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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

dimanche, décembre 28, 2008

Le progressisme

Pie XI déclarait aux pèlerins hongrois pour le 250e anniversaire de la délivrance de Buda, menacée par les Turcs: «Beaucoup de gens se laissent malheureusement tromper au point de ne pas voir, ou de feindre de ne pas voir, le danger commun au point D'AIDER, PAR LEUR CONNIVENCE, CETTE FORCE qui menace tout et qui a pour programme la ruine sociale, comme cela s'est produit, dans les siècles passés, avec le Croissant.»

Aider la force marxiste par l' «action commune» et se dire, le plus souvent, chrétien, tout en regimbant plus ou moins contre Rome, telle est l'attitude des progressistes.

Bien loin d'attaquer de front les vérités religieuses que professent les catholiques, on s'efforce de les réduire à un sentiment personnel. L'action, elle, s'inspirera des «idées avancées», dédaignant les avis du Saint-Père comme ne représentant pas les conceptions de «l'aile marchante» (113).

Semblable attitude masque d'autant mieux le péril de la «connivence» dénoncé par Pie XI, qu'elle fait le plus souvent appel aux sentiments de générosité des chrétiens, mais d'une générosité mal orientée. Générosité activiste, prête à tous les abandons par sa vacuité doctrinale.

Les infiltrations du progressisme sont souvent lentes et cachées. Déjà le seul fait de couper son action sociale et politique de toute référence nettement catholique, voire d'admettre et répandre, plus ou moins consciemment, des théories condamnées par l'Église, entraîne peu à peu certains catholiques à des attitudes publiques PRATIQUEMENT athées et très dangereuses parce que ces catholiques sont connus pour tels!

«Qu'on y prenne garde, écrivait S.É. Monseigneur Lefebvre, dans son Rapport Doctrinal (114), un humanisme où Dieu n'est pas à sa vraie place est bien proche de l'humanisme athée. Il sera plein d'indulgence pour celui-ci et se défendra mal de la séduction qu'il exerce. Ses adeptes risqueront de glisser vers le progressisme, sinon vers le marxisme déclaré... La religion est acceptée dans la mesure où elle apporte quelque chose à l'homme pour son épanouissement et son bonheur terrestre. C'est l'homme qui est le maître de la terre. C'est l'homme qui se fait lui-même par son action, qui édifie toutes choses, aussi bien au point de vue terrestre qu'au point de vue de l'apostolat... Il ne suffit pas de reconnaître l'existence de Dieu, il faut l'accepter comme Dieu.»

Cette «idolâtrie de l'épanouissement» dénoncée par les Évêques français amène généralement à un progressisme plus déclaré qui ne cache plus sa collusion avec les communistes au plan de l'action, tout en continuant, bien entendu, à s'affirmer chrétien.

Cette collaboration PRATIQUE explique le caractère également PRATIQUE des condamnations du Saint-Office contre le progressisme.

Le décret du 1er juillet 1949 de cette Suprême Congrégation répond en effet négativement à la question: «s'il est permis de donner son nom aux partis «communistes ou DE LES FAVORISER». «Le communisme, en effet, ajoute le Décret, est matérialiste et antichrétien, et les chefs communistes, bien que parfois en paroles ils professent de ne pas combattre la Religion, EN FAIT cependant, soit par la doctrine, soit par l'ACTION, se montrent ennemis de Dieu et de la vraie religion et de l'Église du Christ. »

Ces catholiques, comme ceux qui éditent, propagent, lisent «livres, périodiques, journaux ou feuilles qui patronnent la doctrine ou l'ACTION des communistes», ou qui y écrivent, n'ont pas le droit de recevoir les sacrements (réponse à la 3e question) (115).

Plus récemment (en 1959), le Saint-Office a interdit jusqu'à la collaboration sur le plan électoral avec le communisme ou ceux qui le favorisent (116).

Dès que l'on a compris ce caractère «pratique» et dialectique de l'athéisme marxiste, il est facile de comprendre aussi l'implacable logique des plus extraordinaires volte-face communistes à l'égard de la religion.

Persécution sanglante (mais qui cherche à cacher son véritable argument) (117) quand la «terreur» est à l'ordre du jour (périodes de conquête du pouvoir, ou de lutte violente contre la «réaction»).

Recours à une propagande athée explicite et quasi-dogmatique, quand il apparaît nécessaire d'ébranler les convictions religieuses de peuples profondément croyants mais plus ou moins primitifs (118).

Action de sape et de désagrégation pratique, semblable à celle que le Parti communiste chinois recommandait dans son «ordre secret» du 12 février 1957, émanant du Bureau N̊ 106 (119): «Nos camarades doivent trouver le moyen de pénétrer au cœur même de chaque Église, se mettre au service de la nouvelle organisation de la police secrète, déployer une grande activité au sein même de toutes les activités ecclésiastiques, déclencher une attaque de grande envergure, s'engager à fond, même en appeler à l'aide à Dieu, et, pour réussir à former un front unique, se servir du grand charme et de la force séductrice du sexe féminin..., etc.»

Pourtant d'une façon normale, c'est par son action même, le climat qu'il entretient, le jeu dialectique de directions apparemment contraires que le marxisme mène le plus habilement sa guerre «pratique» contre la religion. Action diabolique, dont beaucoup ne comprennent pas la stratégie dans la mesure où ils ne comprennent pas le marxisme. Savant dosage de propagande antireligieuse, de respect apparent des croyances et d'entraînement dans une action athée, dont la cohérence interne ne peut qu'échapper à ceux qui, encore une fois, ignorent tout du marxisme (120). Et, à n'en point douter, parmi les modèles du genre l'arrêté du 10 novembre 1954 de Nikita Khrouchtchev (121), mérite d'apparaître comme le chef-d'œuvre de l'action antireligieuse marxiste en temps normal.

«Au lieu de procéder par un travail systématique et minutieux, y lisons-nous, en propageant des connaissances naturelles et scientifiques, et en déployant une lutte idéologique contre la religion, on admet des attaques outrageantes contre le clergé et les croyants qui se livrent à un culte religieux, dans les journaux centraux et locaux, de même qu'au cours des exposés de certains conférenciers. On peut enregistrer des cas où, sur les pages de la presse ou au cours des exposés oraux des propagandistes, certains serviteurs des cultes religieux et les croyants sont dépeints, sans aucune raison, comme des gens qui ne méritent pas la confiance politique.

«Le Parti a toujours exigé et exigera dans l'avenir une attitude compréhensive et prudente envers ces citoyens. Il est d'autant plus sot et nuisible de soupçonner politiquement tels ou tels citoyens soviétiques en raison de leurs convictions religieuses qu'une propagande scientifique et athée profonde, pleine de patience, effectuée avec circonspection parmi les croyants, les aiderait finalement à se libérer des égarements religieux. Par contre, toutes sortes de mesures administratives et des attaques outrageantes contre les croyants et contre le clergé ne peuvent faire que du mal et mener à l'affermissement et à l'augmentation de leurs préjugés religieux...

«En tenant compte de toutes ces données, le Parti trouve indispensable d'effectuer une propagande scientifique et athée profonde et systématique, sans admettre cependant que les sentiments religieux des croyants et des serviteurs du culte puissent être outragés...»

Magnifique exemple de dialectique marxiste. Ainsi, de la persécution sanglante à «l'arrêté» de Khrouchtchev, on devine les ressources du marxisme dans l'action antireligieuse.


Conclusion: «Les deux étendards»

Mais il est temps de conclure.

L'essentiel nous semble dit.

Puisse cette étude donner une idée plus exacte de cette chose si mal connue: la dialectique, le tour d'esprit marxistes.

Sans une connaissance exacte de celle-ci, en effet, il est vain d'espérer combattre efficacement le communisme. Ainsi que pouvait l'écrire le chanoine Lallemand: «Le communisme est actuellement la forme la plus poussée et la plus forte de la lutte contre Dieu dans la société humaine. C'est là sa véritable nature, son vrai visage, quel que soit le masque dont il se pare» (122).

Une juste connaissance du communisme est donc indispensable pour le combattre efficacement. «Ce serait une grande faiblesse pour nous, notait encore le chanoine Lallemand, si les communistes pouvaient nous reprocher en vérité de les méconnaître grossièrement.»

En conséquence, folie de ceux qui pensent qu'un ensemble d'arguments plus ou moins courts, la proposition de quelques replâtrages sociaux, et à plus forte raison la référence explicite ou larvée aux principes libéraux, sont susceptibles d'enrayer la marche de cette forme suprême de la Révolution.

Comment un système qui prend tout l'homme et qui prétend «résoudre le mystère de l'histoire» se sentirait-il menacé par les «rogatons» de doctrine que nous lui opposons si souvent?




La force dialectique du marxisme excelle à faire tourner les têtes vides de certitude. Le marxisme étant essentiellement une cohérence, une formule dynamique de la non-affirmation, sa critique, plus que celle de tout autre système, exige, pour être rigoureuse, une connaissance préalable déjà fort avancée de la Vérité.

Blanc de Saint-Bonnet le pressentait déjà.

«Dans ce chaos étrange, observait-il, les bons, bien qu'ils aient les yeux tournés vers la lumière, resteront impuissants.

«Pourquoi? Parce qu'ils sont trop avant dans l'erreur. Pour relever l'ordre social il est besoin de la vérité totale. Or, elle se montre à peine sur le seuil de nos cœurs. Nous ne sommes pas prêts. C'est notre nullité qui fait la puissance du communisme. Nullité dans la doctrine. Nullité dans les mœurs. Le scepticisme laisse la place vide. Il ne faut pas s'étonner si la première idéologie venue vient la prendre.

«Beaucoup deviennent communistes, disait naguère un ministre hindou, M. A. Nevett, non en espérant des avantages matériels, puisqu'ils sont déjà pourvus, mais parce qu'un esprit vide fournit au communisme un terrain aussi propice qu'un estomac creux.»



En conséquence, on ne répétera jamais assez que le véritable anticommunisme réside dans un enseignement positif de la vérité plus que dans la critique directe des sophismes marxistes: nouvelle preuve, s'il en était besoin, que la contre-Révolution, est, en fait, dans le catholicisme.

Quand nous déciderons-nous à comprendre que la principale séduction du marxisme-léninisme tient à son apparente universalité?

Au milieu du chaos intellectuel et moral issu de la phase libérale de la Révolution, le marxisme, seul, présente un système dont le dynamisme suffit à tenir en haleine les hommes les plus décidés à l'action. S'emparant diaboliquement des esprits, il les noie radicalement par l'habitude de l'inversion intellectuelle qu'il implique.

Serait-il ce péché contre l'Esprit dont il est fait mention dans l'écriture? Il y aurait une grande imprudence à l'affirmer. Mais s'il n'est peut-être pas ce péché on peut avancer sans crainte qu'il est certainement le péché le plus grave, le plus complet commis jusqu'à ce jour contre cette «véritable lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde», lumière qui est celle du Verbe, nous dit saint Jean, lumière même de Dieu, lumière de notre intelligence et de notre raison.

Et s'il ne peut être dit ce péché dont le Seigneur assure qu'il ne sera point pardonné, le fait est qu'il apparaît comme un de ceux dont il est affreusement difficile de se dégager, tant il déforme l'esprit, rendant, par là, presque impossibles les démarches intellectuelles indispensables à la plus élémentaire conversion.

Telle est peut-être la grande et terrible leçon que Dieu se propose de donner au monde par le marxisme: à cette génération qui refuse d'admettre les crimes de pensée, les péchés de l'esprit, plus graves en eux-mêmes que les débordements moraux les plus poisseux, le chancre marxiste est donné comme un signe, conclusion rigoureusement logique de cette façon de voir.

Comment apporter le remède efficace contre un marxisme envahissant à moins de lui opposer la force de la Vérité?

«Les militants qui se plaignent de ne rien avoir à mettre en face du marxisme, écrivait M. Joseph Folliet (123), doivent comprendre qu'à l'origine de cet embarras il y a une carence de pensée.»

Tant qu'un effort sérieux de diffusion doctrinale ne sera pas poursuivi, tant qu'une élite d'hommes rigoureusement formés ne dressera pas les vrais principes sociaux contre la dialectique matérialiste, on ne verra aucun recul de la subversion.

Nécessité donc d'un retour à la vérité, d'un retour à une philosophie, la seule qui ne commence pas par emprunter ses armes à l'ennemi. Retour à cette «philosophia perennis» dont parlait S.S. Jean XXIII dans sa première Encyclique, philosophie chrétienne mais également philosophie du sens commun.

La logique est implacable et les idées, jusqu'au bout, portent leurs conséquences.

Les hommes se trouvent aujourd'hui (et se trouveront davantage demain) placés devant cette option fondamentale. Redonner son plein sens au verbe ÊTRE; sinon l'univers concentrationnaire marxiste.

Redonner sa place à la notion de VÉRITÉ; sinon l'écrasement communiste.

Admettre de nouveau qu'il est des péchés de l'esprit, et que, partant, «travailler à bien penser» est «le fondement de la morale»; sinon la terreur moscoutaire. Péché satanique de l'esprit qui retient prisonnier le marxiste et qui rend si difficile la conversion de ceux qui le sont réellement (124).

Victime de son tour d'esprit dialectique, les plus sûrs arguments risquent de ne point toucher le vrai marxiste dans la mesure même où ce qui fait leur valeur est ce qui s'oppose le plus à la façon marxiste de voir et de penser.

Si, pourtant, la plus éclatante vérité (au sens commun du mot) risque d'être sans prise sur un marxiste, on sait qu'il est, en revanche, extrêmement sensible à la dialectique des choses, et donc à la cohérence, à l'ampleur quantitative, à la logique, à la forte structure d'un système.

C'est par là, pensons-nous, qu'il est susceptible d'être touché par le catholicisme (125) au moins dans les débuts.

Mais un catholicisme auprès duquel le marxisme apparaisse fragmentaire, inconséquent, sans ampleur dialectique. Autrement dit, un catholicisme présenté dans toute son ampleur, toute son unité, toute sa cohésion, toute sa force, voire, toute la rigueur d'une dialectique qui pour être ordonnée à la vérité, risque de n'en pas moins impressionner un marxiste .



Ampleur universelle, vraiment catholique.

Catholicisme, religion divine; mais qui éclaire aussi, par surcroît, tout l'ordre humain; politique et social, familial, personnel, etc...

Catholicisme où s'ordonnent rigoureusement nature et surnature, raison et foi, données sensibles et développement de l'intelligence, action et contemplation, tout, absolument tout. Un catholicisme qui n'exclut rien, ne brise rien, et qui, beaucoup plus que le marxisme même, a le perpétuel souci de l'unité harmonieuse de l'univers.

Un catholicisme, enfin, qui laisse loin derrière lui la pauvre vision monovalente, moniste du marxisme.

Un catholicisme qui, non seulement, a le sens de l'histoire, mais qui la remplit, l'explique et la justifie. Un catholicisme non édulcoré, mais total, vrai, vivant et vivifiant, un catholicisme qui compte plus sur la puissance de la grâce et l'action divine que sur l'action personnelle de l'ouvrier qui travaille à la moisson; un catholicisme romain, fidèle à la consigne de son Divin Fondateur: «Allez, enseignez... prêchez l'Évangile à toute créature» (126) et fidèle au souci constant du Magistère d'enseigner «à tous, sincèrement, toute la vérité qu'enseigne l'Église, sans aucune corruption ni aucune diminution (127).»



Et non point, certes, ce catholicisme réduit, élagué, dépouillé que nous professons si souvent, maigre recette morale strictement confinée aux coins les plus secrets de l'âme.

À l'universalisme marxiste, il n'est qu'une formule qui puisse être rigoureusement et victorieusement opposée, la formule de l'universalisme chrétien ou catholicisme, frappée comme en médaille par saint Pie X: «Omnia instaurare in Christo»... « Omnia»... tout, absolument tout... conçu, pensé, présenté, instauré dans le Christ!

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Notes:

(113) «Il y a ici, disait Khrouchtchev à son retour d'Albanie, un certain nombre de catholiques, dignes de louange, qui se distinguent par leur indépendance du Vatican et par l'appui qu'ils donnent à l'évolution progressiste du socialisme sous la direction du parti communiste.» Cité par Cristiandad (Barcelone), septembre 1959, «L'Église du silence», p. 386.

(114) Avril 1957, à l'Assemblée de l'Episcopat français.


(115) Voici le texte intégral de ce document. Décret du Saint-Office du 1er juillet 1949 sur le Communisme (A.A.S., XLI, 334):

«Il a été demandé à cette Suprême Sacrée Congrégation:

1̊ - S'il est permis de donner son nom aux partis communistes ou de les favoriser;

2̊ - S'il est permis d'éditer, de propager, ou de lire livres, périodiques, journaux ou feuilles qui patronnent la doctrine ou l'action des communistes, ou d'y écrire;

3̊ - Si les fidèles qui ont accompli sciemment et librement les actes dont il est question aux §§ 1 et 2 peuvent être admis aux sacrements;

4̊ - Si les fidèles qui professent la doctrine matérialiste et antichrétienne des communistes, et surtout ceux qui la défendent ou la propagent encourent par le fait même, comme apostats de la foi catholique, l'excommunication spécialement réservée au Siège Apostolique.

Les Éminentissimes et Révérendissimes Pères préposés à la garde de la foi et des mœurs, après avoir pris l'avis des Révérends Consulteurs, dans la séance plénière du mardi 28 juin 1949, ont décidé de répondre:

À la première question: négativement. Le communisme, en effet, est matérialiste et antichrétien, et les chefs communistes, bien que parfois en paroles ils professent de ne pas combattre la Religion, en fait cependant, soit par la Doctrine, soit par l'action, se montrent ennemis de Dieu, et de la vraie religion, et de l'Église du Christ.


À la deuxième question: négativement. C'est défendu par le Droit même (Cf. Can. 1399 C.I.C.) [C.I.C.: abréviation latine du Code de Droit Canon].

À la troisième question: négativement. Selon les principes ordinaires touchant les sacrements à refuser à ceux qui ne sont pas disposés.

À la quatrième question: affirmativement.

Et le jeudi suivant, le 30 des mêmes mois et année, Notre Saint-Père le Pape Pie XII, en l'audience habituelle accordée à l'Excellentissime et Révérendissime Assesseur du Saint-Office, a approuvé la résolution à Lui rapportée des Éminentissimes Pères et il a ordonné de la promulguer dans la Revue (commentario) officielle des Actes du Siège Apostolique. «Donné à Rome le 1er juillet 1949.»

(116) Cf. Document I.


(117) Pour ne pas «faire de martyrs», ce n'est jamais comme catholiques que l'on poursuit nos frères dans la Foi, mais comme «agents de l'impérialisme américain», «espions du Vatican réactionnaire», «ennemis du peuple», «suppôts du capitalisme oppresseur», etc. Les formules abondent: S.E. Monseigneur Ribera, internonce en Chine, se vit insulter comme «citoyen de Monaco»! À croire que le Prince de Monaco aurait été l'ennemi de la nation chinoise!

(118) «Notre propagande comprend nécessairement celle de l'athéisme. La publication à cette fin d'une littérature scientifique que le régime autocratique et féodal a proscrite et poursuivie sévèrement jusqu'à ce jour, doit retenir, dès maintenant, une des branches de l'activité de notre parti. Dès lors, nous aurons probablement à suivre le conseil qu'Engels donna un jour aux socialistes allemands: traduire et diffuser parmi les masses la littérature athée des Encyclopédistes français du XVIIIe siècle.» (Lénine, Novaia Jizn, no. 28, décembre 1905).

(119) Voici le texte intégral de l'Ordre secret du 12 février 1957, émanant du Bureau n̊o. 106, Agence Fides, Rome (Nouvelles de Chrétienté, 6 février 1958). Les passages mis en évidence le sont par nous. On remarquera la méthode «dialectique» à l'œuvre: noyauter les catholiques et le clergé par le biais des «activités», par les émotions qu'on suscite, etc., sans que des propositions athées ou trop carrément marxistes soient mises en avant qui compromettraient tout.

«En suivant les directives des chefs du Parti, nos camarades doivent trouver le moyen de pénétrer au cœur même de chaque Église, se mettre au service de la nouvelle organisation de la police secrète, déployer une grande activité au sein même de toutes les activités ecclésiastiques, déclencher une attaque de grande envergure, s'engager à fond, même en « appeler à l'aide de Dieu, et, pour réussir à former un front unique, se servir du grand charme et de la force séductrice du sexe féminin. En conséquence, pour atteindre ce but, pour diviser les Églises par l'intérieur et opposer entre elles les diverses organisations religieuses, l'organe du Parti a édicté les neuf dispositions suivantes:

1. Les camarades doivent s'introduire dans les écoles établies par ces Églises et empoisonnées par leurs doctrines. Ils doivent espionner les réactionnaires pour pouvoir rendre compte de toutes leurs activités; ils doivent se mêler aux étudiants, s'adapter à leurs sentiments, se mettre ainsi au courant des activités régionales, les surveiller et, méthodiquement, S'INSÉRER DANS TOUS LES SECTEURS DE L'ACTION ECCLÉSIASTIQUE.

2. Chaque camarade doit trouver le moyen de devenir, par le baptême, un membre de l'Église, et ainsi, couvert d'un habit trompeur, s'inscrire à la Légion de Marie, ou, s'il s'agit de Protestants, se joindre à l'organisation des Croisés (Crusaders). Une fois là, tous déploieront une activité de grande envergure, en se servant de belles phrases pour ÉMOUVOIR et attirer les fidèles, ils iront plus loin encore et tâcheront de DIVISER RADICALEMENT LES DIVERSES CATÉGORIES DE FIDÈLES, même en faisant appel à l'amour de Dieu et en plaidant la cause de la paix. En faisant ainsi, ils détruiront la propagande venimeuse de l'impérialisme oppresseur.

3. Nos camarades devront assister à tous les services religieux et, affablement, bénignement, en se servant d'une façon intelligente des méthodes les plus variées, s'unir au clergé et espionner son action.

4. Les écoles fondées et dirigées par les Églises sont un champ idéal pour notre pénétration. Tout en feignant la plus exquise bienveillance, les activités de notre organisation doivent appliquer cette double règle: «s'attacher l'ennemi pour supprimer l'ennemi». Ils doivent se mêler allègrement aux directeurs, aux professeurs, aux étudiants pour les dominer, en appliquant le principe «diviser c'est gouverner». En outre, ils doivent chercher à établir des contacts avec les chefs des familles des étudiants pour renforcer le travail de base de la révolution et déployer toutes nos activités secrètes.

5. Ils doivent PRENDRE L'INITIATIVE DANS TOUTES LES ACTIVITÉS, pénétrer toutes les institutions de l'Église, gagner la sympathie des fidèles et, de cette façon, ils seront capables de s'insérer dans la direction de l'Église elle-même.

6. C'est en s'alignant sur les directives du Parti que la cellule de commande atteindra le but qui lui est fixé, à savoir, pénétrer dans toutes les organisations ecclésiastiques, PROMOUVOIR L'ACTION POUR LA PAIX et ainsi exercer notre influence dans tous les secteurs.

7. En se basant sur ce principe de fer: «écraser l'ennemi en se servant de l'ennemi même», on doit chercher à persuader l'un ou l'autre membre éminent de l'Église de venir en Chine et lui procurer documents et autorisations nécessaires. Par cette action fausse et secrète on nous aidera à atteindre notre but, car cet homme éminent nous révélera le vrai visage et la vraie situation de l'Église.

8. Les camarades activistes doivent avoir l'esprit d'initiative, découvrir les points faibles de l'organisation ecclésiastique, EXPLOITER LES DIVISIONS, neutraliser le venin religieux et ecclésiastique en instillant notre contre-poison et mettre tout en œuvre pour déployer nos lignes de combat.

9. Tout camarade qui occupe un poste de commande doit avoir compris à fond que l'Église Catholique, asservie à l'impérialisme, doit être abattue, et détruite de fond en comble. Quant au protestantisme, qui commet l'erreur de suivre une politique de coexistence, il faut l'empêcher de faire de nouvelles conquêtes, mais nous pouvons le laisser mourir de sa mort naturelle.

Les neuf points mentionnés regardent le service du Parti à l'étranger.»

À noter dans ce texte l'utilisation équivoque du thème de «la paix» dans les campagnes communistes. En ce qui concerne le protestantisme on voit combien une religion détachée de Rome offre peu d'obstacles sérieux au communisme. Concernant toujours le même type d'action, Radio-Vatican ne dénonçait-il point, naguère, l'application des communistes à utiliser de faux prêtres, de faux militants d'Action Catholique. On nous signalait récemment le cas d'un prêtre «hongrois», agent de Moscou, expulsé du Maroc après qu'on eut la preuve qu'il transmettait, via New-York, des renseignements à l'U.R.S.S. Cf. également le propos de Staline à la lecture d'un rapport du président Biérot sur l'activité des progressistes polonais: «Ce serait chic si nous avions en Pologne un primat à nous.» (Cité par C. Naurois: Dieu contre Dieu? Édit. Saint-Paul, 1957, p. 86).

Dans les pays à majorité musulmane les gouvernements marxistes essaient de «laïciser» les cadres instruits et jeunes de l'Islam et d'en faire les porte-parole de l'idéologie auprès des «croyants».

Ceux-ci, à leur tour, seront inconsciemment orientés vers le marxisme, à la faveur de l'indistinction entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel chez les disciples de Mahomet.

Voici comment le Parti Démocratique de Guinée, «seul guide éclairé des masses», sous la direction de M. Sékou-Touré, entend noyauter la vie religieuse musulmane.

«Nous devons tout d'abord éviter tout propos, tout comportement, toute prise de position officielle ou publique pouvant être interprétée comme une attitude anti-religieuse, ceci s'adressant à tous nos responsables politiques, administratifs ou techniques, athées ou nihilistes, c'est-à-dire forcément sectaires et portés aux pires violences pour enrayer ce qu'ils croient être des erreurs.

Nous devons ensuite nous intéresser (quelles que soient alors nos conceptions sur la religion ou notre confession) à la religion musulmane non pas pour en faire une «religion d'État» ou pour la hisser à un quelconque sommet, mais plutôt pour:

a) Combattre efficacement toutes les conceptions rétrogrades et contre-révolutionnaires, tous les mythes, toutes les mystifications et superstitions inconsciemment et savamment entretenues parmi les masses par des escrocs patentés déguisés en «marabouts»;

b) Combattre efficacement le fanatisme religieux, fauteur de troubles, destructeur par essence des liens de fraternité et de solidarité et qui porte en lui des germes du panislamisme reconnu dangereux;

c) Combattre efficacement la domination d'une clique de faux dévots et d'exploiteurs dont le prestige a constitué pour la Nation une entrave certaine à la pénétration des idées de progrès et une entrave à la libération totale de l'homme;

d) Combattre efficacement le «maraboutisme» et le «maraboutage», le charlatanisme, et toutes les formes d'exploitation qui s'attachent à des entités obscurantistes; en somme, arriver à ce qu'on pourrait appeler la «démaraboutisation», la démystification, la désintoxication des masses. En passant, nous devons nous souvenir qu'en fait, bon nombre de marabouts ont été pendant longtemps des complices plus ou moins actifs du colonialisme tenant les masses dans une inconscience des problèmes politiques quand par leurs menées subversibles (discours, prêches, malédictions contre ceux qui étaient taxés impies parce qu'ayant pris position dans la lutte anti-impérialiste), les dits marabouts n'étaient pas des zélateurs de la cause française. Nous ne devons pas oublier que bon nombre de marabouts ont mis leur prestige religieux, et aussi autre chose, au service du colonialisme. À côté de ces profiteurs sans scrupules nous ne devons pas oublier que, par contre, de nombreux croyants ont participé d'une manière effective et active à la lutte anti-colonialiste menée par le Parti Démocratique de Guinée, en mettant leur prestige, leur talent et leurs connaissances au service du Parti et qui, aujourd'hui, avec nous, dénoncent vigoureusement toutes les formes d'escroquerie religieuse ainsi que le fanatisme, le sectarisme et la superstition.

Notre action de tous les jours doit tendre à la désintoxication des masses et à empêcher que des fins calculateurs, sous le couvert de la religion, ne continuent à confisquer et orienter les consciences dans le seul dessein d'asservir les croyants pour les exploiter.

Dans notre République, la seule Association autorisée en dehors du Parti Démocratique de la Guinée est l'Union Syndicale des Travailleurs Guinéens (section guinéenne de l'Union Générale des Travailleurs d'Afrique Noire) groupant dans son sein tous les Syndicats de base.

L'Union Culturelle Musulmane est une organisation interterritoriale ayant des partisans dans toute l'Afrique Occidentale, et elle compte de nombreux cadres religieux politiquement très valables, intellectuellement ouverte au progrès et à la science moderne. Des éléments opportunistes ont pu, bien sûr, se glisser dans les rangs, mais il appartient aux Sections de les démasquer et de les isoler sans hésitation mais en évitant que la mesure apparaisse comme une opération dirigée contre la religion.

Sur l'initiative et sous le contrôle du Parti et quand seulement nécessité s'en fait sentir, des éléments de ces cadres peuvent encore jouer un grand rôle dans la campagne contre le fanatisme, le charlatanisme et la superstition, en attendant que le programme de scolarisation massive ne produise son effet radical de désintoxication et de démystification.

Sur le plan politique, notre action de tous les instants doit donc comme toujours viser à renforcer le Parti Démocratique de Guinée qui doit demeurer politiquement notre seul guide, notre seule boussole. À titre d'exemple, il est bon de signaler à votre attention qu'en Union Soviétique le Parti Communiste a pleinement réussi à conquérir à la cause de la Nation et à son programme des dizaines de millions de musulmans qui y vivent, et qui auraient posé inévitablement des problèmes si le Parti s'en était désintéressé et avait voulu les rayer d'un trait de plume et du sommet! Il en est de même au Pakistan (Cachemire), à Ceylan, etc., et si, dans ces pays, on a pu résoudre au mieux des intérêts nationaux le problème musulman, c'est bien parce que les gouvernements de ces pays et leurs Partis politiques n'ont pas méconnu l'existence de l'Islam, mais s'y sont intéressés, se sont penchés sur tous les aspects de la question. Ici, où les musulmans forment 80 à 85 % de la population, nous devons nous aussi nous attacher impérativement à faire en sorte que, dans la grande famille de la nation, ils ne puissent évoluer que dans les seules perspectives des intérêts supérieurs de celui-ci, fidèles en cela aux principes directeurs du Parti Démocratique de la Guinée.

Pour atteindre ce but, il nous faut, tout en faisant preuve de vigilance, ainsi que nous l'avons dit, prendre chaque fois l'initiative dans toutes les manifestations extérieures de la religion musulmane: fêtes de la Tabaski, du Ramadan, du Mouloud et toutes autres cérémonies.

Il appartient aussi aux Sections de proposer des sujets à traiter les vendredis dans les Mosquées ou en meetings, sujets portant par exemple sur la morale civique, l'alcoolisme, la duplicité, la prostitution, etc., et aussi sur des sujets portant sur tous les aspects négatifs qu'on rattache généralement à la religion (maraboutage, mystification, superstition, sorcellerie, résignation).

Nous mettrions ainsi l'antidote dans la bouche même de ceux qui instillaient le poison.

Il faut, encore une fois de plus, que les responsables à tous les échelons prennent leurs responsabilités, pénètrent à fond le problème et redoublent de vigilance, il faut que leur activité quotidienne vise à faire en sorte qu'aucune activité religieuse ne soit isolée de l'action du Parti et ne se fasse en dehors de sa direction.

Fraternellement. Conakry, le 16 octobre 1959. Pour le Bureau Politique National. Le secrétaire politique, signé: «Hadj Djallo Saifoulaye. Un secrétaire, signé: Canara Daouda.»

(120) Et cela pas seulement en U.R.S.S.! La revue missionnaire de la Compagnie de Jésus, Chine-Madagascar, rapporte ce dialogue à l'Exposition Internationale de Bruxelles:


«Dans le pavillon de Yougoslavie, le Père Van Coillie (de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie) s'est adressé à une aimable hôtesse en uniforme.

- La liberté de religion existe-t-elle dans votre pays?

- Mais certainement!
!
- Peut-on ouvrir des écoles catholiques?

- Non!

- Toutes les écoles sont donc aux mains de l'État?

- Oui!

- Dans ces écoles, l'enseignement est-il exclusivement matérialiste?

- Oui!

- On peut donc être assuré qu'après un certain nombre d'années de pareille éducation matérialiste et athée, la religion va s'affaiblir et finalement disparaître.

- Certainement, j'espère vivre assez longtemps pour le voir.

- Vous affirmez que la liberté de religion existe. Pourquoi donc le Cardinal Stépinac est-il interné?

Le sourire de l'hôtesse disparut à ces mots; son regard se fit dur; sa figure prit cette expression de haine que j'ai si souvent pu remarquer dans les prisons de Pékin sur le visage des agents communistes dûment endoctrinés.

- Quant à moi, je voudrais qu'il fût mort!...»

(121) Extraits publiés dans le Bulletin de l'association pour ['étude des questions religieuses, no. 16, avril 1955, 26, rue d'Armenonville, Neuilly-sur-Seine.

(122) Rapport aux Journées d'étude de la Fédération Nationale Catholique (26 octobre 1936).

(123) Chronique sociale, octobre 1956.

(124) Nous parlons ici, en effet, des vrais marxistes, et non des communistes ordinaires, assez piètres dialecticiens, le plus souvent.

(125) Il va sans dire que nous nous plaçons ici au seul plan du «procédé» humain, tout naturel et tout logique. Il serait insensé que nous osions présenter un tel procédé comme le seul moyen de convertir un marxiste; et cela parce qu'il y a Dieu, qui reste seul Maître de Ses voies et des cheminements de la grâce.

(126) Matth. XVIII, 19. - Marc. XVI, 15.

(127) Encyclique Humani Generis (in fine).



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