Libellés

Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

mardi, mai 27, 2008

CHAPITRE 6

Le Mal provient
d'une déformation
de la pensée
résultant d'une révolte
contre Dieu.


CHAPITRE 6

L'ESPRIT HUMAIN STANDARDISÉ

Nous avons vu que, dès que l'homme ne vit plus conformément à sa nature, il tombe dans un déséquilibre funeste pour la société autant que pour l'individu; que l'homme, par sa nature et son essence, est primordialement spirituel, puisque l'âme, qui transcende l'espace et le temps, possède une suréminente primauté sur le corps limité dans l'espace et le temps. Il s'en suit que, pour répondre à sa nature, la préoccupation principale de l'homme doit être la recherche de l'Absolu, de l'Esprit Supérieur: Dieu. Et, en conséquence, que sa vie personnelle comme sa vie sociale ou institutionnelle doit être spiritualiste à un degré plus haut que les nécessités de sa vie matérialiste. Toute dérogation à ce principe formel - et c'en est un - apporte en elle-même l'instabilité, la confusion, l'erreur et le chaos inéluctable du déséquilibre de la nature humaine.

L'homme qui spiritualise la matière, la création, comme le païen qui fait un dieu de son idole, comme l'autre païen occidental qui fait un absolu d'une forme, d'un système, d'un genre d'organisation, tombe dans le matérialisme contraire à sa nature; il en est de même pour l'homme qui matérialise le spirituel, soit en faisant de Dieu une image de l'homme, soit en établissant des bornes de temps et d'espace à l'esprit, soit en traduisant sur le plan purement matériel des données avant tout spiritualistes comme la foi, les principes d'autorité et d'ordre, les concepts de liberté, égalité, fraternité, etc.

La grande erreur des temps modernes est de croire que l'internationalisme peut se réaliser sur le plan matériel: communications, transport, standardisation des coutumes, règlementations, vêtements, arts, etc.; c'est d'oublier que la diversité des races, des traditions, des personnalités, des individualismes, des expressions est une nécessité naturelle; d'oublier que l'internationalisme ou unité du genre humain ne peut se réaliser que sur le plan spirituel par le partage d'impératifs ou d'absolus qui sont communs à l'humanité tout entière, ou peuvent le devenir: concepts de la divinité, de la justice, de la morale, du droit des gens. Là encore, dans les deux seules conceptions possibles de l'internationalisme, nous trouvons deux écoles absolument opposées qui se disputent l'esprit humain, sans moyen terme ni compromis possible: l'Église catholique qui veut conquérir toute l'humanité dans le domaine spirituel et par des moyens spirituels, et l'Internationale Communiste qui veut opérer la même conquête par des moyens et dans un domaine uniquement matériels. Toutes les forces intermédiaires entre celles-là devront opter pour l'une ou pour l'autre, car l'une seule des deux triomphera sans partage possible, recevant comme couronne la totalité du monde qui forme l'enjeu de leur combat. Et puisque, d'après l'ordre purement naturel des choses, l'internationalisme ne peut s'établir que dans le domaine spirituel, il reste incontestablement évident que J'Église triomphera, quels que soient les aléas, les difficultés et les cruautés de la lutte. Ce que la Révélation a enseigné à ce sujet ne fait que confirmer l'implacable opération des lois qui gouvernent l'homme et toutes choses. L'erreur d'un internationalisme sur le plan matériel ne vaut pas mieux que l'autre erreur d'un nationalisme sur le plan spirituel par l'établissement d'une religion, d'une morale ou d'une éthique exclusivement nationales. De même que l'internationalisme ne peut être que spirituel, de même le nationalisme ne peut être que matériel (politique, économique, administratif, artistique, etc.). Le premier, qui englobe l'humanité, doit être un monde abstrait; le second, qui se limite à un peuple ou une nation, ne peut être qu'un monde de formes ou d'expressions concrètes. Et c'est l'incapacité ou la négligence de déterminer ces domaines si distincts et si différents qui a fait dire tant d'âneries, d'inepties et de platitudes sur les sujets du nationalisme et de l'internationalisme. La faute en est que ceux qui sont censés penser pour la foule ne pensent plus, et, dans la peur de l'effort, - ce péché moderne des «biens pensants» -, se contentent d'être localement des échos ou des porte-voix d'une propagande effrénée, persistante, consciente, conspiratrice, mondiale, dont le centre insaisissable et inconnu rayonne dans tous les groupes et tous les foyers.



Débuts du déséquilibre

Les fatals sophismes qui nous ont conduits dans l'état actuel du monde sapèrent les assises de la société pendant près de dix siècles, de façon souterraine et cryptique, avant de s'imposer ouvertement à la direction des peuples.
La Révolution française en fit le trône et le sceptre de la société politique et civile. Non pas seulement en France, mais dans toute l'Europe. Car, s'il fallait libéraliser d'abord la France à couse de son aînesse intellectuelle, le terrain n'en avait pas été moins préparé dans tous les pays et toutes les grandes cités. Quand les généraux issus de la Révolution française, tels Pichegru, Bonaparte, Dumouriez, se lancèrent sur l'Europe pour la propagation des «immortels principes», les portes des forteresses s'ouvraient magiquement devant eux, des armées immenses apparemment paralysées se laissaient encercler sons réagir. Les archives des sociétés secrètes expliquent fort clairement que les «retentissantes victoires» des armées révolutionnaires, dont quelques-unes ne coûtèrent même pas une livre de poudre à fusil, n'étaient en somme que le fruit des complots tramés par les jacobins dans les pays attaqués ou les villes assiégées. En effet, les jacobins italiens, belges, hollandais, allemands, qui pullulaient chez eux autour des princes et dans tous les degrés du pouvoir, préparaient à l'avance l'arrivée des armées révolutionnaires françaises qui, au lieu d'affronter des forces défensives, rencontraient plutôt des comités de réception. Là-dessus, il faudrait récrire toute une histoire déformée dont on bourre le crâne de la jeunesse un peu partout. Les fameux conquérants de la Révolution française, à tout prendre, ne conquirent absolument rien pour la France: leur seule tâche fut, partout sur leur passage, de renverser les vieilles constitutions chrétiennes en usage, et de les remplacer par les «immortels principes» libéraux des sophismes «liberté, égalité, fraternité», la formule judéo-maçonnique qui devait engendrer le communisme tel qu'on le connait aujourd'hui. Les jacobins libéraux d'il y a 175 ans avaient, comme leurs fils communistes d'aujourd'hui, une cinquième colonne opérant partout et qui attendait la «libéralisation, l'émancipation», à l'instar de nos Thorez, nos Togliatti, nos Piratin, nos Hiss et Robeson, prêts à nous livrer sans défense aux armées de Moscou qui daigneraient nous faire l'honneur de venir massacrer et liquider l'anticommunisme chez nous avant d'enchaîner le reste du peuple; et ils firent, à cette époque, exactement ce que Dimitroff de Bulgarie, les Bierut de Pologne, les Rakosi de Hongrie, les Pauker de Roumanie, les Pijade de Yougoslavie et les Berman de Tchécoslovaquie ont fait depuis 1945. Cette oeuvre consiste à avoir définitivement détruit, sous la direction de Staline et la haute bénédiction de Roosevelt, la liberté, l'égalité et la fraternité dont la conspiration matérialiste s'est toujours réclamée mais qui ne sont possibles que sous l'égide d'un spiritualisme universel.

L'Europe a navigué comme un navire sans boussole emporté vers le précipice depuis le jour même où les «principes» du matérialisme ont pris le contrôle de l'État et la direction de la société civile. Avant et pendant le Révolution française, les penseurs les plus clairvoyants et les conspirateurs eux-mêmes admettaient que l'on s'était engagé dans la voie conduisant au communisme tel que nous l'avons aujourd'hui, que la Révolution française n'était qu'un premier essai, un premier pas vers la grande révolution mondiale qui devait anéantir tout gouvernement, toute religion, toute société civile, toute frontière, toute tradition, toute propriété, toute trace de christianisme, tout patriotisme, toute particularité raciale, tout ordre social ou hiérarchique connu.



Les idoles nouvelles

Le laïcat chrétien fit une résistance molle, éparse, toujours uniquement défensive; il ne se contentait que de disséquer les sophismes lancés de tous côtés par les suppôts du matérialisme. Devant un ennemi amoral, agressif, violent, déterminé, compactement unifié, jouissant d'une puissante unité de direction, le christianisme européen était divisé en lui-même, schismatisé en factions querelleuses qui consacraient le meilleur de leurs forces à se combattre ou se refouler les unes les autres. Sous les coups répétés de la propagande, de la diplomatie et de la politique matérialistes, l'Europe entière finit par abdiquer et se prosterner, avec tous ses princes, devant la nouvelle idole du libéralisme. Le Démos, tourbe impersonnelle et amorphe, remplaça le vrai Dieu personnel et qualifié comme origine de toute Autorité, source du Pouvoir, condition de l'Ordre et fondement du Droit. Ce n'était même plus l'homme qui devenait le centre de toutes choses, c'était «les hommes», sans noms, sans adresses, sans personnalités, inconnus et inaccessibles; c'est-à-dire une illusion totale derrière laquelle les conspirateurs bien personnels pouvaient commodément se cocher et opérer à leur aise.

Mais pour la foule, le fait de se faire proclamer investie de la puissance maintenant niée à Dieu, ne pouvait remplir le vide immense créé dans l'âme des peuples. Si la Nature ne peut tolérer le vacuum, l'esprit l'endure encore moins. Aussi s'empressa-t-on de créer des dieux nouveaux, de peindre des idoles nouvelles pour l'adoration des masses; mais il ne fallait pas que les divinités modernes fussent spirituelles, il ne fallait pas surtout qu'elles pussent faire supposer une entité supérieure au Démos ni à ses attributs trinitaires de Liberté, Égalité, Fraternité, aux noms desquels on baptise et rebaptise à toute heure le monde moderne; enfin, il ne fallait pas qu'un seul mot connu ou inconnu pût susciter de plus grandes transes mystiques, des extases plus délicieuses, une foi plus ferme, des espoirs plus furibonds, des ferveurs religieuses plus intenses, un abandon de soi-même plus complet, une source de bonheur humain plus sûre que l'apophtegme suprême, la clé des clés, le tétagramme final, la pierre philosophale enfin trouvée, le sésame infaillible, le mot magique, l'alpha-et-oméga: DÉMOCRATI E. Même si on en cherche vainement la chose en tous lieux, même si c'est une totale impossibilité de fait et de raison, même si tous les grands penseurs de la race humaine, à la suite de Socrate, ont affirmé que c'est ce qu'il y a de plus désordonné, de plus corrompu, de plus vil, de plus destructeur, il faut en faire le laudamus cent fois le jour, il faut en boire, en manger, en rêver, il n'est même pas permis de suggérer ou mentionner un autre mot, au risque de subir l'anathème universel et d'être mis au ban de l'humanité. C'est pourquoi, dans le monde entier, dans tous les pays, dans les moindres racoins de notre planète, l'esprit humain standardisé et mis au pas, répète docilement avec respect et vénération le nom des noms qui prévaut sur tous les autres, le vocable prestigieux et sans pareil, le logos qu'il faut encenser pieusement aux Nations-Unies, dans les pays communistes comme non-communistes même si on y ignore le nom du Christ, du Père ou de l'Esprit: DÉMOCRATIE. Il n'est pas étonnant que S.S. Pie XII, dans son discours d'inauguration de l'Année Sainte (23 décembre 1949), parlant des deux camps qui s'affrontent dans le monde en ce moment, ait cru devoir dire: «Aux tenants de l'un et de l'autre système social, opposés L'UN ET L'AUTRE aux besoins de Dieu, Nous souhaitons que se fasse entendre de façon persuasive, l'invitation, au retour aux principes naturels et chrétiens-, qui fondent la justice sur le respect des libertés légitimes». Les deux groupes sont mis sur le même pied en ce qui concerne le matérialisme, c'est-à-dire l'éloignement des principes naturels et chrétiens. Ce qu'il y a d'important dans ces mots «libertés LÉGITIMES»! Car, combien de «libertés» admises et permises dans nos soi-disant démocraties sont illégitimes!

Archives du blogue