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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

vendredi, mars 20, 2009

Le créditiste devant une élection

Où est l'importance d'une élection en comparaison de l'importance du travail qui nous occupe?

Nous, de Vers Demain; nous, de l'Institut d'Action Politique; nous, de l'Union des Électeurs, nous nous activons à l'année longue - et avec fruit - à l'amélioration des conditions de la multitude. Et nous sommes obligés de le faire, non seulement sans l'appui des politiciens, mais souvent contrariés par eux. Lorsque vient une élection, serions-nous assez sots pour donner même une parcelle de notre temps, ou mettre un seul sou, à nous occuper du sort des politiciens? Nos activités sont trop sacrées pour les avilir à cette petite besogne: ce serait une prostitution.

Il y a trop de gens qui se contentent de nous regarder faire, quand nous nous dévouons sans compter et sans chercher de récompense matérielle. Si ces gens-là se trouvent tout d'un coup des jambes et une langue lorsque vient une élection, ils peuvent s'amuser à leur cœur content, mais sûrement pas compter nous entraîner dans leur sillage.

Notre mouvement créditiste, parce qu'il est vraiment créditiste, veut redistribuer le pouvoir aux personnes, aux personnes qui composent le peuple. Elles se trouvent en dehors des parlements. Nous n'allons pas nous écarter de notre mission, et nous dépenser pour asseoir quelques individus sur des sièges où, payés par le peuple, ils l'oublient totalement et ne font rien pour lui.

Eux-mêmes, les députés, admettent qu'ils ne font rien. Ils sont les premiers à vous dire, quand vous allez réclamer des choses pour tout le monde: «Je ne suis pas capable».

M. E. H. Hansell, un député du groupe de Solon Low, est au Parlement d'Ottawa depuis plus de 22 ans. Dans un discours à la Chambre des Communes, le 11 novembre dernier, se trouvant à par1er des Conservateurs, dont plusieurs en étaient à leur première expérience au Parlement, il disait:

«Les jeunes, qui sont entrés ici récemment, sont vraiment de bons députés. Cependant, quand ils seront ici depuis aussi longtemps que certains d'entre nous, ils constateront qu'ils n'ont guère d'influence. On parle de la suprématie du Parlement. Que c'est drôle! Tout ce que nous pouvons faire au Parlement, c'est de parler fort comme je le fais maintenant. Je ne sais même pas si l'on nous écoute. On parle de la suprématie du Parlement; c'est vraiment une farce.»

Alors, est-ce que, vraiment, ça vaut la peine de s'exciter pour cette farce, pour envoyer quelqu'un s'asseoir sur un siège d'incapable?

Ce ne sont pas les députés qui peuvent jalonner la voie du gouvernement. Elle est tracée par le gouvernement invisible, non soumis aux élections. Seule, une pression majeure, tenace et croissante, peut décider le gouvernement à se soustraire radicalement aux puissances qui le dominent aujourd'hui.

La seule force capable d'exercer efficacement cette pression, c'est la force d'un peuple renseigné, uni, déterminé et réclamant impérativement des résultats.

Qui peut monter cette force-là? Ceux qui y travaillent, les créditistes actifs. Où peuvent-ils la monter? En dehors du Parlement, puisque c'est en dehors du Parlement que se trouve le peuple.

Hansell sait bien que, dans le Parlement, il n'a pas fait un seul créditiste en 22 ans. Pourquoi s'enfermer huit mois par année en une place où l'on ne peut rien faire?

Ce serait rendre mauvais service à la cause qu'envoyer un créditiste actif dans cette enceinte d'incapacité. Et ce serait déroger à notre fonction que nous occuper de ce jeu de fous, plutôt que continuer sans répit notre beau travail auprès du peuple. Laissons l'excitation aux étourdis: il y en a toujours assez.

Donc, pendant la campagne électorale, les créditistes, les vrais, continuent leur travail de tout le temps, auprès du peuple et pour le peuple. Si un candidat passe devant nous, crionslui notre programme, et refusons d'entendre le sien. Ce n'est pas à celui qui est payé de décider ce qu'il va faire: les ordres doivent venir de ceux qui paient.

Mais, surtout, n'oublions pas que c'est le sort des politiciens, et non pas le sort du peuple, qui est dans l'air pendant la campagne électorale. Laissons les politiciens se démener: c'est leur tour. Et qu'ils le fassent sans nous. Pour nous, restons à notre noble mission.

Vers Demain, 1er mars 1958

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