LE MARXISME-LÉNINISME FACE AU PROBLÈME DE DIEU ET DE LA RELIGION
Plus complexe est l'attitude du marxisme à l'égard de Dieu et de la religion.
Le marxisme ne peut plus se comporter ici avec cette sorte d'indifférence dogmatique que nous l'avons vu manifester à l'égard de la patrie, de la famille, de l'armée, etc... prêt à utiliser les forces de ces dernières pour le plus grand succès de la Révolution. Parce qu'il est, par essence, anti-dogmatique, anti-métaphysique, anti-contemplatif, et qu'il n'est pas possible de concevoir Dieu, de penser Dieu, de prier Dieu, sans un minimum de spéculation métaphysique, de dogmatisme, de contemplation, le marxisme ne peut pas ne pas être essentiellement athée; alors qu'il n'est pas essentiellement anti-patriotique, anti-familial, antimilitariste (90).
On peut utiliser l'armée, en effet, la patrie même, et la famille sans courir le moindre risque métaphysique, ou dogmatique. Impossible, au contraire, d'avoir affaire à l'idée de Dieu et à la religion (même pour les utiliser cyniquement) sans que les réactions les plus ordinaires de l'esprit humain ne poussent aux débats spéculatifs, métaphysiques, etc.
Abominations pour le marxisme!
D'où la satanique mais très rigoureuse logique marxiste du propos de Lénine si souvent rapporté, sur la simple idée de Dieu: «Des millions d'ordures, de souillures, de violences, de maladies, de contagions sont bien moins redoutables que la plus subtile, la plus épurée, la plus invisible idée de Dieu.»
Et ces autres formules de Lénine...
«Dieu est l'ennemi personnel de la société communiste.»
«Dieu est avant tout une somme d'idées engendrées par l'écrasement de l'homme, la nature et le joug de classe, idées qui FIXENT cet écrasement, qui assouplissent (91) la lutte des classes (92).»
Dieu, notion éminemment dogmatique en tant qu'idée; Dieu, principe même de toute vérité comme de tout dogme en tant qu'être, ne peut ne pas apparaître comme l'ennemi numéro un du marxisme et de la tournure d'esprit qu'il implique (93).
Et l'attitude du marxisme à l'endroit de la religion sera dictée par la logique même de cette haine de Dieu. Plus le système dit religieux aura un caractère dogmatique marqué, plus ses références métaphysiques seront solides, plus il sera détesté par le marxisme.
Les fois religieuses vagues, subjectives, l'immanentisme moderniste seront, bien entendu, jugés moins redoutable que le dogmatisme romain de l'orthodoxie catholique. Voire, contre ce dernier le marxisme saura favoriser toute autre formule moins virulente à son goût (94).
«Refuser les ordres réactionnaires du Vatican. Appuyer l'autonomie de l'Église (nationale). Soutenir la juste mesure de la consécration des évêques (schismatiques)», tels sont quelques engagements imposés aux chrétiens dans le «Pacte patriotique» de Tientsin, en mars 1958 (95).
Bien qu'hostile en principe à toute religion (96) le marxisme en déteste une plus que toutes les autres: le catholicisme. Ce dernier n'est-il point seul à défendre aujourd'hui les droits de la saine raison et de la véritable intelligence? En harmonie avec la plus sûre des métaphysiques, sa théologie présente au regard admiratif des incroyants eux-mêmes un édifice dogmatique qui n'a pas son pareil. Et non seulement aucune autre religion ne lui est comparable sur ce point, mais, comme pour se faire détester et redouter davantage par le communisme, il met au service de la doctrine la plus anti-marxiste qui soit l'appareil d'une unité puissante, d'un universalisme pratique incontestable et d'un magnifique génie de l'organisation.
Dès lors est-il possible de concevoir deux plus grands ennemis?
Pas d'athéisme dogmatique
Mais, parce que le marxisme est, et ne peut pas ne pas être essentiellement athée, antireligieux, anticatholique, devons-nous, cette fois, concevoir cette opposition comme une proposition explicite, dogmatique d'athéisme qui constituerait une exception, la seule peut-être, du système?
Autrement dit: après ce que nous venons de voir, l'athéisme ne serait-il point la seule proposition dogmatique, la seule VÉRITÉ réellement professée par le marxisme? Seule chose à laquelle il CROIRAIT spéculativement, comme nous-mêmes CROYONS en Dieu, par exemple, ou à toute autre vérité?
Ce serait une erreur grossière.
Ce serait méconnaître surtout le souci de rigueur qui anime tout vrai marxiste. Une telle brèche pratique dans le rempart de son infernale dialectique serait insupportable à sa frénésie anti-métaphysique, à son refus de toute vérité (fût-elle révolutionnaire); de tout dogmatisme (fût-il athée).
Nous l'avons dit: le marxisme est le seul système cohérent de l'incohérence. C'est le méconnaître que d'oser penser qu'il puisse clocher devant les conséquences.
Tout au contraire, ses chefs se sont plus à insister pour faire observer à quel point l'attitude du communisme à l'égard de la religion découle rigoureusement de la dialectique marxiste.
«Quiconque, écrit Lénine, est tant soit peu capable d'envisager le marxisme de façon sérieuse, d'en méditer les bases philosophiques, verra aisément que la tactique du marxisme à l'égard de la religion est profondément conséquente et mûrement réfléchie par Marx et Engels; et ce que les dilettantes ou les ignorants prennent pour des flottements n'est que la résultante directe et inéluctable du matérialisme dialectique. Ce serait une grosse erreur de croire que la modération apparente du marxisme à l'égard de la religion s'explique par des considérations dites tactiques, comme le désir de ne pas effaroucher... etc. Au contraire la ligne politique du marxisme, dans cette question est indissolublement liée à ses bases philosophiques (97).»
Mais quelle peut bien être, dira-t-on, cette modération dont Lénine vient de parler? Quand on sait la cruauté des persécutions religieuses du communisme, le propos semble empreint d'une affreuse ironie.
En réalité, rien de moins ironique que cette appréciation de Lénine, dès qu'on la replace dans sa perspective marxiste.
Athéisme «pratique»
La modération dont il est question ici, bien loin d'indiquer une entorse faite à la rigueur de la méthode dialectique, se propose au contraire de mieux faire comprendre celle-ci.
Après Engels, Lénine condamne en cet endroit les tentatives de certains révolutionnaires, plus intempestifs que marxistes, qui voulaient introduire dans le programme même du Parti communiste une franche déclaration d'athéisme (laquelle aurait eu certainement la saveur d'une belle et claire proposition dogmatique). En bon marxiste, Lénine n'en veut pas. Mais cette tactique du silence ne doit pas, dira-t-il, être interprétée «comme si le parti considérait la religion comme une affaire privée. Cela est faux. Le collectivisme est formellement opposé à la religion».
Cependant cette opposition, pour pouvoir être dite marxiste, réellement, doit refuser de se formuler en propositions plus ou moins dogmatiques. D'où la réflexion de Lénine, qui devient très claire désormais: même «dans cette question (religieuse) la ligne politique du marxisme est indissolublement liée à ses bases philosophiques»... donc dialectiques.
«Nous ne proclamons pas et nous ne devons pas proclamer, dira-t-il, notre athéisme dans notre programme (98).»
Au reste, précisera-t-il, encore «l'anarchiste qui prêcherait la guerre contre Dieu à tout prix aiderait en fait les curés et la bourgeoisie (99).»
«Une telle déclaration de guerre, avait déjà dit Engels, est le meilleur moyen d'aviver l'intérêt pour la religion et de rendre plus difficile son dépérissement effectif. C'est ne pas comprendre que la seule lutte de classe des masses ouvrières amènera les plus larges couches du prolétariat à pratiquer à fond l'action sociale pour libérer en fait les masses opprimées du joug de la religion.»
Et voilà bien la réponse orthodoxe du marxisme. Marxisme, qui, nous l'avons vu, est une action, est dans l'action, et non point formulation de propositions même athées (ou réputées marxistes, dirait Liou-Chaotchi) (100).
«Ni livres, ni prédications n'éclaireront le prolétariat, a dit encore Lénine, s'il n'est pas éclairé par la lutte qu'il soutient lui-même contre les forces du capitalisme (101).»
On le voit donc, même à cette extrême pointe où le marxisme, semble-t-il, pourrait présenter d'une façon presque dogmatique ce qu'il a de plus essentiel, de plus stable, de plus permanent, il s'y refuse.
Comme Lénine le faisait observer tout à l'heure, l'attitude du marxisme à l'égard de la religion est rigoureusement «liée à ses bases philosophiques»..., dialectiques, anti-dogmatiques. Athéisme qui sera «pratique» comme le marxisme même. Non spéculatif. Non contemplatif.
Autrement dit: pour un vrai marxiste la vérité (au sens traditionnel) de la proposition: «Dieu n'existe pas» ne possède pas, DOGMATIQUEMENT un intérêt plus grand que celle de la proposition contraire. Plus exactement un vrai marxiste refuse de se laisser prendre à cette façon de voir et d'argumenter. Bien qu'il refuse de croire à l'existence de Dieu, il ne refuse pas moins de faire de la proposition: «Dieu n'existe pas» une formule à caractère métaphysique dont la VÉRITÉ devrait être crue et professée. Ici, comme partout, il refuse d'adhérer à un quelconque système qui serait fondé sur l'affirmation ou la négation d'une vérité. Il ne se réclame et ne veut se réclamer que de la «PRATIQUE» de l'action.
«Notre programme, écrit Lénine, repose tout entier sur une philosophie scientifique, et notamment sur une philosophie matérialiste. L'explication de notre programme comprend nécessairement aussi l'explication des véritables causes historiques et économiques du travail d'intoxication religieuse. Notre propagande comprend donc nécessairement celle de l'athéisme, la publication à cette fin d'une littérature scientifique. MAIS NOUS NE DEVONS EN AUCUN CAS TOMBER DANS LES ABSTRACTIONS IDÉALISTES DE CEUX QUI POSENT LE PROBLÈME RELIGIEUX AU POINT DE VUE DE LA RAISON PURE, en dehors de la lutte de classe, comme le font souvent les démocrates radicaux bourgeois» (l02).
«Le marxisme, dit encore Lénine, envisage la lutte contre la religion d'une façon concrète, sur le terrain de la lutte des classes réellement en marche et qui éduque les masses plus que tout et mieux que tout.»
ATHÉISME «PRATIQUE», donc, non dogmatique, mais qui est par là, remarquons-le, beaucoup plus complet, beaucoup plus total qu'un athéisme ordinaire («dogmatique et contemplatif», dirait un bon marxiste).
Nier Dieu, en effet, dogmatiquement, spéculativement, c'est quand même faire œuvre d'animal raisonnable, d'animal métaphysicien; c'est s'en prendre quand même au problème de Dieu; c'est laisser entendre qu'il y a là un problème sérieux; c'est faire connaître qu'il s'est trouvé des penseurs, des savants, des artistes, des bienfaiteurs de l'humanité qui, contrairement à ce que l'on pense soi-même, crurent en Dieu.
Nier Dieu, spéculativement, dogmatiquement, c'est encore attirer l'attention sur ce problème essentiellement métaphysique, et par là même inciter les gens à croire à la valeur des démarches intellectuelles de cet ordre (103).
Tout au contraire, la Haute-Vente italienne conseillait déjà: «Il ne faut pas combattre l'Église avec des phrases, ce serait la propager. Il faut la tuer avec des faits.»
Telle est par essence et par excellence, la méthode marxiste; et, pourrait-on dire, le marxisme même. Car «c'est l'athéisme ACTIF, enseigne Marx (104), qui est la loi organique du communisme.»
Attirer les chrétiens à l'action commune
«Il ne faut pas, dit Galpérine, vous présenter à la jeunesse chrétienne avec des propositions de lutte antireligieuse, ce serait une grosse erreur psychologique. Mais c'est facile de l'entraîner pour quelque chose, pour la conquête du pain quotidien, pour la liberté, pour la paix, pour la société idéale... Dans la mesure où nous attirerons les jeunes chrétiens dans cette lutte pour des objectifs précis nous les arracherons à l'Église» (105).
Comme le dénonçait, en effet, le cardinal Saliège: «Un ouvrier catholique gardera difficilement la foi dans un syndicat communiste où il sera sans cesse harcelé de questions, de sollicitations auxquelles il donnera son adhésion, sans remarquer que toute action est commandée par une philosophie matérialiste. C'EST PAR L'ACTION, BEAUCOUP PLUS QUE PAR DES RAISONNEMENTS, qu'on fait du chrétien un communiste athée.»
Car c'est par l'action, en effet, beaucoup plus que par des raisonnements, que l'on parvient à faire oublier Dieu, totalement.
Tant qu'on le nie dogmatiquement, tant qu'on s'épuise à prétendre qu'il n'existe pas... on y pense. Mais quand on s'engage dans une action particulièrement dynamique et absorbante, où rien ne peut faire penser à Lui, parce que tout, dans cette action, est diaboliquement ordonné pour le faire oublier, l'athéisme est dès lors complet. Etourdis, enivrés, passionnés par l'action révolutionnaire, les esprits prennent rapidement l'habitude de ne plus penser à Dieu. Dieu disparaît complètement de la vie et de l'esprit des hommes (106).
Et c'est en cela précisément que résident la suprême habileté et l'effroyable efficacité de cet athéisme «pratique», «loi organique du communisme», aux dires de Marx lui-même.
Supprimer les racines sociales de la religion
On connaît ce passage célèbre de Lénine (107).
«Le marxisme c'est le matérialisme. Comme tel il est tout aussi impitoyable envers la religion que le matérialisme des Encyclopédistes du XVIIIe siècle ou de Feuerbach. Mais le matérialisme dialectique de Marx ou d'Engels va plus loin que celui des Encyclopédistes et de Feuerbach, car il s'applique à l'histoire et aux sciences sociales (l08). Nous devons combattre la religion, c'est l'A.B.C. de tout matérialisme, et par conséquent du marxisme. Mais le marxisme n'en reste pas à l'A.B.C. Il va plus loin. Il dit, il faut savoir combattre la religion... La lutte antireligieuse NE PEUT SE BORNER A DES PRÊCHES ABSTRAITS, elle doit être liée À LA PRATIQUE CONCRÈTE DU MOUVEMENT DE CLASSE, QUI TEND À SUPPRIMER LES RACINES SOCIALES DE LA RELIGION.
«La propagande (109) de l'athéisme peut être inutile et nuisible, non du point de vue banal pour ne pas effaroucher les gens arriérés, pour ne pas perdre un siège aux élections, etc., mais au point de vue du progrès réel de la lutte des classes, qui, dans la société capitaliste actuelle, amènera cent fois mieux les ouvriers chrétiens (au communisme) et à l'athéisme qu'un sermon athée tout court.
«Le marxisme doit être matérialiste, c'est-à-dire ennemi de la religion, MAIS MATÉRIALISTE DIALECTIQUE.»
Dès lors, comme l'a fort bien vu M. Jean Daujat (110), la véritable action antireligieuse du marxisme ne consiste pas à combattre la religion DU DEHORS par une propagande (dogmatique) contraire, elle consiste à supprimer la religion DU DEDANS, à vider les hommes de toute vie religieuse et de toute conception religieuse en les prenant et en les entraînant tout entiers dans l'action purement matérialiste.
D'où la nécessité, à l'occasion, de tendre la main aux croyants, de quelque religion qu'ils soient, pour les entraîner de façon plus pressante, dans cette action commune où Dieu est oublié (l11).
Application rigoureuse du marxisme le plus rigoureux. Et l'on comprend que Lénine ait refusé de considérer comme un vil opportunisme ce qui découle très logiquement de la nature de l'athéisme marxiste: athéisme pratique, athéisme en action et par l'action.
Pour amener à l'athéisme le communisme ne demande pas de croire à tels arguments abstraits, il demande de participer à son action, ce qui est beaucoup plus efficace. Et combien s'y laissent prendre, sous prétexte qu'on ne leur demande pas de renier leur foi explicitement (112).
En réalité le marxisme étant une action et la systématisation d'une action... il est clair que participer à cette action c'est être marxiste, «inconsciemment» peut-être, très réellement cependant.
Sottise et drame du progressisme.
-----------------------------
Notes:
(90) «Pour la première fois dans l'histoire, nous assistons à une lutte froidement voulue et savamment préparée de l'homme contre tout ce qui est divin.» «Le communisme est, par sa nature, anti-religieux.» (Pie XI, Divini Redemptoris, 22.)
(91) Entendez:... qui réduisent, qui ralentissent la virulence du combat révolutionnaire.
(92) Lettre à Gorki, décembre 1913.
(93) Comment, dès lors, ne pas être effaré devant l'ignorance qu'implique un passage comme celui-ci (relevé dans un journal catholique): «Ce prophète de l'Affrontement chrétien et de Feue la Chrétienté (Emmanuel Mounier) s'efforçait aux vertus les plus hautes. Le marxiste lucide qu'il était, sans être lié aux dogmes politiques, était un chrétien inébranlablement attaché aux dogmes de sa foi.» Un marxiste LUCIDE attaché à des dogmes politiques ou religieux! De qui se moque-t-on? Et l'auteur de ces lignes sait-il de quoi il parle?
(94) La création par les communistes chinois d'un véritable schisme a été publiquement reconnue par S.S. Jean XXIII dans son Allocution au Consistoire secret du 15 décembre 1958:
«... Il se trouve, hélas! des prêtres qui, craignant plus les injonctions des hommes que les sacrés jugements de Dieu, cédèrent aux ordres des persécuteurs et en arrivèrent même à accepter une consécration épiscopale sacrilège...
«Ce mot de «schisme», tandis que Nous le prononçons, brûle Nos lèvres et ulcère Notre cœur...»
- Quand le schisme existe, il arrive que l'État marxiste s'en serve pour maintenir la Révolution. Ce fut Je cas en Russie, en 1944, où le clergé orthodoxe se trouva rétabli par Staline.
«Ma future activité, lui écrivait le patriarche Alexis, sera invariablement guidée par vos remarques historiques, et par les préceptes du patriarche défunt...»
(95) D'après Chine-Madagascar, septembre 1958, Revue des Pères Jésuites missionnaires français du Nord et de l'Est, Lille.
(96) «La religion est un aspect de l'oppresion spirituelle qui pèse toujours et partout sur les masses populaires accablées par le travail perpétuel au profit d'autrui, par la misère et la solitude... La religion est l'opium du peuple. La religion est une espèce d'eau-de-vie spirituelle dans laquelle les esclaves du Capital noient leur être humain et leurs revendications pour une existence tant soit peu digne de l'homme...» (Lénine, Œuvres complètes, t. VIII, p. 520).
- «Pas de neutralité à l'égard de la religion. Contre les propagateurs des absurdités religieuses, contre les ecclésiastiques qui empoisonnent les masses, le parti communiste ne peut que continuer la guerre.» (Staline, Pravda, 21-6-1933).
- «Nous ne l'oublierons pas, nous n'oublierons jamais l'enseignement de notre cher Lénine: la religion et le communisme sont incompatibles aussi bien théoriquement que pratiquement. Notre tâche est de détruire toute espèce de religion et de morale, car à nos yeux est seulement moral ce qui est utile au bolchevisme.» (Staline).
(97) Extrait du Prolétariat, n̊ 45, mai 1909.
(98) De la religion, p. 9.
(99) Lénine, Pages choisies, t. II, p. 315.
(l00) Cf. supra, 2e partie, ch. I.
(101) Petite Bibliothèque Lénine, 8, p. 15-16.
(102) Petite Bibliothèque Lénine, 8, p. 8-9. Cf. Jean Daujat, opus. cit., p. 37: «Parlant du combisme et de l'anticléricalisme maçonnique, Lénine appelle cela du «dilettantisme» d'intellectuels bourgeois, et on saisira aisément ce que cette expression peut avoir de souverainement méprisant dans sa bouche.»
(103) Cf. Lénine, Œuvres complètes, t. VIII, p. 524: «Répandre la philosophie scientifique (pour Lénine, signifie: athée) nous le ferons toujours;... mais cela ne veut pas dire ni que nous devrons réserver au problème religieux une place d'honneur, qui ne lui appartient pas, ni que nous puissions admettre l'éparpillement des forces de lutte économique et politique vraiment révolutionnaires pour des idées ou folies de troisième ordre, qui auront tôt fait de perdre leur importance politique et d'être mises au rebut en vertu du développement économique... La bourgeoisie réactionnaire a eu soin partout d'attiser les haines religieuses, pour détourner l'attention des masses des problèmes économiques et politiques réellement fondamentaux. À cette politique réactionnaire... nous opposerons dans tous les cas la propagande calme, ferme, patiente, exempte de tout désir de créer des désaccords secondaires de la solidarité prolétarienne et de la philosophie scientifique.»
(104) Economie politique et philosophie.
(105) Cité par M. J. Daujat, opus. cit., p. 37 (en note).
(106) Cf. M. Jean Daujat: «Marx ne s'intéresse pas plus à un athéisme contemplatif ou dogmatique qu'à un matérialisme contemplatif ou dogmatique; son athéisme est un athéisme pratique, un refus de Dieu par l'action qui crée une humanité et un monde qui ne viennent pas de Dieu. Mais le rejet de Dieu est, par là, beaucoup plus total que dans un athéisme doctrinal: pour refuser Dieu totalement, il faut un refus total de tout ce qui a été créé par Lui, donc n'accepter aucune réalité stable qui serait dans l'homme et dans les choses, aucune vérité constante, mais s'opposer toujours à ce qui existe en le transformant par l'action révolutionnaire par laquelle on se crée soi-même et on crée l'histoire dans le rejet de toute dépendance vis-à-vis de Dieu.»
(107) Parti ouvrier et religion, Pages choisies, t. II, p. 315.
(108) Ce qui veut dire qu'il est «pratique» (au sens marxiste) et non plus dogmatique (note de La Cité catholique).
(109) Entendez: propagande dogmatique ou trop explicitement déclarée.
(110) Opus. cit., p. 37.
(111) Action commune qui pourra consister parfois dans un simple travail manuel au service de la collectivité marxiste, mais travail acharné, continu, de telle façon qu'il... «risque d'amener lentement chez les fidèles un appauvrissement, voire une extinction, de toute vie spirituelle». Le R.P. Watine, s. j., qui fait cette remarque (Chine-Madagascar de septembre 1958), cite le cas d'un religieuse chinoise ainsi «éduquée» par le Parti.
«Elle seule conduit un char à bœufs, les 16 autres sont attelées à 7 traîneaux. Malgré le vent et la boue, elles font 6 et parfois 7 transports par jour...». Ailleurs les tâches ont un caractère stupide: «... les prêtres de Pengfu ont été cités à l'ordre du jour pour avoir couru pendant 15 heures pour essayer d'attraper des moineaux (une des quatre pestes nationales) »... «On en vient à se demander, conclut le R.P. Watine, si le travail, cette notion si noble en elle-même n'est pas UTILISÉ pour EMPÊCHER UNE ACTION PLUS HAUTE, sur le plan SPIRITUEL.» Cf. également, dans la même revue, au no. 73, de Noël 1958, «Chine rouge à vol d'oiseau», p. 17.
(112) «Nous devons non seulement admettre, mais travailler à attirer au Parti tous les ouvriers qui conservent la foi en Dieu. Nous sommes absolument contre la moindre injure faite à leurs convictions religieuses (comme telles: note de La Cité Catholique), mais nous les attirons pour les «éduquer»... par l'action (Lénine: Attitude du parti ouvrier à l'égard de la religion). Education marxiste par l'action, seule éducation possible, d'ailleurs, pour un vrai marxiste. - D'où ce passage, très significatif, de Lénine, dont nous avons cité un extrait plus haut: «Prenons un exemple: le prolétariat d'une région ou d'une branche d'industrie est formé d'une couche de (communistes) assez éclairés qui sont, bien entendu, athées, et d'ouvriers assez arriérés ayant encore des attaches à la campagne et au sein de la paysannerie, croyant à Dieu, fréquentant l'Eglise, et même soumis à l'influence du prêtre de l'endroit qui, admettons, est en passe de fonder un syndicat ouvrier chrétien. Supposons que la lutte économique dans cette localité ait abouti à la grève. Un marxiste est forcément tenu de placer le succès du mouvement gréviste au premier plan, de réagir absolument contre les divisions des ouvriers en athées et en chrétiens, de combattre absolument cette division. Dans ces circonstances, la propagande athée peut s'avérer superflue et même nuisible, non pas du point de vue sentimental, par crainte d'effaroucher, mais du point de vue du progrès réel de la lutte des classes qui, dans les conditions de la société capitaliste moderne, amènera les ouvriers chrétiens à... l'athéisme, cent fois mieux qu'un sermon athée tout court.» (Lénine, De la religion, p. 15 à 19).