PREMIÈRE PARTIE
UN PLAN SI INSENSÉ ET SI CRIMINEL (Léon XIII)
La SYNARCHIE
(de 1880 à 1920)
CHAPITRE PREMIER
SAINT-YVES D'ALVEYDRE (1842-1909)
L'ÉGLISE CATHOLIQUE DANS LE SYSTÈME SYNARCHIQUE
L'Église Universelle Synarchiste telle qu'il la décrit dans ses œuvres, c'est l'ensemble syncrétiste de toutes les religions considérées comme égales, avec cependant une certaine primauté d'animation attribuée à la Kabbale et, sur la fin de sa vie surtout, une importance particulière attribuée à l'hindouisme. Voici les familles religieuses appelées à entrer dans cette Église Universelle:
1°) L'Église évangélique (sic) avec l'Évangile et ses autorités: épiscopat, Pape, Concile.
2°) L'Église mosaïque avec la Torah et son autorité le Gaon de Jérusalem.
3°) L'Église des Védas et son autorité la Loge "Agartha", celle, dit-il, que les anges inspirent directement.
Il ajoute: Protestantisme de Luther, Islam de Mohamed, Boudhisme de Cakya-Monni sont les trois rameaux de ce triple tronc universel.
En Occident, ce syncrétisme doit, à son sens, devenir non pas seulement organique mais doctrinal.
Jésus-Christ, le pouvoir de consécration des évêques, voilà avec la
Cosmogonie de Moïse, et le Décalogue, le fond religieux sur lequel, à travers tous les cultes de la chrétienté, l'entente peut et doit se faire.(Mission des Souverains p. 444).
LES ÉGLISES NATIONALES
L'Église Universelle de la Synarchie comprendra toutes les églises nationales, mais une église nationale dans la Synarchie de Saint-Yves n'a que de très lointains rapports avec le culte dominant, fut-il le seul, pratiqué dans une nation, sinon celui de l'englober dans l'ensemble des institutions, activités, communautés culturelles en un Collège national dont plus tard un document maintenant bien connu, le Pacte synarchique, fera l'Ordre culturel. (1) On voit déjà la place de l'Église Catholique dans le système, mais pour le bien comprendre il nous paraIt indispensable de citer ici une page fondamentale de Saint-Yves d'Alveydre. On y remarquera surtout deux choses:
1. En vertu de l'égalité des religions, le principe de leur INTÉGRATION dans la synarchie y est strictement imposé.
2. En conséquence, la collégialité synarchique n'y est pas moins nettement retenue tant au plan de l'Église universelle" qu'à celui des églises nationales.
Voici la page de Saint-Yves concernant les églises nationales:
J'entends par ce mot: églises nationales, la totalité des corps enseignants de la nation sans distinction de corps, de sciences ni d'art, depuis les Universités laïques, les Académies, les Instituts et les écoles spéciales, JUSQU'AUX INSTITUTIONS DE TOUS LES CULTES reconnus par la loi nationale, la Franc-Maçonnerie y comprise si elle se donne SOIT POUR UN CULTE, soit pour une école humanitaire, depuis les sciences naturelles de la géologie à l'astronomie et les sciences humaines de l'anthropologie à LA THÉOLOGIE COMPARÉE, JUSQU'AUX SCIENCES DIVINES DE L'ONTOLOGIE À LA COSMOGONIE.
Cette totalité des Corps enseignants de chaque nation est ce que j'appelle l'église nationale et l'évêque national qui la consacrera dans sa patrie en sera le PRIMAT catholique orthodoxe.
En effet, en dehors de cette CONCORDANCE HIÉRARCHIQUE DES SCIENCES et de cette Paix sociale des enseignements, il ne peut exister que des SECTARISMES, ÉLÉMENTS DE DIVISION POLITIQUE sans vérité d'orthodoxie, sans réalité de catho1icisme, sans autorité comme sans puissance créatrice de religion sociale.
C'est cette constitution intérieure des églises nationales où l'épiscopat investi du pouvoir des Apôtres n'aura qu'à consacrer la somme des intérêts vraiment religieux de chaque nation SANS LES DISCUTER, cette constitution, dis-je, il serait heureux que la papauté put prendre l'initiative de la conseiller THÉOCRATIQUEMENT à toutes les nations européennes du Christ.
Mais, posée à Rome sur son plan ethnique d'impérialat clérical latin, il est radicalement impossible que la papauté soit libre d'exercer encore, dans ce sens, LE SOUVERAIN PONTIFICAT.
Tout ce que l'on peut espérer c'est que la majesté de la tiare viendra un jour dans le gouvernement général de la chrétienté, couronnant au sommet de l'Église universelle, ayant pour piliers toutes les églises nationales, cet édifice CATHOL!QUE et ORTHODOXE une fois bâti.(Mission des Souverains 1882 - pages 433-434)
DEUX CONSÉQUENCES
L'adaptation du Catholicisme à l'église synarchique nationale exige deux choses:
1°) Une adaptation doctrinale de celui-ci présupposant l'équivalence de tous les cultes et opinions religieuses intégrés dans un ordre culturel qui par définition les surpasse, en les rassemblant, de tous ses impératifs nationaux et humanitaires, et un ASSOUPLISSEMENT JURIDICTIONNEL du même catholicisme correspondant au collégialisme synarchique.
De ce premier point de vue les catholiques sont invités à travailler à la formation d'un neo-catholicisme portant sur les deux points que nous venons de signaler. Voici comment Saint-Yves ct' Alveydre le dit sans ambage:
Ne craignez pas, là où vous le pouvez, d'être l'âme de la liberté
morale, de la tolérance universelle, dussiez-vous, vous confondant avec les nations, Y PERDRE MOMENTANÉMENT VOTRE CORPS DE DOCTRINE ET DE DISCIPLINE, cette forme que vous appelez l'Église catholique romaine; elle ressuscitera plus glorieuse et plus grande, plus religieuse et plus sociale.(Mission des Souverains p. 447).
2°) La deuxième chose supposée par le système, c'est le rapprochement de l'Église et de la Franc-Maçonnerie.
La Franc-Maçonnerie fera donc partie de l'église (ou ordre culturel) synarchique.
Alors, le rapprochement de l'Église romaine et de la Maçonnerie s'impose.
Il s'impose si bien que depuis une quarantaine d'années, c'est exactement la tâche à laquelle se sont attachés des catholiques et principalement des ecclésiastiques. Le problème a été posé autour du Concile et en vue du Concile, à la fois par ceux-ci et par des francs-maçons. Il serait vain de prétendre en ce domaine à un souci charitable subitement sorti il y a quelques années seulement des consciences chrétiennes envers des "Frères séparés". L'IDÉE, L'EXIGENCE, L'ANNONCE DU RAPPROCHEMENT VIENNENT DE LA HAUTE-MAÇONNERIE À LA FIN DU SIÈCLE DERNIER. On pourra tant qu'on voudra accumuler les dénégations, les sarcasmes et les injures contre les "antimaçons", comme on dit dans les publications catholiques appliqués à cette singulière besogne, proférés par des prêtres, des laïcs, des progressistes ou autres; la preuve est là, dans le texte ancien déjà et dans l'exécution aujourd'hui.
La besogne s'accomplit avec une exactitude où le plagiat des arguments invoqués ne peut laisser aucun doute sur ses origines, sa transmission et la continuité de l'entreprise:
1°) Car il n'est pas indifférent de constater que l'argument principal des protagonistes du rapprochement consiste à AFFIRMER QUE LA MAÇONNERIE RENFERME UN FOND DE CHRISTIANISME MÉCONNU PAR LES PAPES qui l'ont condamnée et digne, selon eux, d'une révision des mesures prises à son encontre.
Or voici ce que dit Saint-Yves d'Alveydre:
Si la maçonnerie admet sans distinction de race, de culte, de croyance les hommes à une assistance fraternelle depuis le prince de Galles jusqu'aux parias de l'Inde, ELLE EST ENCORE UNE FOIS PLUS CHRÉTIENNE, PLUS ORTHODOXE AUX YEUX DE JÉSUS-CHRIST, QUE VOUS QUAND VOUS L'ANATHÉMATISEZ.
(Mission des Souverains p. 446).
Saint- Yves d'Alveydre poursuit:
PRENEZ GARDE, SI VOUS NE SUIVEZ PAS LA VOIE que je vous indique l'histoire à la main, que CETTE MÊME INSTITUTION°CRÉÉE PAR DES ISRAÉLITES n'accomplisse un jour à votre place la promesse de l'Ancien et du Nouveau Testament.
Mais il est aussi un point sur lequel nous reviendrons au cours de cette étude: pourquoi nos partisans du rapprochement ne parlent-ils jamais du pouvoir occulte, caché, qu'ils s'en doutent ou non, qu'ils le nient ou non, derrière leurs propres démarches, et qui gouvernerait l' "Église nationale" à l'abri des organismes visibles de ce régime synarchique dont ils se font les promoteurs en s'appliquant à cette alliance insolite?
AU-DESSUS DU 33ème DEGRÉ MAÇONNIQUE (2), il y a place pour un enseignement universel dont les livres existent, bien QU'ILS NE SOIENT PAS ACTUELLEMENT DANS LA MAÇONNERIE.
(Mission des Souverains p. 446).
Notes:
(1) Le Pacte synarchique, document secret élaboré vers 1935 fixant en 13 points et 598 articles la doctrine synarchique.
NOTE DE L'ÉDITEUR. Dans les pages qui suivent tous les passages marqués° ont été soulignés par nous.
(2) Ceci s'applique aussi bien à la Maçonnerie anglaise quoiqu'en dise A. Mellor. Il s'agit ici des hautes sociétés secrètes supérieures au 33e grade.
Alors qu'il était Patriarche de Venise, Saint Pie X écrivait:
Moi aussi, pendant un temps, je croyais exagéré ce qu'on affirmait à son sujet (la maçonnerie); mais ensuite par l'expérience de mon ministère, j'ai eu l'occasion de toucher directement les plaies qu'elle a ouvertes. Dès lors, je fus convaincu que tout ce qui a été publié autour de cette association infernale n'a pas dévoilé encore toute la vérité.-------------------------------