui avait pris tant de siècles à faire de simples constatations; la trouvaille heureuse d'un chercheur lui donnait presque la stature d'un dieu et son nom était exalté au septième ciel; qu'une substance, qu'un principe, qu'une étoile jusqu'alors inconnue faute de télescope assez puissant, qu'une loi mécanique fût constatée, ce n'est plus au Créateur que l'homme le devait, mais bien à celui qui en apportait la nouvelle.


La Science


L'exploration de la nature et de ses lois contribua à développer rapidement les connaissances humaines; celles-ci, disséquées, cataloguées, chapitrées, prirent le nom de science. Mais ni l'homme ni la nature ne pouvaient apporter d'explication à l'essence, l'origine et la «cause causante» des lois constatées. Il fallait trouver une explication à l'intelligence qui se manifestait dans l'opération de tous les phénomènes découverts. Les sauvages de tous les continents et les barbares de toutes les époques avaient eu au moins l'intuition que l'intelligence, même si on la constate dans un animal ou une chose, n'en est pas moins l'attribut d'une personne qui a imposée sa volonté intelligente à ces choses. Mais suivant les «immortels principes» qui doivent conduire le monde nouveau, l'intelligence n'est plus l'attribut d'une personne, d'un être conscient de son ego; admettre le contraire serait marquer la fin instantanée du libéralisme de son fruit le communisme. Aussi trouva-t-on un dieu nouveau pour répondre aux découvertes étalées devant le monde. À son tour la nature perdit sa majuscule, et c'est la Science qui monta sur l'autel avec un grand S. Le scientifique et impersonnel théos qui devait tout expliquer prit plusieurs noms: Énergie Universelle, Puissance vibratoire qui imprègne tout, Force Vitale Fluidique, etc.; la «liberté» enfin donnée aux hommes permit à chacun de théoriser à son gré sur le déisme du jour, de décrire, façonner, définir la divinité suivant les caprices de son imagination.


Religions nouvelles

La science produisit des machines qui engendrèrent le Machinisme, celui-ci engendra l'Industrialisme, puis l'on vit naître en de rapides générations le Capitalisme, le Mercantilisme, le Planisme, l' Étatisme, bref toute une série de religions nouvelles subdivisées ~n toutes sortes de sectes secondaires, chacune ayant son absolu, sa condition du bonheur humain, sa panacée capable de changer la face du monde et de redonner à l'homme son paradis perdu.
Entre-temps, pour ceux qui avaient encore des penchants pour les spéculations métaphysiques ou purement morales, on offrait des «satisfactions» nouvelles tous les vingt ans. D'où venaient l'homme, en définitive? D'où venaient ses inspirations, qu'est-ce qui le fait agir? L'homme descendait d'une cellule primitive qui eut la bonne fortune d'évoluer jusqu'au singe; du singe à l'homme il n'y a qu'un pas à franchir. N'est-ce pas clair et simple? Le pas a été franchi par un animal mi-singe mi-homme qu'on a artistement nommé anthropopithèque ou pithécanthrope, au choix, suivant le sens euphonique personnel. Tous les cinq ans depuis un demi-siècle on a annoncé au monde la découverte d'un crâne de cet extraordinaire ancêtre, chaque nouvelle découverte annu1ant la précédente, et l'on cherche encore un spécimen final et péremptoire. Cet Animalisme, qui a honoré le singe d'un culte patriarcal auquel il ne comprend rien et qui ne semble pas l'inciter à évoluer plus vite, a pourtant un immense avantage: il fait de tout mouvement spirituel une simple fonction du cerveau et dispense catégoriquement de toute recherche concernant l'âme humaine. En ce siècle de confort, il est tellement plus aisé de faire l'anatomie du singe que de pénétrer les arcanes de l'esprit! Bientôt même, il ne nous sera peut-être plus nécessaire de posséder un cerveau pour troubler notre existence; une machine électronique mesurera,calculera, spéculera, règlera tous les problèmes pour nous.
Une fois que la théorie de l'évolutionnisme eût été bien répandue à grands renforts de propagande et d'enseignement académique, sans exigence de preuve formelle, on présenta au monde l'explication finale des mouvements intérieurs et extérieurs du singe-homme ou homme-singe (au choix!) C'est Sigmund Freud qui, déterrant un vieux culte familial dont les tisons avaient toujours gardé leur feu sous la cendre, apporta l'explication suprême: le libido. Dans un charabias scientifico-philologique qui remplit nos «intellectuels» d'émoi respectueux et fit béer d'auguste stupeur nos plus illustres universités, Freud déchira le voile du mystère impénétré. D'un seul coup, il fit descendre l'intellect de la tête au bas de la ceinture. Il promulga que toute pensée, tout acte, tout sentiment, tout réflexe, toute décision humaine à son origine, son mobile, son explication dans l'instinct sexuel. Le phalisme antique fut ressuscité, avec ses dogmes, ses prêtres et confesseurs «psychanalystes». Le monde entier s'était trompé, la psychè n'était pas autre chose que le sexe. Après le dieu-raison, le dieu-nature, le dieu-science, le dieu-machine, le dieu-production, on avait enfin le dieu-argent devant qui restaient prosternés des hommes-sexes qui avaient été des hommes-singes, des hommes-cellules, des hommes-vibration, des hommes-pensée, des hommes-âmes. C'était l'image parfaite du matérialisme intégral dans un monde que devait produire la révolte contre le Dieu personnel par les «immortels principes» du libéralisme, le fatal sophisme qu'on présenta comme une formule, un système, un mode de vie meilleur mais qui n'était que le piège séduisant tendu par des conspirateurs réels, conscients, habiles, tenaces, persévérants, en vue d'aveugler l'humanité, la démoraliser, la faire dégénérer, épuiser toutes ses forces et paralyser tous ses ressorts afin de la conquérir et de l'asservir. Si le vaste complot pivote autour d'idées et de suggestions, ce n'en est pas moins un combat d'hommes, entre hommes et dont les hommes sont l'enjeu.


Rafale de révoltes

L'effroyable dégringolade des dogmes, des prinCipes, des conceptions, des formulations et des postulats concernant l'idée de Dieu, l'origine et l'essence de l'homme, dans la société civile saturée de libéralisme, déchaîna une rafale de révolte non seulement contre toute forme et toute espèce d'autorité, mais encore contre toute tradition esthétique. Si les arts sont ce qui illustre le mieux une civilisation, on n'a qu'à écouter la majorité de nos politiques modernes à la radio pour voir quels nains sont les descendants des Cicéron; on n'a qu'à visiter une exposition pour réaliser dans quel sauvagisme sont tombés les descendants de de Vinci, Vermeer, Rembrant et Rubens, ou encore ceux de Phydias, Michelange, Bellini et Rodin; on n'a qu'à écouter quelque peu la musique moderne pour réaliser la snobiste barbarie des descendants de Bach, Haydn, Handel, Mozart, Beethoven et Franck; on n'a qu'à assister à une pièce de théâtre ou lire un «chef-d'oeuvre» moderne pour voir quels avortons sont issus des Virgile, des Rabelais, des Shakespeare, des Corneille, des Goethe ou des Dante. Pour un seul créateur médiocre on trouve à travers le monde quarante mille plus insipides critiques. En philosophie, hors les échos de l'inébranlable scholastique, c'est la pénurie la plus pénible de l'histoire humaine; après les légions de maîtres du doute puis du nihilisme, après les «penseurs» contre la Foi et la Charité, c'est la frénésie pour l'école de Sartre contre tout ce qui restait à un continent privé de ses valeurs spirituelles: l'Espérance!

Crise aiguë d'autorité, avec ses révoltes, sa destruction, son amoralité, son océan de mensonge, de fraude et de supercherie. Telle est la réalité, quand on a le courage de la regarder bien en face, sans pessimisme ni optimisme. Et l'on croit que cela va durer, que cela peut se réformer? Oui, si l'on a découvert le secret de dépourrir un fruit pourri. Mais le science moderne ne l'a pas encore annoncé! La foule ignorante, elle, sent venir l'échéance, le terrible règlement. Devant des élites endormies ou qui s'amusent, elle entrevoit et craint la revanche de l'Autorité, celle de Dieu qu'on a si longtemps ignorée, ou trahie, ou salie: l'Autorité qui menace de se réaffirmer par la verge de fer et le scorpion.

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